Archives de catégorie : Dinky Toys

Dalia et Solido/Tekno Jaguar Type D

Dalia et Solido/Tekno Jaguar Type D

Et débuta la série 100

Dans un entretien qu’il avait accordé à un journaliste, Monsieur de Vazeilles qui dirigeait l’entreprise Solido expliquait qu’il avait eu de la chance de prendre comme premier modèle la Jaguar type D.

Superbe Nicky Toys Jaguar Type D
Superbe Nicky Toys Jaguar Type D

Les exploits manceaux de la voiture contribuèrent au bon démarrage de sa nouvelle gamme, la série 100. Le choix fut judicieux. Le modèle restera au catalogue jusqu’en 1971 et dépassera le million d’exemplaires produits. Seule la Bugatti Royale dans la série « Age d’or » fera aussi bien.

 Celle à pneus blanc est la toute première Solido
Celle à pneus blanc est la toute première Solido

Jean de Vazeilles dira qu’en reprenant l’usine que lui avait laissée son père fin 1953, il avait compris que l’avenir était aux modèles réduits à l’échelle du 1/43, échelle imposée par Meccano et ses trains Hornby. Solido avait à son catalogue les gammes Junior de taille supérieure au 1/43, et les gammes Baby ou Mosquito, elles, de taille inférieure. Arrivant sur ce marché après les autres fabricants, il réalisa qu’il lui fallait se démarquer. Il lui a semblé qu’il y avait un créneau libre au niveau de l’auto de course et de sport. Son esprit d’entreprise l’a conduit à essayer de faire mieux que la concurrence.

Grâce à un homme, M. Brière, et à son intelligence pratique, la gamme Solido va bénéficier d’innovations techniques. Cet homme qui est entré sans diplôme chez Solido à 14 ans va en faire une entreprise à la pointe de son secteur. Solido employait beaucoup de main- d’œuvre locale. M. Brière habitait près de l’usine à Ivry-la-Bataille. Il sera à l’origine de l’invention d’une suspension constituée de deux ressorts à boudin, pour miniatures automobiles. Le système sera breveté le 16 février 1957.

La première miniature à recevoir une suspension, assurant à cette dernière un roulage de qualité sera donc la Jaguar type D portant la référence 100. Les collectionneurs qui ont connu cette révolution alors qu’ils étaient encore enfants s’en souviennent encore ! Dans la cour d’école, il fallait avoir « la » Jaguar type D.

De plus cette innovation était de qualité et fiable. Je ne me souviens pas avoir vu une suspension de Jaguar Type D affaissée ! Plus tard, Monsieur Brière sera à l’origine des premières portes ouvrantes (Lancia Flaminia). Précédemment, il avait réalisé la première partie mobile sur une miniature, le cockpit de l’Abarth de record.

Lorsque vous contemplerez dans vos vitrines ces merveilleux modèles, vous vous direz que vous êtes en présence de modèles pourvus d’innovations techniques qui ont ensuite été reprises par les autres fabricants. Vous les regarderez certainement avec davantage de considération !

Studebaker : la tournée de mon père – 2

Quelques clefs pour une meilleure lecture des photos des ces Studebaker.

Dans cet article ne sont photographiés que les modèles de premier type de carrosserie, équipés de jantes en zamac de couleur assorties aux carroseries. Ce sont les version intermédiaires, les moins fréquentes. La peinture est de belle qualité, épaisse, brillante mais assez fragile. Le moindre choc a pour conséquence un inévitable éclat.

Avec patience, mon père a su réunir cette belle brochette de Studebaker. Les nuances de rouge, bleu, jaune sont très différentes des modèles de seconde génération. Il est à remarquer que certaines combinaisons de couleurs ne seront pas reprises sur les modèles équipés de jantes en zamac et de pneus en caoutchouc. Les mariages rouge et bleu, ou bleu et rouge seront, eux, conservés durant toute la durée de production du 25K.

Studebaker : la tournée de mon père – 1

Troisième volet de la série 25 en hommage à mon père.

Après les Ford, voici le 25 K Studebaker, camion maraîcher qu’il affectionne particulièrement.

A l’issue de la guerre, beaucoup de véhicules de l’armée américaine trouvèrent une seconde vie, dans un usage civil. Une partie des entreprises dont les véhicules avaient été réquisitionnés pendant le conflit avaient été prioritaires à la libération pour obtenir un véhicule à essence.

Studebaker
Studebaker

Ce fut le cas d’un cousin de ma grand-mère, négociant en aliments pour bétail et en vins à Champagnac. Pendant les grandes vacances, celui-ci emmenait mon père alors enfant, faire la tournée des débits de boissons du Cantal. Le pays est rude, et si la renommée de la production vinicole locale ne dépasse pas le département, durant l’hiver, le produit réchauffe autant qu’un autre. J’ose espérer que mon père se contentait d’une limonade.

