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Solido Chausson trolleybus

Tonnerre sur Brest

J’aime la ville de Brest.C’est une promenade au hasard de ses rues qui m’a inspiré l’article du jour, comme elle a sans doute inspiré nombre d’artistes peintres qui ont représenté la rue de Siam ou le pont transbordeur, ou qui ont simplement tenté de transcrire l’atmosphère de la ville.

L'univers de Jacques Demy : marin d'état et son amoureuse
L’univers de Jacques Demy : marin d’état et son amoureuse

Brest, c’est pour moi l’image du marin d’Etat, avec son pompon rouge, en escale, cherchant la distraction après un long voyage. Si de nombreux artistes ont utilisé l’image du marin, c’est justement pour la tache rouge formée par le pompon qui permet d’animer un tableau et d’attirer l’oeil. Les films de Jacques Demy témoignent d’une même sensibilité : au détour d’un plan, il n’est pas rare de croiser un marin d’Etat accompagné de sa belle. Curieusement, Lorient, autre grand arsenal, ou Toulon n’ont pas attiré les artistes de la même manière. Une autre particularité rend cette ville chère à mes yeux, son réseau de trolleybus. La cohabitation entre les lignes électriques aux figures géométriques imposées et le réseau urbain crée un décor bien particulier. Je me souviens, enfant avoir été fasciné par les trolleybus de la ville de Lyon. L’amplitude du déport des perches par rapport à la carrosserie du trolleybus m’intriguait beaucoup. La coexistence des véhicules thermiques et de ces engins électriques me paraissait bien compliquée.

La ville de Brest s’est dotée dès 1898 d’un réseau de tramways. En 1941, elle a souhaité moderniser son réseau et elle a choisi de remplacer le tramway par des trolleybus qui paraissaient mieux adaptés aux contraintes de la cité. Mais la guerre retarde la mise en oeuvre du projet : les bombardements anéantissent le réseau de tramways ainsi que les rames. Il faudra attendre 1947 pour enfin voir circuler les fameux Vetra. La topographie particulière de la ville et la présence du fameux pont levant, qui pouvait à tout moment être actionné, a conduit les urbanistes à créer une ligne de contournement. Notons enfin que ce pont levant était équipé de lignes d’alimentation électrique, ce qui lui conférait une étrange allure, lors de son ouverture.

Les trolleybus Chausson vont faire leur apparition à Brest en 1963. La municipalité va en acquérir six, dépourvus de toute mécanique. Ce sont les ateliers de la ville qui se chargeront de transplanter les moteurs des Vetra ! Ils donneront toute satisfaction.

Mais l’apparition dans le parc des bus Saviem SC10 va, pour des raisons d’économie, accélérer la refonte du réseau : il faut deux agents pour exploiter un trolleybus, alors qu’avec le nouveau Saviem un seul suffit. 1970 marque la disparition du dernier trolleybus Chausson Brestois.

Cette chronique a été rédigée à l’aide des informations issues de l’article très documenté de M. Christian Buisson, consultable sur le site de l’Amtuir  et les photos des trolleybus de Brest viennent de cette galerie.

Les faïences présentées sont des oeuvres de Georges Brisson. Elles datent du milieu des années 30. Elles ont été éditées par HB Quimper.

Solido BRM V8

Le V8 aux étincelles

Dans l’histoire de l’automobile, certaines autos sont devenues célèbres pour un simple détail esthétique ou technique. Ce détail permet de les identifier au premier regard. Il en est ainsi de l’aileron stabilisateur de la Chaparral 2F, du capot avant de la Ferrari 156 monoplace de 1961, ou de la dérive verticale de la Jaguar type D.

BRM Solido
BRM Solido et catalogue BRM

La monoplace que nous vous présentons ce jour possède également une particularité qui lui permet d’être à coup sûr identifiée : ses sorties d’échappement, courtes et verticales. Il est bien évident que pour un fabricant de miniatures, ce genre de détails a son importance car il permet à l’acheteur de repérer tout de suite la miniature convoitée. Il la recherche, il en a vu des photos dans les revues mensuelles « Sport Auto » et « Virage Auto » ; il a lu le récit des champions qui en ont pris le volant. La reproduction en miniature de l’auto permettra à tous les champions en herbe de s’identifier à leur idole.

Rendons grâce à Solido d’avoir su proposer toute cette série de monoplaces du début des années soixante. Toutes ne seront pas de la même qualité.

