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Hors du temps, hors des modes.

Hors du temps, hors des modes.

Pas besoin d’affiches racoleuses pour attirer le regard. Prenons pour exemple cet ange Gabriel extrait d’une annonciation peinte par Lorenzo Monaco (1370-1424) et qui a servi pour l’affiche de l’exposition consacrée à  « la collection Alana » au musée Jacquemart André.

Un vrai moment de grâce. Croiser cet ange, placardé sur le devant des bus dans la grisaille de la circulation parisienne, redonne le moral pour la journée.

On se dit qu’il y a encore de belles choses sur terre.

Mon épouse ne partage pas ma passion pour la peinture primitive italienne. C’est donc tout seul que je suis allé contempler cette exposition. Plusieurs aspects de cette collection m’ont interpellé. J’aurai l’occasion de vous en reparler.

J’avais lu dans le magazine Télérama du 09/10/2019, un article présentant cette exposition qui m’avait intrigué. Le journaliste expliquait que l’originalité de l’exposition résidait dans le fait que la collection Alana se situait à contre-courant de la tendance actuelle selon laquelle les amateurs fortunés privilégient l’art contemporain et ses promesses spéculatives plutôt que l’art ancien.

Il est vrai que cette approche, un brin simpliste me convenait bien et confortait mon impression de vivre dans un monde où tout est régi par l’argent.

Mais cette approche est empreinte de naïveté. Tout objet rare a son marché et devient sujet de spéculation. Un Lorenzo Monaco ou un Piero della Francesca ne se trouvent pas sur le « Bon Coin ».

D’ailleurs, deux mois après la parution de l’article, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre parler d’une enchère record pour une peinture de Cimabue (1240-1302) : « Le Christ moqué ». Selon le journaliste cette oeuvre allait rejoindre la collection… Alana ! Voilà une information qui met un peu à mal la vision d’une collection « allant à contre courant du marché spéculatif de l’art».

Une pièce exceptionnelle reste une pièce exceptionnelle. Elle défie donc le temps et les modes.

Dans la collection de miniatures automobiles nous retrouvons le même phénomène. Il y a des modes. Il y a toujours eu des modes et il y en en aura toujours. Comme dans l’art ancien, une pièce exceptionnelle franchira sans problème l’écueil des modes.

Plusieurs fois dans ma carrière j’ai tenté d’expliquer à des clients cet aspect des choses. Les Dinky Toys fabriquées en Afrique du Sud peuvent entrer dans cette catégorie.

Elles ont été produites par la société Harris à la suite d’un accord commercial aux termes duquel Bobigny exportait en Afrique du Sud des caisses avec les différents composants permettant la fabrication des miniatures. A charge pour la société Harris de les peindre, de les assembler et bien sûr de les distribuer. Ces pratiques commerciales furent mises en place par certains pays désireux de favoriser la main- d’œuvre locale et de développer une industrie locale.

Ces produits sont difficiles à se procurer et l’on toujours été. La page en couleur du premier ouvrage de Jean-Michel Roulet nous a fait fantasmer mon père et moi. Seuls ceux qui ont essayé de réunir au complet la série peuvent apprécier la prouesse que constitue la réunion de cet ensemble.

 

Mes premières leçons.

Mes premières leçons.

Cet après-midi, je suis dans mon abri de jardin où sont rangées mes archives. Je recherche des photos de voitures de course, plus précisément des cartes postales pour illustrer un blog.

Ces cartes postales de voitures de course ont été mon premier lien avec la collection.

Aux yeux de certains il est bien étrange ce comportement qui consiste à amasser des objets divers et sans utilité apparente.

Aujourd’hui, je recherche la photo d’une Chaparral, prise au Mans dans les esses du Tertre Rouge. C’est une carte postale que j’ai adorée lorsque j’étais adolescent.

Dans le carton étiqueté « archives personnelles collection », je suis attiré par un petit carnet à spirale de couleur verte. Un répertoire. Il s’agit de celui de de notre collection que j’avais pieusement conservé.

