Dans la continuité de notre Volvo Mecline, intéressons-nous maintenant aux autres versions, notamment aux bus Volvo. Il faut bien avouer que Tekno a choisi la facilité en adaptant son car B615 en autobus.
Un simple détail résume à lui seul la légèreté dont a fait preuve la marque : Tekno n’a équipé son bus que d’une seule porte !
Cet élément est totalement inconcevable pour un véhicule qui doit faciliter l’accès et la sortie rapide des voyageurs.
Pour travailler à moindre frais, Tekno se contentera de modifier la face avant en supprimant la calandre à barres, et en ne gardant que le pare-chocs. Si l’on rapproche le modèle des photos des bus qui ont réellement circulé, la transformation est assez réussie à mes yeux, bien qu’éloignée de ce qu’on pourrait appeler une reproduction fidèle. Tekno n’utilisera cette astuce que pour la reproduction de bus. Ce sera un des éléments distinguant le modèle « bus » par rapport aux versions autocars, ainsi également que la présence de publicités.
Tekno cars: Aarhus, Flakhaven, Zürich et Aalborg
Tekno Volvo autocar d’ Aarhus
Tekno Volvo autocar d’Aalborg
Tekno cars: Aarhus, Flakhaven et Aalborg
Bus Volvo pour Aarhus
Tekno Volvo car Flakhaven
En fait, les versions du car Volvo transformées en bus sont peu nombreuses. Elles correspondent aux versions de la première génération, facilement identifiables à leurs belles jantes en acier chromé. Il est fort probable que les versions réalisées pour certaines villes du Danemark n’ont pas rencontré le succès espéré. Tekno préférera orienter son marché sur la reproduction de cars, qu’ils soient de lignes, postaux, militaires ou sanitaires.
Sur les quelques clichés que nous publions vous reconnaîtrez la reproduction d’un bus de la ville d’Aarhus (gris et jaune), d’Odense (gris et bordeaux) et d’Aalborg (beige et rouge). Enfin, la seule reproduction d’un bus étranger sera commandée par l’importateur suisse de Tekno. Celui ci commandera une reproduction des bus de Zürich, argent et bleu (dont la photo figurait déjà dans l’article précédent sur le modèle d’Oslo »).
L’importateur était probablement localisé à proximité de Zurich car il commandera également une version Volkswagen 1200 vitre ovale de la « polizei » blanche et noire (police du canton de Zürich).
Afin de contourner les barrières d’importation qui protégeaient la Norvège, Tekno a implanté sur place de petites unités de fabrication avec la collaboration des firmes norvégiennes Mecline et Nikrom. Mecline, la plus connue, produira ainsi quelques autos dont la série des Volkswagen fourgonnettes. Ces modèles arborent bien sûr, sur leurs flancs, des publicités de firmes norvégiennes.
Un jour de 1994, à la bourse de Göteborg, j’ai fait la rencontre d’un Norvégien plein d’initiative, Erik Knutsen. Pour faire partager au plus grand nombre sa passion des miniatures, il faisait publier, en norvégien bien sûr, une petite revue du nom de « Modell Leker ». Cette modeste revue servait de trait d’union à toute la petite communauté norvégienne des collectionneurs. Grâce aux adresses indiquées j’ai pu contacter bon nombre de ces personnes et glaner quelques pièces après de longues négociations.
C’est sur la couverture du numéro deux de la revue que j’ai découvert ce bus Volvo. Le cartouche de direction indiquant la ville d’Oslo, j’ai très vite compris qu’il s’agissait d’une version fabriquée pour ce marché. C’est dans la langue de Shakespeare que je me suis renseigné auprès d’Erik Knutsen au sujet de cet intriguant autobus. Il m’expliqua que son bus Volvo était d’origine Mecline.
En effet, toutes les inscriptions Tekno avaient été effacées par Mecline. Le châssis, moulé en zamac, est totalement lisse. La conception astucieuse développée par Tekno a bien sûr été conservée.
Comme les camions Tekno, le car est moulé en trois parties que deux grandes vis maintiennent en place. Il est vrai que ce choix de fabrication a empêché Tekno d’équiper son véhicule d’un aménagement intérieur : les deux vis transpercent l’habitacle et deux caches rapportés permettent de masquer les têtes de celles-ci sur le pavillon.
