Archives de catégorie : avant-guerre

fabrication avant la seconde guerre mondiale

A l’est du Danube

A l’est du Danube
Je n’ai jamais vraiment été accroché par les aventures de Michel Vaillant qui nous donnent une vision plutôt fantaisiste de la compétition automobile. Le premier album qu’il m’a été donné de lire date de 1969 et s’intitule « Le fantôme des 24 heures ». Il met en scène une écurie mongole qui s’attaque à la classique mancelle avec des méthodes pour le moins discutables. L’auteur de la bande dessinée, Jean Graton, l’a affublée du nom de « Team Gengis Khan ». C’était déjà un mauvais présage.

Tout un programme… scolaire, car, dès l’école primaire, les petits français apprennent les méfaits d’Attila et de sa bande de Huns. Il faut dire que ce dernier a sévi jusqu’aux portes de Paris et n’a pas laissé de très bons souvenirs sur son chemin. Quant à Gengis Khan, considéré par les historiens comme le fondateur de la nation mongole, aucun empereur n’a possédé de royaume plus étendu que le sien et ses innombrables conquêtes lui ont fait endosser le costume d’un tyran sanguinaire.


Pour Jean Graton, guerre froide oblige, le péril venait manifestement de l’est car déjà, dans sa deuxième aventure intitulée « Le pilote sans visage », notre « véritable ami, fort, courageux et loyal » – dixit la quatrième de couverture des albums – avait dû affronter les Zvezda d’une écurie russe pas loyale, elle, pour deux roubles !.

A l’opposé de ces mœurs barbares, l’entrée en lice des concurrents venus d’Extrême-Orient et notamment des japonais (amorcée dans la réalité par l’arrivée de Honda en formule 1 en 1964, puis poursuivie par Mazda et ses moteurs rotatifs aux 24 heures de Spa en 1969 et les victoires de Datsun en Trans Am en 1971 aux Etats-Unis) se fait dans un parfait respect des règles de la chevalerie et du fair-play : il suffit de lire « L’honneur du samouraï », dixième aventure de notre héros, parue en 1966, pour en être convaincu !On sait que pour  se développer au delà de leurs frontières et conquérir de nouveaux marchés, les constructeurs automobiles doivent affronter leurs adversaires sur leur propre terrain. L’histoire est un éternel recommencement. Hier, il s’agissait des constructeurs japonais, aujourd’hui se sont les coréens et les indiens qui débarquent dans le sport automobile. Déjà des pilotes chinois s’aventurent sur les circuits européens dans l’attente des produits des constructeurs chinois.

 

Comme le Japon, la Tchécoslovaquie est un pays riche en constructeurs automobiles. Ce pays cultivé a vu naître de grands ingénieurs qui ont mis leurs talents au service de firmes aussi typées que Tatra, Skoda, Jawa ou Praga. L’histoire mouvementée du pays, avant et après la seconde guerre mondiale, va bloquer le développement de ces marques automobiles sur le marché occidental. La Tchécoslovaquie est le dernier pays à passer dans le bloc de l’Est, la démocratie est abolie en 1948. Un constat s’impose. Jusqu’en 1950, Skoda développe des autos destinées aux rallyes et aux courses d’endurance afin de promouvoir ses autos auprès des occidentaux. Juste après la seconde guerre mondiale les autos tchèques participent au Rallye de Monte Carlo, au Rallye des tulipes et aux 24 heures de Spa (1948). Une barquette Skoda participera même aux 24 heures du Mans en 1950. Mais la porte du rideau de fer va finir par se refermer.  (voir les images extraordinaires du GP de Tchécoslovaquie  à Brno de 1950 avec Talbot,Maserati et autres   Gordini.  https://youtu.be/L3N3qwRMQO4 )

Finis les rêves d’exportation et de conquête de l’Ouest. Il en est de même avec les sports automobiles. Le pays vit replié sur lui-même. Très peu de documents de l’époque nous sont parvenus. En fait, les constructeurs tchèques Tatra et Skoda vont s’organiser pour fabriquer des autos de course et participer à des compétitions locales.

Un Grand Prix de Tchécoslovaquie existe pourtant depuis le milieu des années 20. Les Mercedes y ont brillé durant les années trente. L’épreuve était inscrite au calendrier international mais disparaitra après guerre.

