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Chinoiserie d’outre-Rhin

Le musée du Louvre est à l’image de cette publicité pour un grand magasin parisien, aujourd’hui disparu « il s’y passe toujours quelque chose ! ». Dernièrement, après de longs travaux, le musée a ouvert ses nouvelles salles consacrées au mobilier du XVIIe et du XVIIIe siècle. Cette période a vu régner quatre souverains, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Les historiens de l’art parlent d’un modèle, d’un style inégalé. On évoquait alors dans les cours européennes « l’art de vivre à la française ».

Lucky station service Shell
Lucky station service Shell

Les décorateurs du Louvre ont conçu une scénographie chronologique. Cette dernière caractéristique rend ce travail unique au monde et exceptionnel. Jusqu’ici, les musées se contentaient de mélanger les différents styles qui ont évolué au gré de ces deux siècles. Chaque souverain a pourtant marqué son règne d’une touche reconnaissable sur le mobilier et la peinture.

Ainsi, le spectateur remonte l’histoire et traverse des salles où des décorateurs ont recréé avec minutie salons, cabinets et bureaux. Tout est harmonie.
Lors de ma visite, à la lecture des indications relatives aux meubles et objets de décoration, un terme m’a intrigué et m’a fait sourire. Pour décrire des décors orientalistes, les spécialistes utilisent le terme « chinoiserie ». Les objets provenant de l’Orient, pas seulement de la Chine, étaient fort appréciés lors de cette période. Leur exotisme et leur rareté fascinaient la noblesse.

La fascination était d’ailleurs à tous les niveaux. Ainsi, la population de Brest fut émerveillée par la délégation d’ambassadeurs du royaume de Siam venue rendre visite au roi Louis XIV. Une des artères principales de la ville, la rue Saint-Pierre, fut ainsi rebaptisée « rue de Siam On imagine aisément le choc occasionné à la population locale par le débarquement des mandarins et interprètes chargés de présents pour le roi de France.

Dans le milieu de la collection de miniatures, les chinoiseries n’ont pas très bonne presse. Ce terme est souvent employé pour qualifier des miniatures fabriquées en Asie à moindre coût et de médiocre qualité. C’est par ce terme peu flatteur que certains amateurs désignent les productions de Hong-Kong des années cinquante à soixante-dix. Pourtant, ces productions sont fort intéressantes à mes yeux, et elles posent beaucoup de questions. On peut par exemple se demander dans quelle mesure les firmes de Hong-Kong pouvaient se permettre de copier les productions occidentales sans être inquiétées. Elles contournèrent le problème grâce au pantographe, outil permettant de reproduire à des échelles différentes le modèle copié. Un des plaisirs du collectionneur est d’essayer de retrouver le fabricant de la miniature originale ayant servi de modèle.

Le marché visé par ces copies était celui des pays anglo-saxons : USA et Grande-Bretagne. Les productions de Hong-Kong destinées au marché germanique furent beaucoup plus rares. Il faut dire que ce marché était saturé par les fabrications locales de bonne tenue. Une de mes acquisitions préférées est cette copie du Magirus Jupiter grande échelle pompier produit par Märklin. L’échelle retenue par CM est proche du 1/45. Le Märklin est lui réduit à une échelle proche du 1/55 environ. Il faut avouer que ce camion a fière allure.

Un autre exemple est ce coffret peu fréquent représentant une station service Shell. La langue allemande choisie pour décrire le contenu indique la destination de ce coffret. Il est composé de modèles de chez Lucky. Le tracteur AEC semi-remorque citerne est bien plus connu dans la livrée Mobil. Lucky l’a composé à partir de deux sources différentes : le tracteur est copié sur celui de Dinky Toys et la citerne sur celle produite par Corgi Toys. La cellule du tracteur a conservé une taille identique à son modèle. Par contre, la citerne a vu son échelle de reproduction passer du 1/50 au 1/43.

Le dernier modèle du jour reprend le tracteur AEC vu dans le coffret précédent. Il est attelé à une remorque au 1/43 dont l’inspiration vient d’un modèle reproduit au 1/75 ! C’est chez Husky qu’OK a trouvé sa source d’inspiration. D’après la personne qui m’a cédé ce bel ensemble, ce modèle était distribué dans cette chaîne de magasins néerlandais.
Fin première partie

Les petits bonheurs

Il y a quelque temps je me suis gentiment moqué de ma région et du peu d’attraits qu’on lui trouvait (L’homme de Picardie). Aujourd’hui, je vais lui rendre hommage car j’ai connu sur ses routes beaucoup de petits bonheurs. Apprenti collectionneur, je passais une partie de mes vacances à arpenter les routes de la région en mobylette. Ce moyen de locomotion limitait forcément mon rayon d’action et je ciblais les magasins de jouets.

