Archives de catégorie : Italie

Les Fusées de Turin – Aero Mercury

  • Jantes en zamac brut
  • châssis en tôle puis en zamac riveté
  • phares moulés avec la carrosserie puis rapportés en zamac brut
  • calandres ornées de cinq barres puis de trois
  • laques d’immatriculation « TO 19 » puis « TO 16 »
  • certaines possèdent un anneau en zamac moulé au pare-choc. Il existe aussi deux versions mécaniques l’une avec un système de remontoir à clef et l’autre avec un entraînement du moteur par élastique.

Ce jouet ne reproduit pas un modèle précis. On peut facilement imaginer un châssis de Fiat avec une carrosserie artisanale : cela ce faisait beaucoup à cette époque. Mercury l’a intitulé dans son catalogue : « Aero » : la bien-nommée !

Les Aero Mercury dans leur ensemble dégagent une poésie particulière. Une poésie que l’on ne rencontre qu’avec certaines firmes. Ces jouets sont représentatifs à mes yeux d’une culture. La beauté de la forme est primordiale. Ce que l’on appelle désormais le design est ici exacerbé. Nous sommes en présence d’une forme fluide. On sent que le souci des concepteurs était la recherche de la vitesse. L’aérodynamisme est ici conjugué avec la beauté des formes. On imagine ces autos flanquées d’un numéro de course surgir au détour d’un virage des mille-miles.

Le choix des coloris est également très subtil. Nous sommes en Italie. On cultive le beau. J’ai une grande passion pour cette firme et pour ce pays.

Noël à Milan avec PM Presofusiona Mecanica

Il y a des noms de fabricants de jouets qui pour moi évoquent instantanément le rêve. PM, Presofusiona Mecanica, en fait partie. Cette firme éphémère est peu connue des collectionneurs. Il semble que sa production n’ait jamais passé les frontières italiennes.

Il a fallu les ouvrages de Paulo Rampini ainsi que quelques photos dans la revue « ma collection » de Michel Sordet pour nous faire découvrir ces joyaux.

PM c’est un univers. Ses concepteurs ont créé autour des véhicules toute une infrastructure : panneaux, barrières, passages à niveaux, pompes à essence tourniquets… et bien d’autres encore.

Tout un ensemble d’accessoires permettant de recréer en miniature un monde virtuel. Le coffret est présenté dans un cartonnage coloré faisant penser aux boîtes que l’on trouvait au moment de Noël dans tous les pays latins (Espagne, Portugal, Italie). Les autos sont des Lancia. L’échelle retenue est environ le 1/41. La disposition des objets à l’intérieur du coffret est attrayante : au centre un îlot couvert abritant une jolie pompe à essence ; devant, sur le coté, un présentoir avec des bidons d’huile ; des panneaux de direction. Le décor est planté, celui d’une petite station service. J’ai acquis ce coffret… en Angleterre. Il provient de chez Mike Richardson qui le vendit sous mes yeux à un autre collectionneur britannique. Je mis longtemps à trouver la pièce qui allait décider ce collectionneur à s’en séparer. Je n’en ai jamais revu un autre. Il y a sûrement eu de nombreux autres coffrets chez ce fabricant.

J’en profite pour vous présenter un autre joli coffret avec trois autos qui devait faire la joie des mécaniciens en herbe : les autos sont à assembler à l’aide du tournevis fourni dans le coffret.

Bien que ces deux coffrets présentent les mêmes voitures, j’ai plus d’attirance pour le premier, « autoservizio »sans doute à cause de la présence de la présence de la station service et d’une présentation globalement très esthétique.

Mercury : béni des Dieux

Mercury : béni des Dieux

Un peu d’attention à notre patrimoine artistique, architectural ou culturel révèle combien notre société est redevable à la Grèce antique.

Mercury : rare version
Mercury : rare version

Nombre d’auteurs classiques ont puisé leur inspiration dans la tragédie grecque. Le théâtre et l’opéra ne cessent de nous raconter l’histoire de Phèdre, d’Alceste et d’Eurydice. Une bonne connaissance de la mythologie grecque est indispensable à la compréhension de l’histoire de l’art. Plus tard Rome reprendra à son compte la mythologie grecque et donnera des noms latins à ses divinités.

Les deux associés de Mercury, Attilio Clemente et Antonio Cravero devaient avoir une solide culture antique. Lorsqu’ils ont entrepris de diversifier l’activité de leur entreprise, c’est en l’honneur du dieu du commerce, Mercure, qu’ils ont nommé Mercury la branche jouets de leur entreprise.

La firme naquit donc sous de bons auspices. Au départ, elle se développe grâce au Comte Giansanti Coluzzi. Cependant, le marché italien peine à se remettre de la seconde guerre mondiale et n’est pas assez important. Les dirigeants qui sont conscients du potentiel de leur entreprise, vont tout faire pour favoriser l’exportation des produits Mercury. Après la conquête du marché suisse, qui a été une réussite, Mercury va s’attaquer à d’autres objectifs.

