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J’ai fait un rêve.

J’ai fait un rêve.

C’est une petite photo couleur, en bas de page. Curieusement, cette photo n’a aucun lien avec le sujet de la rubrique principale intitulée « made in Argentina » et consacrée à la firme Buby.

Plus précisément, elle porte sur une nouvelle gamme de miniatures reproduisant les autos s’étant illustrées dans les rallyes argentins et les courses de la « Temporada ». Nous sommes en avril 1971. Il s’agit du mensuel « L’automobile » qui consacrait régulièrement quelques pages au modélisme automobile.

Le regretté Christian Moity, auteur de la rubrique en question, explique que le premier article qu’il a consacré à la marque Buby, dans ce même magazine lui a valu un important courrier de lecteurs mécontents de n’avoir pu se procurer les modèles photographiés.

Il justifie son nouvel article en expliquant que sa fonction de journaliste est d’informer et non pas de passer sous silence l’existence de certaines productions, quitte à frustrer les amateurs.

En effet, au moment de la publication de l’article, ces Buby ne sont pas disponibles à la vente sur notre marché national pour cause d’absence d’importateur. (voir l’article consacré à ce sujet).

Nous sommes exactement dans ce cas de figure pour les deux modèles de l’ intrigante photo couleur décrite plus haut.

« Faisons un rêve » .

Voilà comment Christian Moity introduit le second sujet relatif aux deux miniatures de sa rubrique modélisme. Le journaliste explique qu’un groupe de quatre amateurs anglais a décidé de reproduire au 1/43 les autos ayant marqué l’histoire du sport automobile. La marque portera le nom d’un des leurs : John Day.

Ce qu’il y a de nouveau, c’est que ces autos sont destinées uniquement aux collectionneurs. Christian Moity n’a d’ailleurs pas relevé dans son compte rendu ce point fondamental.

Pour résumer, disons qu’à l’aube des années soixante, le monde de la collection des miniatures automobiles est composé en grande majorité d’amateurs qui se contentent de rassembler les modèles du commerce. Ils sont une minorité à s’aventurer dans des transformations, voire mieux, des créations.

Pour les pionniers de la collection, l’objectif est de recréer chez soi un musée imaginaire retraçant l’histoire de l’automobile.

J’aime beaucoup le début de la préface signée du Comte Hadelin. de Liedekerke-Beaufort dans le Premier Répertoire  Mondial des Automobiles Miniatures , édité pour l’exposition de 1959 du C.I.A.M . Ce dernier était le président de l’ Automobile Club de France.

« Toutes les voitures du monde »

« Nous avons tous rêvé d’un musée de l’Automobile assez grand pour contenir un modèle de tous les véhicules qui ont circulé dans le monde depuis que l’ingéniosité des hommes a su mettre un moteur sur des roues. Ce Musée idéal n’existera jamais car il faudrait une ville entière pour l’abriter, si même on pouvait encore retrouver une voiture de toutes les marques et un exemple de toutes les carrosseries suscitées par tant de modes et destinées à de si multiples usages.

Mais ce rêve se réalise sous une autre forme et bientôt nous pourrons dire en effet que toutes les voitures construites depuis les inventions de Cugnot et de Beau de Rochas seront sous nos yeux.

C’est le modèle réduit qui nous offre cette possibilité, la seule, d’embrasser d’un seul regard ce gigantesque panorama, et de rassembler dans un même lieu tout le parc automobile mondial. »

Tout est dit dans ces quelques lignes sur la motivation des amateurs : recréer chez soi l’histoire de l’automobile.

A dix ans d’écart, le comte H. de Liedekerke-Beaufort et Christian Moity ont utilisé le même mot : rêve.

Or, en 1960, les productions industrielles ne suffisent pas à combler ce rêve. Alors, comment faire ? Voilà bien la question que se sont posée les amateurs d’automobile soucieux de constituer un musée de miniatures et nous verrons la semaine prochaine les solutions qu’ils ont trouvées.

En attendant, et pour illustrer cette première partie j’ai choisi de vous faire partager la solution de Raymond Daffaure à cette équation. En 1960, l’histoire de la course automobile passionne les amateurs.

