140 plans Dinky Toys

J’ai réussi à obtenir près de 140 plans Dinky Toys auprès d’un ancien employé du bureau d’étude de Meccano.

Ce sont des originaux. J’ai décidé de faire un tirage de 18 de ces plans.

Il sont réalisés sur papier calque, au format d’origine (42 cm sur 29,5 cm). Chaque reproduction est tirée en 100 exemplaires numérotés.

Parmi les plans en ma possession, j’ai sélectionné les Peugeot 203, 404 et D3A.

Les Citroën 2cv’51, ID19 break et P55 laitier, la Simca Chambord, la Renault Dauphine, La Chrysler Saratoga.

La Lincoln Première (référence 24P), le car Chausson, le Berliet GBO saharien, l’Unic semi-remorque Boilot porte-autos, le Brockway, l’EBR et le Berliet T6 porte-char avec l’AMX13.

J’ai également choisi deux modèles jamais réalisés par Dinky Toys dont il subsiste les plans : la Facel Vega Facellia et un étonnant Renault 3,5T camion brasseur Coca-Cola.

Ces 18 calques numérotés à 100 exemplaires sont en vente à la boutique au prix de 48€  (les 18 plans) . Je peux les expédier en recommandé ( prévoir un supplément de 10 € car cela nécessite un emballage particulier homologué à la poste).

Merci d’établir les règlements à mon nom, Vincent Espinasse.

Vincent – pour me contacter : autojaune@orange.fr

www.autojauneparis.com

Un costume bien trop grand

Un costume bien trop grand

Les portes se sont ouvertes. En entrant dans la salle des ventes des Chartrons, à Bordeaux, située le long de la Garonne, mon regard a tout de suite été attiré par un homme, ou plus exactement par son costume. C’était un costume clair, bien taillé qui m’a immédiatement fait comprendre que l’homme était responsable du lieu. Comme il manipulait les objets, seul, avec une grande liberté, le doute n’était pas permis. En terrain inconnu pour ma part, je m’adressai à lui, afin de savoir si je pouvais aussi avoir en main certains lots proposés à la vente.

« Oh, mais je ne fais pas partie de l’équipe de vente » me répondit-il très gentiment. « C’est le costume qui vous a trompé. Dans mon métier, le costume est imposé. Je travaille à deux pas d’ici ».

Le commissaire-priseur est alors arrivé, qu’il avait l’air de bien connaître. Celui-ci lui demanda conseil à propos de plusieurs modèles. J’ouvrais grand mes oreilles, car on parlait de l’objet qui avait motivé mon déplacement.

« Quel dommage que le collectionneur ait repeint ou amélioré tant de modèles », se lamentait le commissaire-priseur. Il indiqua qu’il allait devoir lors de la présentation affiner et modifier la description des lots. Il avait l’air surpris de cette situation compte tenu de la provenance des lots. Je sentais une certaine déception de sa part,  il avait sans doute imaginé cette collection plus intéressante. Je supposais donc que le vendeur était connu de la salle des ventes.

Un autre collectionneur est alors arrivé qui s’est joint au groupe. Avec l’homme au costume clair, il s’est mis à examiner consciencieusement certains modèles. Les deux hommes mirent alors leur savoir en commun devant le commissaire-priseur et un parterre de collectionneurs tout à l’écoute.

Avides d’apprendre, atteints par la certitude communicative des protagonistes, tous venaient chercher un cours d’authenticité sur les Dinky Toys. C’est ainsi qu’une banale Citroën 2cv pompiers neuve en boîte fut d’abord suspectée puis définitivement écartée au motif que le vernis du décalcomanie était jauni.

Certes, il y avait quelques modèles restaurés. Mais ils étaient facilement identifiables. C’est leur présence au milieu d’une très grande majorité d’objets d’origine qui a jeté le trouble chez les amateurs bordelais. Une belle Citroën traction 11BL de couleur argent fut aussi condamnée sans appel. Je ne parle même pas du véhicule pour lequel je m’étais déplacé. En fait, la grande faute du collectionneur avait été d’ajouter pour les modèles anciens une petite touche de peinture blanche, à la gouache sur les phares. Il suffisait d’un peu de patience pour nettoyer ce petit ajout. J’avoue m’être amusé de la situation.

Il y a eu une surenchère d’avis entre connaisseurs, au point qu’à un moment  j’ai cru qu’ils allaient déclarer que tout était repeint !

