Archives de catégorie : Dinky Toys

Le rêve bleu

Le rêve bleu

Vous souvenez vous du nom du magasin de jouets de votre enfance ? Celui devant lequel vous restiez, le nez collé à la vitrine, pour essayer d’apercevoir pour de vrai la dernière nouveauté annoncée par l’affichette collée sur la porte du magasin.

A Compiègne où j’ai grandi deux enseignes se partageaient les principales marques de miniatures : « Au Petit Quinquin » rue Saint-Corneille, la rue même où se trouvait la boutique de mes parents et « Le Nain d’Or » avenue Solférino, situé également à quelques encablures de ce dernier. Rien de très original dans le choix de ces enseignes.

Mon épouse se rappelle très bien qu’à Calais, où elle a grandi, c’était la « Tour du jouet »…du fait de l’emplacement de la boutique située près de la fameuse Tour du Guet à proximité de l’entrée du port. Choix bien plus original.

Un facétieux marchand de jouets.

J’aime regarder les noms des magasins imprimés sur les catalogues de jouets. Il m’arrive de remplacer dans ma collection un catalogue par un autre parce que le nom du magasin imprimé sur la couverture me plaît davantage. Il y’a quelques années j’avais été séduit par celui ci : « Au rêve bleu ».

En fait pour être plus précis c’est le tampon tout en longueur qui m’avait plu. J’avais aimé ce petit détail : l’adresse du magasin était à Lyon, au 155 avenue de la Croix Rousse. Tout le monde sait qu’il y a un tunnel à cet endroit. Le facétieux marchand de jouet avait placé son tampon à la sortie du tunnel qui figurait sur la couverture du catalogue.

Devinette

La boutique s’appelait « Au rêve bleu ». Quelle curieuse coïncidence. Regardons de plus près le dessin de la couverture du catalogue : que voyons-nous ? un beau camion bleu qui pointe son capot à la sortie du tunnel. Observez le bien.

C’est fait. Maintenant , allez à la dernière page du catalogue. C’est bien le même camion, celui de la couverture du catalogue qui sortait du tunnel. Il porte la référence 39 A.

Il est annoncé pour la fin de l’année 1957. La couleur du modèle dessiné rappelle bien sûr le Bedford « O » tracteur semi-remorque porte-autos de Liverpool, en version unicolore (tracteur et remorque).

Vous avez sûrement cet Unic semi-remorque porte-autos dans votre collection. . Vous savez donc qu’il n’est pas sorti en série dans cette couleur. Je ne vous apprends rien si je vous dit qu’il est fini en couleur argent avec les ailes du tracteur peintes de couleur orange. L’affichette annonçant la sortie du jouet le montre également avec cette finition.

Si vous êtes observateurs, en dehors de la couleur bleue, facilement identifiable, vous pouvez trouver quatre autres détails qui diffèrent par rapport au modèle de série. Je vous laisse quelques instants.

Réponse

1/ Commençons par le tracteur.

Il a un étonnant pare-brise panoramique, sans montant central.

C’est une interprétation de la réalité par le bureau d’étude. Cette nouvelle cabine Unic apparue en 1954 a donné un coup  de vieux aux poids lourds existants. Le pare-brise de type « panoramique » est large et seul un très léger montant central le divise. Il se peut que la direction de Meccano pour des raisons techniques (injection et répartition de la matière lors de l’injection) ait opté pour un montant central, certes assez discret.

2/ L’ensemble est équipé de jantes en acier chromé.

Sur les modèles de série, Dinky Toys reviendra aux traditionnelles jantes en zamac peintes. On peut penser que ces jantes chromées devaient avoir pour effet d’accentuer le côté luxueux d’un modèle dont la taille était exceptionnelle. La création de cette remorque fut tout de même une petite prouesse technique pour Dinky Toys qui dut en être assez fier, même si l’échelle de reproduction de la remorque (1/43) est différente de celle du tracteur (1/50).

3/ Les deux plateaux de la remorque sont lisses, à l’image du Bedford « O » anglais.

Ce détail est des plus intéressants. On y trouve la trace du lien encore très fort entre Liverpool et Bobigny. La couleur du véhicule, le traitement des plateaux en sont de petits indicateurs. Que pensez  vous enfin du quatrième point ?