Connaissez-vous beaucoup d’autos de courses d’avant 1914 ? C’est loin me direz-vous, plus d’un siècle en effet !

Serge Pozzoli, rédacteur en chef du fameux « Album du fanatique de l’automobile » est un des premiers à avoir consacré des articles à ce type d’autos dans sa rubrique « Les tiroirs de l’inconnu ».

Ce sont des hommes comme lui qui ont permis à Raymond Daffaure de nous laisser d’émouvants témoignages et de satisfaire ses clients qui lui en faisaient le demande. Les modèles sont approximatifs, mais quel intérêt historique !

A suivre.

 

 

Plus vite, toujours plus vite.

Plus vite, toujours plus vite.

Deux secondes. C’est l’écart qui a permis à Odile, Arthur et Franz, les protagonistes du film de Jean Luc Godard « Bande à part » de battre le record de la visite du musée du Louvre la plus rapide de l’histoire. Le précédent record appartenait à un américain dont l’histoire n’a heureusement pas retenu le nom, tant son record était stupide et sans intérêt.

Ce record n’avait sans doute pas d’autre but que de faire parler de son détenteur. Pari perdu, on a retenu l’absurdité du record on en a oublié l’auteur.

Le cinéma se servira de ce fait divers. Il inspira à Godard cette scène où les trois personnages cités plus haut moquent l’auteur du record et nous mettent peut-être en garde contre une société de l’excès.

Plus vite, toujours plus vite. Le cinéaste avait bien senti et anticipé toutes les dérives de ce mouvement venu des Etats-Unis. Tout est superficiel, dénué d’analyse ou de réflexion.

On va au Louvre, au Café de la Paix et aux Folies Bergère, parce qu’il le faut .

Des lecteurs du blog m’ont quelquefois reproché d’écrire des textes trop longs, fastidieux à lire. Faites plus court, plus simple.

Le support «tout fait» que j’emprunte à  » Worldpress  » qui me sert pour réaliser le blog me le répète : «Faites des phrases courtes, utilisez des mots simples». Voilà le type de commentaires qui jalonnent mes textes, il faut être compréhensible par tous… et facile à traduire dans toutes les langues…

Petite histoire d’un modèle au long cours.

Pour faire plaisir à ces quelques lecteurs et à mon système d’exploitation je vais vous présenter rapidement et sans trop de détails une Solido des plus classiques, l’Alfa Romeo 2600 Bertone. Bertrand Azéma souligne que c’est un des modèles qui a connu une des plus longues carrières des modèles de la série 100.

Très logiquement, comme la Ford Thunderbird déjà étudiée dans un blog précédent (voir le blog sur la Ford Thunderbird), elle a été placée dans un coffret de montage : «caravaning 1». Ce dernier a été produit jusqu’au début des années quatre-vingt, comme celui de la Ford d’ailleurs.

Comme évoqué également dans un précédent blog consacré à l’Aston Martin DB5, le prêt de l’outillage de l’Alfa Romeo 2600 au Brésil a contraint Solido à la remplacer dans son coffret « caravaning 1 » de manière temporaire par le coupé anglais.(voir le blog consacré à l’Aston Martin DB5 de Solido).

Portant la référence 125, elle est donc la quatrième miniature de la série 100 a être équipée de portes ouvrantes. La comparaison avec la Politoys en zamac  sortie à la même époque est assez intéressante.

Sans chauvinisme aucun, ma préférence va nettement au modèle français. Plus fluide, possédant une gravure exceptionnelle (admirez la calandre et le traitement du radiateur) la Solido me paraît nettement supérieure.

Politoys qui ne maîtrisait pas encore parfaitement la technique des ouvrants, qu’elle avait d’ailleurs empruntée à Solido a voulu en faire trop : tout s’ouvre, au détriment de la justesse de la ligne et de la qualité des ouvrants.

Solido attendra avec raison quelques années pour offrir des modèles tout ouvrant comme la Panhard 24BT ou la Lamborghini Miura, miniatures aux qualités exceptionnelles.

Plein phares !

On distingue trois variantes principales sur ce modèle, variantes qui concernent toutes le traitement des phares. Au fur et à mesure de la production, apparaîtront également des variantes de jantes.