C’est la découverte d’une miniature reproduisant une Tatra de course chez Smer qui m’a ouvert les yeux. J’ai été ému en pensant aux enfants tchèques qui devaient jouer avec ces petits bolides reproduisant la Tatra T607. Elle devait les faire rêver. Cette auto était équipée du moteur de la Tatra 603 refroidi par air. La monoplace est bien pataude. Elle n’en a que plus de charme. Aucune confrontation n’aura jamais lieu avec les monoplaces occidentales ( voir  le GP de Brno 1954 avec la Tatra  T607 en action…attention, accrochez vous  cela décoiffe ! Un constat s’impose : il n’y a plus d’autos étrangères .https://youtu.be/azfHfzHxIkc)

Plus tard, j’ai mis la main sur une autre fabrication, en aluminium mais à une échelle supérieure. Cette maquette semble être un objet publicitaire pour la firme tchèque Tatra.

Je me suis alors rappelé que j’avais d’autres monoplaces venant de Tchécoslovaquie. Le fabriquant tchèque Schovanek monoplace avec skieur a proposé dans les années trente une élégante monoplace réalisée en bois. C’est une fabrication de grande qualité, comme tous les jouets proposés par cette firme. L’auto reproduit une monoplace générique. Elle existe en deux tailles (1/50 et 1/43 environ) avec ou sans mécanisme à clef.

Dernièrement j’ai eu l’occasion de trouver un très étrange petit diorama d’origine. Sur un socle en carton granité figurant de la neige une monoplace tracte un skieur ! On sait qu’à l’Est il existait des compétitions de motos sur piste de glace. Mais je n’ai pas pu trouver d’autres documents sur cette scénette des plus étrange. Elle est, je pense, en rapport avec un exploit local.

A pied à cheval et en voiture

A pied à cheval et en voiture
Petit, j’étais fasciné par le catalogue Rivarossi de mon père. Mon père a commencé à s’intéresser au modélisme ferroviaire bien avant de collectionner les miniatures automobiles. Le catalogue, dans un format dit « à italienne », présentait sa gamme de manière luxueuse. La page que je préférais, celle qui me faisait rêver, c’était celle qui présentait des wagons plats chargés de véhicules divers, notamment un camion Fiat et sa remorque. Je trouvais en ces reproductions le jouet idéal, ou plutôt deux jouets en un seul : le wagon et le camion que l’on devait pouvoir détacher de son support. Plus tard, j’ai compris que cet attrait pour ce type de jouet révélait ma future passion pour le modélisme automobile.

 

Bien avant Rivarossi, d’autres marques avaient déjà présenté ce type d’attelage, dont L.R (Le Rapide). Cette firme de jouets avait été créée par Louis Roussy vers 1927. Sa gamme de locomotives et matériels ferroviaires eut un certain succès. Parmi les wagons proposés aux enfants, figure un modèle qui a retenu toute mon attention. C’est un simple wagon à ridelles transportant une magnifique auto de course.

A ma connaissance, c’est sûrement un des premiers exemples de wagon ferroviaire transportant ce type de marchandise. Märklin reprendra l’idée dix ans plus tard en équipant ses wagons au choix de monoplaces, de berlines, de camions et bien sûr, c’est l’époque qui voulait cela, d’engins militaires.

Le modèle qui repose dans son wagon est sans conteste une Bugatti. La calandre en fer à cheval est facilement identifiable. La partie arrière, en pente douce l’est beaucoup moins. C’est le Type 36 de 1925 qui paraît correspondre au modèle reproduit par L.R, ce qui est assez logique au regard de l’année de reproduction du jouet. L’auto est moulée dans une sorte de composition annonçant la plastiline. L.R a fait graver sous le châssis la mention « résistex ». On peut imaginer qu’il s’agit du nom commercial déposé du matériau utilisé par ce  fabricant, à moins que ce dernier ait confié à un sous-traitant le soin de réaliser cette auto. Il est également possible qu’une gamme complémentaire ait été prévue. Une chose est sûre, deux modèles ont été créés. En effet, la version qui est transportée sur le wagon ne possède pas de conducteur. C’est logique, on imagine bien que le conducteur d’une telle auto est installé confortablement dans un wagon de première classe. Une autre version, avec un chauffeur moulé de manière monobloc avec la carrosserie existe. Il s’agit bien d’un autre moule et l’on comprend que l’auto a également été vendue sans son wagon.

