Cocorico dans la Pampa

L’histoire de la course automobile a commencé par l’organisation d’épreuves de ville à ville. Comme les bolides représentaient un réel danger pour les autochtones massés le long des chemins de terre battue, il a été décidé, en Grande-Bretagne de construire le premier autodrome, à Brooklands.

Renault Dauphine IKA
Renault Dauphine IKA

En Amérique du Sud toutefois, la tradition des courses dans la campagne perdurera. Il faut dire que les grands espaces s’y prêtent et que peu d’autodromes avaient été construits sur ce continent. Il fallait bien trouver un moyen pour satisfaire une jeunesse éprise de vitesse. Une des courses les plus impressionnantes a été créée en 1950. Dénommée Carrera Panamericana, elle traversait le Mexique, en empruntant la partie mexicaine de la fameuse route panaméricaine qui relie l’ensemble des Amériques, de l’Alaska à l’Argentine. Cette épreuve permit la confrontation fort intéressante d’autos américaines, surpuissantes mais aux châssis peu adaptés à ce type d’utilisation, aux bolides européens de conception moderne. Les plus grandes marques de voitures de sport prirent très vite conscience de l’importance de cette épreuve. Mercedes, Porsche, Lancia, Ferrari mais également de petites marques comme Gordini inscrivirent au départ de l’épreuve des prototypes. Afin de financer le coût du voyage, les européens eurent recours à la publicité. Il est assez fascinant de contempler les Porsche 550 parées de publicités « Telefunken » ou les Gordini arborant des autocollants « Dubonnet » Il faudra attendre la fin des années soixante (1968) pour voir apparaître en Europe des publicités sur les autos de course. En 1950, la première édition de la Panamericana fut remportée par une Oldsmobile. À son volant se tenait Hershel McGriff qui domina ainsi une pléiade de pilotes mexicains et américains. La première édition n’était ouverte qu’aux autos de série. A partir de 1951, l’épreuve a été ouverte aux prototypes. Les autos américaines furent alors surclassées. Ferrari remporta l’épreuve à deux reprises, Mercedes et Lancia la remportèrent une fois. La catastrophe des 24 heures du Mans de 1955 impressionna le Gouvernement mexicain qui craignit qu’un pareil drame se produise. Il décida d’annuler l’édition 1955. L’épreuve ne se remit pas de cette annulation de 1955 et ne sera plus jamais organisée.

Les argentins, passionnés par la compétition automobile, avaient eux aussi des épreuves sur routes ouvertes. Elles jouiront d’un succès populaire incroyable. Le grand Juan-Manuel Fangio se fera remarquer à travers ses succès dans la Pampa.

L’épreuve la plus célèbre était la «Gran Premio Standard ». Elle attisait la convoitise de tous les constructeurs automobiles implantés en Argentine.

En toute logique, les fabricants de miniatures locaux vont s’attacher à reproduire ces bolides afin de les offrir au jeune public désireux de recréer dans les cours d’école les duels fratricides de leurs champions. Dès le lancement de sa marque Buby, M. Mahler va proposer une déclinaison en version compétition de quasiment toutes les miniatures de son catalogue. Il proposera même parfois plusieurs versions par auto, suivant en cela l’actualité sportive. En regardant les photos des autos en course, on constate, avec plaisir la conformité des décorations proposées par Buby.

Ce jour, je vous présente la Renault Dauphine IKA, lauréate dans sa catégorie (classe B cylindrée limitée à 850cc) lors de l’édition 1962. Cette édition marquait l’entrée en lice pour la première fois de l’écurie officielle Renault IKA. Les Dauphine signèrent les deux premières places, Perkins devançant Bohnen. La Dauphine aura une très belle carrière en Argentine. Elle s’imposera dans sa catégorie jusqu’en 1967, date de la dernière édition. Buby s’est contenté d’ajouter les décorations. Il faut dire que les autos avaient dans la réalité un aspect proche des autos de série.