La première version se distingue par le traitement en peinture des optiques de phares. Ils sont soulignés grâce à un pochoir de couleur bronze. Ces modèles sont toujours équipés d’un châssis peint de couleur gris clair et de jantes en acier chromé de forme concave empruntées aux modèles de la série 100.

j’ai référencé quatre couleurs d’intérieur. Il y a une logique de combinaison chez Solido. Cependant on ne peut exclure des combinaisons qui seraient dues au hasard.

Dans l’ensemble les couleurs sont assez fréquentes. Je sortirai du lot quelques nuances de bronze qui sont moins courantes. Une seule couleur mérite le qualificatif de rare, c’est la version finie en rouge métallisé.

La seconde version se distingue par des phares rapportés. Bertrand Azéma les qualifie de strass poli dans son ouvrage. Le châssis sera désormais de couleur noire ou gris. le modèle sortira d’abord avec les classiques jantes en acier vues sur le premier modèle, puis il sera équipé des fameuses jantes  moulées, dites »standard » chez Solido.

Parmi les couleurs, je distinguerai celle de couleur  bronze équipée de jantes en acier.

Enfin, comme souvent, il existe un modèle qui ne répond à aucune logique. La version est rare. Elle est finie en rouge brun métallisé ( j’ai même deux nuances assez nettes) . Sa singularité vient du fait qu’elle semble avoir toujours été assemblée avec un châssis vissé et non bouterollé, emprunté aux modèles « Caravaning ».

Depuis ma première découverte j’ai trouvé deux autres exemplaires pour la boutique avec les mêmes caractéristiques. Ces modèles sont bel et bien sortis uniquement en étui individuel, malgré leurs châssis vissé.

Enfin la troisième variante se singularise par le traitement des phares rapportés qui sont désormais en strass à paillettes. Ces modèles, plus tardifs sont donc forcement équipés des jantes « standard ». Les modèles du coffret « caravaning » ont cette caractéristiques de phares, mais sont toujours équipés de jantes en acier.

Je n’ai pu me résoudre à faire plus simple. Pour expliquer certaines variantes, il faut bien rentrer dans les détails.

Évitons de faire comme la presse spécialisée qui nous abreuve de photos avec des prix sans l’analyse qui les justifierait. C’est facile, cela, tout le monde peut le faire. Comprendre, analyser, questionner fait partie de la vie du  vrai collectionneur.

N’ayant pas de recettes publicitaire à encaisser je n’ai aucun compte à rendre aux statistiques de visites du blog.

Je rassure la fraction de mes lecteurs qui apprécient mon travail, au risque d’être à contre-courant je continuerai dans cette voie.

 

Un cas unique

Un cas unique

Une question s’impose. Pourquoi la Porsche dénommée « GT » par Solido, celle qui a couru au Mans en 1961, a-t-elle mis autant de temps à être produite ? Pour mémoire, rappelons qu’elle ne fut commercialisée qu’en 1964. Elle semble avoir perturbé la direction de Solido.

L’auto est apparue sous l’appellation officielle RS61 en avril 1961 lors des essais préliminaires des 24 heures du Mans. Elle participa ensuite à la course qui s’est déroulée en juin 1961. Elle n’a rien d’une « GT ». Elle est équipée d’un 4 cylindres. Elle ne participa pas à l’épreuve en 1962 et revint en 1963, rebadgée 718 avec un 8 cylindres. C’est pourtant la même auto.

Il est bon de souligner un détail important. En 1962 un nouveau règlement est entré en vigueur dans le championnat mondial d’endurance. Seules les autos de la catégorie « GT »sont autorisées à marquer des points. Les « sports » (prototypes), qui font les beaux jours du Mans depuis 10 ans peuvent encore concourir en catégories dites « expérimentales ou Prototypes » et se tailler la part du lion au classement général.

Mais devant la montée en puissance des ces « monstres » les instances sportives ont cru bon de les mettre à l’écart en ne comptabilisant que les résultats des « GT ». C’était oublier que certaines épreuves comme les 12 heures de Sebring ou les 24 heures du Mans avaient besoin de ce type d’autos pour faire rêver le public et le satisfaire.