C’est le début modeste de ma vie de collectionneur qui est consigné là et qui défile devant mes yeux.

Je pense pourtant aux mots de Barbara dans sa chanson « Mon enfance » :

« Il ne faut jamais revenir aux temps cachés des souvenirs
Du temps béni de son enfance »

Fallait-il rouvrir ce carnet ? Tout me revient. Mes débuts. J’avais 11 ans en 1974 quand j’ai commencé ce répertoire. Mon père m’avait conseillé de noter tous les modèles que j’avais, afin d’avoir quelques éléments dans le futur, notamment la date et le prix d’achat.

J’ai continué et aujourd’hui encore, je consigne par écrit sur des fiches bristol tous mes achats, avec les mêmes critères qu’au début.

Même à la retraite, je n’aurai jamais le temps de tout reprendre dans un fichier informatique.

Je fais défiler les pages. L’écriture est celle d’un enfant. Apparaissent quelques Dinky Toys, des Mercury. Que des autos de course, bien sûr.

Les prix sont modestes, quelques dizaines de francs. Surgit soudain un modèle annoté d’un 750 francs. Autant dire que ce prix se détache nettement des autres.

Je me souviens très bien de ce modèle. Comment pourrait-il en être autrement ? 750 francs en novembre 1976. La scène est resté gravée à jamais.

C’était chez M. Scherpereel. Jusqu’à présent, lors de nos visites dominicales, je me concentrais sur la vitrine plate à l’entrée du magasin, ou mieux, celle dans le coin à droite. C’était en quelque sorte les vitrines des premiers prix.

Ce jour-là, mon père qui devait avoir en tête le prochain Noël, entama la conversation avec le commerçant. Cela faisait un an que nous venions de temps en temps acheter une miniature ou deux.

Mon père, qui a toujours été attiré par le beau, avait bien compris que la petite vitrine, derrière le commerçant, devait contenir les pièces rares. Le fait qu’elles soient en petit nombre, dans une vitrine en forme de calandre l’intriguait. .

Mon père avait bien sûr tout compris. Ce fut ma première leçon. Savoir où poser les yeux.

A sa demande, M. Scherpereel en sortit cette monoplace Auto Union de chez Märklin qui répondait parfaitement à nos critères de recherche et nous en expliqua tout l’intérêt.

Quand j’ai vu le prix, 750 francs, je crois que j’ai été gêné. Mais mon père ce jour-là franchit le cap.

Il l’acheta en me disant que ce serait mon cadeau de Noël, un peu comme pour justifier cette folie. Vu le niveau de notre collection à l’époque, c’en était une. Il ne savait pas qu’il venait de mettre le doigt dans un engrenage qui allait faire de la collection de miniatures notre passion, et plus tard mon métier. Quel destin quand j’y repense.

J’ai oublié les autres miniatures qui étaient dans cette vitrine ce jour là, sauf une. En bas à gauche.

C’était sûrement la miniature la plus récente de cette vitrine réservée aux modèles rares et anciens. Une étrange Dinky Toys. La boîte ne m’était pas familière. Elle intriguait. Il s’agissait d’une Triumph Vitesse fabriquée en Inde.

Un exemplaire du début de cette fabrication de Binns Road délocalisée en Inde. Une vraie Dinky Toys, et non une copie comme des ignorants ont pu le colporter. (voir le blog consacré à ce sujet) .

Dans l’euphorie de l’achat de l’Auto Union, moi qui étais pourtant réservé, j’ai demandé alors au marchand pourquoi cette Dinky Toys figurait dans cette vitrine. Il nous la sortit. Son prix me déçut. Je pensais que cette vitrine élitiste ne contenait que des modèles au prix élevé.

Ce fut la deuxième leçon du jour. Rareté et prix élevé sont deux choses bien différentes. M. Scherpereel, en plaçant cette rare miniature Dinky Toys de fabrication indienne à cet endroit voulait simplement attirer le regard des connaisseurs.