Comme je l’ai déjà expliqué dans la chronique relative au Volvo express, cette conception permet de réaliser facilement des finitions bicolores, voire tricolores. La ligne intemporelle de ce modèle lui ouvrira une carrière particulièrement longue. Il ne s’éteindra qu’avec la fermeture de Tekno, en 1972 : les derniers modèles sont vendus en boîte vitrine.
Avec cette miniature, Tekno semble avoir voulu reproduire le modèle B615. La reproduction demeure d’une approximation à laquelle, Tekno, fabricant rigoureux, ne nous avait pas habitués.
Il n’est pas exclu que la reproduction de notre Volvo soit une version recarrossée par un artisan local. Nous n’avons trouvé aucune trace de cette imposante calandre dans la documentation sur les cars Volvo. Il se peut également que Tekno, désireux d’exporter son modèle aux quatre coins de la planète, ait cherché, à partir d’une base simple à reproduire un modèle passe-partout. Si tel était son objectif, il sera atteint et de belle manière puisqu’une version arborera le logo « Scania Vabis », concurrent de Volvo !
planche de décoration de chez Tekno
Mecline superbe car Volvo
Mecline et Tekno car Volvo faces avant
chassis Tekno et Mecline
Mecline superbe car Volvo
Tekno Volvo car de la ville de Zürich
Enfin, dernier détail, amusant Tekno a bien reproduit un accès par une simple porte, derrière le passage de roue, côté droit. C’est assez fidèle aux photos disponibles. Mais Volvo, constructeur Suédois, avait équipé son véhicule destiné au marché local d’une porte côté gauche puisqu’en Suède, la circulation s’est faite comme en Angleterre côté gauche jusqu’en 1967. Là aussi, les catalogues du constructeur Volvo le montrent bien, mais Tekno, dans son souci d’exportation, oubliera ce détail. La version Mecline est en tout point identique au modèle danois, sauf l’inscription sur le châssis qui a disparu, bien entendu. Elle reproduit un bus de la compagnie des transports en commun de la ville d’Oslo : Sporveien. La publicité Esso n’ajoute rien de particulier quant à l’identification du pays d’origine du bus. Il n’en est pas de même du décalque situé de l’autre côté du pavillon. Celui ci est aux couleurs d’ « Aftenposten », grand quotidien norvégien, qui existe encore aujourd’hui.
Nous verrons la semaine prochaine, à travers l’étude des différentes versions de bus (et non de cars) comment Tekno a su adapter son modèle.
Contrairement à ce qu’indique Paolo Rampini, dans son ouvrage, il est peu probable que ces monoplaces Mercedes soient d’origine Bapro. Ils ne présentent aucune trace de fabricant.
Il est sûr cependant qu’un lien les unit aux monoplaces Bapro présentées dans l’article précédent : leur provenance scandinave, et plus précisément danoise.
C’est d’ailleurs dans ce pays que nous les avons acquises. Il est pourtant surprenant que l’ouvrage édité au Danemark sur les jouets « Made in Denmark » ne comporte aucune allusion à ces monoplaces Mercedes.
L’inspiration est nettement Germanique. La similitude avec la monoplace proposée par Märklin sous la référence 5521/61 est évidente.
avec ou sans pilote
GP d’Allemagne avant guerre !
Monoplaces Mercedes made in Denmark
Monoplaces Mercedes made in Denmark
Monoplaces Mercedes made in Denmark
Monoplaces Mercedes
Nous pouvons distinguer deux moules différents. Le premier des deux comporte le numéro 42.
La première variante issue de ce moule est en zamac peint de couleur argent. Elle mesure 11,3 cm. Les jantes sont en zamac brut, retenues par les bouts d’axes qui sont pincés. Cette variante est peu fréquente. Elle est suivie par une variante mesurant 11 cm. L’allure générale est également légèrement différente, la première variante apparaissant plus trapue.
La seconde version est disponible en finition chromée, avec jantes en zamac brut non perforées. Ces dernières laisseront la place à des roues en bois peintes de couleur argent sur la version de couleur bleu métallisé, ou peintes en noir sur la version couleur bordeaux.
