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Le Blues de la police.

Le Blues de la police.

Une prison. Des murs infranchissables, des barbelés, des miradors, des gardiens armés jusqu’aux dents. Voilà le décor du début du film « The Blues Brothers ». Rien de très original me direz-vous.

Un prisonnier, Jake Blues, va être libéré pour bonne conduite. Une voiture l’attend aux portes de la prison. Image connue et déjà vue… sauf qu’ici, c’est dans une voiture de police que son frère Elwood est venu le chercher. Jake ne manque pas de lui faire remarquer que ce choix manque de tact, et de s’étonner qu’il ait pu troquer la Cadillac aux couleurs de leur groupe de musiciens contre une Dodge Monaco aux couleurs de la police de Chicago !

Elwood ne tarde pas à démontrer le bien fondé de cet échange. Quelques kilomètres plus loin, un pont mobile. Les feux clignotants sont rouges, le pont se lève. C’est alors qu’il donne un grand coup d’accélérateur, les roues patinent, l’auto s’envole au dessus du vide et atterrit de l’autre côté du pont.

Le ton est donné. Le film est une suite de séquences toutes plus loufoques les unes que l’autre, entrecoupées de scènes musicales où l’on pourra reconnaître James Brown, Ray Charles, Aretha Franklin, Cab Calloway au sommet de leur art… (voir et écouter un extrait du film) .

L’auto servira de fil conducteur au récit. Elle se désintégrera à la toute fin du film comme le carrosse de Cendrillon disparaît à minuit.

Avant cela, le spectateur aura assisté à un nombre de carambolages frôlant l’indigestion. The Blues Brothers détiendrait le record du nombre d’autos détruites pour un film. Un vrai jeu de massacre dans lequel les autos de police s’auto-détruisent dans des chorégraphies ridiculisant parfois les représentants des forces de l’ordre. Le spectateur reste abasourdi par tant de tôles froissées.

Le film est un pastiche, une parodie qui puise son inspiration dans des films comme « French connection ».

J’imagine comment vos petits enfants pourraient avoir envie de recréer une scène du film chez vous en puisant dans vos vitrines garnies de miniatures. Afin de les détourner de cette entreprise qui s’avèrerait sans doute dommageable pour la bonne conservation de vos modèles, racontez-leur plutôt une histoire, celle de vos autos de police, plus précisément l’histoire de leur représentation en miniature. Vous allez voir cela est plus intéressant qu’il n’y paraît.

Observez vos vitrines. Vous n’avez quasiment que des véhicules de police datant du milieu des années cinquante, alors que vous avez des miniatures de bus, d’ambulances, de camions de pompiers qui datent de près d’un siècle.

Même dans ma vitrine de cast-iron américaines aucune trace de représentations de voitures de police. Chez Tootsietoys, doyenne des marques mondiales il faudra attendre les années quatre-vingt pour voir apparaitre un tel produit ! Hubley a été un peu plus précoce et en présente dès 1960.

Il y a quelques très rares exceptions : Barclay (USA) qui a créé une voiture police patrol et Best Toy (USA) une auto futuriste sans aucun lien avec la réalité. La conception même de ces miniatures (injection monobloc) a obligé les deux marques à créer un moule spécifique afin d’incorporer le projecteur et surtout les marquages latéraux (radio police).

On peut avancer une première explication. Avant la première mondiale, seuls les fourgons destinés au transport des prisonniers sont identifiables comme véhicules de police. C’est le type de véhicule popularisé sous le vocable de « panier à salade » ou « Black Maria » dans les pays anglo-saxons.

Les unités de police ont certes des autos mais peu d’accessoires les distinguent d’un véhicule ordinaire : un projecteur, souvent latéral et une sirène. Cela n’incite guère un fabricant de jouets à les reproduire.

Quant aux fourgons cellulaires, facilement identifiables par l’enfant grâce à leur couleur foncée et surtout à leurs grilles latérales imitant les barreaux des prisons, ils symbolisent la privation de liberté et sont très peu représentés. Il faut dire qu’ils sont peu avenants. Les fabricants se sont surtout interrogés sur l’intérêt qu’un enfant aurait à jouer avec un tel véhicule.

Aucune comparaison avec les ambulances : la guerre de 1914 les a sacralisées. L’ambulance vient sauver celui qui a risqué sa vie pour la patrie. Les reproductions d’ambulances, mais aussi d’infirmières seront légions, que se soit en Allemagne ou en France.

