Archives de catégorie : France

Modelisme Porsche 908

Quand le Modélisme fit son apparition – 2

Les miniatures présentées ce jour ont plus d’intérêt qu’il n’y paraît de prime abord. Le fabricant de ces modèles, ou plutôt leur distributeur a pour nom Modélisme. « Modélisme », c’est également le nom de la célèbre boutique du boulevard Sébastopol où ces miniatures furent distribuées.

Modélisme Porsche 908. Chassis différent.
Modélisme Porsche 908. Chassis différent.

Le succès de la boutique fut très rapide. Monsieur Greilsamer a vite compris la nécessité de favoriser la création de liens entre les amateurs. Pour atteindre cet objectif, il va publier une revue du même nom que sa boutique, puis, en 1967, un des premiers ouvrages consacrés au sujet, riche de photos et de listes de recensement de marques et de productions. Etant lui-même un collectionneur passionné, il a été sensible aux demandes des autres collectionneurs. Dans sa revue, il ne manquera jamais d’interpeller les fabricants pour leur soumettre des idées mais aussi pour les critiquer sur la qualité d’exécution de leurs produits.

Lorsqu’à l’aube des années 70 apparaissent en Grande-Bretagne les premiers kits en white métal, il va bien sûr les importer. Au regard de la difficulté du montage, ces kits ne sont pas à la portée de tout le monde. Pour de nombreux collectionneurs, le résultat final n’est pas à la hauteur des espérances. Il fallait effectivement du talent pour assembler les premières John Day. Si les photos de modèles montés présentés par la revue Modélisme ont fait rêver de nombreux amateurs, elles ont également suscité beaucoup de frustration. Notons qu’à l’époque il n’y avait pas de monteur professionnel. Par ailleurs, le white metal nécessitait un important travail de préparation, ce qui excluait la rentabilité d’un montage en petite série. Jacques Greilsamer comprit que pour satisfaire sa clientèle, il se devait d’offrir des produits finis. C’est grâce à sa parfaite connaissance du milieu des maquettistes qu’il a trouvé une solution. Deux maquettistes de talent, Messieurs Dubray et Evrat qui présentaient régulièrement leurs propres réalisations dans les pages du magazine lui présentèrent une solution envisageable : utiliser de la résine. Le matériau permettait d’échapper à l’investissement du moule en acier indispensable pour injecter du zamac. Au regard des quantités prévues, ce matériau permettait une gravure fine, et des carrosseries plus faciles à travailler. L’histoire était en marche, et c’est ainsi que naquit la gamme « Modélisme ». La finition très soignée ne permit qu’une micro production, bien inférieure à la demande.

Les maquettes ont très bien passé l’épreuve du temps, signe d’une qualité parfaite. Les gens qui ont connu cette époque fantastique regardent encore maintenant ces modèles avec désir. Comme ils ont été difficiles à obtenir !

Pour Jacques Greilsamer, le constat s’imposait : celui de l’existence d’un nouveau marché à destination des collectionneurs adultes. Les « miniatures maquettes » allaient supplanter les « miniatures jouets » et il allait créer Eligor. Contrairement aux industriels, il a anticipé ce phénomène. Bien sûr, avant lui, des firmes comme Rio s’étaient orientées sur ce créneau mais elles étaient restées prisonnières d’un marché à bout de souffle, celui des automobiles classiques d’avant la seconde guerre. Il en fut de même pour Solido et ses Age d’or. Pour avoir souvent travaillé avec des gens de chez Solido, j’ai constaté qu’ils avaient beaucoup de mal à croire au marché des collectionneurs.

Il est regrettable que Monsieur de Vazeilles ait vendu son entreprise à la période où naissait Eligor. Un visionnaire comme lui aurait sans doute mieux réagi que ses successeurs

Solido Chausson trolleybus

Tonnerre sur Brest

J’aime la ville de Brest.C’est une promenade au hasard de ses rues qui m’a inspiré l’article du jour, comme elle a sans doute inspiré nombre d’artistes peintres qui ont représenté la rue de Siam ou le pont transbordeur, ou qui ont simplement tenté de transcrire l’atmosphère de la ville.

L'univers de Jacques Demy : marin d'état et son amoureuse
L’univers de Jacques Demy : marin d’état et son amoureuse

Brest, c’est pour moi l’image du marin d’Etat, avec son pompon rouge, en escale, cherchant la distraction après un long voyage. Si de nombreux artistes ont utilisé l’image du marin, c’est justement pour la tache rouge formée par le pompon qui permet d’animer un tableau et d’attirer l’oeil. Les films de Jacques Demy témoignent d’une même sensibilité : au détour d’un plan, il n’est pas rare de croiser un marin d’Etat accompagné de sa belle. Curieusement, Lorient, autre grand arsenal, ou Toulon n’ont pas attiré les artistes de la même manière. Une autre particularité rend cette ville chère à mes yeux, son réseau de trolleybus. La cohabitation entre les lignes électriques aux figures géométriques imposées et le réseau urbain crée un décor bien particulier. Je me souviens, enfant avoir été fasciné par les trolleybus de la ville de Lyon. L’amplitude du déport des perches par rapport à la carrosserie du trolleybus m’intriguait beaucoup. La coexistence des véhicules thermiques et de ces engins électriques me paraissait bien compliquée.