Les jantes de type artillerie, injectées en zamac brut et équipées de pneus blancs sont du plus bel effet. Certains exemplaires sont décorés d’un numéro de course peint au pochoir sur la partie arrière.

On appréciera le mode de fixation des essieux. Pour chaque axe une rainure a été exécutée sur le châssis. Je ne connais pas d’autres exemples équivalents.

Il a dû être inspiré au prototypiste par le travail des peintres en bâtiment. C’est une bande de calicot collée puis peinte, comme celles que l’on applique sur les murs fissurés et que l’on nomme souvent « cache misère

Ces miniatures sont des raretés, peu d’exemplaires nous sont parvenus.

Cette Bugatti, symbole de vitesse, à l’arrêt, posée sur son wagon, a un côté désarmant.

Certains amateurs ricaneront. On sait que la fiabilité n’était pas le point fort de ces « pur sang ». N’oublions pas que pendant très longtemps, jusque dans les années soixante, pour se rendre au circuit, les voitures de course empruntaient la route et roulaient au milieu des autres automobilistes.

Parfois, avec une Bugatti le voyage se terminait à pied, puis ensuite en voiture de chemin de fer ! Je vous laisse donc écouter la chanson de Bourvil dont je ne me lasse pas : « A pied, à cheval et en voiture.https://youtu.be/KoPE_-5kkw4

Voir l’article  précédent sur l’autre Bugatti réalisée par le fabricant CD.

C-I-J Renault 5T engrais Dior

C-I-J Renault 5T engrais Dior

Dior j’adore !

Dior j'adore ! comment faire autrement !
Dior j’adore ! comment faire autrement !

A Noël, à Pâques, lors des réunions familiales, le collectionneur de miniatures automobiles est souvent sollicité par les siens pour organiser une visite commentée de son univers. Il faut dire qu’il est plus joyeux qu’une collection de tire-bouchons, plus accessible qu’une collection de missels et plus varié qu’une collection de clef à molette.

Pour peu que la belle-sœur ait lu dans le Figaro un article expliquant que ces petits bijoux pouvaient atteindre des sommes rondelettes, vous ne pourrez échapper à la visite.

CIJ Renault 5T engrais Dior
CIJ Renault 5T engrais Dior

Une réflexion revient souvent lors de ces visites. Les profanes sont émerveillés devant les phares en strass des miniatures. Ces phares sont apparus au milieu des années soixante. Comme le dit le proverbe, tout ce qui brille n’est pas or. Tout ce qui brille n’est pas non plus toujours de bon goût.

Ce n’est sûrement pas un hasard si la nouvelle marque « Minialuxe » (made in China) a équipé certains de ses modèles, en édition limitée s’il vous plaît, de phares produits par le verrier Swaroski. Effet garanti, la belle-sœur n’en revient pas, vous sortez de la catégorie « adolescent attardé » pour entrer dans le cercle des gens de bon goût.

 

J’ai pourtant trouvé mieux pour épater la famille. Le camion Dior ! Et, désormais, je peux reprendre à mon compte le slogan utilisé par la firme de luxe lors du lancement de l’un de ses parfums : « Dior, j’adore ! »
Tout cela mérite quelques explications. En effet, on s’attendrait à voir le nom Dior apposé sur une auto luxueuse, haut de gamme, et non sur un vulgaire petit camion Renault 5T. Il nous faut remonter le temps.

Christian Dior, grand couturier français (1905-1957) est un des descendants de Louis Jean Dior qui avait créé une société d’engrais chimiques « L. Dior ». Un des produits les plus fameux de cette firme est la lessive Saint-Marc.

Firme importante, spécialisée dans les engrais chimiques avant la seconde guerre, cette entreprise se rapprochera de la C-I-J afin de faire réaliser des objets publicitaires à son effigie, notamment un camion Renault 5T en tôle, reproduit à l’échelle 1/20 environ, équipé d’un chargement de sacs d’engrais et d’accessoires dont un quai de déchargement. On comprend que ce luxueux ensemble ne fut produit qu’en peu d’exemplaires.