Enfin, à partir de la même base, un autre petit fabricant proposera une ultime version, sans numéro 42, avec une gravure plus grossière, observez notamment les ouïes de refroidissement sur le capot, et avec un empennage plus court. L’auto a encore perdu en longueur, sa dimension est désormais de 10,5 cm. Elle est moulée en plomb (carrosserie et jantes). Nous en avons une de couleur bordeaux clair et une de couleur jaune…d’autres couleurs existent certainement, mais je n’en ai jamais vu. Le second moule a donné naissance à une miniature en zamac chromé. Elle mesure 11,2 cm. Les jantes sont en zamac brut avec un dessin de rayons. L’origine est inconnue. Elle porte étrangement un numéro 41 gravé de chaque côté devant le cockpit. C’est une création. Les flancs sont totalement plats, la calandre fort différente de la Märklin. Un pilote en zamac peint de couleur rouge ( ! ) finit d’habiller la monoplace.
C’est en chinant à Zürich, aux hasards des déballages de brocanteurs que j’ai trouvé cet émouvant document, édité pour le Grand Prix de Suisse, à Berne le 20 août 1939. Quelques jours après la course, le monde serait plongé dans le chaos.
A partir de ce petit document, je me suis replongé dans un ouvrage datant de 1969 et intitulé : « L’histoire illustrée du Grand Prix de Suisse » de René Häfeli, que j’avais acquis quelques années auparavant lors d’un meeting de jouets anciens. Le livre est passionnant.
L’auteur relate qu’afin d’intéresser le public lassé par la domination des firmes allemandes, les organisateurs avaient modifié le règlement du Grand Prix de Berne 1939 pour créer une seconde catégorie ouverte aux autos de 1,5 litres. La grille de départ était établie à l’issue de deux courses qualificatives de 20 tours réservées respectivement à la catégorie 3 litres et à la catégorie 1,5 litres. La course de la catégorie 1,5 litres fut l’occasion de découvrir une future championne, l’Alfa Romeo Alfetta, qui triomphera après la guerre, (voir l’aticle 110), mais l’essentiel n’est pas là.
Lors des essais, Hermann Lang se plaint de sa Mercedes auprès de son directeur Alfred Neubauer. Il estime que son mulet a une meilleure tenue de route que sa monoplace attitrée et exige des mécaniciens qui avaient déjà changé une fois le moteur de sa monoplace personnelle qu’ils effectuent la même opération, mais sur le mulet qu’il trouve supérieur. Le directeur d’écurie assure alors à son pilote la parfaite équivalence des châssis qui ont été contrôlés en Allemagne, avant le départ en Suisse, avec la rigueur que l’on attribue généralement à nos amis germaniques. Mais rien n’y fait, et comme une diva, le pilote maintient ses exigences. Les mécaniciens travailleront toute la nuit. L’autre grand pilote de l’écurie Mercedes, Rudolf Caracciola, sent à ce moment que malgré son ancienneté dans l’écurie, son cadet de 10 ans bénéficie d’une position privilégiée. Il demande alors que l’on change également son moteur. Alfred Neubauer a une explication très ferme avec son pilote et ne cède pas. A cet instant, le clan Mercedes comprend que le lendemain, Caracciola courra pour lui et non pour son employeur.
aligné devant les stands
Monoplaces Mercedes Bapro
départ du GP de Suisse 1939
départ du GP de Suisse 1939
Bapro : arrêt aux stand
lettre émise le jour du grand prix en 1939
Lors de la course servant à établir la grille de départ, il économise de manière intelligente sa monture, terminant second derrière Hermann Lang. Mercedes monopolise les 4 premières places de la grille de départ. Au départ, sur sol mouillé, l’Afetta de Farina réussit à s’intercaler entre les deux Mercedes de Lang et Caracciola. Celui-ci met 7 tours à dépasser la petite Alfetta à la faveur d’un arrêt de la pluie. Deux tours plus tard, Von Brauchitsch sur Mercedes, ravit à Farina la troisième place. L’écart de puissance sur piste sèche est tel que la petite Alfa Roméo ne peut résister. Nous trouvons donc trois Mercedes aux trois premières places. C’est alors qu’en professionnel expérimenté, le directeur Alfred Neubauer décide de figer les positions. Mais Caracciola se met au contraire à remonter irrémédiablement sur son équipier, ne voulant pas voir les signes de son directeur d’écurie au bord de la piste. Piqué au vif, il n’a qu’un souhait : prouver à tous qu’il est toujours un grand pilote. Neubauer ne tient plus en place. Les deux Mercedes, à plus de 300 kilomètres à l’heure, se présentent à chaque tour côte à côte dans la ligne droite. L’ambiance est électrique. La seule consolation pour le directeur d’écurie est la troisième place couverte par la troisième Mercedes. Alors, comme il le racontera plus tard dans ses mémoires, il prend petit à petit plaisir à regarder le spectacle. La tension est à son comble, pour le plus grand plaisir des spectateurs. La seule chose qui compte pour les deux pilotes c’est de remporter la victoire. Les intérêts de leur employeur sont passés au second plan. Alfred Neubauer prend conscience, qu’avec deux pilotes de cette trempe rien de grave ne peut arriver. Ils connaissent parfaitement leurs limites.