La ville de Brest s’est dotée dès 1898 d’un réseau de tramways. En 1941, elle a souhaité moderniser son réseau et elle a choisi de remplacer le tramway par des trolleybus qui paraissaient mieux adaptés aux contraintes de la cité. Mais la guerre retarde la mise en oeuvre du projet : les bombardements anéantissent le réseau de tramways ainsi que les rames. Il faudra attendre 1947 pour enfin voir circuler les fameux Vetra. La topographie particulière de la ville et la présence du fameux pont levant, qui pouvait à tout moment être actionné, a conduit les urbanistes à créer une ligne de contournement. Notons enfin que ce pont levant était équipé de lignes d’alimentation électrique, ce qui lui conférait une étrange allure, lors de son ouverture.

Les trolleybus Chausson vont faire leur apparition à Brest en 1963. La municipalité va en acquérir six, dépourvus de toute mécanique. Ce sont les ateliers de la ville qui se chargeront de transplanter les moteurs des Vetra ! Ils donneront toute satisfaction.

Mais l’apparition dans le parc des bus Saviem SC10 va, pour des raisons d’économie, accélérer la refonte du réseau : il faut deux agents pour exploiter un trolleybus, alors qu’avec le nouveau Saviem un seul suffit. 1970 marque la disparition du dernier trolleybus Chausson Brestois.

Cette chronique a été rédigée à l’aide des informations issues de l’article très documenté de M. Christian Buisson, consultable sur le site de l’Amtuir  et les photos des trolleybus de Brest viennent de cette galerie.

Les faïences présentées sont des oeuvres de Georges Brisson. Elles datent du milieu des années 30. Elles ont été éditées par HB Quimper.

Il est cinq heures, Paris s’éveille

Je suis le dauphin de la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins de balais
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
La tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher
Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n’ai pas sommeil


Auteurs Jacques Lanzmann et Anne Ségalen

Interprétation : Jacques Dutronc

CIJ Renault 1000Kgs Boucherie

Le morceau du boucher

La campagne relative à l’élection présidentielle nous a récemment offert une belle polémique sur les modalités d’abattage du bétail, selon qu’elles obéissent ou non à un rituel, et sur les obligations d’étiquetage en la matière.

Renault 1000 kg en version boucherie
Renault 1000 kg en version boucherie en pleine livraison !

Je me suis souvenu que certains fabricants de miniatures avaient proposé des reproductions de véhicules sur le thème du transport de la viande et je n’ai pu m’empêcher de trouver dans l’actualité un prétexte pour vous les présenter.

S’il existe des reproductions de camions bétaillères qui permettent d’amener sur pied du bétail, les reproductions de véhicules transportant les carcasses et les morceaux de viande après l’abattage sont bien moins nombreuses.

Il faut avouer qu’il est commercialement plus facile de présenter une ou deux vaches bien portantes dans une bétaillère que des carcasses dans un camion frigo !

Ainsi, peu de fabricants de miniatures étrangers se sont penchés sur le thème du transport de viandes : à part le fils du boucher, quel enfant pourrait avoir envie d’acquérir un véhicule de ce type ? Corgi Toys reproduira pourtant des morceaux de viande dans un coffret « the lions of Longleat ». Il faut dire que ces derniers étaient destinés au repas des fauves ! Le coffret est d’un réalisme troublant.

Sur la base de son Bentam Karrier, Corgi Toys, toujours lui, produira un véhicule de vente de viande ambulante. France Jouets, fabricant atypique de Marseille, ne va pas hésiter à proposer à sa jeune clientèle un tel véhicule. Cette entreprise dont les fabrications sont pleines de charme n’a jamais hésité à sortir des sentiers battus. C’est ainsi qu’elle équipera un camion GMC d’une caisse avec des volets roulants. Ce fabricant avait pour politique commerciale de décliner sur un châssis commun de nombreux équipements. Grâce à cette politique économique, il réussira à se faire un nom auprès d’une clientèle fidèle. En effet, après le GMC, suivront un Berliet GAK puis un Berliet Stradair équipés de la même manière. Bien que l’échelle de reproduction des trois cabines soit différente, l’aspect de ces véhicules équipés de cette caisse est agréable à mes yeux. La finition « luxe »du GMC équipé de pneus blancs crantés est du plus bel effet.