Ainsi, la Ferrari 156, et plus tard la Ford GT 40 resteront une énigme par la médiocrité de leur réalisation. Je doute que ce soit la même personne qui ait conçu la Ferrari 156 et la Porsche F2, la BRM ou la Lola V8 Climax. Les fabricants ont compris l’importance de proposer une série.

En effet, une monoplace proposée, seule, au milieu de véhicules de tourisme aurait eu peu de chances de rencontrer le succès. Au début des années soixante, Dinky Toys, Solido, Politoys, Pilen, Majorette, Injectaplastique et Clé, ont proposé des monoplaces. Ils ont tous utilisé le concept de la série. Elles furent assez inégales.

Toutes ces marques ont reproduit la BRM, rendue célèbre par son succès au championnat du monde de 1962, alors qu’elle était pilotée par Graham Hill. Mais ce n’est sûrement pas la seule raison. La marque Pilen, qui s’est lancée après ses principaux concurrents dans l’édification d’une gamme de formule 1 a cru bon, en 1966, de reproduire cette auto de 1962. Pourquoi ? J’avance ici mon analyse personnelle. Le fabricant de miniatures qui se lance dans la production de monoplaces se trouve confronté à un problème, celui de l’identification par l’acheteur de la voiture dans la vitrine du marchand de jouets. Une Dauphine, une DS, une Versailles, l’enfant les voit tous les jours dans les rues et les reconnaît sans difficulté. Mais s’il s’agit d’une Lotus, une BRM, une Lola, comment les différencier l’une de l’autre ? Nous n’étions pas encore dans les années soixante-dix quand les publicitaires ont commencé à équiper les voitures de couleurs les rendant aisément identifiables. Ainsi, dès 68, on reconnaissait la Lotus à sa robe rouge et or qui devint par la suite noire et or. Il n’y avait pas non plus les retransmissions télévisées. Seules les revues permettaient de se tenir informé. Dans ce contexte, il est bien évident que les fabricants cherchaient les monoplaces ayant un palmarès, et si possible dotées de caractéristiques spécifiques permettant une identification simple.

BRM Solido
BRM Solido, le fameux pot d’échappement

Pour notre BRM, ce furent les pots d’échappement. Ainsi pour étoffer son catalogue, Pilen ne trouvera rien de mieux que de réaliser cette monoplace, que l’on identifie uniquement par ce détail, tant la reproduction de la carrosserie est fausse. Il en est de même avec le modèle Politoys. C’est bien le seul détail qui permet de dire que l’on a devant les yeux une BRM ! Nos amis italiens de chez Politoys ont lancé une conséquente série de monoplaces inaugurée par la Maserati 250F et la Vanwall. Cette série ne se distingua pas par l’exactitude de reproduction des formes. Malgré le fait qu’il ait pu traiter de manière aussi superficielle les autos de course, Politoys a créé de très jolis véhicules dans sa gamme en plastique. Avec le temps, j’ai fini par éprouver de la sympathie pour cette série. Il faut savoir la regarder avec un autre œil que celui du puriste. C’est avant tout le témoignage d’une époque.

Durant cette saison 1962, aidées par des ingénieurs de la Shell, les motoristes firent évoluer le moteur de la BRM. Avec un moteur plus performant, Graham Hill réussit à prendre le dessus sur la Lotus de Jim Clark qui n’était pas encore très fiable. Ces évolutions de moteur ont eu pour conséquence de faire disparaître ces étranges pots d’échappement verticaux. A partir de cet instant, elle domina un temps le plateau. Pourtant, c’est dans sa configuration du début de saison, avec ses échappements verticaux, qu’elle est majoritairement reproduite.

Dinky Toys se distinguera en optant pour la version sans échappements verticaux, plus difficile à identifier ainsi.

BRM V8 de chez Solido Brosol et Dalia

La saga des Solido

Monsieur De Vazeilles, en bon gestionnaire, savait conserver ses modèles un nombre d’années suffisant pour qu’ils soient amortis. La BRM pourrait à elle seule servir d’exemple.

BRM Dalia
BRM Dalia

Elle est de conception simple, équipée de suspensions bien évidemment. Ses concepteurs ont su rendre la ligne particulière de la monoplace, que chaque amateur peut identifier au premier coup d’œil. De plus, quelques détails finement reproduits finissent de caractériser la monoplace : les pots d’échappement verticaux bien sûr, mais également son arceau de sécurité à la forme bien particulière.