Quand vint le moment des enchères, la surprise dans la salle fut grande. Par le biais d’internet, des amateurs enchérissaient, assurément connaisseurs, ayant bien vu que les modèles étaient d’origine. Une personne finit par m’aborder, un peu naïvement « Alors, elles étaient bonnes ???! »

Le commissaire-priseur lui-même sembla accuser le coup quand fut adjugé le modèle pour lequel je m’étais déplacé. Peut-être avait-il compris son erreur, regrettait-il d’avoir fait confiance à des gens peu compétents. Il s’agissait d’un rarissime Ford camion ridelles bâché aux couleurs « Esso ». Robert Goirand possède un exemplaire de couleur rouge en version type 1 avec des roues à pneus. Deux personnes m’avaient averti de la présence de cet objet rare, M. Prudent et M. Vignoles. Ce dernier a retrouvé sur un forum la trace d’un autre exemplaire, gris également.

La décalcomanie provient tout simplement du camion citerne 25 D de dernière génération.

Nous pouvons formuler deux hypothèses. La première serait que Dinky Toys ait trouvé là un moyen d’épuiser le stock de  décalcomanies quand le 25 D a été retiré de la production.

La seconde serait que le 25 J classique se vendant moins bien que les versions SNCF ou Calberson, Bobigny ait vu là un moyen de donner un coup de pouce à ce produit, qui, dépourvu de publicité n’attirait pas les jeunes acheteurs. C’est désormais l’inverse, les versions 25 J sont  bien moins fréquentes que les Calberson et autres SNCF. En attendant, c’était une pièce à ne pas laisser passer.

Je profite de l’occasion pour vous présenter une autre récente acquisition des plus intéressantes. Elle figure dans le livre de Jean-Michel Roulet accompagnée d’un texte savoureux. Je vous invite à aller le lire. Il s’agit d’une présérie du Ford camion ridelles bâché « Grands Moulins de Paris ». Il est en type 1 à pneus. Il semble qu’il ne soit jamais sorti ainsi en série.

Mais le plus intéressant est sa couleur vert métallisé qui sera remplacée par le gris sur la version définitive. Comme l’explique Jean-Michel Roulet, Dinky Toys a conservé le suffixe « V » précédé de la référence 25J pour le cataloguer. Chez Dinky Toys le suffixe accolé à la référence de base sert à identifier la couleur. « V » comme vert ! En toute logique Dinky Toys aurait dû modifier son suffixe par la lettre « G » comme gris, couleur conservée en production. Il est probable que la programmation dans les brochures était déjà lancée lors du changement de couleur du véhicule sur la chaîne.(voir l’autre article consacré au Ford 25 J)

Les deux modèles sont des pièces maîtresses dans une série de camions 25.

Nos deux amateurs ont peut-être été un peu blessés dans leur amour-propre au vu des résultats des enchères. L’habit ne fait pas le moine et le costume l’expert. C’est bien là le problème. 

La multiplicité des ventes grâce à internet ne doit pas masquer le vrai problème d’expertise. Les exemples se multiplient. Ainsi lorsque je vois la publicité à la une du journal « Le Figaro » pour interenchères avec le slogan « Profitez de notre expertise pour acheter aux enchères »  je me pose des questions. Peu de salles de ventes en France, deux pas plus, possèdent des experts pour les jouets automobiles sur lesquels on peut se reposer.  La crédibilité des salles des ventes nécessite d’améliorer au plus vite cette situation, s’il  n’est pas déjà trop tard.

N’oublions pas que les frais payés par les acheteurs, en sus de l’enchère sont très importants. Le minimum est désormais  20%, mais nous sommes  très souvent à 23%, voire 28%. Ce devrait être le prix d’une expertise sérieuse.

Le mystérieux Unic Sahara de chez Solido

Le mystérieux Unic Sahara de chez Solido

Lorsque j’étais petit, pour occuper le temps lors des longs trajets en automobile qui nous conduisaient vers le sud, j’essayais d’identifier les cabines des poids lourds que mon père arrivait à dépasser au volant de sa Simca 1501 spécial. 

Par la suite, il a pu acquérir  une BMW 2000TI, bien plus fringante. Certes un peu lourde, sous- équipée au niveau du freinage mais avec un moteur 2 litres à injection Kügelfischer.

Désormais, les dépassements des semi-remorques se faisaient beaucoup plus vite, et il me fallait donc être plus rapide pour les identifier.

porte clefs Unic
porte clefs Unic

Aussi, lorsque nous avons commencé la collection, le tracteur Unic Sahara m’a beaucoup intrigué. Je  n’avais jamais vu ce type de cabine sur nos nationales ou sur nos autoroutes. Il m’a fallu attendre longtemps avant de trouver la première photo d’un tel camion, semblable à mes Solido. C’était une époque où il n’y avait  pas encore internet, ni surtout les nombreuses publications qui sont apparues par la suite.

