La Ford de Mrs Robinson

C’est la récente rediffusion du film de Mike Nichols, « The graduate », en français « Le lauréat », qui m’a inspiré cette rubrique hebdomadaire. Si le titre n’évoque rien pour vous, la bande son du film, signée Simon and Garfunkel ne peut vous être inconnue.

Et Mrs Robinson de répondre : « C’était une Ford ! »
Et Mrs Robinson de répondre : « C’était une Ford ! »

Cette bande son comprend plusieurs classiques qui ont envahi les ondes sur les radios périphériques à partir de 1967, date de la sortie du film. Le son est typique de la fin des années 60. C’est le début de la vague hippie. Tout le monde a entendu au moins une fois le titre « Mrs Robinson », ou « Sound of silence », sans faire toujours le lien avec le film.

Le héros du film, interprété par Dustin Hoffman, rentre chez lui après l’obtention de son diplôme. Il n’arrive pas à se projeter dans l’avenir et sans véritablement rejeter le monde confortable dans lequel il évolue, il hésite sur ses choix de vie. On sent nettement poindre les idées de changement des jeunes gens des années 70.

Le réalisateur installe son héros au volant d’une superbe Alfa Romeo Duetto rouge. Il y a une volonté d’anticonformisme dans le choix étonnant de cette auto pour l’Amérique des années 70. Il est tentant de faire le rapprochement avec la Dolce vita où Marcello Mastroianni roule en Triumph dans Rome, plutôt que dans une sportive italienne. Notre jeune diplômé californien roule donc dans une italienne plutôt que dans une « muscle car » américaine. En 1967, les constructeurs américains rivalisaient d’audace afin de proposer des autos sportives et colorées. Mais après avoir lu ces quelques lignes, vous êtes certainement en train de vous demander pour quelles raisons, alors que je vous parle d’autos de 1967, j’ai choisi de vous présenter, afin d’illustrer cette fiche une Ford de millésime 1940 ?

Pour cela, revenons à notre film. Benjamin, « Ben », notre jeune diplômé, a succombé sans trop d’états d’âme aux avances de Mrs Robinson, quadragénaire pleine de charme, amie et voisine de la famille. Le jeune homme aimerait connaître un peu mieux sa partenaire qui semble peu encline à parler et se satisfait d’une relation purement physique. Alors qu’ils sont ensemble dans la chambre d’hôtel où ils ont coutume de se retrouver, il commence à l’interroger sur son passé. Mrs Robinson refuse d’abord de livrer le moindre détail. Le jeune homme insiste, et le spectateur apprend de cette confession forcée que Mrs Robinson a dû se marier parce qu’elle était enceinte.

Le jeune homme se fait plus pressant et il lui demande où cela s’est passé. Mrs Robinson répond que sa fille a été conçue dans une auto. Benjamin, avide d’obtenir davantage de détails finit par demander la marque de l’auto. Et Mrs Robinson de répondre : « C’était une Ford ! »

Ce savoureux dialogue m’a beaucoup plu. La fille de Mrs Robinson, Elaine est du même âge que Benjamin. Elle a donc été conçue dans une Ford, approximativement vers 1945. Quel merveilleux et charmant prétexte pour aller chercher des Ford de ces années-là et vous les présenter ! Maintenant vous avez les clefs de l’énigme de l’article du jour.

Mrs Robinson ne m’a pas facilité la tâche en m’imposant une période de transition pour l’industrie automobile américaine. Le modèle Ford de cette période a été produit par Tekno, mais uniquement en version taxi. Sa conception monobloc, avec les compteurs sur les ailes, lui interdira toute autre utilisation. La version de couleur noire est la plus fréquente. Elle est aux couleurs des taxis « taxa » danois. Le décalque est positionné sur les portes arrière ou avant (un peu plus rare). Celle de couleur jaune, « taxi » était réservée pour le marché américain. Enfin les versions bleu métallisé ou beiges sont plus récentes, mais aussi beaucoup plus rares. Comme nous n’avons pas d’indice supplémentaire sur le modèle Ford dont parle Mrs Robinson, on peut aussi imaginer qu’il s’agit d’une Ford un peu plus ancienne. Par exemple un modèle V8 Brewster de la fin des années 30. Hubley proposera une jolie série vers 1938, en taille « Pocket toy », proche du 1/45. Plusieurs carrosseries seront déclinées. Un cabriolet, un coupé, tous les deux parfaits pour séduire la belle Mrs Robinson. Une version coupé chauffeur sera même proposée par Hubley. La conception est assez astucieuse. Le châssis en cast iron chromé est en forme de poutre. Monobloc, il reçoit la calandre sur la partie avant, et sur la partie arrière, le moyeu de la roue de secours qui porte la gravure « V8 ». Le châssis est maintenu à la carrosserie après emboîtage de la calandre avant et mise en place du pneu en caoutchouc sur le moyeu de la roue de secours. Enfin, dans mes recherches relatives aux carrosseries d’époque, il me faut vous signaler la présence d’un break Woody. Pour Ed Force, il s’agirait d’une Ford millésime 1940. C’est un classique de chez Tootsietoys, mais j’ai toujours du plaisir devant ce type de véhicule.

Je ne peux que vous inviter à voir ou revoir « Mrs Robinson ». Ce film est un plaisir pour les amateurs de véhicules anciens. On y croise beaucoup de véhicules utilitaires colorés dont un superbe autocar dans la scène finale.

Solido Chausson trolleybus

Tonnerre sur Brest

J’aime la ville de Brest.C’est une promenade au hasard de ses rues qui m’a inspiré l’article du jour, comme elle a sans doute inspiré nombre d’artistes peintres qui ont représenté la rue de Siam ou le pont transbordeur, ou qui ont simplement tenté de transcrire l’atmosphère de la ville.