Parallèlement, Dior demanda à la C-I-J de réaliser une version à ses couleurs sur la base de son modèle en plastiline réduit à l’échelle du 1/50 environ. Le tour de passe-passe fut des plus ingénieux. La firme de Briare avait à son catalogue une version charbonnier. Il suffit à C-I-J de repeindre les sacs de charbon en blanc afin de symboliser les sacs d’engrais et d’apposer au pochoir le nom de Dior sur le pavillon.
Ce petit modèle est finalement aussi rare que celui de grande taille. Il est fragile, très peu d’exemplaires ont survécu.

J’ai profité de l’occasion pour faire figurer un autre modèle lié aux engrais, toujours produit par la firme de Briare mais après guerre. Ce fut également un promotionnel. Il est aux couleurs des Potasses d’Alsace, concurrent des engrais Dior. Sa période de fabrication fut assez longue.

On distingue deux versions, ce qui confirme la production d’une certaine quantité et surtout un étalement dans le temps. Le dernier modèle équipé de jantes de couleur argent est simplifié au niveau des pochoirs. La boîte est plus rare que le modèle !

Les Potasses d’Alsace feront également fabriquer chez Vapé-Bourbon une série de Peugeot D3A à leurs couleurs et avec le nom des produits à promouvoir. (voir l’article sur les Peugeot D3A de chez Vapé-Bourbon)

La Peugeot 402 en déroute

La Peugeot 402 en déroute

Parmi toutes les Peugeot 402,  j’avoue une préférence pour la « banale » limousine. Il faut dire que la réalisation en est impressionnante.

C’est une auto fort réussie, étroitement dérivée du courant « streamline », nous l’avons dit, vu aux Etats-Unis en 1934 avec la fameuse Chrysler Airflow.

Il y a cependant une touche française dans cette auto, comme une élégance « made in France », que ce soit dans le traitement de la face avant  avec les phares intégrés dans la belle calandre, ou dans la partie  arrière, toute en rondeurs harmonieuses.

JRD a parfaitement su en saisir et en retranscrire les lignes. L’échelle choisie, le 1/43, participe  à la réussite de la réalisation. Il faut garder à l’esprit que peu de Chrysler Airflow ont été fidèlement reproduites en miniature, ce qui du reste n’enlève aucunement leur charme aux jouets qui comportent une part d’approximation.

Il y a fort longtemps, j’avais déjà traité  cette auto que j’aime particulièrement. De récentes  acquisitions me font revenir sur le sujet. Précédemment, dans les articles relatifs aux Peugeot 402 en plastiline de JRD nous avons vu qu’il existait plusieurs tailles de reproduction (voir les articles sur les Peugeot JRD en plastiline). Ainsi, la Peugeot Darl’Mat existe en trois tailles distinctes pour lesquelles il y a bien trois moules différents. Pour la Peugeot 402 limousine, il semblerait qu’il y ait également trois moules différents. Si l’on ajoute le fait que le second moule présente une variation au niveau du passage de roue, cela fait beaucoup pour une auto produite de 1936 à 1940.

Prenons les choses de manière chronologique.

Il semble évident que la première mouture possède une calandre rapportée en tôle et des axes arrière maintenus avec des pattes recourbées en acier qui ont été moulées avec l’auto.

On imagine la difficulté à insérer ces pattes durant le moulage. Cela devait se faire à un moment particulier du séchage de la plastiline. L’opération relève davantage de l’artisanat que d’un processus industriel. Une encoche a été prévue dans le moule, juste au dessus de la calandre afin de fixer cette dernière. Cette version me paraît plus rare que les autres. Je me souviens parfaitement du jour où un client  m’a appelé de la région rouennaise pour me signaler l’existence de cette auto. Elle avait perdu sa calandre. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une copie, mais lorsque j’ai vu la miniature, ce fut une réelle surprise.  Une des plus grandes de ma vie de collectionneur. J’ai trouvé la calandre bien plus tard, dans un lot de pièces détachées.

C’est une miniature qui revient  de loin. Je l’ai  classée en début de production, au vu des nombreuses difficultés rencontrées dans la fabrication., Une simplification s’imposait.