La deuxième auto présentée ce jour est beaucoup moins connue. Elle ne figure même pas dans le livre « Buby La historia en fotos » de notre compatriote, Lucien C.L. Brousse, qui était en poste au comptoir Air France à Buenos Aires. Il s’agit d’une rare Renault 6 Ika compétition. Il est surprenant d’associer le terme compétition à l’image de la Renault 6. Si j’ai trouvé la trace d’une Renault 4L officielle dans cette épreuve, je n’en ai pas de la Renault 6. Cela s’explique par le fait que la dernière édition a eu lieu en 1967. Buby a reproduit un véhicule ayant participé à une autre épreuve locale et s’est contenté d’ajouter une décoration et la mention « carrera » sur la boîte.

Carmen et Lion-Car

J’ai découvert l’Espagne à travers les films de Pedro Almodovar. Avant de voir ses films, je ne m’étais jamais rendu dans ce pays. Lorsque j’évoque l’Espagne, ce sont toujours les images d’Almodovar qui me viennent à l’esprit. Le cinéaste a été l’un des moteurs de la Movida, mouvement culturel qui a émergé après la disparition de Franco en 1975. L’Espagne d’Almodovar c’est un patchwork, un assemblage de gens très différents. Tout y est exagéré, outrancier.

Lion Toys
Lion Toys

Dernièrement, à l’opéra Bastille, le metteur en scéne français Yves Beaumesne a transposé la Carmen de Georges Bizet dans l’univers de la Movida de Pedro Almodovar. Sa Carmen a troqué ses cheveux jais pour une perruque blonde. A l’acte deux, la soirée qui se déroule dans la taverne de Lillas Pastia se passe dans le milieu underground et fêtard espagnol. La garde est doté de costumes faisant penser aux soldats de Franco. Le metteur en scène nous livre ainsi sa vision de l’œuvre de Bizet.

Nous allons voir comment Jefe, petite firme de jouets espagnole basée à Valence, a elle aussi interprété la production de miniatures qui avaient pour origine les Pays-Bas. C’est un collectionneur espagnol qui m’a raconté, il y a fort longtemps, l’éphémère aventure Jefe. Il la tenait lui même d’une personne qui y avait directement participé. L’histoire est assez intéressante.

Tout commence par une rencontre entre le patron de Jefe et celui de Lion Car. Lion Car est une firme néerlandaise qui, à ses débuts, avait reproduit une Volkswagen 1200 vitre ovale, ce qui n’était pas très original, puis une Renault 4cv et une Opel Rekord, une intéressante DKW 3/6 et enfin une Renault Dauphine. Elle a ensuite consacré sa production de miniatures au constructeur Daf, firme également implantée aux Pays-Bas. La rencontre se situe à ce moment. Les deux hommes trouvèrent un accord pour permettre à la petite firme de Valence d’utiliser l’outillage de Lion Car qui avait été mis au repos à la suite du virage pris par la production. Ils tombèrent d’accord pour une location de courte durée. On en conclut que les moyens de Jefe étaient limités ou que les prétentions néerlandaises étaient trop élevées. Selon mon ami espagnol, la durée n’excéda pas 3 mois. Ce que n’avaient pas prévu les dirigeants de Lion Car, c’est que nos amis espagnols allaient interpréter avec malice cet accord. Pendant la durée de location, ils firent tourner à un rythme effréné les machines. Ils ne se préoccupèrent pas d’assembler les autos et se contentèrent d’entasser les carrosseries brutes, pour ne pas perdre une seconde ! Les moules eurent certainement un peu de mal à se remettre de cette cadence infernale. À la fin du contrat, quand les moules furent restitués, les employés de Jefe se mirent tranquillement à assembler et peindre les carrosseries. Cette anecdote faisait bien rire mon ami espagnol, ce qui ne fut certainement pas le cas du rugueux Batave.