En tout cas, mon père était très fier à l’intérieur du Studebaker. Il faut dire que le Studebaker était encore équipé de sa tourelle et il avait plaisir à se tenir debout sur la banquette, le nez au vent, comme dans une décapotable.

La campagne auvergnate, les routes sinueuses étroites et bosselées, c’était le rêve pour un gamin venant de la région parisienne. Il ne faut pas chercher plus loin l’intérêt pour mon père de ce véhicule.

Il a été difficile de réunir ces Studebaker maraîchers. L’expérience nous a enseigné que ces modèles, moins spectaculaires que les tapissières (25L), étaient bien plus rares. Ils empruntent le même châssis sur lequel est fixée, au moyen d’un axe vertical serti, maintenu par une roue de secours, une ridelle haute ajourée. Les modèles se différencient par la présence d’une bâche en tôle amovible sur la tapissière. On ne peut confondre les deux. Le maraîcher reçoit une finition bicolore, la teinte du châssis cabine étant différente de celle de la ridelle. Pour la tapissière, le châssis cabine et les ridelles sont unicolores. C’est la bâche qui reçoit une peinture de couleur différente.

Il y avait une petite différence de prix entre les versions maraîcher et tapissière, due au surcoût de la bâche en tôle. La tapissière a eu davantage de succès. Un slogan imprimé était placé à l’intérieur et précisait : « deux jouets en un ». Aujourd’hui encore, la tapissière a les faveurs des collectionneurs.

Le camion Studebaker sera exploité plusieurs années par Meccano qui a peut être vu là un moyen d’étoffer son catalogue à moindre coût. Il connaîtra les deux moules. Je me souviens avoir été passionné par les photos révélant les différences de moule lors de la parution du premier livre de Jean-Michel Roulet : la « caisse à outils sur le marchepied » et « la baguette large sur le plat du capot ».

Ces détails me paraissent évidents aujourd’hui, mais à l’époque, il nous fallait un certain temps pour bien identifier un premier moule d’un second !

Dinky Toys Simca 1500

La Simca de M. Hulot

Il y a toujours eu des gens en avance sur leur époque. Cela est particulièrement vrai dans le domaine artistique : beaucoup de peintres incompris de leurs contemporains n’ont eu aucun succès de leur vivant. La reconnaissance sera posthume. Il me semble que le film de Jacques Tati, « Playtime », réalisé en 1976 fait partie de ces œuvres trop en avance sur leur époque.

Play Time de Jacques Tati
Play Time de Jacques Tati

Jacques Tati, pour qui j’ai une grande admiration, était allé aux États-Unis au début des années soixante. Son film est librement inspiré des impressions laissées par ce voyage. Le titre du film est un clin d’œil. Il avait d’abord opté pour un titre en français, mais il a finalement souhaité, à travers un anglicisme, se moquer d’une mode qui commençait à poindre et qui consistait par snobisme à glisser dans les phrases des termes anglais. Il a su dès le départ que son film n’était pas fait pour le marché européen. Il espérait le vendre aux Américains. Malheureusement, en l’absence de toute vedette de premier plan au générique, ils refusèrent de l’acheter. Cela plongea Jacques Tati dans d’insolubles problèmes financiers. Avec son architecture futuriste, ses rues sans âme, ses angles et ses lignes droites, « Playtime » semble bien être une caricature de ce qu’il avait découvert outre-Atlantique. La petite marchande de fleurs photographiée à tout bout de champ est incongrue dans cette modernité.

La modernité, Jacques Tati n’est pas contre. Il déclarera cependant à la sortie du film « Que signifient la réussite, le confort, le progrès si personne ne connaît plus personne ? ». On voit poindre l’individualisme et la solitude modernes.

Si vous avez la chance de visionner le film, observez le traitement que Jacques Tati réserve aux autos. Il n’y a au volant des voitures que des conducteurs solitaires. L’auto n’est plus partagée. Seul le bus semble être un lieu de sociabilité ; cependant il est bondé et les usagers comme des robots se pressent au rythme saccadé de l’ouverture et de la fermeture des portes.

Le détail qui m’a donné prétexte à ces quelques lignes, c’est l’omniprésence d’une auto, plus particulièrement d’une marque, Simca. Dans les embouteillages, sur les parkings, ce ne sont que des Simca 1300, 1500 break ! Les alignements sont impressionnants. Les couleurs sont monotones, comme pour fustiger un certain conformisme de la part des consommateurs. Les autos se déplacent lentement, comme insérées dans un flux continu. Tout cela est terriblement contemporain et l’on comprend que ce film visionnaire ne déclencha pas l’enthousiasme des spectateurs à sa sortie.