4/ Plus surprenant, la manivelle de levage est située sur le côté gauche et non sur le côté droit comme elle le sera pour le modèle de série.

Pour un camion prévu pour le marché français c’est une erreur grossière. En jouant, les enfants reproduisent le sens de la circulation auquel ils sont confrontés tous les jours dans les rues. Or, avec cette manivelle, on imagine les tracas que les gamins allaient rencontrer pour faire se croiser un Unic Boilot et un Willeme fardier !

« LA » remorque bleue

L’exemplaire qui a servi aux dessins du catalogue subsiste heureusement. Cette « fameuse » remorque en laiton, je la connais depuis près de 35 ans. Je l’ai récupérée il y a quelques années seulement avec bien d’autres trésors.

Elle correspond trait pour trait au dessin du catalogue. C’est un produit de toute beauté, le fruit d’un travail artisanal qu’il était impérieux de préserver. La rampe fonctionne.

Par contre, le tracteur manquait jusqu’à ce qu’il refasse surface tout récemment.

J’ai peut être réussi à reconstituer son parcours. Une personne qui travaillait comme dessinateur chez Meccano a récupéré dans les années quatre-vingt un nombre important de pièces. Au départ, il n’avait aucune idée de l’intérêt de ces dernières. Il a ainsi laissé partir une dizaine d’exemplaires dans la nature. Et c’est devant l’insistance de la personne a qui il avait cédé ces quelques premières pièces qu’il a pris conscience de l’intérêt de tout ce qu’il avait récupéré. C’est à ce moment que j’ai fait sa connaissance. Il s’est écoulé près de trente ans avant qu’il me cède l’intégralité de son trésor, moins les quelques pièces éparpillées dans la nature. C’est bien ces dernières qui sont réapparues en salle des ventes en 2018.

L’Unic bleu ainsi que l’Acmat lance-missiles dont il m’avait parlé m’ont permis d’identifier avec certitude le lot de 9 pièces arrivé chez Collectoys. Le résultat de ces enchères fut pour moi des plus surprenants. Ce camion Unic, certes endommagé au niveau du châssis était « LA » pièce. Ayant la remorque, comment passer à travers une occasion totalement inespérée de reconstituer l’ensemble ? Ce fut le modèle qui réalisa le plus petit score.

Je terminerai par un avis de recherche

Gilles Scherpereel m’avait cédé un exemplaire de la remorque finie en bleu soutenu, très différent du bleu pâle. Il s’agit du moule définitif. Dans la même logique que celle décrite plus haut, Bobigny s’était aligné sur la nouvelle couleur choisie par Liverpool pour redécorer son Bedford « O ». Comme une malédiction qui se répète, le tracteur a été égaré. Alors je lance donc un appel à celle ou celui qui possèderait le tracteur  bleu soutenu.

La rouge et la noire

La rouge et la noire.

Au lycée, l’étude du roman de Stendhal «Le rouge et le noir » a été un moment important pour l’élève moyen que j’étais. Selon mon professeur de français, ce roman marquait une étape dans la vie des élèves. Il devait  opérer sur nous sa magie et nous ouvrir les portes d’un nouveau monde. Bref, il y avait un avant et un après « Le rouge et le noir ».

"Le rouge et le noir" de Stendhal
« Le rouge et le noir » de Stendhal

J’avoue pourtant que c’est le nombre de pages à lire qui m’inquiéta d’abord et mon inquiétude s’aggrava à la découverte de la police choisie par l’éditeur : plus c’est écrit petit, plus il y a à lire. Et tout cela venait en soustraction du temps consacré à monter mes maquettes de voitures et à m’occuper de notre collection naissante.

Ce fut néanmoins un moment important, pour moi, celui où j’ai pris conscience de mes capacités.

L’étude du roman avait pourtant bien commencé. Les développements fournis par mon professeur pour expliquer le titre du roman m’avaient captivé. Ils en résumaient l’intrigue : le héros hésitait durant tout le récit entre une vie militaire (le rouge)  et une vie ecclésiastique  (le noir).

affiche du film "le rouge et le noir"
affiche du film « le rouge et le noir »

Depuis, j’ai appris que d’autres interprétations du titre étaient possibles, comme celle de la roulette au casino,et du jeu de hasard.