Du coup Solido voit dans ce nouveau format du championnat du monde une opportunité de diversifier son catalogue et de montrer son savoir-faire dans la réalisation d’autos de course fermées. Solido avait déjà sorti des autos de cette catégorie, comme l’Aston Martin DB4, et l’Abarth 1000, avec portes ouvrantes. La firme d’Oulins a dû voir dans ce coupé Porsche, qui n’a rien d’une GT malgré l’indication sous le châssis, une manière, un peu dérobée de coller à l’actualité sportive.(voir l’article consacré  à la version Solido)

Drôle de destin que cette auto chez Solido. Elle aura du mal à paraître et restera au catalogue jusqu’en 1971 ! Autre fait exceptionnel et unique chez Solido, elle connaitra toutes les fabrications étrangères (Dalia, Buby et Brosol) et aussi la série économique Dynam. C’est la seule miniature  de la série 100 qui peut se targuer d’un tel pedigrée.

On peut voir dans cette carrière au long cours un aveu d’échec. On sait que M. De Vazeilles programmait un amortissement très précis pour ses modèles. Le fait qu’elle soit restée aussi longtemps au catalogue, qu’elle ait fait partie de la série économique Dynam et qu’enfin les trois principales fabrications étrangères l’aient inscrite à leur catalogue tend à prouver que Solido a mieux géré l’utilisation du moule que la commercialisation du produit par ses soins.

L’étude de cette miniature m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement de Solido.

Il apparaît clairement que le moule de cette miniature n’a pu autant voyager. Comment expliquer que l’on ait trouvé cette auto en même temps dans les catalogues Solido, Dalia et Buby ? En parlant avec des gens de chez Solido au moment des premières Verem, au milieu des années quatre-vingt, j’ai compris qu’un moule n’est pas comme un appareil électroménager ou une automobile. Il ne redémarre pas d’une simple pression ou d’un tour de clef !

Un arrêt prolongé nécessite un travail minutieux pour le remettre en route, le réajuster. C’est coûteux en temps et en argent. Je parle bien sûr pour des moules conçus dans les années soixante car les pressions d’injection et même les outils servant à injecter ont évolué avec le temps. Il apparaît alors comme une évidence que les Dalia et les Buby ont été injectées en France. Elles partaient ensuite en pièces détachées pour être peintes, assemblées et distribuées en Espagne ou en Argentine.

Ce mode d’importation était beaucoup moins taxé que ne l’aurait été un produit fini. En effet, la main d’œuvre du pays où était effectué l’assemblage final profitait de ce mode opératoire.

La version Dalia possède un châssis gravé « Dalia Solido ». Elle connaitra une très longue carrière, interrompue par la version Dynam et la modification du moule au niveau des passages de roues arrière. Je n’ai jamais vu une version Dalia avec les ailes découpées.

La version Buby est des plus intéressantes. J’ai pu récupérer une lettre de chez Solido où l’on quantifie le nombre de pièces envoyées à Buenos Aires.

Buby l’a équipée de belles jantes, simples, en zamac, très reconnaissables et assez crédibles pour ce type d’auto. La boîte est bien sûr identifiable facilement. Les monogrammes Solido apparaissent sur les flancs.

J’ai pu récupérer auprès de Bertrand Azéma le prototype de la boîte, peint à la gouache.

Pour les modèles brésiliens, c’est une autre méthode. Et là aussi, la Porsche «GT» est un parfait exemple pour mieux appréhender l’histoire de Solido.

Les Brosol sont des fabrications tardives de 1968. Le choix des modèles inscrits par Brosol à son catalogue est révélateur On y trouve des Maserati 250F, des Ferrari Testa Rosa et des Porsche 550 du début de la série 100 ! Ce sont des autos qui n’étaient plus produites en France. Cela ne posait donc pas de problèmes à Solido de louer ses moules pour une durée déterminée. Ils reviendront en France ensuite.

Notre Porsche «GT» était, elle, encore fabriquée dans la gamme économique Dynam en France. Un document des plus interessants montre bien que Solido a souhaité la remplacer dans la gamme Dynam par une autre Porsche, et cela tout en gardant la référence 15. C’est la Porsche Formule 2 qui devait remplir ce rôle.  La série sera arrêtée prématurément et la Porsche F2 ne sera jamais produite dans la série Dynam. Le moule de la « GT » sera envoyé au Brésil, avec l’importante modification réalisée lors de son passage dans la série Dynam (élargissement conséquent des passages de roue arrières).