Elle va intervenir de manière radicale dans la deuxième mouture : la calandre sera désormais moulée, et l’axe arrière maintenu  grâce à une perforation de part en part du pont arrière moulé de manière monobloc avec la carrosserie. Pour aider  à la mise en place des roues arrière, JRD opère une ouverture au bas des ailes arrière. Adieu la belle  gravure avec la tête de lion qu’arborait le premier moule.

Pour des raisons qui nous sont inconnues, JRD va agrandir le passage de roue et supprimer cet élément de carrosserie. Nous pouvons avancer deux explications : soit cela aidait au positionnement dans l’atelier des roues arrière, soit le moulage compliqué de cette partie provoquait une usure et des malformations entrainant un nombre important de refus. On ne peut exclure cette hypothèse.

Au vu des variantes de moules et de tailles des autos, on peut s’interroger sur la durée de vie des moules dans lesquels était coulée la plastiline. Si je me réfère à la vie des moules en élastomère  servant à produire les modèles artisanaux en résine, ces derniers ne permettent de sortir qu’un nombre de pièces limité.

C’est avec ce constat que je vous présente la troisième mouture. Elle m’était totalement inconnue il y a peu. Il s’agit d’un moule entièrement nouveau. Le traitement de la grille avant est différent. Elle est plus plongeante. Les volumes semblent mieux respectés par rapport à la vraie voiture, notamment  le capot moteur, bien moins plat que sur les versions précédentes.

Pourtant le rendu visuel global est assez déconcertant par rapport à la version précédente. Il s’agit sans doute aucun d’un autre moule. La présence des pneus  Michelin indique que nous sommes encore avant le second conflit mondial. Certes, on ne peut exclure que le stock de pneus Michelin de JRD fut liquidé jusqu’à épuisement durant ce même conflit et remplacé ensuite par des roues  en buis, mais je n’ai jamais vu de Peugeot 402 limousine ainsi équipée.

Cette Peugeot 402 reste fortement attachée aux images de la débâcle de juin 1940. Elle est souvent utilisée par les cinéastes dans les reconstitutions de scènes de l’exode de 1940. On voit ainsi le cortège d’une population jetée sur la route, fuyant  le front et partant vers le sud de la France au milieu des attelages hippomobiles, des charettes à bras et des  autos roulant au pas,  lourdement chargées. Cette auto méritait une image plus glorieuse.

 

 

Chrysler Airflow scandinave 2

Chrysler Airflow scandinave 2

Pour bien montrer les nombreuses connexions entre les Etats-Unis et la Scandinavie dont nous parlions dans un article précédent (voir cet article) je ne résiste pas au plaisir de vous montrer ce très intéressant jouet.

Ce n’est pas une Chrysler. Non, c’est une Plymouth. Le jouet a été fabriqué à Nyköping en Suède. Vous pourriez penser qu’il ne s’agit que d’un exemple supplémentaire. Cependant, ce jouet a une particularité. Il a été fabriqué chez ANA.

ANA était l’unité de fabrication à l’échelle 1 des Plymouth en Suède. Afin de contourner les taxes douanières, cette petite usine suédoise a assemblé pendant quelque temps des Plymouth pour le marché local. Chose exceptionnelle, le jouet était fabriqué au même endroit que les autos à l’échelle 1.

ANA Plymouth berline mécanisme
ANA Plymouth berline mécanisme

Autre singularité, le modèle comportait un ingénieux système de propulsion L’enfant pouvait tirer une ficelle qui passait à travers une large fente pratiquée sur le pavillon : il entraînait ainsi un cylindre sur lequel les roues étaient fixées.

Le modèle en plâtre

Cette Chrysler Airflow est une rareté. Je ne l’ai vue que deux fois. Elle est directement inspirée des modèles en caoutchouc. L’échelle de reproduction est proche du 1/38. Le matériau utilisé est une sorte de composition ressemblant à notre « plâtre et farine  » français. Dans les catalogues de la C-I-J le nom servant à désigner ce matériau était la plastiline. Par rapport au modèle en caoutchouc, les parties vitrées sont évidées. Les roues sont en aluminium. C’est un étrange produit qui devait être d’une grande fragilité.