L'univers de Jacques Demy : marin d'état et son amoureuse
L’univers de Jacques Demy : marin d’état et son amoureuse

Brest, c’est pour moi l’image du marin d’Etat, avec son pompon rouge, en escale, cherchant la distraction après un long voyage. Si de nombreux artistes ont utilisé l’image du marin, c’est justement pour la tache rouge formée par le pompon qui permet d’animer un tableau et d’attirer l’oeil. Les films de Jacques Demy témoignent d’une même sensibilité : au détour d’un plan, il n’est pas rare de croiser un marin d’Etat accompagné de sa belle. Curieusement, Lorient, autre grand arsenal, ou Toulon n’ont pas attiré les artistes de la même manière. Une autre particularité rend cette ville chère à mes yeux, son réseau de trolleybus. La cohabitation entre les lignes électriques aux figures géométriques imposées et le réseau urbain crée un décor bien particulier. Je me souviens, enfant avoir été fasciné par les trolleybus de la ville de Lyon. L’amplitude du déport des perches par rapport à la carrosserie du trolleybus m’intriguait beaucoup. La coexistence des véhicules thermiques et de ces engins électriques me paraissait bien compliquée.

La ville de Brest s’est dotée dès 1898 d’un réseau de tramways. En 1941, elle a souhaité moderniser son réseau et elle a choisi de remplacer le tramway par des trolleybus qui paraissaient mieux adaptés aux contraintes de la cité. Mais la guerre retarde la mise en oeuvre du projet : les bombardements anéantissent le réseau de tramways ainsi que les rames. Il faudra attendre 1947 pour enfin voir circuler les fameux Vetra. La topographie particulière de la ville et la présence du fameux pont levant, qui pouvait à tout moment être actionné, a conduit les urbanistes à créer une ligne de contournement. Notons enfin que ce pont levant était équipé de lignes d’alimentation électrique, ce qui lui conférait une étrange allure, lors de son ouverture.

Les trolleybus Chausson vont faire leur apparition à Brest en 1963. La municipalité va en acquérir six, dépourvus de toute mécanique. Ce sont les ateliers de la ville qui se chargeront de transplanter les moteurs des Vetra ! Ils donneront toute satisfaction.

Mais l’apparition dans le parc des bus Saviem SC10 va, pour des raisons d’économie, accélérer la refonte du réseau : il faut deux agents pour exploiter un trolleybus, alors qu’avec le nouveau Saviem un seul suffit. 1970 marque la disparition du dernier trolleybus Chausson Brestois.

Cette chronique a été rédigée à l’aide des informations issues de l’article très documenté de M. Christian Buisson, consultable sur le site de l’Amtuir  et les photos des trolleybus de Brest viennent de cette galerie.

Les faïences présentées sont des oeuvres de Georges Brisson. Elles datent du milieu des années 30. Elles ont été éditées par HB Quimper.

Rivarossi Alfa Romeo Trolleybus

De la gare au paradis !

En matière de miniatures, mon souvenir le plus ancien est celui d’un diorama de chemin de fer. Je ressens encore la fascination qu’exerçaient sur moi ces présentations verdoyantes où les voies de chemin de fer servaient de prétexte au maquettiste pour composer son paysage idéal.

Le coffret Rivarossi Trolleybus
Le coffret Rivarossi Trolleybus

Dans une ignorance totale de la réalité, il s’agissait de déployer sur une surface limitée toutes les situations géographiques imaginables.

J’étais littéralement hypnotisé par le foisonnement des décors et surtout par les petits véhicules qui les sillonnaient. J’étais quelquefois surpris lorsque des paysages typiquement français étaient abandonnés à des véhicules allemands : aucun camion Saviem, Berliet ou Bernard mais pléthore de Mercedes, Man et Magirus.

Mon étonnement était le même face aux publicités qui ornaient ces véhicules. J’ai compris plus tard que le marché était totalement dominé par les fabricants d’Outre-Rhin. Ces derniers finiront par proposer des versions adaptées à leurs différents marchés, mais au milieu des années soixante, ce n’était pas encore le cas. C’est en admirant ces décors que j’ai été conquis par les trolleybus germaniques de la marque Eheim. Reproduits à l’échelle du 1/87, ils étaient destinés à intégrer ces dioramas. Cependant, l’hégémonie allemande n’a pas été totale. Grâce à Rivarossi, il a fallu compter avec la concurrence italienne.

Je précise qu’il faut bien distinguer, le domaine du train « jouet » de celui du train « maquette ». Jouef et Hornby entre autres étaient, à cette époque à classer dans la catégorie « jouet »

Il est cinq heures, Paris s’éveille

Je suis le dauphin de la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins de balais
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
La tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher
Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n’ai pas sommeil


Auteurs Jacques Lanzmann et Anne Ségalen

Interprétation : Jacques Dutronc

Ma che molto bello Rivarossi

Ma che molto bello Rivarossi

En prenant les modèles de trolleybus Rivarossi de mes vitrines, je n’ai pu résister au plaisir de vous faire partager ces quelques autres modèles de la firme de Côme. Vous aurez reconnu deux Fiat de chez Rivarossi. La Fiat 500 surnommée en Italie « Topolino » et la 1100 tôlée. Elles sont réalisées en bakélite comme le trolleybus.

Le tramway est lui en zamac. Les couleurs sont celles du réseau napolitain. (voir l’autre article sur Rivarossi)

Enfin, lors de mes recherches, ,j’ai découvert cette vidéo joliment filmée. Le collectionneur, dont je n’ai malheureusement pas trouvé le nom a dû s’armer de patience pour réaliser ce montage. J’en suis resté admiratif.