Une fois la fabrication Brosol interrompue, nul doute, le moule, est revenu en France. Il avait mérité un repos légitime.

Curieux destin tout de même que cette miniature représentant une Porsche qui n’a pas vraiment brillé. Celle qui viendra ensuite, la Porsche 904, connaitra une carrière bien plus glorieuse, avec aussi une victoire à la Targa Florio. Avec cette auto, on peut dater, à mes yeux la vraie montée en puissance de Porsche. Suivront  la fameuse 906 (Carrera 6) puis les  907, 908, et 917. Solido aurait sûrement préféré sortir la 904 à la place de la RS 61. C’est Politoys qui s’en chargera et ce de manière très convaincante.

Petit moteur et sexe faible

Petit moteur et sexe faible

Je ne suis pas certain que Simone de Beauvoir et les autres féministes du milieu des années cinquante aient apprécié le vecteur choisi par le patron de Simca pour promouvoir sa nouvelle gamme de coupés et cabriolets.

Henri Pigozzi avait en effet imaginé une auto élégante et racée destinée aux femmes possédant les même attributs.

A une époque où peu de femmes étaient indépendantes financièrement, ce projet semblait vouer à l’échec, mais on sait combien M. Pigozzi appréciait la gent féminine.

Avec le recul on ne peut que constater qu’il était en avance sur son temps. Ce coupé/cabriolet n’était pas conçu pour emmener promener les enfants le jeudi au bois de Vincennes, mais plutôt pour aller essayer les dernières nouveautés de chez Dior avenue Montaigne ou prendre le thé chez Ladurée.

L’auto s’est d’ailleurs affichée avec des mannequins dans les vitrines des Galeries Lafayette lors d’une campagne publicitaire. Cette opération de séduction envers la clientèle féminine inaugurée par le patron de Simca en personne s’intitulait « La femme et sa voiture ».

Si la voiture était élégante, on peut émettre des réserves sur son moteur qui n’était pas celui d’un pur-sang. Elle était équipée du moteur de l’Aronde Monthléry 57cv. Et pas un plus. Ce n’est pas le genre d’auto qui aurait tenté la romancière Françoise Sagan, elle qui aimait ressentir la sensation de vitesse au volant de ses Gordini, Jaguar et Aston Martin. La Simca Océane ou Plein Ciel lui aurait semblé bien fade. En fin de carrière la voiture recevra le nouveau moteur de la Simca P60 « Rush super » de 62cv. En 1962 les derniers exemplaires seront équipés de celui développant 70cv.

Henri Pigozzi avait voulu reproduire un genre de petite Ford Thunderbird. Elle avait la couleur mais pas la saveur de la belle américaine.

Cette Simca de belle facture s’adressait à une clientèle privilégiée, certains spécialistes de la marque parlent même d’une auto « snob ». Elle ne correspondait pas à l’image de la marque Simca, qui est celle d’une auto populaire de qualité. Son prix de vente sera un frein à sa diffusion : il atteignait le double de celui d’une Simca Aronde, dont elle empruntait pourtant la base et le moteur.

En 1958 arrive la Renault Floride, bien moins chère et visant le même type de clientèle. Notre Océane ne s’en remettra pas.

Solido va inscrire la Simca Océane à son catalogue, en même temps que la Renault Floride d’ailleurs. On constate encore une fois combien la direction de Solido savait être opportuniste. C’est bien sûr la version cabriolet qui sera choisie, permettant à la firme d’Oulins de montrer son savoir faire. Pare-brise, aménagement intérieur, personnage au volant et bien sûr la suspension.

Solido maitrisait si bien ce type de produit, que jamais elle n’eut besoin de créer une cale de protection afin de protéger le pare-brise dans l’étui individuel. La qualité du plastique employé est aussi à souligner.

Je n’ai jamais vu de pare-brise fêlé sur une miniature en bon état de conservation de peinture, ce qui est loin d’être le cas sur les Dinky Toys. On appréciera la courbure du pare brise et cette impression de solidité. La planche de bord rapportée, en plastique, indépendante du pare-brise et astucieusement maintenue, permet d’amortir les chocs parasites sur ce dernier.