Je me souviens que ce modèle est resté très très longtemps à cet endroit, des années, ne trouvant pas preneur. J’y repense quelquefois, quand, moi aussi, j’essaie d’attirer l’attention sur un modèle peu fréquent, pas forcément très cher, mais que j’ai eu du mal à faire rentrer dans ma collection.

Il arrive que je ne trouve pas d’acheteur. Je repense alors à cette miniature indienne. Il est parfois difficile d’expliquer aux collectionneurs tout l’intérêt d’un modèle.

En 2020, une Auto Union monoplace 16 cylindres se négocie à des prix allant de 100 à 200 €. Une Dinky Toys indienne de première génération, 3 à 4 fois plus.

Cela m’amène à la troisième leçon du jour. Ecoutez toujours les gens qui ont de l’expérience. J’ai écouté religieusement ce que disaient M. Scherpereel, et d’autres anciens comme Charles Prieur. Et puis un jour, j’ai compris que j’étais mûr pour analyser, comprendre, évaluer un modèle.

Ces Dinky Toys indiennes de première génération, j’ai pu en obtenir en Grande-Bretagne, il y a fort longtemps. J’avais retenu la leçon. Le seul bémol résulte du fait qu’elles sont très fragiles. j’ai renoncé à certains achats à cause de la mauvaise tenue dans le temps de ce zamac de qualité médiocre. Cela contribue à leur conférer une rareté supplémentaire.

On appréciera la grande variété de couleurs. J’ai gardé aussi les Nicky Toys, qui sont venues ensuite, découlant de ces premières séries. Mais je n’ai jamais cherché à collectionner les couleurs de ces dernières.

Elles étaient très communes dans les années 80, alors que les Dinky Toys indiennes elles, étaient déjà rares. Cela M. Scherpereel le savait, lui qui avait placé la Triumph Vitesse à cet endroit pour éveiller la curiosité que doit avoir tout collectionneur.

C’est cadeau !

C’est cadeau !

« Bonjour je suis possesseur d’un J7 Bourbon avec la publicité « Potain service après vente », on me propose de me le racheter mais je n’ai aucune idée de la valeur, il est comme neuf, pourriez-vous m’ aiguiller svp.merci »

C’est en ces termes qu’un lecteur du blog, M. Patrice Chabanon m’interpella via la rubrique contact du site. (voir le blog consacré aux Peugeot J7 de chez Bourbon)

On me sollicite très souvent pour connaitre la valeur d’un jouet. C’est un sujet sensible. En tant que professionnel je me sers de mon prix d’achat afin de déterminer mon prix de vente. De par mon expérience, j’ai bien sûr en tête une fourchette de prix de vente, que je module en fonction de ce prix d’achat.

Ce 18 septembre 2019, j’ai choisi de répondre ainsi à M. Chabanon :

« Vous êtes collectionneur ? Alors faites plaisir à un autre collectionneur ! Offrez lui ! Plus tard vous vous souviendrez longtemps de ce beau geste et vous ne le regretterez pas ! »

Ce dernier m’écrivit le lendemain pour me dire que c’était une bonne idée. Il précisa que la personne qui lui avait demandé ce Peugeot J7 était un bon ami et qu’elle saurait en prendre soin.

J’ai bien aimé sa réponse. J’ai rapproché cette histoire d’une autre anecdote. C’est Robert Goirand qui me l’a contée. Alors qu’il était jeune étudiant à Lyon, il passait tout son temps libre au magasin « Le Bébé lorrain ». Il y allait quasiment tous les jours et cela lui a permis de nouer des liens solides avec Roger Goulon, le propriétaire.

La section lyonnaise du club Dinky Toys a été créée en 1956. Et lorsqu’elle organisait ses animations annuelles sous l’impulsion de M. Goulon, c’est tout naturellement que M Goirand prêtait main forte. La section lyonnaise fut une des section les plus dynamiques et les plus influentes de France.

Elle est d’ailleurs régulièrement à l’honneur dans le bulletin de liaison « Actualités Meccano ». Des photos et compte-rendus  apparaissent régulièrement et en  grand nombre en première page du journal.