Le noir peut aussi symboliser la face sombre d’un personnage prêt à tout pour s’élever socialement et le rouge la passion amoureuse. Stendhal semble n’avoir jamais fourni d’explications quant au choix de son titre.

"Le rouge et le noir" de Stendhal
« Le rouge et le noir » de Stendhal

En revanche, je ne me rappelle pas qu’un de mes camarades, ni moi-même, ayons cherché à savoir pourquoi la couleur noire était celle du clergé. Je ne me souviens pas non plus que notre professeur ait évoqué cette chose acquise de tous. Pourtant les symboles véhiculés par une couleur ne sont pas le fruit du hasard.

Quarante ans plus tard, c’est lors d’une visite au musée du Louvre que j’ai eu l’explication. Elle se trouve sur les murs de la salle consacrée à Rembrandt. Elle est très simple.

noix de galle
noix de galle

Au Moyen Age, teindre un vêtement de couleur noire de manière uniforme nécessite l’utilisation de pigments rares, donc chers. Ce sont les excroissances des chênes, dues à des parasites, appelées « galle du chêne », qui sont broyées pour obtenir cette fameuse teinture. Seuls les arbres situés en Europe de l’Est et au Moyen-Orient étaient touchés par ce parasite.

L’aristocratie, les riches marchands et aussi le haut clergé avaient seuls les moyens de se payer des étoffes ainsi teintées.

Cette couleur est donc devenue le signe distinctif d’une certaine opulence. Elle distinguait de fait les classes sociales. Quand, plus tard, d’autres pigments plus abordables furent découverts, les classes dominantes interdirent alors aux roturiers le port du noir.

Il suffit d’aller dans un musée, pour s’en rendre compte. Regardez les portraits exécutés par  Titien, Rembrandt, Van Eyck, Le Greco : toute la classe dominante portraiturée arbore fièrement la couleur noire.

La charge symbolique de cette couleur est toujours présente, malgré les siècles passés. Ce qui est une exception. Aucune autre couleur n’a conservé ce pouvoir symbolique. Ainsi une automobile de couleur noire symbolise le pouvoir et indique un certain rang social.

Quand Stéphane Pourqué m’annonça il y a quelque temps avoir trouvé deux Renault Dauphine Dinky Toys de couleur noire, la première réaction qui me vint fut de constater l’inadéquation entre cette teinte et cette auto populaire. Sans vouloir vexer les amateurs de Dauphine, cette auto n’a pas la charge symbolique d’une Cadillac, d’une Rolls Royce ou d’une Mercedes et le noir ne lui convient pas.

Pourtant Dinky Toys en a produit une petite série. La chose est acquise désormais avec certitude. Longtemps je n’avais eu en main que l’exemplaire ayant appartenu à Jean Vital-Remy, qui était en très mauvais état de conservation. Son examen m’avait permis d’en confirmer l’authenticité.

Donc, quand M. Pourqué m’annonça qu’il avait récupéré deux exemplaires auprès d’une même personne, je ne fus pas surpris.

Sachant qu’il était amateur de « petites voitures » une voisine lui avait remis une boîte à chaussures contenant quelques modèles. Il fallait bien sûr les examiner.

Pas de doute, elles étaient d’origine. J’ai incité M Pourqué à se renseigner auprès de la personne qui lui avait remis ces autos sur leur origine. Elle n’avait aucun souvenir. Le seul indice qu’il avait pu recueillir était que cette personne travaillait dans une société de transport pharmaceutique qui utilisait des fourgons 1000Kgs et qui était donc en lien avec Renault.

Nous pouvons situer cette petite série juste avant le passage aux modèles équipés de vitrage, du fait de la présence du châssis en tôle de couleur noire et de la finition brillante et non marbrée, comme sur les premiers modèles.

N’hésitez surtout pas à me contacter si vous avez des informations supplémentaires.

En attendant, clin d’oeil au titre du roman de Stendhal, je vous présente un exemplaire fini de couleur rouge. C’est une version très peu fréquente. Elle arbore une décalcomanie « PKZ », cette célébre chaîne de magasins de vêtements suisse. (voir le blog c onsacré à ce sujet).