La miniature est une réussite : proportion, gravure de la calandre et des pare-chocs, tout est bien rendu.

Notre Simca Océane aura une carrière assez tranquille, ne connaissant qu’une variante majeure celle de la gravure de la plaque d’immatriculation avant sur le pare-chocs.

Il y aura peu de variantes de couleurs comme pour d’autres Solido de la même époque. J’avoue ne pas distinguer de teintes réellement plus rares parmi celles produites.

Un passage au Danemark chez Tekno enrichira la miniature de trois teintes superbes. On appréciera notamment la couleur bleu marine, très foncée, presque noire.

Enfin, comme bon nombre de modèles Solido, l’Océane connaitra une production en Espagne chez Dalia. Cette production s’éternisera, on le constate au vu des variantes de jantes, des décorations et des couleurs d’aménagement intérieur.

Comme pour les versions française décrites plus haut, pas de couleur rare selon moi.

On peut juste signaler l’association de couleurs, capote bleu moyen avec la carrosserie bleu métallisé qui semble un peu plus rare. Si vous aimez les versions baroques, celle décorée d’une bande blanche et rouge est faite pour vous.

A ma connaissance et jusqu’à preuve du contraire les versions Dalia ne sont jamais équipées de personnages.

Comme la vraie voiture, la miniature semble avoir eu une carrière commerciale discrète. Ce sont les trois versions danoises qui se détachent.

 

 

 

La boîte de Pandore

La boîte de Pandore

Solido Lancia Flaminia avec phares moulés, jantes en acier et volant à deux branches
Solido Lancia Flaminia avec phares moulés, jantes en acier et volant à deux branches

C’est Solido qui a ouvert la boîte de Pandore en 1961 avec sa Lancia Flaminia équipée de portes ouvrantes. La Ferrari 250GT 2+2 et la Ford Thunderbird qui viennent juste après marquent encore une progression dans la reproduction de nouveaux détails. (voir le blog consacré à la version française de la Ferrari 250 GT 2+2).

(voir le blog consacré à la Ford Thunderbird)

Désormais, une nouvelle tendance apparaît dans la fabrication des miniatures automobiles. Celle de « la miniature maquette ». Une course effrénée a lieu entre les bureaux d’étude de Solido, Politoys, Mebetoys,Tekno, Corgi Toys et Dinky Toys pour savoir qui sera le premier à introduire de nouveaux détails, de nouvelles sophistications sur les miniatures. La surenchère technique entre les fabricants finira par engendrer selon moi des gadgets inutiles. Autre calamité, des firmes au passé glorieux, comme C-I-J, JRD ou même Mercury vont être exclues de cette course. Le manque de moyens financiers pour les uns (C-I-J) ou techniques (Mercury) pour les autres peut expliquer ce renoncement.

A partir du milieu des années soixante, les Mercury ne sont plus que l’ombre des premières productions. Je passe sous  silence la piètre Simca 1000 coupé Bertone de chez C-I-J avec tous les ouvrants, sortie en 1964.

Solido pré série Jaguar Type D ex collection Bertrand Azéma
Solido pré série Jaguar Type D ex collection Bertrand Azéma

Cette course à la sophistication qui a commencé avec les suspensions, puis le vitrage puis les portes ouvrantes va s’accélérer. Quatre ans séparent les suspensions de la Jaguar Type D (1957) des portes ouvrantes de la Lancia Flaminia (1961). (voir le blog consacré à  la Jaguar Type D).

Tout va très vite : peinture métallisée, phares en strass, châssis ajouré laissant voir la mécanique et enfin modèles équipés de toutes les parties ouvrantes. C’est beau, mais cela a un coût. Et c’est vraisemblablement ce coût qui a précipité la fin de ce type de miniatures, l’arrivée des fameuses roues rapides et de la simplification à outrance.

Je suis persuadé que beaucoup de fabricants ont vu arriver cette nouvelle vague et ses roues rapides avec soulagement !  (voir le blog sur les Dinky Toys prototypes avec roues rapides)

Ce ne sera pas le cas de Solido qui restera fidèle à la qualité qui a fait sa renommée depuis les années trente.