Tout au contraire de la firme néerlandaise, Jefe, va habiller ses miniatures de teintes franches et gaies. Le rose, le vert cru et l’orange vont remplacer le vert tilleul et le gris souris ! Et je ne parle pas des superbes versions bicolores !

Rarement pour l’époque un fabricant osa de telles couleurs pour ses miniatures. Cela dut marquer les esprits au Pays-Bas. Lion Car proposera ensuite des couleurs plus vives pour ses miniatures. Comme Vincent Van Gogh, lui aussi très sombre dans ses premières œuvres, Lion-Car osera ensuite la couleur, pour notre plus grand bonheur.

Oostende

C’est dans une manifestation en province que j’ai découvert par hasard cet ensemble de musiciens. Le marchand qui le proposait à la vente l’avait installé fièrement dans une petite vitrine à l’abri des manipulations. Cet espace était consacré aux pièces rares ou fragiles. A l’annonce de son prix, j’ai remis l’objet en vitrine, malgré intérêt que j’avais pour lui. C’est alors qu’un autre objet figurant dans la même vitrine attira mon attention. Le marchand me proposa alors une réduction substantielle pour l’acquisition des deux pièces et c’est ainsi que j’entrais en possession de ce petit objet dont j’avais dès le départ pressenti tout l’intérêt qu’il représentait pour mon blog.

L'ensemble de musiciens
L’ensemble de musiciens

Qu’elle était la fonction de ce petit coffret ? En quittant le port le matelot l’emmenait-il avec lui en souvenir de son escale ? Le coffret est estampillé Oostende, port belge, mais il a pu exister avec d’autres noms de villes ouvertes sur l’océan, des villes qui vivent la nuit au rythme des chants des marins. On imagine bien la barrique portant le nom d’Amsterdam, d’Anvers ou de Hambourg ! C’est bien là le pouvoir de ces objets, ils nous racontent des histoires. Ainsi, j’aime à imaginer la vie nocturne des ports, endroits propices à l’aventure qui ont inspiré nombre d’écrivains.

Pour rester en Belgique, pays qui nous accueille, j’ai choisi de vous présenter des modèles de la marque Gasquy. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de cette firme originaire de la banlieue de Liège (Herstal). Outre ses Studebaker et ses classiques Chevrolet Styleline, cette firme liégeoise avait mis à son catalogue cette bien surprenante et mystérieuse voiture tchèque. Il faut avouer que cette carrosserie atypique avait de quoi séduire les fabricants de jouets en quête de modèles originaux. Cette Tatra 600 est l’évolution logique du modèle apparu avant la seconde guerre mondiale. Ses principales caractéristiques sont le moteur à l’arrière et une carrosserie aérodynamique. Présentée en 1947 à Prague, elle prendra le nom de Tatraplan en raison de la planification organisée de l’économie socialiste. La Belgique a importé cette auto, ce qui peut expliquer le choix de Gasquy de l’avoir inscrite à son catalogue. Présentée au salon à Paris à partir de 1948, elle ne rencontrera aucun succès. Dans les rues des années cinquante, la Tatraplan ne devait pas passer inaperçue. De plus, venue de l’autre côté du rideau de fer fraichement érigé, son origine lui donnait une connotation politique assez marquée. Imaginons ce type d’auto circulant dans les rues du port d’Oostende ou d’Anvers…de là à identifier les occupants comme étant des agents de l’est, il n’y a qu’un pas !

Gasquy, firme qui a disparu trop vite, nous a proposé une belle reproduction de cette Tatraplan. En dehors de firmes tchèques comme Smer, seul Solido proposera cette originale auto, dans sa série Junior démontable. L’échelle de reproduction est différente. Le modèle belge est superbe. Ce n’est pas la plus rare des Gasquy. Elle rencontra un succès mérité auprès des amateurs de l’époque, dû notamment à l’originalité et à la qualité de la reproduction. La couleur la plus répandue est le rouge. Les couleurs jaune ou bordeaux sont rares. Enfin, le petit détail qui finit cette miniature est la présence de la marque Englebert sur le flanc des pneus. Gasquy, par ce choix avait tenu à mettre en avant une autre firme belge, de renommée internationale, Englebert.