A-t-on bien consulté les oracles avant de s’engager ? Disons simplement qu’une analyse plus fine de la situation aurait permis d’éviter bien des écueils.

Tout commence en 1958. Une nouvelle gamme est lancée avec pour cible le marché nord-américain. Dans ce secteur saturé où la concurrence est rude, Mercury va faire preuve d’imagination. C’est avec une gamme d’engins de travaux publics qu’elle tente une percée. Mercury traite à des échelles très réduites, du 1/75 au 1/110 environ, ces engins aux dimensions impressionnantes. Elle s’affranchit ainsi des coûts de fabrication élevés qu’aurait engendrés une reproduction au 1/50. De plus, à cette époque, la mode est aux réseaux de chemin de fer HO avec lesquels, si l’on n’est pas trop pointilleux, ces engins sont plus ou moins compatibles. Les modèles reproduisent les engins qui figurent dans les catalogues des fabricants américains.

En Europe, où Mercury tente également de les distribuer, le succès n’est pas au rendez-vous. Par contre, aux Etats-Unis un dénommé Povitz approche les dirigeants de Mercury afin de les persuader de produire ces miniatures sur place à Plattsburgh (NY). On peut imaginer aisément les arguments en faveur de cette solution : moins de frais d’expédition et suppression des taxes d’importation. Le prix de revient et le prix de vente se trouvent tirés vers le bas. Mercury en pleine confiance acceptera cette offre. Ainsi à Plattsburgh (NY) une unité dénommée « Little Toy » voit le jour. Elle reprendra la production avec l’outillage provenant de Turin. Les modèles issus de cette unité reçoivent un emballage plus luxueux mais plus fragile, proche de ce que Dinky Toys fera pour le marché américain.

Ce que l’on sait moins, c’est que l’unité de production américaine va créer quelques modèles que l’on ne verra jamais en Europe. Je me souviens fort bien l’avoir fait découvrir à Paolo Rampini, pourtant fin connaisseur et possédant une grande culture sur l’histoire du jouet. Comme il doutait un peu de mes propos, j’ai dû lui prouver l’existence de ces jouets. C’est à cette occasion que j’ai découvert que le fabricant délocalisé aux USA avait fait graver sur les pneumatiques le nom Mercury. Ainsi, je vous présente ces quatre véhicules, tous des Chevrolet. L’échelle de reproduction se situe au 1/75 environ. Ils sont très peu fréquents, notamment le tracteur Chevrolet semi-remorque. On peut imaginer que la branche US envisageait une diversification de sa gamme. L’histoire se gâte quant le gérant, M. Povitz disparaît dans la nature sans avoir réglé à Mercury le prix du prêt de l’outillage. Mercury lance une action judiciaire et fait même intervenir le consulat. Sans succès.

Ce revers a eu de graves conséquences pour la firme turinoise. Mercure avait sans doute mieux à faire ailleurs. Sans oublier qu’il était aussi le Dieu des voleurs…

Des machines et des Dieux

Des machines et des Dieux

Depuis deux stations, le métro a fait surface confirmant que le centre ville est déjà éloigné. La rame a été entièrement taguée. Seules les parties vitrées ont été nettoyées. Je descends à la station « Pyramide » située au sud de la ligne « B » du métro romain, en direction de « Laurentina ». Une fois sorti, il faut récupérer la Via Ostiense et se rendre au 106.

architecture moderne et ancienne cohabite harmonieusement
architecture moderne et ancienne cohabite harmonieusement

Le paysage environnant est étrange voire inquiétant, une sorte de no man’s land. Ce quartier du sud de Rome fournissait l’électricité et le gaz à la capitale.

L’imposante charpente de guidage métallique d’un gazomètre côtoie côtoie les anciens magasins généraux. Totalement désaffectés, ils ont cependant fait l’objet d’une tentative de réhabilitation. En effet, la façade a été entièrement refaite. Mais derrière la façade, c’est un champ de ruines. Accolé à cet ensemble, sorti de nulle part, un pont métallique ultramoderne enjambe les voies ferrées.

La Centrale électrique Montemartini est située quasiment en face. Cette centrale thermique n’est plus en activité depuis le milieu des années soixante. Elle fut inaugurée en 1912. Une des ses particularités a été d’être commandée et gérée par la ville de Rome, alors administrée par le Blocco Popolare (bloc populaire) d’Ernesto Nathan, et non pas par une société privée comme cela se faisait généralement. Symbole d’une utopie, elle fut ensuite privatisée sous Mussolini. Le gouvernement fasciste prétexta un changement de groupe Diesel pour l’inaugurer de nouveau en grande pompe.

Laissée à l’abandon après l’arrêt de son activité au milieu des années soixante, c’est un concours de circonstances qui décida de sa nouvelle orientation. Lors des travaux des musées du Capitole, il a fallu trouver un local pour abriter une partie des collections. L’idée d’utiliser cet espace à la forte charge symbolique s’est imposée. La délocalisation devait être temporaire, mais la pertinence du lieu et le succès de l’exposition ont conduit à pérenniser cette annexe.