Erica

J’ai un souvenir très précis concernant ce modèle peu fréquent. Je n’ai jamais reçu la première Erica que j’avais achetée ! Le colis s’est perdu en Allemagne durant son acheminement.

Il y a plus de trente ans, un ami danois qui était à Copenhague pour une vente aux enchères, m’avait annoncé qu’il m’avait enfin trouvé un exemplaire de cette Chrysler Airflow. Ne pensant pas me voir, il n’avait pas jugé bon de l’emmener avec lui. Qu’à cela ne tienne, j’avais payé le modèle et lui avais demandé de me l’expédier. Il n’arriva jamais ! J’ai dû patienter près de 25 ans pour en trouver un autre. La Chrysler ressemble, au niveau de la silhouette, au modèle décrit plus haut, mais réduite à l’échelle du 1/43. Elle est en plomb. L’injection et la gravure sont de bonne qualité. De plus, la création d’un châssis en tôle permet de reproduire les pare-chocs. On a longtemps pensé qu’elle avait été créée en Suède. Depuis quelque temps, des collectionneurs danois avancent qu’elle serait plutôt du pays d’Andersen. Je la connais de couleur bleue ou bordeaux.

RS Toys : trois petites  autos et puis s’en va

Voilà une firme qui aurait pu avoir un autre destin. En effet, à l’origine de cette firme, nous retrouvons l’importateur des jouets Märklin pour la Suède, M. Uno August Riese.

Nul besoin de préciser qu’à la fin des années trente la firme de Göppingen bénéficie d’une aura internationale. Avoir en charge la distribution de ses produits est une marque de confiance. On en déduit que M. Riese disposait déjà d’un solide réseau de marchands de jouets pour écouler sa propre production.
Ce dernier a acquis la firme portant le patronyme « Mars » en 1935. Cette société spécialisée dans la fabrique de soldats de plomb avait été créée à Stockholm au début du siècle. Lorsque son fondateur Oscar Starck décède, c’est le prototypiste Lindberg, qui prend les rênes. Si ce dernier a un réel talent de graveur, ce n’est pas un bon gestionnaire. En août 1935, il doit se résoudre à céder l’entreprise à M. Riese, et demeure en son sein comme mouliste. Les trois modèles commercialisés sont d’excellente qualité. Cela n’est pas dû au hasard.

Les contraintes de fabrication particulièrement lourdes se répercutent sur le prix de revient des modèles. Nous avons de bonnes informations sur ce sujet grâce à M. Kaj Wicklander que j’ai rencontré en 1988. Ce dernier avait récupéré les trois moules. A partir de ces derniers et avec l’aide d’un artisan, il s’est décidé à ressortir quelques reproductions dûment estampillées en tant que telles. Dans un article publié en 1980 dans Modellers World dont il m’a fourni une copie, il explique toute la difficulté à démouler proprement les modèles injectés et en tire la conclusion suivante:

Les modèles, sophistiqués, demandaient sans doute une technique que M. Lindberg habitué aux sujets de petite taille ne possédait pas. Devant la difficulté, M. Riese, jeta l’éponge dès le troisième modèle.

La De Soto RS Toys (les initiales de M. Riese) est réduite à l’échelle du 1/43. Les modèles portent une publicité « Philipson » sur le pavillon, beaucoup plus visible sur ceux de couleur rouge. Philipson était le nom d’une concession De Soto à Stockholm. Un accord avec ce garage a peut-être garanti une commande à RS Toys. Bien évidemment, les reproductions des années 80 ne peuvent arborer cette décoration.

Lorsque je découvre une production qui m’est inconnue, j’ai pour habitude d’aller voir dans le livre de Paolo Rampini si ce dernier l’a référencée. Cet ouvrage est le plus complet que je connaisse, il n’est pas prêt d’être supplanté et m’a souvent surpris. Ainsi dernièrement alors que j’étais tout content d’avoir découvert des Tri-ang Minic de Nouvelle-Zélande en zamac, j’ai pu constater qu’une liste en avait été dressée par notre ami italien. Or aucune des trois pièces décrites plus haut ne figure dans son listing. Cela confirme bien que nous sommes en présence de pièces très rares.