La quiche et l’Équipe

La quiche et l’Équipe.

« Eh ! dis donc, l’auto à 10 000 € qui traîne en bas de l’escalier, tu aurais pu la ranger ! »

Ainsi fus-je interpellé récemment par mon épouse, qui d’ordinaire ne s’intéresse aux miniatures que parce qu’elle a pour mission de corriger le blog hebdomadaire.

 » Comment cela ?  » lui répondis-je.  » Ne me prends par pour une quiche !  » dit-elle  » J’ai lu l’article de l’Equipe du mardi 18 décembre de Frédéric Ferret « . Je dois ici vous fournir un brin d’information : le terme « quiche » est joyeusement utilisé par les journalistes de l’excellente revue « Causette » qui est aux féministes ce que l’Équipe est aux sportifs, un trait d’union. Pour comble de mon bonheur, mon épouse, lectrice convaincue de Causette, parcourt les colonnes de l’équipe depuis qu’elle s’adonne au body attack.

Renault Estafette
Renault Estafette Vache Grosjean

Je décidai alors de lire ce riche article. Riche, le mot est juste, car dès le titre le ton est donné : « Ces très chers jouets ». On y apprend ainsi que nos miniatures sont devenues avec le temps un produit de luxe. Cette révélation est à l’origine de la réaction de mon épouse. Le journaliste poursuit : « les possesseurs de Dinky ont compris qu’ils avaient entre les mains un objet de grande valeur. Aujourd’hui, certaines éditions un peu rares dépassent largement les 10 000 € et sont recensées dans un argus spécialisé ». Il éclaire le lecteur en prenant l’exemple d’une auto vendue « autour » de 25 000 € en 2009 en salle des ventes et assortit sa démonstration d’un laconique commentaire : « C’était l’unique survivant d’une camionnette publicitaire sortie en 1936 ». J’espère que l’acheteur sera rassuré sur la pertinence de son investissement. J’espère surtout qu’un journaliste ne diffuse pas une telle explication sans en avoir validé la véracité.

Citons également le passage dans lequel le journaliste nous explique le plus sérieusement du monde qu’il y a dans la collection de miniatures deux écoles : celle des collectionneurs de Dinky Toys et celle des collectionneurs de Corgi Toys ! Amis collectionneurs qui ne rentrez dans aucune de ces deux cases, j’ai le regret de vous faire savoir que vous êtes bannis du monde des collectionneurs, au mieux réduits au rôle de faire-valoir.

J’avoue que cet article m’a mis en colère. Il y a, cher Monsieur Ferret autant de collectionneurs qu’il y a de types de collections. Chacun met dans cette entreprise son imaginaire, sa passion, ses moyens, sa volonté. Chacun y trouve son plaisir. Il n’y a ni grande, ni petite collection. Toutes sont placées au même niveau.
En période difficile, il me paraît déplacé d’aborder le sujet sous l’angle unique des tarifs. On n’achète pas des miniatures comme des actions en bourse. Le journaliste qui le donne à croire fait preuve au mieux de légèreté au pire d’incompétence.

L’argent est depuis un certain temps le principal vecteur de communication de la presse. Nous sommes envahis de chiffres. A titre d’exemple, lorsque les journalistes évoquent le monde des collectionneurs de Tintin, ils se bornent le plus souvent à évoquer les sommets atteints par certaines éditions. L’article paru dans l’Equipe conforte ce sentiment et m’incite à réagir : les collectionneurs méritent mieux que cela, mieux que des articles réducteurs qui ramènent tout à l’argent. Ainsi, depuis la naissance du blog, au fil de plus de deux cents fiches je n’ai jamais fait apparaître la moindre valeur. J’essaie simplement de faire partager mon enthousiasme pour certaines séries, d’expliquer leur intérêt historique, de susciter l’étonnement ou l’amusement par des anecdotes. Le prix d’un modèle n’est pas un sujet tabou, mais j’estime que ce n’est pas le sujet du blog. Ce qui nous unit, c’est la passion.