C-I-J, autre fabricant français plein de charme, déclinera son superbe Renault 1000 kg fourgon en version boucherie. La rareté certaine de ce modèle permet de penser qu’il n’aura rencontré qu’un succès limité. Sa finition est superbe. Cette version est apparue vers la fin de l’utilisation de ce moule. C’est le type même de produit qui servait à amortir l’outillage. Le Renault 1000 kg est pour moi la plus jolie miniature produite de tous les temps. Il est amusant de constater que même les fabrications actuelles n’ont jamais pu offrir à la clientèle un modèle aussi fidèle que celui de la C-I-J. Techniquement, les portes arrière en tôle et le marchepied repliable sont de petits chefs- d’œuvre.

C’est le moment de prendre le temps d’aller chercher un Renault 1000 kg dans vos vitrines et de l’admirer !

Hotchkiss Grégoire et les filles

C’est l’ouverture de l’exposition sur les jouets au Grand Palais qui m’a inspiré cette chronique. Les organisateurs ont établi le parcours de visite en fonction du destinataire du jouet. Ainsi, les jouets pour les filles et ceux qui sont pour garçons ont été séparés.

palette de couleur d'Hotchkiss Minialuxe
palette de couleur d’Hotchkiss Minialuxe

Je me suis alors posé cette question. Qu’est-ce qu’un jouet pour fille ? Qu’est-ce qu’un jouet pour garçon ? Quels sont les critères à la base de cette classification ? Certes, instinctivement je n’ai pas acheté de poupée à mon fils et je n’ai pas offert de petites autos à ma fille. Nous sommes ainsi conditionnés. Les dinettes, les poupons et les aspirateurs miniatures sont-ils obligatoirement réservés aux petites filles et les autos, les armes à feu ne sont-elles destinées qu’aux petits garçons ?

En y réfléchissant, c’est vrai que dès la naissance, notre société nous conditionne. Par exemple, prenons la couleur des layettes. Chaque sexe a sa couleur. Le rose aux filles et le bleu aux garçons. Et gare aux inversions.

Pourtant, il me semble que certains fabricants de miniatures automobiles ont cherché à s’attirer les faveurs des petites filles. La firme Dinky Toys a-t-elle un jour cherché à élargir sa clientèle ? S’est-elle au moins questionnée sur le sujet ?

J’ai interrogé les femmes qui m’entourent. Deux caractéristiques les attirent : la présence de petits accessoires amovibles et les couleurs acidulées. La firme qui paraît satisfaire au mieux ces critères est Corgi Toys. Ce n’est certainement pas un hasard si cette firme a eu un succès planétaire.

A l’échelle nationale, je songe à une petite firme française, plus anecdotique. J’ai choisi de vous présenter des Hotchkiss Grégoire de chez Minialuxe. Si l’auto n’est pas franchement féminine, Minialuxe a su la revêtir de couleurs déroutantes.

Il en sera d’ailleurs ainsi de toute la production de la gamme Minialuxe de la même époque. Il est intéressant de constater que son grand concurrent, Norev, également positionné sur le créneau de l’auto en plastique, suivra la voie ouverte par Minialuxe. Ainsi aux teintes assez fades du début de la production Norev succèderont des couleurs vives. Les couleurs adoptées par Minialuxe ne sont pas réalistes.

Faut-il y voir la raison pour laquelle la contemplation de ces jouets procure du bonheur ? Un état proche du ravissement s’empare de nous. Nous regardons ces couleurs improbables le sourire aux lèvres. Je suis tenté de faire un parallèle avec le vernis à ongle de nos compagnes. A des années lumière du vernis rouge ou incolore de nos mères, elles s’émerveillent désormais devant des teintes étranges. J’avoue ressentir quelquefois de l’incompréhension devant l’extravagance de certaines nuances. Pourtant, certaines teintes semblent sortir de chez Minialuxe. J’ai ainsi vu ma fille et ma femme arborer fièrement un jaune canari, un rouge orange et même un bleu moyen…des teintes que n’aurait pas renié le responsable du nuancier chez Minialuxe. L’autre critère, permettant d’attirer le regard des petites filles, c’est celui des accessoires. Il est également présent chez le fabricant français, notamment dans la version présentée qui est équipée d’une galerie et de bagages.

Vous allez me dire, et vous aurez raison, qu’il y a quelque chose de sexiste dans le fait de considérer que les valises c’est une affaire de femmes. Il n’en reste pas moins que cette série de Minialuxe mérite d’être découverte et même montrée à vos compagnes. C’est le moment de partager avec elles votre passion de la collection.