J’avance aussi ici une autre proposition pour expliquer l’absence de fourgon pénitentiaire. Est-ce moral de faire jouer un enfant avec un tel véhicule? Peut-on laisser l’enfant s’identifier à celui qui a mal tourné ? Il me semble qu’il y a eu un tabou sur ce type de véhicules comme il y en a un sur la représentation des corbillards.

Le plus ancien fourgon cellulaire que je possède est l’oeuvre de Savoye fabricant américain. Plus tard Tommy Toy  s’en inspirera pour en proposer une autre version. Ils datent du milieu des années 20. Ils seront vite modifiés et transformés en ambulance.

Ils sont pourtant des plus intéressants. Les fabricants ont même reproduit le policier qui se tient debout sur le marche-pied, image popularisée dans les films . Le personnage sera conservé sur la version ambulance qui connaitra  même une autre  copie en Grande-Bretagne chez Charbens !

Avant-guerre, les fabricants danois Micro, Birk, NS, et quelques autres non identifiés vont briser le tabou. Après-guerre, Tekno et Lego leur emboîtent le pas.

Ces fabricants ont pris le risque de créer de toutes pièces des moules spécifiques ou alors de les adapter, comme Birk, avec sa camionnette Graham, en gravant des barreaux, ne laissant aucun doute sur la fonction du modèle !

Après-guerre, Lego et Tekno utiliseront la décalcomanie pour transformer leurs modèles en fourgon cellulaire. Aucun des véhicules décrits ne reçoit la mention politi (police en danois). Il se peut que dans la réalité ces véhicules en étaient dépourvus. Cependant, pour sa version export, Tekno appliquera une décalcomanie « black maria ». Tekno utilisera sa Mercury berline pour décliner une version  » politi patrulievogn » comme indiqué sur la boîte. Un voile de peinture noire suffira et un dessin sur l’étui.

Etrangement, c’est ce même pays qui interdit dans les années soixante certains jouets comme les reproductions d’armes à feu.

Dans la même logique, une des firmes majeures, Tekno, préférera décliner des versions UN (nations-unies, blanches) que des versions « guerrières » de couleur kaki. Le Danemark est un petit pays mais qui a beaucoup innové dans le secteur du jouet.

La Scandinavie a compris très tôt le rôle du jouet dans l’éveil et l’éducation de l’enfant ainsi que dans le développement de sa personnalité. Tout le monde connaît le succès des briques Lego danoises ou des jouets en caoutchouc du norvégien Tomte.

Je profite de l’occasion pour vous présenter un modèle rarissime, qui m’était inconnu il y a peu. On ne sait identifier le fabricant. Ce dernier a aussi réalisé un camion de pompiers et une fourgonnette moulée de manière monobloc affublée de barreaux. C’est une copie de la Graham Birk. je possède une version de couleur rouge (déclinaison en ambulance  carcérale ? ). On peut imaginer qu’elle existe de couleur verte, en version police.

Le véhicule  suivant  m’a été vendu par mon ami Jacob Remien.  Il reproduit un engin paramilitaire transportant des policiers, de type section anti-émeute. Ce type de véhicule a été popularisé dans l’Allemagne nazie et même reproduit par Erzgebirge.

L’engin s’apparente à un char à banc transportant des élément de la milice SA, le genre de véhicule qui participait au maintien de l’ordre lors de manifestations. C’est un véhicule intrigant, dérangeant, qui correspond bien à cette période agitée, celle de l’immédiat avant-guerre.

Enfin j’ai trouvé une autre auto, plus paisible, moins angoissante, toujours de fabrication danoise inconnue. Là aussi, l’injection monobloc a contraint le fabricant à une utilisation unique de son moule. Il s’agit d’une berline équipée de deux panonceaux sur le pavillon, recevant chacune une étiquette en  papier collé « patruille »et une antenne. Elle reçoit une belle peinture noire. Elle est rare.

Elle restera longtemps le seul exemple de voiture de police danoise…Tekno attendra  avant de proposer des autos de police identifiables au premier regard.  Et encore ce sera pour le marché d’exportation, la Suisse et l’Allemagne.

 

Philips c’est plus sûr ?

Philips c’est plus sûr !