Lors de l’édition du 9 octobre 1960, M. Chanu, le directeur général de Meccano vint en personne à Lyon. On le voit lire un discours, à la manière d’un homme politique. On appréciera, derrière lui, les membres du bureau, façon bureau exécutif du parti communiste, tous à l’écoute du grand timonier.

Vous aurez surtout remarqué le grand écart de générations entre les officiants et le public dans la salle : des enfants accompagnés de leurs parents et ces adultes, déjà collectionneurs, assis autour du bureau sur l’estrade. j’imagine combien les gamins devaient avoir hâte qu’on en finisse avec les discours et qu’on commence les jeux !

Le compte-rendu paru dans « Actualités Meccano », prend des allures de Paris Match. On est ainsi heureux d’apprendre que la femme du préfet, Mme Roger Ricard et son fils Jean-François assistent à l’évènement. On compte aussi la présence d’une représentante de la mairie de Lyon et de M. Perrin Cavalier, directeur des usines de Pont-à-Mousson. On mesure l’importance de l’événement pour la ville de Lyon. Le 9 Octobre 1960, c’était l’endroit où il fallait être et se faire voir.

Cette année-là, Robert Goirand a prêté sa collection. Un petit panneau au centre de la vitrine l’indique. Quelle fierté pour ce dernier. On peut s’interroger sur le sens de la pancarte en carton : « Dinky Toys variété et valeur » .

Il faut bien repérer les deux modèles à l’extrême gauche : une Citroën 2cv camionnette unicolore (grise) et le Berliet GLR multibenne que Robert Goirand vient juste de récupérer auprès de M. Goulon, ce dernier l’ayant lui même obtenu, lors du salon du jouet qui se tenait à l’époque à Lyon.

C’est Robert Goirand qui lui avait soufflé l’idée de récupérer le modèle car cet habile organisateur et commerçant n’était pas du tout collectionneur de Dinky Toys. Il ne gardait rien. Robert Goirand a su en profiter.

Une autre année, lors d’une autre manifestation, il avait animé un jeu pour les jeunes membres du club. A cette occasion, il avait déployé ses qualités de dessinateur. Il ne rechignait pas à la tâche.

Aussi, lorsque M. Goulon le sollicita à nouveau, il lui fit comprendre qu’il attendait un geste commercial en remerciement. C’est peut être le cliché sur lequel, lors d’une réunion du club, un enfant soulève un paquet cadeau plus gros que lui, qui lui inspira cette demande.

Actualités Meccano: un gros cadeau offert lors de la réunion du club "BB Lorrain"...combien de 2cv camionnette à l'intérieur ?
Actualités Meccano: un gros cadeau offert lors de la réunion du club « BB Lorrain »…combien de 2cv camionnette à l’intérieur ?

M. Goulon se déchargea de l’affaire et écrivit à la direction de Bobigny, pour mettre en avant les bons et loyaux services de M. Goirand au sein du club, afin que ce soit directement Meccano qui se charge de la gratification.

Et c’est ainsi que M. Rio, alors secrétaire général du club Meccano à Bobigny, envoya à Robert Goirand un exemplaire d’un modèle qui n’était pas encore sorti. On imagine toute sa fierté lors de la réunion du club lorsqu’il put exhiber auprès des membres son … AML Panhard référence 814. Cela peut faire sourire en 2020, tant ce modèle est fréquent.

Histoire de marquer le coup et de faire plaisir à un membre actif, M Rio prit un des premiers exemplaires sur la chaine. Oui, mais voilà, les antennes plastique n’avaient pas encore été réalisées.

M. Goirand reçut donc un des premiers exemplaires, mais sans le sachet avec les antennes ! L’étui avec la cale est bien là, mais pas les accessoires. Qu’importe, ce dernier n’a jamais cherché à les récupérer.

Il faut dire que ce modèle est unique. La boîte d’envoi avec le tampon de la poste » Bobigny 1962″, l’adresse de Meccano France sur l’étiquette d’envoi et surtout la petite carte « Avec les compliments de Monsieur Rio » donnent à ce modèle une dimension extraordinaire. Son histoire l’est également. J’ai beaucoup apprécié de pouvoir récupérer cette pièce historique.