Des machines et des Dieux. Voilà la phrase qui accueille le visiteur à l’entrée de l’enceinte. On est d’emblée frappé par la monumentalité des machines. Les outils utilisés par les ouvriers préposés à leur entretien  sont exposés dans une vitrine; ils semblent destinés à un géant.

Après avoir vu dans les Musées du Capitole les extraordinaires statues romaines et grecques, parfois de taille impressionnante (je pense notamment aux fragments de celle de l’empereur Constantin), on a l’impression que les machines ont ici pris le dessus. C’est comme si elles consentaient à un improbable silence favorable à la contemplation des statues.

Pour illustrer ces propos, j’ai bien sûr choisi des miniatures d’origine italienne et je les ai replacées au milieu  d’œuvres de l’époque romaine. Je me suis focalisé sur les années de l »immédiat après-guerre. Vous retrouverez donc des autos de la marque PM, et autres Lima.

le voyage en Volkswagen 1200 Mercury en Allemagne

Le voyage de Pinocchio à Wolfsburg ou le voyage en Volkswagen 1200 Mercury en Allemagne

Nous sommes installés dans le taxi nous conduisant à l’aéroport de Florence. Nous écoutons distraitement la radio qui diffuse des chansons italiennes. Puis vient le bulletin d’informations qui marque le passage d’une tranche horaire à la suivante.

Le ton du journaliste ne laisse aucun doute, l’information est importante : « Lo scandalo Volkswagen ! »

J’imagine le journaliste en train de s’époumoner devant son micro. Arrivé à l’aéroport, j’ai la confirmation de ce qu’il me semblait avoir compris bien que je ne parle pas l’italien. En attente de son vol un passager parcourt un journal allemand et la une, en caractères gras barre toute la page : un « Katastroph » géant associé au logo VW finit de m’éclairer.

C’est alors qu’en détournant les yeux je suis tombé nez à nez avec une boutique de souvenirs comme on en trouve dans tous les aéroports. Elles se ressemblent toutes, il n’y a que les symboles touristiques qui changent. Des grappes de Pinocchio côtoient les panetones. Pour comprendre l’importance de Pinocchio en Italie, il faut se souvenir que l’histoire de Pinocchio a servi à l’alphabétisation de la population italienne. On le trouve partout.

La veille, à la sortie du musée des offices, j’avais pu constater que des génies du marketing l’avaient associé au Caravage et à Giotto.

Mais en ce jour, je ne peux m’empêcher de faire l’association entre le pantin italien et le scandale Volkswagen, car aujourd’hui les menteurs ce sont ceux qui généralement sont réputés pour leur rigueur.Massimo, l’ami italien de ma fille, est presque un peu vexé de s’être fait voler la vedette dans l’art de la duperie.

 

Mais l’histoire de Pinocchio c’est aussi celle de la rédemption. Ainsi la fée bleue vient remettre Pinocchio dans le droit chemin. Or, La fée bleue c’est aussi comme cela que l’on surnomme l’électricité. L’auto électrique saura-t-elle racheter la berline équipée de son vilain moteur diesel ? Je rêve de voir les publicitaires s’emparer du sujet. Volkswagen pourrait reprendre l’idée du Pinocchio ayant menti sur les normes anti-pollution, la fée bleue arrivant dans son auto électrique pour sauver la planète.

On a toujours loué l’audace et le génie créatif des campagnes de publicité Volkswagen. A défaut d’avoir eu la malice italienne, les Allemands auront-ils l’humour anglo-saxon ?

Je vais donc vous présenter une Volkswagen qui a été produite chez nos amis italiens et plus précisément turinois. Mercury fera à cette occasion une entorse à la reproduction d’autos italiennes ou américaines. Ce sera la seule. Il est vrai que cette Volkswagen 1200 aura eu un succès planétaire. La reproduction est réussie, on reconnaît la patte italienne dans la réalisation. L’échelle d’abord. L’auto est plus proche du 1/45 comme toute la gamme Mercury de la même époque. C’est un modèle 1954 avec vitre ovale. Contrairement aux autres fabrications, notamment celles de Märklin, elle ne connaitra pas de modernisation en 1958 lors du passage à la vitre arrière rectangulaire.

Elle connaîtra une variante pour le marché suisse aux couleurs des célèbres postes du pays. A la fin de la production, elle recevra un châssis en zamac chromé en place de celui peint de couleur argent comme toutes les autres miniatures Mercury de la même époque.

Enfin, une très rare version sera produite pour le Japon, sans estampille Mercury, ni sur la boîte ni sur le chassis . La boîte est standard pour tous les modèles ayant connu ce type d’exportation. Seule une étiquette , propre à chaque modèle est accolée sur une languette. Même la nuance de rouge est différente.