Elle connaîtra au long de sa carrière de nombreuses variantes de jantes. D’abord équipée de petites jantes en acier chromé, elle s’adaptera aux nouvelles jantes produites par Solido. Elle sera ensuite équipée de jantes moulées en zamac, celles de la Ford MKIV.

A cette occasion, Solido devra modifier son moule afin de l’adapter à ces jantes plus imposantes, qui ne collent pas avec la réalité des années où elle participa au championnat du monde. Lors de ces ultimes productions, elle recevra une finition différente.

Elle sera équipée d’une décalcomanie, une large bande blanche évasée avec un filet de couleur rouge. Comme la plupart des Solido, la BRM connaîtra une seconde jeunesse en Espagne chez Dalia. Puis, à la fin des années soixante-dix, le moule partira au Brésil. Le modèle conservera alors la décalcomanie aperçue sur les dernières productions françaises. A cette occasion, ce sont des jantes moulées en zamac et vues sur les Ford MKIV et les Chaparral qui l’équiperont.

Une Jaguar hybride

Une Jaguar hybride

En tant qu’amateur de sport automobile, lorsque je contemple une miniature représentant un bolide, j’essaie toujours d’avoir des informations sur l’histoire du modèle reproduit. Avant d’écrire ces quelques lignes, la Jaguar type « D » sortie de chez Solido en 1957, ne n’avait jamais posé de problème d’identification.

En inscrivant sur le châssis la mention « Le Mans », Solido nous livre un indice. La dérive, prévue dans un premier temps pour le circuit du Mans sera tout de suite utilisée sur les autres circuits. Au départ, la voiture n’en possédait pas. La plus célèbre des Jaguar type « D » dépourvue de dérive est celle de l’écurie française « Los Amigos » qui se classera troisième lors de l’édition de 1956. Cette dernière était bien sûr de couleur bleue, comme il se doit pour une auto engagée sous la bannière française.

Le capot court du modèle Solido fait penser à une version de 1954 ou de 1955. Il ne peut s’agir un modèle plus tardif car le nouveau règlement entré en vigueur en 1956 impose un pare brise de taille supérieure en largeur et en hauteur. Cela conduira toutes les autos participant au championnat à adopter un pare brise panoramique.

Variantes de teintes
Solido Jaguar Type D variantes de couleur rouge

Si la silhouette est agréable et le profil correct, la face avant est peu fidèle. Ainsi, l’ouverture qui y est pratiquée fait plus penser à un squale qu’à une Jaguar !

Si vous êtes amateur de la gamme Solido, je vous invite à observer les modèles de la gamme Junior des années 50. Vous trouverez de nombreuses similitudes au niveau du traitement des ouvertures sur les faces avant des autos.

La Jaguar a dû être conçue par la même personne. Il semble qu’ensuite, dès l’Alfa Romeo Giulietta spider, Solido ait engagé une personne plus talentueuse et sachant bien retranscrire les formes et les détails.

Après de nombreuse recherches je n’ai pas trouvé trace d’une Jaguar type « D » équipée des deux projecteurs supplémentaires dont Solido l’a affublée. En 1954, l’auto est équipée d’un projecteur en plus de ses phares. Sa taille est inférieure à celle des phares et il est installé de manière asymétrique sur le côté gauche. Le côté droit était réservé à la plaque d’immatriculation installée sous le phare. Ce montage ne sera pas conservé au Mans en 1955. La Jaguar « D » remportera la course inaugurale du championnat du monde 1955 ainsi que les douze heures de Sebring. Durant l’intersaison, l’usine Jaguar cède un des modèles de 1954, équipé des deux phares et du projecteur, à Briggs Cunningham qui a ouvert une importation Jaguar dans la région de New York. En continuant mes recherches sur le territoire américain, j’ai trouvé la trace de nombreuses types « D » qui ont fini leur carrière sportive outre-Atlantique, souvent parées de couleurs extravagantes et de bandes de couleur et de numéros de course enluminés. Sur certains clichés apparaît nettement la trace de deux ouies sous les phares principaux ; il s’agit sans aucun doute de perforations destinées à refroidir les disques de frein.