Il faut sans doute relativiser l’intérêt de ces modèles. En Suisse, de nombreux amateurs ont un certain dédain pour ces exemplaires du fait de l’ajout de la décalcomanie. Elle est pour eux la verrue qui défigure. Ce point de vue se défend .

En fonction des critères individuels de collection (thématique) ces miniatures prennent une dimension plus ou moins importante dans le coeur de chacun. Ce ne sont que des code 2. Dinky Toys n’a fait que livrer des modèles de base et une société s’est chargée de la fabrication et de la pose de la décalcomanie.

L’examen de plusieurs modèles révèle un certain manque de rigueur dans la pose de ces décalcomanie : les même modèles peuvent, en fonction de la période de fabrication, avoir la décalcomanie positionnée sur la malle ou sur le capot.

Je possède un break Austin countryman qui l’a sur le pare-brise !

Prochainement nous nous pencherons sur l’histoire et la symbolique de la couleur rouge.

PS: merci à monsieur Stéphane Pourqué de m’avoir cédé un de ses deux  exemplaires.

Coup de balai sur le projet 51

Coup de balai sur le projet 51

« Ces modèles me semblent improbables. Et encore, je suis modéré. »

C’est en ces termes qu’un collectionneur, amateur de Dinky Toys me parla des deux modèles Dinky Toys France que je vous présente ce jour. D’autres amateurs, plus tard, ont eu la même appréciation.

Pour être objectif, ces modèles ont tout ce qu’il faut pour déstabiliser les plus grands connaisseurs de la marque.

Vous avez bien sûr reconnu les deux modèles. Il s’agit de deux classiques de la firme de Bobigny.

Mais ce qui déroute l’amateur, en premier lieu, c’est l’échelle de reproduction. Les modèles sont reproduits à des échelles nettement inférieures à celle que Dinky Toys utilisa pour ses modèles de série. De plus, quelques détails diffèrent.

J’avoue que si je n’avais pas eu connaissance de certains éléments, j’aurais également été dubitatif et je n’aurais pas pu élucider le mystère. Mais une fois de plus, les plans découverts récemment m’ont éclairé sur ces modèles.(voir le blog consacré à une autre découverte faites grâce aux plans: le prototype de la Simca 8 sport)

Ils aident à mieux comprendre la gestation des Dinky Toys.

La première chose révélée par la lecture et l’étude de ces plans, c’est que pour un très grand nombre de ses modèles, Dinky Toys a souvent hésité entre deux échelles de reproduction. On comprend mieux l’intérêt des fameux modèles en bois.

Placés sur un plan de travail au milieu des autres modèles du catalogue ils aidaient les décisionnaires dans leurs choix. L’existence des deux Peugeot D3A au 1/43 et au 1/50 est un parfait exemple.

Ainsi dans un premier temps, dès 1956, le 1er  Février1956 pour être précis, la balayeuse a été programmée au 1/60 sous le numéro 51. J’ai quatre plans, datés de 1956 à 1959 : la gestation a été mouvementée. On voit nettement le marquage 51 sous le châssis. Et en 1958, une petite note en bas du plan 596 explique que ce nouveau projet reprend celui du numéro 51.

Ce modèle de série est en fait au 1/50 ! Le plan daté du 19/02/1959 le prouve.

Un oeil attentif découvre en outre des différences notables entre le modèle définitif et le projet 51 : les parties vitrées, la grille du capot moteur, l’absence de phare sur le dessus de la cabine et bien sûr l’absence de vitrage (nous sommes en 1956).

Vous l’avez reconnu, c’est bien le modèle « mystère », celui qui a suscité les commentaires. Il reprend au millimètre près les cotes établies sur le plan. Le travail sur ce modèle en métal (laiton très épais) est bien différent de celui mené sur un modèle en bois. Il est logiquement plus élaboré.