Ce slogan publicitaire vous l’avez sans doute lu des dizaines de fois. On peut dire qu’il est gravé dans nos mémoires, au point que l’on ne cherche même plus à le comprendre.

Il s’adressait à la ménagère qui achetait un appareil électroménager, au père de famille qui se renseignait pour une télévision ou au commerçant qui devait changer ses néons. je ne vais pas faire l’inventaire des produits de la firme d’Eindhoven, tant sa palette était large et adaptée aux besoins de tous.

Une chose est sure, son service marketing était des plus efficaces, si l’on en juge par le nombre de modèles réduits qui ont porté le nom de cette multinationale dans les années cinquante-soixante.

Grandes et petites séries semblent avoir jalonné l’histoire des modèles réduits aux couleurs de cette firme. Je n’ai aucun doute sur les accords « payants » ayant lié Phillips au monde du jouet. Prenons les panneaux publicitaires Minialuxe. Je doute que Philips n’ai pas versé son obole pour voir apparaître son nom sur ces panneaux.

Quel intérêt autre que celui d’une rémunération aurait-‘il pu conduire à ce choix chez Minialuxe? De quel avantage en nature la firme française aurait-elle bénéficié? On aimerait poser la question au dirigeant de l’époque.

Autre exemple. Prenons le Volkswagen Kombi de premier type, référence 413 de chez Tekno. Celui aux couleurs de Philips est le plus fréquent de toute la gamme de ce fabricant. Tous les collectionneurs le possèdent.

On sait que Tekno a produit beaucoup de versions différentes de son Volkswagen Kombi. Pour la firme danoise, le critère du choix de la publicité apposée sur le fourgon résultait du marché auquel le modèle était destiné : local (Danemark), Scandinave (Suède, Finlande) ou alors « le reste du monde ».

Très vite les dirigeants ont compris qu’envoyer des modèles vantant un journal danois ou un fabricant de brosses à dents dont la production ne sortait pas du Jutland n’avait aucun intérêt pour les clients de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis.

Il  était donc important de faire figurer des firmes présentes aux quatre coins du monde. Les compagnies pétrolières comme BP, Caltex, Mobil répondaient parfaitement à ce critère. Des firmes d’électroménager comme Bosch ou Philips également.

Lego Volkswagen Kombi "Philips" (document Anticommondo)
Lego Volkswagen Kombi « Philips » (document Anticommondo)

Il est troublant que Philips se soit rapproché d’une autre grande firme de jouets danoise, Lego, pour commander une série de véhicules portant son logo (Mercedes semi-remorque et Volkswagen  Kombi). Ces modèles semblent n’avoir été distribués qu’à travers le réseau Philips.

Il n’y a qu’un pas à franchir pour imaginer que Philips et Tekno scellèrent leur accord par un contrat.

Ainsi le Volkswagen Kombi puis également ne l’oublions pas, le Ford Taunus ont été décorés aux couleurs de Philips. Si le Volkswagen a été produit en très grande quantité, le Ford Taunus l’a été en quantité beaucoup plus réduite, sûrement pour des raisons de coût de revient du produit Il est donc logiquement bien plus rare.

Cette version du Volkswagen aux couleurs Philips vous la retrouvez dans le monde entier ! Ce fut « la » version exportation de la gamme. Si vous êtes familiers des Tekno, vous aurez remarqué que l’on peut même trouver les deux types de jantes (zamac brut puis acier chromé avec le logo VW au centre) prouvant bien que cette version fut produite sur une très longue période. Sur la dernière version, la nuance bleue tire sur le violet.

Tout cela n’aurait pas nécessité un blog si, il y a trente ans, dans une vente chez Christie’s n’était apparue une version « Philips » gris clair uni. L’authenticité ne faisait aucun doute.

Il faut parfois faire des choix et je n’ai pas pu l’acquérir. Sa livrée gris unicolore était empruntée à celle de la version « Zoo ».

Heureusement, un autre exemplaire a été mis en vente quelques années plus tard, toujours en Grande-Bretagne. Il venait d’une collection américaine. Il était accompagné d’une autre version finie en deux tons de vert, finition empruntée à la version « Dansk Lakfabriker ».

J’ai pu acquérir ces deux modèles des plus intéressants.

Bien plus tard, chez Collectoys, j’ai été intrigué par la nuance de couleur d’un modèle proposé aux feux des enchères. Personne n’avait remarqué que les décalques Philips avaient été appliqués sur une version Oké (crème et bleu moyen).