M. Goirand aurait sûrement préféré avoir la Simca 1000, sortie quelque temps plus tard. Mais il faut savoir que lors de son lancement l’AML se vendait plus cher que la Simca 1000. Meccano lui avait donc fait un beau cadeau.

La Simca 1000, il la trouvera bien plus tard, à la fin des années soixante-dix, rue du Maroc dans le 19ème arrondissement. Il mettra la main, avec Jean-Michel Roulet sur deux exemplaires finis de couleur argent, la sienne avec un intérieur de couleur verte, celle de Jean-Michel Roulet avec un intérieur de couleur noire.

Bien que de couleur argent, la miniature est quand même finie au pochoir, d’une nuance différente de celle de la carrosserie.

 

 

 

 

 

 

Les »petits plaisirs » du ministre.

Les « petits plaisirs » du ministre.

A peine m’avait-elle dit bonjour que ma mère ouvrit son sac à main et me lança : « Je t’ai découpé un article dans Match. Il y a un article sur un ministre qui, comme toi, collectionne les Dinky Toys ! ».

On imagine toute la fierté de la mère qui trouve un point commun entre son fils et un ministre. Ce sera le seul.

Il faut vraiment que l’attente chez le médecin soit interminable pour que je daigne ouvrir Paris- Match. Tout m’y semble superficiel. Pourtant, beaucoup de personnalités aiment venir y poser, qu’elles soient du monde politique, sportif ou économique. Il y a ceux qui ont le privilège d’être dans Match et les autres.

Cette semaine là, Stéphane Travert, ministre de l’agriculture au moment de l’article (ministre de juin 2017 à octobre 2018) pose dans Paris-Match. Il nous parle de son métier au ministère, on devine que ce n’est pas un métier facile.

Heureusement, il a « des petits plaisirs  » qui lui suffisent. Parmi ses lectures préférées, Maupassant et Victor Hugo. Le journaliste précise qu’effectivement deux exemplaires trônent sur la table.

Stéphane Travert a choisi de s’établir à Lithaire (Manche) 600 habitants. On sent les liens profonds avec la terre, comme le souligne encore le journaliste. L’image est belle.

Quand ce dernier nous explique que le ministre a aussi un tracteur miniature, nous sommes tout à fait rassurés.

Cet homme est bien comme vous et moi, il a des joies simples.

Mais sa fierté, d’après le journaliste, Eric Hacquemand ce sont ses collections : « Des figurines de BD de l’école belge, des petits trains et une jolie série de voitures Dinky Toys».

On voit d’ailleurs notre homme posant assis devant un échantillonnage de modèles neufs en boîte.

Même ma mère, pourtant habituée à l’univers des collectionneurs (40 ans auprès d’un mari et d’un fils collectionneur) a été impressionnée.

Les belles pièces ne manquent pas. C’est bien une collection de ministre : j’aperçois notamment une Renault Floride blanche…vous connaissez tous la rareté de cette pièce (voir le blog consacré au modèle), et une Buick Roadmaster noir et saumon.

Mais ce qui m’attire tout de suite, et je pense qu’en voyant la photo, vous aurez le même réflexe, c’est le 25 A Ford camion ridelles ajourées de couleur jaune et rouge. Cette combinaison de couleurs n’a pas été retenue pour la série.

J’ai une histoire particulière avec ce modèle. Quand Jean-Michel Roulet sortit en 1978 son premier livre, mon père et moi avions déjà un faible pour la série 25 dont fait partie ce véhicule. (voir le blog consacré à mon père et à la série 25).

Et lorsque Jean–Michel Roulet nous convia à venir voir sa collection à la fin des années soixante-dix, je suis resté admiratif devant ce camion présumé unique. C’est le modèle qui m’avait le plus marqué au sein de cette collection mythique.

Il fut ensuite cédé à Jean-Bernard Sarthe. Plus tard ce dernier s’en sépara par le biais d’une salle des ventes. Les années passèrent, et cet acheteur le mit de nouveau sous le feu des enchères. C’est là que j’ai saisi l’occasion de l’acquérir.