Pour des raisons qui m’échappent, Meccano a remis son ouvrage sur la planche à dessin. On peut se demander si LMV n’a pas modifié ou modernisé la production de sa balayeuse, obligeant Dinky Toys a revoir sa copie. Il est également possible qu’on ait dû adapter le modèle pour qu’il puisse recevoir un vitrage en plastique. Ce qui est sûr c’est qu’outre les modifications, Dinky Toys a opté pour une échelle de reproduction plus importante.

On note également des liens entre la firme LMV et Meccano. Les inscriptions sur le modèle retrouvé au bureau d’étude aux couleurs d’une LMV pour la ville de Florence le prouvent (prototype ivoire et bleu positionné sur sa boîte)

L’histoire ne s’arrête pas là. La grue Salev a connu le même sort. Là aussi les plans et leurs dates confirment cet état de fait (4/05/55).

En main, le premier projet semble assez frêle. Il est réalisé en métal, comme la balayeuse. On a du mal à imaginer cette petite grue soulever le container du Berliet.

C’est une piste pour essayer de comprendre le changement d’échelle subi par ce modèle.Comme la balayeuse, le modèle reprend au millimètre près les cotes des plans. Il est donc au 1/43e, comme indiqué sur ceux-ci. La grue de série, bien plus imposante, sera pour sa part au 1/38e

Je possède également la grue Salev, en bois, deuxième mouture (réduite au 1/38 environ). Elle a été conçue logiquement après l’arrêt du projet de la « petite Salev » vu plus haut. Elle a servi à la validation du projet qui passait obligatoirement par la création de ce type de modèle. Le plan avec annotations en langue anglaise et l’étiquette en papier « Salev crane » restent un mystère. Nos amis anglais ont-ils commandé ce projet au bureau français?

Ces atermoiements ont dû avoir un coût financier, d’autant qu’il s’agit de modèles qui n’ont pas connu le succès auprès du public.

On comprend ici toute la difficulté qu’avait la direction à faire des choix. Rien n’était laissé au hasard, quitte à y laisser du temps et de l’argent. A cette époque on pensait que le succès était à ce prix.

 

Bons baisers de  Bethlehem

Bons baisers de Bethlehem

 

Sur le bureau de la chambre d’hôtel, une photo en noir et blanc attire mon regard. Elle est intrigante. Elle est graphique. Sur un fond de couleur gris se détache, en haut à droite, un texte en lettres blanches : Bethlehem, PA.

Cela ne vous dit sûrement rien, mais mon hôtel est justement dans cette toute petite cité de Pennsylvanie, à quelques encablures d’Allentown. Vous n’avez toujours pas fait le rapprochement ? Cette installation de projecteurs symbolise les étoiles. Celles qui auraient guidé les bergers venus visiter le Christ nouveau-né.

C’est un plaisir que de circuler aux USA. Le pays est rempli de petites villes aux sonorités européennes. Elles rappellent aux visiteurs qu’il y a longtemps les premiers immigrants avaient voulu se souvenir d’où ils venaient.

En Pennsylvanie, beaucoup de villes ou de quartiers témoignent de la forte présence d’immigrés venus d’Allemagne. D’autres immigrés, portés par leur foi, ont parsemé le pays de noms rappellant des épisodes bibliques. Et aujourd’hui je suis donc à Bethlehem, en Pennsylvanie.

Je retourne la photo, et surprise, il s’agit d’une carte postale. En 2018, ce produit semble d’un autre âge. A l’heure où l’on envoie des messages en quelques secondes à l’autre bout de la planète, prendre le temps d’écrire sur un support papier quelques mots qui seront lus plusieurs jours plus tard par leur destinataire semble archaïque.

Vous souvenez-vous de la dernière carte postale que vous avez envoyée ?

Je vais donc vous envoyer une carte postale des USA.

Comme au bon vieux temps lorsque ce support permettait de montrer à la famille, aux collègues, à qui sais-je encore, les bons moments que l’on passait et comment, malgré un cadre enchanteur, on prenait le temps de penser à ceux qui n’avaient pas pu partir.

Ce blog ne sera publié que dans quelques semaines, voire quelques mois et comme une carte postale, il aura pris le temps de trouver ses lecteurs.

Pour l’illustrer, j’ai choisi de vous présenter quelques trouvailles faites à la bourse aux jouets d’Allentown.