Dans le hors-série de Charge Utile  «Les transports au Sahara », l’auteur, Jean-François Colombet explique que la firme Unic était fort implantée en Afrique du Nord. On peut même dire qu’elle y était aussi populaire que la firme Berliet. Cependant, les camions Unic étaient fragiles sur les pistes défoncées et leurs cabines étaient mal isolées pour affronter les variations de température. Ils  étaient donc plutôt destinés au transport de fret sur des pistes en bon état. Ainsi, pour répondre aux modèles spéciaux que Berliet et Willème avaient  conçu pour la prospection pétrolière, Unic va proposer ce camion dénommé « Sahara » le bien nommé. Ceci explique son absence sur les routes de l’hexagone.

Pour l’isolation thermique, Unic a fait fabriquer chez Autobineau une cabine équipée d’un double toit faisant aussi office de visière. Cette caractéristique est fort bien reproduite par Solido. Comme les Berliet GBO, on a fait simple au niveau des lignes de la cabine. Les phares sont intégrés dans la calandre.

porte clefs Unic
porte clefs Unic

En 1959, des accords sont signés entre Willème et Unic. Ce dernier mettra donc fin à la fabrication de ses modèles « Sahara » pour ne pas concurrencer son nouvel allié, déjà  implanté dans ce secteur.

Ajoutons que des soucis techniques liés à la  rigidité de la cabine ainsi qu’un prix de vente élevé avaient freiné la diffusion des premiers exemplaires de cet Unic « Sahara ».

Entretien et réparations sont le lot quotidien des transports dans le Sahara !
Entretien et réparations sont le lot quotidien des transports dans le Sahara !

Dans les pages du hors-série « Les transports au Sahara », on trouve de nombreuses photos de remorques  équipées de citernes d’eau potable.

On notera tout le mérite qu’a eu Solido de s’être fort bien documenté sur le sujet, sa reproduction est parfaite. Ce type d’équipement peut nous paraître incongru. Mais il ne faut pas oublier que les conditions de vie très difficiles dans les exploitations pétrolières, en plein désert, nécessitaient  une logistique très particulière.

Aux quatre cuves en plastique, de couleur argent et de  forme cylindrique installées en position transversale, succéderont quatre cuves rondes surmontées d’un couvercle. C’est la même décalcomanie « eau potable  5000L » qui décore ces deux premières versions.

Une fois la « Sahara mania » finie, Solido recyclera ses cuves en apposant  des décalques « farine transport en  vrac ». tracteur et semi-remorque sont le plus souvent finis de couleur bleue. Dans un premier temps ces modèles sont équipés de jantes en acier puis dans un second temps de jantes en plastique.

Enfin, ce sont des cuves décorées avec des décalcomanies« ciment  transport en vrac » qui seront offertes aux enfants.

Pour les amateurs, signalons que les couleurs jaune ou beige sont nettement moins fréquentes. (voir l’article consacré au Solido Berliet TBO transport de derrick)

(voir l’article consacré aux Berliet Quiralu dans le Sahara)

La règle du jeu

La  règle du jeu

C’est le titre d’un des plus fameux films de Jean Renoir. La règle du jeu est un  film est sorti en 1939.  En relatant les vestiges du passé d’une classe sociale en fin de règne il annonce les sombres heures à venir. Il est un peu à l’image de nos compétiteurs automobiles tricolores. Les années 20 et le passé glorieux des Bugatti type 35 et des Delage de Grand Prix sont bien loin.

Comment lutter contre les autos allemandes et italiennes, soutenues par les gouvernements nationalistes de ces pays qui voient dans les joutes automobile un moyen de propagande efficace? (voir le blog sur les fléches d’argent).

De plus, et sans chauvinisme aucun, le règlement  favorise clairement les auto équipées de compresseur. En effet, les équivalences entre moteur atmosphérique de 4,5L de cylindrés et ceux avec compresseurs de 3L sont erronées.

Pour faire simple, les moteurs avec compresseurs  développaient environ le double de puissance des moteurs atmosphériques. On constate d’ailleurs que le règlement en vigueur pour le championnat du monde de formule 1 juste après la guerre a corrigé cela. Désormais les autos avec compresseur ne peuvent dépasser les 1,5litre de cylindrée au lieu des 3 litres avant-guerre. Sans commentaires.

 

Mais il ne faut pas non plus enlever leur mérite aux ingénieurs allemands qui ont su mettre sur roues des autos très efficaces. Les moyens financiers n’expliquent pas tout. Hans Nibel pour Mercedes et Ferdinand Porsche pour Auto Union vont concevoir des autos qui dès 1934 enchaînent les succès. Les français vont réagir à cette domination de manière détournée. Cela va se faire dans deux directions, avec à chaque fois l’ACF (Automobile Club de France) à la manœuvre.