Pour la première fois aujourd’hui, et pour faire un pied de nez à l’Équipe et à tous les auteurs d’articles qui ne savent s’extasier que sur un montant en euros, je vais moi aussi vous parler d’argent. A partir de ma série de Renault Estafette de chez Sésame, je vais vous présenter une collection à moins de 50 € la pièce. Et encore, au prix de 50 €, vous aurez atteint l’Everest de la collection Sésame. Tous les lecteurs attirés par cette firme se reconnaitront dans ces lignes. Qui parmi les amateurs de Sésame n’a pas dégotté un jour une Estafette à moins de 10 € ? Si, de plus, le modèle est un peu rare, alors, amis collectionneurs ne me dites pas qu’il n’y a pas de la jubilation. De quoi ensoleiller la journée, donner naissance à un joli souvenir. Je vous livre avec plaisir une petite anecdote très personnelle. Je venais de rencontrer mon épouse. Lors d’une de mes premières visites à mes beaux-parents, mon beau-père à qui j’avais révélé ma passion me sortit justement une Renault Estafette de chez Sésame. C’est une version peu fréquente. Il la tenait d’un marchand de meubles de Calais, les meubles D3 avec qui il avait été en relations et qui la lui avait offert. Mon futur beau-père fut tout heureux de me l’offrir à son tour pour qu’elle rejoigne nos vitrines. Elle n’a aucune valeur pécuniaire, mais je ne m’en séparerais pour rien au monde.
Je vous présente donc cette série de miniatures. La caractéristique principale de ces jouets est l’alliance originale d’une carrosserie en plastique injecté à une tôle lithographiée. Cela permettait à Sésame d’offrir des reproductions bon marché et originales en changeant uniquement les lithographies. Cette technique le différenciait de tous ses concurrents et l’alliance des deux matériaux est à mes yeux une réussite. Ensuite, en fonction du budget de l’annonceur ou du marché auquel étaient destinées ces miniatures, elles étaient ou non équipées d’un petit moteur à friction. Cette série est fort plaisante à rassembler. Économique, elle ne creusera pas un déficit dans votre budget. Vous pouvez également l’augmenter quasiment à l’infini , car Sésame ne sera pas toujours rigoureux dans les assemblages de couleurs de carrosserie et de publicités. Ainsi certains modèles comme la version Elf, ont pu recevoir plusieurs couleurs de carrosserie différentes. Une grande partie des modèles est aisée à trouver. Les versions réalisées en petite quantité recevaient une tôle de couleur blanche le plus souvent et la publicité était alors en décalcomanie et non lithographiée.
Vous aurez ainsi aux quatre coins de la France la possibilité de dénicher dans les bourses d’échange et les brocantes des versions locales, rares, qui seront le fleuron de votre collection. Ces petits modèles dénichés ça et là vous auront donné l’occasion de vous fabriquer des histoires pour plus tard !

Article publié le 1 Mai 2014.

Noir c’est noir !

J’ai décidé de vous montrer quelques exemples d’ambulances dont le trait commun est la couleur, noire ! Reconnaissons que ce n’est pas la couleur la plus fréquente pour ce type de véhicule utilitaire. Chez nous, elle est plutôt réservée aux véhicules funéraires. La phrase de Michel Piccoli dans le film « les choses de la vie » semble prendre tout son sens: (voir le blog sur les ambulance Tekno)

« Je dirai à Hélène qu’il ne faut pas avoir peur des ambulances ! »

 

On comprendrait bien la crainte de sa compagne à la vue d’une ambulance de couleur noire. J’ai mené ma petite enquête au Danemark pour avoir des informations. J’ai d’abord contacté l’association des anciens de la compagnie Falck. Sans succès dans un premier temps. C’est mon ami danois Bent Danielsen, qui m’a donné l’explication. Il faut dire que lui aussi dans le passé s’était posé cette question. C’est une de ses connaissances, Steen Taber Rasmussen qui lui avait alors fourni la réponse.