Le spectacle est de toute beauté. Alfred Neubauer confessera que ce fût le plus grand spectacle auquel il assista de toute sa carrière de directeur d’écurie.
Finalement, Caracciola ne pourra jamais dépasser Lang et terminera second, dans ses roues. Sur le podium, une franche accolade ainsi qu’une amicale poignée de main réconcilie les deux protagonistes et toute l’équipe pourra aller fêter la troisième victoire de suite des flèches d’argent sur le circuit du Bremgarten.
Parfois il faut attendre 20 ans pour retrouver un objet. C’est l’histoire qui nous est arrivée avec ce bel autocar Reo de la firme Micro Danemark. Monsieur Scherpereel était en relation avec un Steward de la SAS, qui lui amenait de façon régulière des miniatures scandinaves. C’est ainsi qu’un beau dimanche, lors de notre visite hebdomadaire au marché aux puces de Saint-Ouen, il nous proposa, dans les années 80, cette miniature, totalement inconnue à l’époque.
Celle-ci était rouge et verte, très bien conservée au niveau de la peinture, à l’exception d’un choc qui avait provoqué un manque à l’arrière du pavillon. La somme demandée était conséquente et inhabituelle pour ce type de produit, surtout lorsqu’il n’est pas impeccable, et c’est ce qui nous fit renoncer à l’achat.
Monsieur Scherpereel réussit cependant à le vendre rapidement. Il nous fallut attendre vingt ans pour en retrouver un. Celui-ci arbore la décoration « Rutebil ». Il est caractéristique des cars de cette époque.
D’ailleurs, si vous passez par Copenhague, nous vous encourageons à aller visiter le musée des transports en commun qui est situé en dehors de la cité. Vous verrez ainsi un De Dion de 1913, mais aussi un Renault de 1941. Enfin vous pourrez contempler in situ les Maybach et autres Nesa trolleybus également reproduits par Micro. Notre Reo est également présenté. Il fut en service de 1934 à 1953 et desservait la banlieue de Copenhagues, de Valby à Hellerup. Le jour de la fête nationale, pour la plus grande joie des amateurs, les véhicules du musée flanqués à cette occasion d’un drapeau danois reprennent du service dans les rues de la capitale.
Autocar Reo Micro Danemark
ambiance rurale
Autocar Reo Micro Danemark
Le plus rare Micro
ambiance rurale au Danemark
Autocar Reo Micro Danemark
La grande rareté s’explique ainsi. Micro a commencé son activité en 1932 à Copenhague au 25 de Amsterdamvej. La fabrication débute avec des modèles en plomb injecté d’une pièce, technique très populaire chez les fabricants américains. La particularité des Micro est qu’ils sont pour la plupart d’entre eux estampillés, parfois dans des endroits improbables ! Notre Reo est facilement identifiable. Ce modèle fait partie de l’ultime production de Micro.
En effet, cette technique éprouvée montra des limites au niveau notamment de la solidité. Ainsi, vers les années 40, micro se mit à produire des modèles injecté en plomb, et dont la carrosserie était composée de plusieurs parties reliée entre elles de manière astucieuse. Nous ne connaissons que deux modèles issus de cette technique tardive, ce car et un très beau camion-citerne Shell. La firme, ainsi que ses moules disparait en 1942. Ces deux modèles sont certainement les plus rares de cette firme qui eut du succès avant-guerre. La série des cars, bus trolleybus est superbe. Elle est complétée par un camion nacelle servant à entretenir les lignes électriques.
Cela vous incitera peut être à tenter un voyage jusqu’à Copenhague dans le but de rechercher ces pièces qui forment un superbe ensemble.
Auto Jaune Le Blog de Vincent Espinasse collectionneur