 

Tout d’abord, ne pouvant rivaliser directement sur les Grands Prix, c’est un règlement pour les modèles « sport » biplace,  sur mesure, pour les constructeurs français, qui est  créé pour les courses d’endurance. (voir le blog sur la Bugatti au Mans). Cela permettra de voir triompher des autos bleues aux 24 heures du Mans en 1937, 1938 et 1939.  Précisons que la course a été annulée en 1936 pour cause de front populaire.

L’autre plan de soutien consiste à distribuer une forte somme d’argent lors d’une compétition unique réservée à des autos fabriquées obligatoirement en France. l’ACF dota d’un prix d’un million de Francs une compétition nommée bien à propos « Grand prix du Million ».

Pour emporter l’épreuve, il fallait battre à Montlhéry, avant le 31 août 1937, la moyenne réalisée par l’Alfa Romeo de Chiron en  1935 lors du Grand Prix de l’ACF sur les deux cents premiers kilomètres de la course qui se disputait sur 500 kilomètres.

La course avait pourtant été remportée par Caracciola sur Mercedes tandis que Chiron abandonnait. Cela entraîne aujourd’hui encore une certaine confusion. Craignait-on que nos autos bleues qui devaient battre le record ne puissent tenir la distance et la moyenne sur 500 km ? On peut légitimement se poser la question.

Cette compétition a, avouons-le, un côté désuet. Elle permettra aux Français de ne pas perdre la face devant leur public. Mais ce type de course sans confrontation directe avec l’adversaire est bien un aveu d’impuissance.

Le record sera battu in extrémis par Delahaye avec sa 145. Cette auto répondait aux deux règlements, « Sport » et « Grand Prix ». Elle était donc biplace, ce qui n’était pas interdit en Grand Prix. Elle était polyvalente.  Elle battra le record de justesse (146,654 Km/h pour 146,508Km/h pour  l’Alfa Romeo). Deux autres constructeurs s’étaient inscrits : S.E.F.A.C et Bugatti. Nous reviendrons sur la Bugatti 4,5L sans compresseur qui fut l’unique concurrente,  la S.E.F.A.C  n’étant pas prête  à temps.

 

On imagine bien le retentissement national provoqué par ce record. Pour la presse, les voitures françaises étaient donc capables de rivaliser avec les allemandes.

C’est bien sûr un résultat en trompe-l’œil. Il n’empêche qu’en France, JRD se sentit investi d’une mission patriotique et offrit aux enfants une reproduction miniature de la voiture qui avait terrassé la terrible Mercedes.

La même année, le fabricant de Montreuil avait déjà immortalisé l’autre grande victoire française, celle du tank 57 Bugatti aux 24 heures du Mans.

La Delahaye 145 de chez JRD est réduite à une échelle proche du 1/43. Elle est moulée en plastiline.  Elle est fort ressemblante à l’originale qui  possédait une face avant  massive et une carrosserie qui s’effilait vers l’arrière. L’auto était facilement identifiable.  Elle est impressionnante.  Pour l’époque JRD est allé assez loin, dans le détail en reproduisant même les rivets de capot. Elle est mieux finie que son tank Bugatti ce qui laisse supposer que chez JRD on avait vu l’auto de près.

Elle est dûment estampillée JRD sur son châssis. Elle est équipée de pneus crampons de couleur noire  ou de pneus « Michelin ». Sachant que je préparais un article sur cette Delahaye, M. Lafond amateur de belles autos m’a confié un ouvrage  publié en 1981 : « Delahaye sport et prestige » écrit par François Jolly. On y apprend que lors du Grand Prix du Million l’auto était en fait équipée de pneus « Dunlop », très performants et endurants, remplaçant les « Goodrich-Colombes ».

 

L’année suivante, en 1938, notre belle Delahaye 145 participera aux 24 heures du Mans,  équipée d’ailes et bien sûr de phares. Elle réussira même à s’imposer une fois face aux Mercedes en Grand Prix en début de saison, à Pau, le 10 avril 1938.

Le succès tint surtout au fait que la Delahaye était moins gourmande que les Mercedes qui perdirent la course dans les stands, au ravitaillement.

Le reste de la saison fut une suite de quatre victoires Mercedes, les deux derniers Grands Prix étant remportés par Auto Union.

Le gamin parisien pouvait alors parader fièrement à l’école avec ses petits bolides français et croiser le fer dans la cour de récréation avec le petit camarade à qui on avait offert les monoplaces Märklin. Ces dernières étaient importées d’Allemagne en France et vendues à Paris. Je possède un catalogue  Märklin de cette période en langue française, estampillé d’un magasin parisien. Dans la cour de récréation, notre  Delahaye  n’avait peur de personne.