Il était dans la logique de collection que mon père et moi avions planifiée, celle qui tendait à regrouper des modèles hors du commun, en particulier ceux qui font l’histoire d’une marque.

Entraient dans cette logique les plans d’usine, les prototypes en bois et les essais de couleurs. Il faut cependant savoir faire la différence entre les modèles exceptionnels dont l’histoire est traçable, comme ce camion Ford 25 A ayant appartenu à Jean-Michel Roulet et ceux dont l’histoire est trouble pour ne pas en dire plus.

Ainsi, récemment, François Clément m’avait alerté sur un modèle mis en vente sur le site d’enchères Ebay. Un camion Ford 25 A à ridelles ajourées de couleur vert foncé et rouge. En fait, il s’agissait d’un assemblage de deux couleurs existantes : la cabine vert foncé, empruntée à la version benne basculante et les ridelles rouges à un Studebaker. Le vendeur faisait pourtant un parallèle avec ce fameux exemplaire jaune et rouge, se permettant même de faire une comparaison sur l’état de conservation des deux modèles, afin de s’en servir pour établir l’estimation du sien.

Le texte était très long très précis. Le vendeur avait juste oublié de signaler un détail. Les deux équerres situées au niveau des passages de roue arrière avaient été limées.

L’empattement du Ford est différent du Studebaker auquel il emprunte cette ridelle ajourée. Une des équerres située sous le plateau entravait le roulement de l’axe arrière du Ford. Le pneu frottait sur cette dernière. Dinky Toys réduisit la taille des six équerres.

Le modèle jaune et rouge possède, logiquement cette caisse modifié, comme d’ailleurs tous les Ford et Studebaker à partir de 1952.  Le modèle proposé à la vente sur Ebay ne répondait pas à cette caractéristique. De quoi nourrir des interrogations.

Et celui du ministre ? vous avez remarqué qu’il trône sur une boîte individuelle. Vous savez que ces véhicules n’étaient diffusés que par boîte de six pièces.

Oui, il s’agit donc de Dinky Toys Atlas, modèles réalisés en Chine grâce aux extraordinaires techniques modernes qui permettent de copier grâce à un laser les formes d’une miniature afin de créer un nouvel outillage servant à la reproduire en série.

C’est bluffant et très réussi n’en déplaise à certains. Les peintures sont parfois un peu clinquantes. Personnellement c’est le traitement des jantes en acier ainsi que les pneus qui me déplaisent. Très intelligemment, Atlas a été chercher la seule personne qui avait l’autorité nécessaire pour conduire cette série à bon port : Jean-Michel Roulet.

Des sentiments d’aigreur et de jalousie ont pu conduire à critiquer ce travail. Qui n’aurait pas aimé être approché pour diriger cette série ? Mais personne n’aurait su aussi bien que lui le faire.

D’ailleurs, c’est sûrement avec un brin de nostalgie qu’il a choisi de faire reproduire cette version rouge et jaune qu’il avait possédée dans le temps.

C’est ainsi que Monsieur le Ministre a sur ses étagères une reproduction de ce modèle, dans cette mythique couleur.

Les modèles sont si bien réalisés que le journaliste n’y a vu que du feu. La vraie question qui se pose après cet article est celle de savoir si l’on peut faire confiance aux journalistes.

Sur des rails

Sur des rails.

A travers la collections de jouets, c’est le monde perdu de l’enfance que nous cherchons tous.

Mes plus grandes émotions de gamin sont toujours arrivées à un moment inattendu : non pas devant les vitrines d’un magasin de jouets, mais dans un hall de gare, devant une maquette de locomotive de chez Arma, dans une agence de voyage qui exposait une reproduction de Caravelle, et même devant les auto-écoles qui n’hésitaient pas à mettre en vitrine des Dinky Toys Simca Aronde ou des tractions en 1970.

Je vous rassure, l’auto-école utilisait des Peugeot 204 ou des Simca 1000 pour former ses jeunes conducteurs.