L’expérience est l’alliée du collectionneur. Il y a du plaisir à repérer une variante qui était jusque là inconnue.

Le fait que Tekno ait puisé des versions déjà assemblées dans ses stocks pour compléter des envois vers les pays anglo-saxons confirme que l’entreprise a dû parfois improviser pour assurer ses commandes.

La version gris unicolore peut paraître logique car l’originale est gris clair et bleue. Celle empruntée à la version Oké  peut également être compréhensible.

Par contre la version finie dans les deux tons de vert n’appartient à aucune logique. On peut simplement penser que Tekno devait être fortement démuni à ce moment-là pour avoir été chercher cette couleur. Cela donne à penser qu’il y a d’autres combinaisons hasardeuses. Si vous en possédez , n’hésitez pas à me le faire savoir !

Finalement, après quelques quarante-cinq années de collection de Tekno, cette version que je ne regardais plus en vitrine, j’ai appris à la reconsidérer et à l’apprécier à sa juste valeur. Celle d’un modèle de très grande diffusion, qui a connu quelques incidents de parcours.

Je me demande si le slogan entrevu au début de l’article était bien choisi. « Philips » c’est vraiment plus sur?  Pour les modèles Tekno on peut se poser la question. Et pour la Citroën 2cv camionnette de chez Dinky Toys?

PS: je n’ai pu résister au plaisir de vous faire partager la réalisation d’un ami Belge qui travaillait chez Philips à Bruxelles. (voir le blog consacré à Monsieur Alain). Autant le dire de suite, ce modèle n’a jamais été réalisé chez C.I.J !  c’est un clin d’oeil du regretté  monsieur Alain au Citroën 1200kg  réalisé par Dinky Toys.

Dernier Blog de la saison. Rendez- vous en Septembre.

 

 

 

 

 

 

 

En panne à Oslo ? Chevrolet Lego !

Une Chevrolet Lego en plastique injecté avec calandre en tôle rapportée et pincée. Nous avons déjà évoqué dans cet article (12), consacrée aux Mecline, les restrictions d’importation imposées par le Gouvernement Norvégien au sortir de la seconde guerre mondiale.

Chevrolet Lego
Chevrolet Lego

Comme Tekno, Lego, autre grande firme danoise contourna l’embargo en créant une unité de fabrication en Norvège. Il y eu sans doute des liens étroits entre ces deux firmes, sûrement au niveau de la distribution sur place, car Mecline proposa un VW van avec une publicité Lego !

Lego est surtout connu pour ses petites briques qui supplanteront rapidement cette belle série de Chevrolet qui est l’objet de notre étude.

Lego commença sa production de jouets par des jouets en bois de grande qualité. Les formes étaient simples et rehaussées de superbes peintures laquées. J’ouvre une parenthèse pour signaler que Tekno fut aussi un concurrent de Lego pour ce type de jouets. Lego possédait un grand savoir-faire avec ce matériau. L’apparition du plastique a nécessité chez cette firme de grandes capacités d’adaptation et un changement radical dans sa conception du jouet.

Le trait commun de ces Chevrolet Lego est l’interchangeabilité de leurs composants. Un ingénieux et pourtant très simple bouton pression au milieu du châssis permet de changer d’accessoires en un clip. Ainsi, vous pouvez passer d’un camion citerne semi remorque à un camion charbonnier ! Il est évident que Lego destinait ces objets à une clientèle d’enfants âgés de 5 à 7ans. Il y a un côté ludique évident et une très grande simplicité de maniement : c’est déjà l’esprit de la brique Lego, démontable, transformable et laissant parler l’imagination de chaque petit constructeur

Il a fallu attendre le milieu des années 90 pour découvrir longtemps l’existence de cette unité de fabrication de la firme danoise en Norvège. C’est la découverte il y a quelques années d’un catalogue Norvégien qui a permis aux amateurs de lego de connaître cette activité de la firme et de découvrir des modèles inédits par rapport à la production Danoise. Ainsi, une camionnette Chevrolet arborant la publicité pour Coca-Cola, un camion grande-échelle et notre dépanneuse ont été réalisés uniquement en Norvège. Une des explications pourrait être que Lego Norvège profitant d’une faible concurrence avait décidé d’étoffer sa gamme.

La création de modèles transformables est parfaitement cohérente avec la volonté de proposer une plus grande variété.