Side-car
Side-car

Les premiers corps de secours organisés datent des années 1880. Les attelages hippomobiles carrossés en ambulance étaient alors de couleur noire. Le passage aux véhicules motorisés qui se fera dans les années vingt ne changera pas la couleur des ambulances. Falck (compagnie privée) et les pompiers de Copenhague (Kobenhavns Brandvaesen) conservent donc cette livrée. Mais à Copenhague, capitale danoise, le besoin de distinguer dans la circulation les ambulances va conduire le service des pompiers de Copenhague à ajouter la couleur rouge à ses véhicules. Falck conservera la couleur noire pour son activité nationale. C’est la création de la société Zonen au début des années trente, qui va bouleverser l’ordre établi. Cette dernière va se développer au niveau national et va adopter les teintes en vigueur dans la capitale, le rouge et le noir. En 1963, les deux sociétés Falck et Zonen vont fusionner et adopter la couleur noire avec pavillon blanc. Puis, en 1973, elles adopteront la couleur blanche avec pavillon rouge. Désormais elles sont de couleur jaune. Bent m’a également fourni une explication sur l’ambulance Triangel produite par Tekno, dans sa série de véhicules en tôle et de couleur bleue. Cette couleur était réservée aux services des hôpitaux psychiatriques. Elle porte au Danemark le nom de « bla vogn » littéralement « la voiture bleue ». Enfin les versions toutes blanches ou toutes rouges sont peu crédibles au regard de la réalité du Danemark. Elles ne se comprennent que dans le cadre du marché international et des nécessités de l’exportation. La couleur rouge était la couleur à l’époque la plus répandue au niveau des centres de secours et la blanche faisait référence aux véhicules arborant la croix rouge.

Afin d’illustrer cette seconde partie, voici donc quelques ambulances danoises dont le trait commun est la couleur noire. Injectée en plomb et réduite à l’échelle du 1/43, la Ford ambulance est ma préférée. C’est un modèle rare injecté d’une pièce. La gravure est assez fine et la finition bicolore très réussie. Pilot, plus connu pour ses reproductions au 1/87, tentera une percée sur le marché du 1/43. Il proposera une autre Ford, en limousine, déclinée en version taxa. La série demeurera sans suite en raison probablement de la guerre.

Lego déclinera sa camionnette Chevrolet en version ambulance et en deux couleurs : une noire et une rouge. Il faut dire que la conception du jouet empêche la réalisation d’une version bicolore (carrosserie d’une pièce). La réalisation est réussie. L’ajout de feux supplémentaires sur le pavillon finit d’habiller le modèle.
Comme Lego, Tekno proposera sa Buick en plusieurs couleurs. Une version blanche sera même créée, destinée au marché d’exportation. Il faut ici apporter une petite précision. Dernièrement, d’importantes découvertes ont été réalisées sur l’histoire de la firme Tekno. Ces premières Buick (qui seront plus tard estampillées Dodge) sont en fait des modèles Hans Legetoj. Les premiers exemplaires portent d’ailleurs ce marquage sur le châssis. C’est un accord commercial entre les deux firmes (Hans Legetoj et Tekno) qui va permettre d’incorporer cette gamme dans le catalogue Tekno. En fait, le nom Hans Legetoj disparaitra au profit de celui de Tekno sur les jouets. Mais l’unité de fabrication restera, et du fait de exiguïté des locaux de Tekno à Copenhague, une très grande partie des Tekno seront injectées chez Hans Legetoj jusqu’à la fin des années soixante.
Outre l’ambulance, Tekno proposera aussi son Harley-Davidson side-car en couleur noire. Ces modèles ont fière allure.