Le temps semblait s’être arrêté avec ces objets en place depuis des années, au même endroit. C’était une époque où tout allait moins vite, Il fallait du temps pour qu’un objet se démode. Mais un regard de collectionneur trouvait de l’intérêt à ces modèles.

Vous avez tous connu cela.

Dernièrement, à la très réussie bourse d’échange d’Orléans, mon regard a été attiré par un wagon porte-autos. Rien d’extraordinaire en soi.

En fait, c’est le souvenir d’ une vieille photographie de presse en noir et blanc sur laquelle figurait ce même wagon et qu’un client m’avait montrée il y a quelques années, qui a éveillé ma curiosité. Il n’y aucun doute sur le fait qu’elle émanait d’un photographe professionnel. Il s’agissait du genre de cliché commandé par la SNCF pour être ensuite diffusé dans la presse.

On y voyait une somptueuse et très détaillée maquette de wagon porte-voitures à deux étages de la STVA, garnie de miniatures Dinky Toys. C’était, bien sûr, le chargement de Dinky Toys qui avait incité le collectionneur à me montrer le cliché.

Plus tard François Laurent trouva d’autres clichés, en couleur  cette fois d’un wagon reproduit à une échelle supérieure. Le wagon était en effet garni de Renault 4cv de chez C-I-J  et de Citroên 2cv camionnette  JRD en tôle .

J’ai tout de suite fait le lien entre  cet objet trônant sur la table d’un marchand et ces photos.

 Le wagon était fabriqué par Arma, petite société de maquettes implantée dans Paris même. Cette firme avait une spécialité, les maquettes destinées à la SNCF : motrices et wagons. Plusieurs échelles de reproduction ont été utilisées.

L’échelle la plus fréquente était celle du 1/43, dite « O » chez les collectionneurs de matériels de chemin de fer. Il faut toujours avoir en mémoire que l’échelle de reproduction choisie par Meccano pour ses miniatures  Dinky Toys ne doit rien au hasard.

Les trains Hornby étant apparus bien avant les miniatures automobiles, Meccano s’est adapté à leur échelle. Les automobiles faisaient partie du décor, au même titre que les personnages et autres petits accessoires. Il ne faut jamais oublier cette histoire, elle a déterminé l’échelle de nos miniatures.

Ce wagon est donc au 1/43. La qualité de reproduction de ce dernier est exceptionnelle. C’est une vraie maquette bénéficiant d’une finition main.

Arma a utilisé du laiton pour façonner les plateaux. Le wagon est positionné sur un socle figurant des rails. Un tampon Arma indiquant l’adresse de la firme figure sur ce socle. Pas de doute c’est un travail de professionnel.

S’il n’y avait les Dinky Toys, la photo en noir et blanc pourrait presque laisser croire à la photo d’un vrai wagon !

Les miniatures ne sont pas au même degré de finition que le wagon. C’est aussi ce qui confère un charme à l’ensemble. L’amateur de variantes aura vite fait de détecter une curieuse monte de pneus. 

Les sept Dinky Toys sont équipées de pneus en nylon avec marquage Dunlop. Je n’ai jamais vu la 403 ainsi équipée en série. De plus la Citroën 2cv Azam est montée avec pneus nylon blancs. Elle est connue avec des pneus caoutchouc blancs, crantés, mais pas ainsi.

Il se peut qu’Arma ait équipé tous les modèles de pneus nylon, afin de rendre les miniatures plus réalistes. Ces pneus étaient en vente chez les revendeurs. A l’époque il n’était pas difficile de s’en procurer.

Laurent Sockeel, éminent spécialiste de matériel ferroviaire et marchand m’a indiqué en avoir déjà eu deux autres.

La vue du wagon a aussi réveillé des souvenirs auprès de certains clients. Ces maquettes Arma étaient exposés dans les agences SNCF, les grandes gares ou dans les bureaux de la direction. Elles animaient les halls. Elles devaient susciter la convoitise des enfants.. et des collectionneurs.