Tout d’abord un Dinky Toys. Ce n’est pas le pays. Mais ce véhicule arbore le nom d’une firme américaine : Brink’s. Le véhicule très représentatif est assez fréquent. Il s’agit d’un GMC. Ce que je n’avais jamais vu c’est la boîte promotionnelle.

Elle est de belle qualité, en carton fort. L’ensemble avec le véhicule devait constituer un cadeau de choix. Brink’s, cette firme établie dans le monde entier a également fait réaliser par Dinky Toys des versions pour sa branche mexicaine. La couleur, gris soutenu, était différente de la version de base, gris clair. La décalcomanie qui le décore est également différente. Par contre le boîtage est des plus simples : un carton blanc, souple. Tout le contraire de la version américaine. C’est une belle trouvaille.

Vient ensuite un objet que j’aime beaucoup. C’est le grand écart avec celui présenté juste au-dessus. Soixante-dix ans les séparent. C’est un produit à ranger dans la catégorie « penny toys », les ancêtres de nos Dinky Toys, Solido et Corgi Toys.

Je les regarde avec respect, j’ai toujours l’impression d’avoir devant les yeux une partie de l’histoire du jouet. Il en a fallu de la dextérité à Distler, le fabricant allemand, pour concevoir cette miniature. La présence du moteur à inertie est le signe d’une finition « luxe ».

Cela n’ajoute rien au modèle, parfois même l’enlaidit. Les modèles sans moteur gardent les emplacements de fixation. Il est vrai que le jouet vit aussi grâce à ses personnages : le chauffeur, réalisé en deux parties, mais surtout les passagers.

Il s’agit le plus souvent d’ une famille : le couple avec les enfants. Observez les chapeaux ! On comprend bien qu’à cette époque l’automobile était réservée à une élite .

Voici un produit « made in USA ». C’est un rare et surprenant car ACF de chez Arcade. Vous vous souvenez sûrement du modèle aux couleurs « Trailways » (voir le blog consacré au car Arcade).

Celui-ci peut être considéré comme une version économique, sans radiateur rapporté et d’une taille inférieure.  Je n’avais jamais vu ce type de modèle auparavant.

N’oublions pas que les versions économiques sont souvent plus rares à trouver. Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter cette version rare du car Clipper aux couleurs d’une compagnie privée. Mes voyages aux USA m’ont permis de constituer un bel ensemble de modèles de ce type que j’apprécie particulièrement.

Voici enfin un modèle plein de charme. Fragile. c’est presque de la dentelle. C’est au cours de mes voyages aux USA que j’ai appris à apprécier ces beaux jouets « made in Japan » injectés en plomb. Inspirés des modèles produits par SR (France), ils ont inondé les Etats-Unis au début du siècle dernier.

Il s’agit d’une moto solo. C’est très fin. Comme je le faisais remarquer au vendeur, le fabricant a passé une sorte de vernis sur les rayons des roues afin d’attirer le regard sur ces dernières et de faire apprécier le travail.

La plupart de ces jouets sont pourvus d’un sifflet (whistle). S’agissant d’une moto solo notre modèle en est bien évidemment dépourvu. Je vous présente donc également une autre moto et aussi un vélo équipés du sifflet. L’échelle de reproduction est proche du 1/43. (voir le blog consacré aux jouets japonais d’avant-guerre)

Vous allez sûrement vous interroger sur l’intérêt d’aller aux USA pour ramener des produits européens ou japonais. Il faut savoir qu’au début du siècle dernier, et ce jusque dans les années cinquante, une très importante partie de la production de jouets allemande ou japonaise a été exportée aux Etats-Unis. Ce marché était le plus important. Il est donc logique de les retrouver là-bas. Finalement, contrairement aux apparences premières ces modèles ont tous un lien très fort avec le marché américain.

Les mains dans le cambouis

Les mains dans le cambouis

Depuis quelque temps, la chaine de télévision Arte accompagne les films qu’elle diffuse en première partie de soirée d’une petite présentation d’Olivier Père intitulée « Trois bonnes raisons ». Il s’agit de trouver trois arguments pour nous convaincre de rester devant notre poste de télévision. Cela sert surtout à placer, avant et après la séquence, un écran publicitaire au bénéfice du sponsor de la présentation.