Je n’ai jamais revu un autre exemplaire !

Le plein à la station Esso de Billund

Le plein à la station Esso de Billund

Outre les couleurs du pétrolier Esso, ces modèles ont en commun l’association des matériaux bois et plastique. Il n’est pas évident de repérer au premier coup d’œil que ces modèles sont en partie en bois.

Lego a une longue tradition d’utilisation du bois. Avant l’apparition du plastique, il était surtout utilisé pour les jouets destinés au premier âge. Rehaussés de dessins au pochoir colorés, il faisait la joie des bambins.

Lego camion citerne Esso
Lego camion citerne Esso

Précisons également qu’en France, une firme comme CIJ possédait également un atelier « bois » de production de jouets et d’accessoires de caisses d’emballage pour les jouets en tôle. Selon le même procédé que celui utilisé pour le Chevrolet dépanneuse, ces jouets se composaient d’un châssis et d’une carrosserie interchangeable grâce au fameux bouton pression.

Ainsi après avoir acquis la base constituée par le camion semi-remorque, l’enfant pouvait compléter son jouet en achetant la ridelle, la citerne simple ou la citerne vendue comme accessoire en étui individuel. Sur la version ridelle en plastique le bois est utilisé pour décorer très finement les fûts d’essence. Un détail, le texte indique le nom danois de la société Esso. Nous vous présenterons bientôt une autre rareté mais norvégienne.

Enfin, on peut constater l’omniprésence des constructeurs américains dans les reproductions de cees jouets scandinave aussi bien avant qu’après guerre. Que ce soit Tekno, Vilmer, Stentorp et autres Lego, ce ne sont que des reproductions de véhicule d’outre-atlantique.

Lego Chevrolet  » panel van »

Lego Chevrolet  » panel van »

L’industrie automobile américaine a connu son apogée entre les deux guerres.  Elle a cherché à étendre son influence partout dans le monde,  s’engouffrant dans la moindre brèche pour conquérir de nouveaux marchés.

En Europe,  notamment en Belgique, aux Pays-Bas et dans  les pays scandinaves,  l’absence d’industrie automobile locale permit aux constructeurs américains  de pénétrer  facilement les marchés.

En toute logique, ce phénomène eut des répercussions chez les fabricants de jouets scandinaves notamment dans le choix des véhicules à reproduire.

Prenons la firme  danoise Tekno.  A ses débuts,  elle ne proposera à sa jeune clientèle  que  des Packard, des Buick, des Dodge, des Mercury, des Ford et des Harley-Davidson. On observe la même tendance chez Vilmer avec des Dodge et des Chevrolet. Lego n’échappera pas à la règle,  avec une petite particularité.

Bien souvent les véhicules industriels américains étaient livrés  en Europe châssis nus. Ils recevaient sur place chez un carrossier local un équipement spécifique. Ainsi la Packard  reproduite par Tekno a reçu une carrosserie  scandinave, tout comme les camions Ford, avec leurs bennes équipées de volets rabattables typiquement scandinaves.

Lego quant à lui optera pour la reproduction d’une carrosserie franchement américaine, dénommée aux Etats-Unis « panel van » (que l’on peut traduire par fourgon tôlé). La forme est bien particulière, simple et efficace, en un mot taillée à la serpe.

Elle est conçue à moindre coût et permet un chargement facile sans perte de place. Le seul lien avec la Scandinavie se trouve dans les publicités apposées sur ces fourgons : « Lys Kraft » (compagnie électrique), « Maelk  Flode» (laitier), « Brod Kager » (boulangerie) et autres dénominations nordiques. Le choix de Lego peut paraître curieux dans la mesure où cette camionnette n’entre pas dans la logique ludique de la marque qui consiste à offrir aux enfants la possibilité de permuter des éléments. Cette camionnette est de fabrication monobloc. Le seul côté ludique consiste dans l’ajout sur certaines versions d’une petite friction, comme cela se faisait beaucoup à l’époque. Signalons que ce type de gadget n’a jamais fait l’unanimité chez les enfants.

La friction se révèle très vite encrassée ce qui a pour effet de bloquer totalement la miniature. C’est un comble pour un accessoire qui devait lui permettre un meilleur roulement !

Sa courte existence explique sa rareté. Les décalcomanies sont très fragiles. C’est un très beau jouet, désormais difficile à se procurer.