Il faut dire que Solido avait un atout de taille. Je veux parler de ses accords commerciaux avec l’Espagne (Dalia), le Danemark (Tekno), l’Argentine (Buby), le Brésil (Brosol) et même les Etats-Unis avec l’accord conclu chez Marx (fabrication délocalisée à Hong-Kong). Ainsi, elle a pu amortir plus facilement un outillage et une fabrication coûteux.

La Ferrari 250 GT 2+2 et la Ford Thunderbird vont connaitre une très belle carrière à l’international. Il faut rappeler aussi que les pays latins ont une clientèle très ciblée « voitures de sport ».

Pour Dalia c’est simple. Solido envoyait les pièces détachées, et les autos étaient peintes, assemblées, mises en boîte et distribuées en Espagne.

La Ferrari gardera son châssis gravé Solido contrairement à la Ford Thunderbird qui reçoit une gravure indiquant son origine ibérique « Solido-Dalia » , ce qui facilite son identification.

Du fait de l’absence d’identification Dalia, certaines couleurs de Ferrari 250GT 2+2 de chez Dalia ont été répertoriées par erreur comme des Solido dans le premier livre de Bertrand Azéma consacré aux productions françaises,.

Les Ferrari 250 GT 2+2 de chez Dalia équipées de jantes en acier sont faciles à identifier, car en France, Solido n’a produit le modèle qu’avec des jantes à rayons. La difficulté est donc de reconnaitre une Dalia lorsqu’elle est équipée de jantes à rayons. Cela demande une petite analyse.

En Espagne, la plaque d’immatriculation est peinte de couleur blanche. Par ailleurs, je n’ai jamais rencontré de Ferrari 250GT 2+2 Dalia équipée du tableau de bord rapporté, ce qui tend à prouver qu’il y a eu un décalage entre le début de la production française et les premières Dalia.

Par contre, si la majorité des Dalia a des phares en strass, il y a bien un modèle avec les phares moulés et cette version me semble plus rare.

La Ford Thunderbird ne pose pas de soucis d’identification. Si les versions équipées de jantes en acier sont dignes des fabrications françaises, il n’en est pas de même de celles affublées de jantes à rayons.

Le temps aidant, le regard que les amateurs portent sur ces dernières versions a évolué. Elle sont désormais très convoitées. On appréciera les couleurs.

Enfin, contrairement à ce que voudraient nous faire croire certaines personnes, les Dalia ont bénéficié d’une certaine rigueur dans leur fabrication. Observez les finitions des modèles photographiés : tous les modèles avec jantes en acier sont pourvus de feux arrière rapportés et d’une finition argent typée. Celles avec jantes à rayons en sont toutes dépourvues.Il n’y a pas d’anachronismes mais bien une logique chronologique. Un lecteur a signalé l’existence  d’une version de premier type avec jante en acier et phares moulés.

Dans l’Espagne franquiste, le pouvoir d’achat était limité et les Dalia ont rencontré un beau succès. Dinky Toys a essayé de contrer Solido avec la fabrication Poch. En vain, le succès n’a pas été au rendez vous. Les Dalia avaient des prix de vente nettement inférieurs. La création de la populaire Seat 1400C, prouve tout l’intérêt de Solido pour ce marché.

La Ferrari 250GT 2+2 finira sa carrière au Brésil. Comme toutes les productions Brosol possédant un châssis en zamac, la Ferrari porte l’identification du pays producteur (Brésil) sur le châssis. Il a donc été regravé. L’outillage a été envoyé au Brésil, marquant de fait la fin de la production de la version Dalia.

Le moule reviendra ensuite ien France. Verem ressortira le modèle avec des peintures clinquantes. Une version intéressante a été produite en édition limitée pour la gamme « Glamour » en Italie .

Elle reproduit une auto qui a équipé la police romaine. Deux autos ont été livrées à Rome. Une des deux fut détruite très rapidement dans un accident, la seconde existe toujours !

 

La Ford, elle ne sera jamais fabriquée en amérique latine. Cela peut s’expliquer par sa très longue carrière en France. Elle restera incorporée au coffret caravaning jusqu’au milieu des années soixante-dix . (voir le blog consacré à ce sujet).