A mon tour, de trouver trois bonnes raisons de vous présenter la photo de Patrice Habans pour « Paris Match » intitulée « Jacques Chirac, le plus jeune ministre du Gouvernement » qu’a utilisé la Revue des deux mondes.

La première est que la légende de la photo a peu de rapport avec ce que l’on a sous les yeux. Jacques Chirac, dans le moteur d’une Peugeot 403 fixe l’objectif du photographe, presque surpris qu’on le dérange en pleine partie de mécanique.

Quoique, a bien y regarder on peut trouver quelques liens avec la fonction ministérielle de M. Jacques Chirac.

Nous sommes donc en 1967. Le 8 mai, Jacques Chirac a été nommé secrétaire d’Etat à l’emploi. Sur la photo, notre homme est en curieuse posture. Eclairé par une lampe baladeuse accrochée au capot, il a « les mains dans le cambouis », expression populaire pour signifier qu’il a personnellement pris les choses en mains face à une situation difficile et ce de manière efficace.

D’ailleurs à voir le diamètre de la clef qu’il tient dans la main droite, on se doute que la panne est grave.

Finalement, cette photo annonce bien les déboires que vont connaître ses successeurs à ce poste. La fonction ministérielle est soulignée par la chemise blanche, aux manches retroussées certes, ainsi que par la cravate, rentrée dans la chemise pour la circonstance.

On se doute que Mme Chirac ne va pas rire en voyant rentrer son mari la chemise maculée de graisse.

La seconde raison est ce détail troublant. A l’époque, ce type de photo ne soulevait aucune polémique. Mais le futur président qui se détourne de son labeur pour nous regarder droit dans les yeux a une cigarette aux lèvres. Il sera bientôt impossible pour un homme politique de paraître ainsi dans la presse. La cigarette sera bannie des photos officielles. Pourtant, n’était elle pas un moyen de rendre populaire un homme politique ?

J’ai gardé le meilleur pour la fin, la troisième raison d’apprécier la photo. Observez bien le mur du garage.

Au fond, à droite, une publicité Simca avec ce slogan imparable : 2 ans de garantie ! Quel homme politique proposerait dans son programme une telle assurance ?

Cette photo a un côté désuet. La communication n’avait pas encore pris les hommes politiques en otage. Réfléchissez. En 1967, la Peugeot 403 n’existe plus au catalogue du constructeur. Elle a disparu en 1966 après des années de bons et loyaux services. D’ailleurs l’affiche avec les photos des Simca 1301 et 1501 derrière notre homme confirme que ce cliché a bien été pris en 1967.

Choisir cette auto de 1955 pour se faire photographier en 1967 révèle un amateurisme bon enfant. La Peugeot 404 qui a succédé à la 403 était présente depuis 1960.

Est-ce une auto de fonction ? peut-être . Dans ce cas sa couleur claire est étonnante. Ce type d’auto était généralement fini de couleur noire

Afin de revenir dans la norme, je vais vous présenter quelques Peugeot 403 reproduites en miniature et finies en teinte « administration », c’est à dire en noir.

A tout seigneur tout honneur commençons par le modèle Dinky Toys. C’est un petit chef-d’oeuvre. Le plan est daté du 17 juin 1955.

Le prototype en bois est fini de couleur noire. C’est une découverte assez récente pour moi. L’échelle de reproduction est confirmée au bas du plan : 1/43.

Cette couleur sera, avec le bleu « Natier » la première couleur offerte au public. La couleur grise remplacera la couleur noire assez rapidement,en raison sans doute des difficultés à appliquer la teinte. Il faut dire que le noir ne pardonne pas les imperfections. A cette époque il y avait un vrai contrôle qualité.

La version noire est donc moins fréquente que la bleue ou la grise. Signalons que sa courte carrière l’empêchera de se voir équipée de la découpe à l’arrière du plancher, servant à recevoir le timon pour accrocher la caravane.

Dinky Toys Peugeot 403 chassis ou non évidé
Dinky Toys Peugeot 403 chassis ou non évidé

En tout état de cause on n’a jamais vu un ministre partir en congé avec une caravane.