Semi-remorque Siku Mobil et Esso
Semi-remorque Siku Mobil et Esso

A la campagne, il existe rarement des commerces spécialisés dans cette activité et j’avais plutôt affaire à des bazars où se côtoyaient les articles de pêche à la ligne, des produits de jardinage et bien sûr des jouets. Je recherchais également les fêtes foraines : entre train fantôme et tir à la carabine se trouvait en général une roulotte proposant des friandises. Il n’était pas rare d’y trouver des « antiquités », mais pas au niveau des guimauves ou du nougat. J’ai ainsi acquis des Minialuxe que le grossiste local ne devait plus savoir écouler. Les Berliet Stradair emplis de bonbons en sucre figurent également à mon tableau de chasse. Je dois quand même avouer que j’ai fait beaucoup de kilomètres pour de piètres résultats. Un de mes plus beaux trophées reste cependant ce beau camion citerne Berliet Gak aux couleurs de BP de chez Bourbon acquis de haute lutte dans une station service. J’étais heureux d’avoir pu me procurer ce promotionnel. Il a pour moi un attrait bien particulier qui n’est pas dû à sa valeur. A l’époque ce type de modèle intéressait très peu de monde. J’étais particulièrement content d’avoir acquis un objet qui n’était pas commercialisé et qui représentait un camion que j’aime bien, le Berliet Gak qui de plus se pare des couleurs BP que j’ai toujours appréciées.

Le souvenir de mes pérégrinations m’est venu lorsque j’ai acquis en Allemagne un autre modèle promotionnel pour le pétrolier BP.

Nous sommes ici en présence d’une miniature produite par Siku. J’aime bien l’univers de ce fabricant allemand et il y a fort longtemps que j’accumule les miniatures de cette marque. La série des camions Henschel tracteur semi-remorque citerne me tient particulièrement à cœur. Une série classique a d’abord été produite pour être diffusée en magasin de jouets. Un modèle a ensuite été réalisé pour le pétrolier PAM et le marché néerlandais. Comme souvent, les pétroliers concurrents commandèrent, pour leur propre réseau, des camions citernes à leurs couleurs. Mobil, Raab Karcher, Aral, Esso, BP, et même le fabricant de citerne Strüver passèrent commande de livrées spéciales. Ils sont particulièrement prisés de l’autre côté du Rhin.

Railton à Stockholm

Railton à Stockholm

Après le Bluebird de chez Eneret, voici une autre fabrication Suédoise. Elle est le fruit de la firme Kabo qui devait être spécialisée dans la fabrication d’objets divers, en plastique.

Railton Racer
Railton Racer

Nous pouvons comparer cette firme avec Vapé ou Bourbon en France, firmes polyvalentes dans l’industrie du plastique. Nous possédons un très beau Peugeot D3A fourgon « Normalms » conçu chez ce fabricant pour une chaine de magasins de Stockholm spécialisés dans les fruits et légumes.

Le commanditaire de ces autos de record est la société Mobil qui fut partenaire publicitaire de ce projet. L’auto avait battu le record du monde de vitesse avant la guerre. Juste après la guerre, au début des années 50, à Stockholm, au salon de l’auto, Mobil expose sur son stand l’impressionnante auto. Pour l’occasion, Mobil fait réaliser une reproduction à l’échelle du 1/50 (19,5cm de long).

Le châssis est gravé en Suédois « KopiaVärldens snabbaste bil 640km/tim ».. ce qui doit pouvoir se traduire par « reproduction de l’auto la plus rapide du monde avec une vitesse de 640 km/h ».

Les ultimes versions ne portent plus cette mention de même que le nom du fabricant. On peut facilement imaginer que la production de cette miniature s’est poursuivie après le salon. Les pneumatiques sont monobloc en plastique de couleur noire, et on peut y lire la mention Dunlop.

Les inscriptions sur la carrosserie sont en relief, surlignées en rouge. La pégase, logo de la firme Mobil apparait à l’arrière du véhicule, alors que dans la réalité, elle était placée de part et d’autre de la face avant du capot. La reproduction de la signature de John Cobb, le valeureux et intrépide pilote, est gravée derrière le cockpit. Le choix des couleurs retenues par Kabo est curieux et ne correspond pas à la couleur réelle de l’auto ! Un correspondant Suédois m’a affirmé qu’elle existait bien en argent..mais je ne l’ai jamais eu en main…est-elle d’origine ? ou un enfant soucieux d’avoir une reproduction fidèle ne l’a t’il pas repeinte ?

Nous possédons une version ivoire (la plus fréquente) mais aussi une verte, une jaune, et une bleue toutes improbables au regard de la réalité ! Nous sommes en droit de nous poser la question du choix des couleurs. Je ne vois qu’une réponse : nous sommes donc après le deuxième conflit mondial. Dans le public, l’image des voitures de course de couleur argent renvoie tout de suite aux flèches d’argent du régime nazi. Pour l’histoire, la couleur des autos de course représentant l’Allemagne était le blanc.

Au milieu des années 30 Mercedes lança sur les pistes des autos surpuissantes, mais lourdes. Sur le circuit du Nürburgring, lors d’essais, les ingénieurs s’aperçurent qu’en enlevant la peinture de la carrosserie, ils gagnaient de nombreux kilo. Les autos remportèrent de nombreux succès et furent surnommées « flèches d’argent » en raison de leur couleur aluminium. Même les Auto union troquèrent leur peinture blanche pour une robe argent. Dans l’imagerie populaire elles furent un des symboles de la puissance de l’Allemagne lors de cette période troublée et c’est sûrement pour cette raison que le fabricant de jouets ne voulut pas reprendre à son compte cette couleur.

Par contre, il est intéressant de constater que Mercedes garda la teinte aluminium lors de son retour en compétition en 1952, voulant perpétuer une couleur symbole de victoire.