La suite la semaine prochaine.

M. Hulot et la Simca break

Pour illustrer ce merveilleux film « Playtime », j’aurais pu vous proposer des Simca 1300 et 1500 sorties de chez Norev. Il faut convenir que le fabricant de Villeurbanne n’a pas été très inspiré par ces miniatures Simca. La version break et la 1501 viendront heureusement relever le niveau. Je vais donc me tourner vers Bobigny.

le modèle retrouvé au bureau d'étude
le modèle retrouvé au bureau d’étude

Dinky Toys a reproduit fidèlement la Simca 1500 berline. En choisissant de limiter le choix à un modèle avec la malle ouvrante, le fabricant a épargné aux amateurs les défauts rencontrés sur les modèles de cette époque avec les portières ouvrantes (Ford Taunus 12 M par exemple). L’auto est donc de bonne facture. Les feux et les phares en strass donnent une finition luxueuse. Il faut signaler l’existence de deux bleus très différents, le plus foncé étant le moins fréquent. Le modèle sera produit chez Poch en Espagne. Pour l’occasion il recevra une plaque d’immatriculation arrière de couleur argent et non noire, comme sur le modèle produit en France. Les pneus reçoivent un marquage « Pirelli ». Signalons enfin que j’ai découvert sur l’étal d’un marchand, une version avec un aménagement intérieur de couleur noire. L’ensemble était d’origine, la couleur étant injectée en plastique.

Le Simca break 1500  de Dinky Toys est également de bonne facture. Le hayon arrière bascule, laissant apparaître le coffre que Simca avait astucieusement équipé d’une table de camping servant également de fond à ce dernier.

Il faut ici parler de trois modèles particuliers. Le premier est un essai de couleur, fini en bleu marine. L’intérieur est injecté en plastique de couleur beige. Le modèle est riveté. Il possède une finition au pochoir similaire à celle des modèles de série. Par contre, il est équipé de jantes en plastique chromé qui ne furent jamais utilisées dans le commerce, Meccano se réservant ces jantes pour ses essais. Elles ont un aspect plus flatteur que celles de série, souvent ternes. Le deuxième modèle est une version enjolivée équipée de phares supplémentaires dans la calandre. Il pourrait s’agir d‘une proposition de variante « 1501 break » du bureau d’étude. Contrairement à la version berline, la version 1501 break ne subira pas de profondes modifications de face avant et arrière. La présence des phares additionnels est une piste. L’auto reçoit une jolie peinture « prune ». Elle doit être l’œuvre de Claude Thibivilliers, habile maquettiste de Bobigny. Sa finition maquette est bien sa signature. Elle reçoit un intérieur en plastique injecté de couleur ivoire qui ne sera jamais réalisé en série. Elle possède aussi, logiquement les jantes en plastique chromé.

Le dernier modèle présenté ce jour possède une histoire singulière. Claude Thibivilliers, cité précédemment, était un familier de la boutique Modélisme, boulevard Sébastopol à Paris. Amateur éclairé de miniatures, il fréquentait cet endroit incontournable pour les amateurs de modélisme et que son propriétaire, Monsieur Greilsamer, tenait d’une main de maître. Ce dernier proposa de diffuser, de manière confidentielle, hors listings, une série de modèles sur base Dinky Toys France.

Cette diffusion a notamment concerné une Renault 4L « PTT », une Peugeot 404 « pompiers de Paris », une Ford Galaxie « police » et bien sûr cette Simca 1500 « police ». Pour les collectionneurs, qui sont arrivés sur le marché 10 ans après l’événement se pose la question de la pertinence de ces modèles. Dinky Toys ou non ? Depuis l’été dernier, j’avoue que mon avis a évolué. En reprenant contact après de très longues années de silence avec un ancien collaborateur de Meccano, j’ai eu la surprise en allant lui rendre visite de voir ce modèle de Simca 1500 « police ». Ce monsieur avait eu l’intelligence de sauver de la destruction, nombre de modèles et de prototypes lors du démantèlement de la rue du Maroc dans le 19eme arrondissement. C’est la preuve incontestable que ce modèle a bien été étudié par Meccano. Comme la Renault 4L « PTT » qui sera elle, reprise en série, la 1500 « police » fut bien étudiée. Il doit en être de même pour les autres modèles distribués chez Modelisme. On peut alors conclure que Claude Thibivilliers aurait simplement écoulé de petites séries de projets avortés.

L’exemplaire présenté ne possède pas et n’a jamais possédé de gyrophare malgré la perforation du pavillon. Le vitrage n’a pas été perforé !