Avant de quitter la firme de Bobigny, il faut mentionner la version break de la 403 (dénommée  « 403 limousine commerciale » sur le plan du 11/1/1957  pour éviter un anglicisme).

On ne peut l’oublier. Un détail n’a pas pu échapper à votre vigilance. Cette auto est programmée en 1958. Elle fait partie des 13 nouveautés de l’année.

Sur la couverture de ce catalogue ainsi que sur la dernière page elle figure en noir, couleur qui ne sera jamais réalisée. Cependant, l’illustrateur du catalogue a bien dû travailler avec un exemplaire de cette couleur et quelques modèles ont sûrement été réalisés.

Sur l’édition italienne de ce même catalogue sortie un an plus tard, elle est bleue, couleur qui sera la sienne en production.

Il faut ici mentionner le modèle, fortement inspiré de la Dinky Toys, et produit en Espagne par Invicta. Je ne connais pas de couleur noire pour ce produit.

Quiralu sortira ce modèle en noir ainsi qu’en version bicolore, grise et noire. L’unicolore semble être toujours sortie sans vitrage alors que la bicolore est disponible dans les deux finitions. Après avoir vu la Dinky Toys quasi parfaite, la Quiralu a le charme désuet des jouets de bazar. Avec le temps, les amateurs sont devenus indulgents envers ce type de reproductions.

Il faut mentionner la version produite pour Jomat, le fabricant de circuit électrique. Ce dernier se contentait d’acheter des caisses peintes chez Quiralu, plaçait un moteur électrique et un châssis de sa fabrication et glissait le tout dans un précieux coffret contenant des éléments de piste et un transformateur.

je n’ai jamais vu le modèle fonctionner. Le poids de l’ensemble devait handicaper fortement le bon fonctionnement de la voiture. La 403, solide berline, n’était pas un foudre de guerre sur la route, comment aurait-elle pu faire des étincelles sur un circuit routier électrique ?

Punch, qui était un distributeur un peu comme Marx aux Etats-Unis, récupérera un certain nombre d’outillages chez Quiralu. Plus tard cette entité lancera la marque Eria.

En attendant, Punch va distribuer l’ex-modèle Quiralu dans un boîtage particulier. Les modèles sont à ma connaissance toujours équipés de vitrage. Ils bénéficient d’une finition unicolore et sont facilement reconnaissables du fait de l’absence de l’inscription « Quiralu » sur le châssis en tôle. Par contre je n’ai jamais vu de Peugeot 403 Punch finie de couleur noire.

Peu de temps après, Punch renoue avec la Peugeot 403 grâce à la distribution de la marque Eria. Cette dernière est une création. Elle est réduite à l’échelle du 1/50 environ. Dans la mémoire collective Punch reste associé à certaines enseignes de la grande distribution (Monoprix entre autres).

Voyant le créneau de la reproduction de la 403 berline quelque peu saturé C-I-J jettera son dévolu sur la version break. Avec ou sans vitrage, avec ou sans aménagement intérieur, il n’y aura pas de version noire.

Par contre, l’amortissement du moule se fera avec la création d’une version équipée d’un gyrophare électrique. Une version police verra donc le jour, de couleur noire comme l’étaient à l’époque les voitures de la police française.

Enfin, Solido a inscrit une jolie Berline 403 dans sa gamme Junior, démontable, au 1/32 environ. Elle est reconnaissable à son pavillon découpé. Il n’y a pas de teinte noire mais il existe une rare version anthracite métallisé.

Enfin, tout le monde connaît la version cabriolet qui ne peut laisser indifférent. Malgré une certaine lourdeur héritée de la berline, elle possède un charme unique et semble vraiment à part dans l’univers du cabriolet de ces années là. Dans la gamme Solido, c’est de loin mon cabriolet préféré. Pas de couleur noire bien sûr.

Dans un prochain blog nous examinerons les versions de la Peugeot 403 injectées en plastique, « l’autre matériau » utilisé à l’époque par les fabricants de jouets. Cette auto peut à elle seule devenir un thème de collection, tant sont nombreuses ses reproductions.

PS: le nouveau Pipelette (5) est disponible à la lecture sur la page d’accueil du site de l’Auto Jaune Paris. Bonne lecture.