Il est fort probable que Solido ait choisi pour sa reproduction la version 1954. Son capot très court semble bien être celui reproduit. Néanmoins, la direction de Solido a pris une liberté, préférant offrir un avant équilibré plutôt qu’un avant asymétrique. De plus, on peut aussi imaginer qu’entre la conception et la commercialisation du modèle réduit, la voiture remporta l’édition de 1955, avec un capot plus classique. Il y a fort à parier qu’un prototype existe avec trois phares. Enfin, il est amusant de constater que si le modèle a bien deux projecteurs supplémentaires, il lui manque les feux arrières !

Pendant sa longue carrière, la carrosserie ne subira pas de modification. Ce ne sera pas le cas des accessoires : volant à deux branches puis à trois, pilote sans bras ni jambes puis avec, jantes en acier chromé puis en zamac moulé. Le châssis, d’abord de couleur argent, puis gris, passera au noir à partir du moment où les jantes seront moulées en zamac. Les premiers modèles seront équipés d’une cocarde anglaise, issue de la série des avions. Ces premiers modèles sont en général équipés de pneus blancs sculptés. Le moule sera utilisé en Espagne chez Dalia. Cette auto fera également partie des accords commerciaux entre Solido et Tekno. Chez Tekno, elle recevra, comme nous avons déjà vu sur la Porsche 550, les mêmes finitions de couleur et de châssis (fiches 62 et 63). La version de couleur argent emporte mon adhésion. Signalons enfin que le moule ne semble être allé ni au Brésil ni en Argentine

Dalia et Solido/Tekno Jaguar Type D

Dalia et Solido/Tekno Jaguar Type D

Et débuta la série 100

Dans un entretien qu’il avait accordé à un journaliste, Monsieur de Vazeilles qui dirigeait l’entreprise Solido expliquait qu’il avait eu de la chance de prendre comme premier modèle la Jaguar type D.

Superbe Nicky Toys Jaguar Type D
Superbe Nicky Toys Jaguar Type D

Les exploits manceaux de la voiture contribuèrent au bon démarrage de sa nouvelle gamme, la série 100. Le choix fut judicieux. Le modèle restera au catalogue jusqu’en 1971 et dépassera le million d’exemplaires produits. Seule la Bugatti Royale dans la série « Age d’or » fera aussi bien.

 Celle à pneus blanc est la toute première Solido
Celle à pneus blanc est la toute première Solido

Jean de Vazeilles dira qu’en reprenant l’usine que lui avait laissée son père fin 1953, il avait compris que l’avenir était aux modèles réduits à l’échelle du 1/43, échelle imposée par Meccano et ses trains Hornby. Solido avait à son catalogue les gammes Junior de taille supérieure au 1/43, et les gammes Baby ou Mosquito, elles, de taille inférieure. Arrivant sur ce marché après les autres fabricants, il réalisa qu’il lui fallait se démarquer. Il lui a semblé qu’il y avait un créneau libre au niveau de l’auto de course et de sport. Son esprit d’entreprise l’a conduit à essayer de faire mieux que la concurrence.

Grâce à un homme, M. Brière, et à son intelligence pratique, la gamme Solido va bénéficier d’innovations techniques. Cet homme qui est entré sans diplôme chez Solido à 14 ans va en faire une entreprise à la pointe de son secteur. Solido employait beaucoup de main- d’œuvre locale. M. Brière habitait près de l’usine à Ivry-la-Bataille. Il sera à l’origine de l’invention d’une suspension constituée de deux ressorts à boudin, pour miniatures automobiles. Le système sera breveté le 16 février 1957.

La première miniature à recevoir une suspension, assurant à cette dernière un roulage de qualité sera donc la Jaguar type D portant la référence 100. Les collectionneurs qui ont connu cette révolution alors qu’ils étaient encore enfants s’en souviennent encore ! Dans la cour d’école, il fallait avoir « la » Jaguar type D.

De plus cette innovation était de qualité et fiable. Je ne me souviens pas avoir vu une suspension de Jaguar Type D affaissée ! Plus tard, Monsieur Brière sera à l’origine des premières portes ouvrantes (Lancia Flaminia). Précédemment, il avait réalisé la première partie mobile sur une miniature, le cockpit de l’Abarth de record.

Lorsque vous contemplerez dans vos vitrines ces merveilleux modèles, vous vous direz que vous êtes en présence de modèles pourvus d’innovations techniques qui ont ensuite été reprises par les autres fabricants. Vous les regarderez certainement avec davantage de considération !