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Ruralité et poudres à laver

Ruralité et poudres à laver

La rédaction du blog est parfois comme un voyage, avec ses détours et ses surprises. On part dans une direction puis on prend des chemins de traverse, et parfois on arrive là où on ne s’attendait pas.

L’histoire du jour commence par une visite à Paris, au Musée national de l’histoire de l’immigration. C’est le thème d’une exposition consacrée aux immigrés italiens qui nous y a entraînés. A l’entrée du musée nous avons été interpellés, mon épouse et moi, par un conférencier qui nous proposait de venir écouter une présentation sur l’histoire de l’immigration en France.

Il y a parfois des moments magiques dans notre quotidien, et cette présentation en fut un. Le conférencier était passionnant. En une heure de temps, j’ai compris le mécanisme et l’origine des mouvements migratoires. Tout cela était expliqué de manière pédagogique et intelligente.

Savez-vous donc pourquoi à compter de la révolution industrielle, il y a 150 ans, la France fut en Europe occidentale un des pays qui eut le plus recours  à l’immigration ?

Le territoire français a toujours eu cette particularité d’être morcelé en un très grand nombre de petites propriétés agricoles, et ce, même avant la révolution française. Le phénomène s’amplifiera sous la révolution, quand les dirigeants politiques vendront une partie des terres confisquées à la noblesse pour faire rentrer des fonds. Enfin, l’abolition définitive en 1849 du droit d’aînesse qui permettra de distribuer la terre à parts égales entre les descendants viendra morceler un peu plus la campagne.

Notre pays est donc constitué d’un grand nombre de petits propriétaires terriens, très attachés à « leur » terre. Chez nos voisins européens, les exploitations ont toujours été de taille plus importante.

Au moment de la révolution industrielle au milieu du 19eme siècle, il a fallu des ouvriers pour faire tourner les usines et l’industrie française a manqué de main-d’oeuvre.

En effet les paysans français ne voulaient pas quitter cette terre transmise de génération en génération pour partir à la ville.

L’industrie a donc du donc faire massivement appel à la main d’oeuvre étrangère. Ce sont d’abord les Belges qui ont formé les plus gros bataillons de main d’oeuvre, puis les Italiens, les Espagnols et enfin, plus récemment les Portugais.

Cette révolution industrielle amena son lot d’innovations, de progrès techniques et de confort dans les foyers. C’est incontestable. Tous les appareils qui ont facilité la vie ménagère ont bien évidemment d’abord été distribués dans les grandes cités. Puis il a fallu trouver d’autres débouchés.

Mais comment atteindre les fançais qui vivent à la campagne ? En 1906, 43% de la population est rurale, en 1954 , un tiers de la population vit encore à la campagne.

Il y eut bien sûr les foires commerciales qui s’installaient chaque année dans le chef-lieu départemental. Ces foires ont gardé jusqu’à il y a peu de temps une certaine importance. C’était une occasion pour la campagne « de monter à la ville ».

Un autre vecteur et non des moindres fut celui des caravanes publicitaires accompagnant les événements sportifs et notamment les épreuves cyclistes. Le Tour de France bien sûr mais aussi tous les critériums qui jalonnaient le calendrier du printemps à l’automne.

Parcourir les pages des trois revues hors-série de « Charge Utile » consacrées à « La caravane publicitaire » est des plus révélateur. Les auteurs, Jean-François Colombet et Roger Colliat nous prouvent à travers ces trois ouvrages que les industriels ont débordé d’imagination pour faire découvrir au public rural leurs produits et leurs innovations.

Un des véhicules les plus extraordinaires à mes yeux est celui que mon ami François Laurent m’a présenté dernièrement. Ce dernier m’a confié deux revues datant l’une de 1933 (« Automobilia ») et l’autre de 1934 (« Le Poids lourd »).

On y voit la photo d’un étonnant véhicule, avec ce texte laconique « Paquette et Breteau à Bagnolet . La plus importante maison française spécialisée dans la construction légère et robuste des carrosseries poids lourds ». Il s’agit d’un tracteur Panhard à cabine double auquel est attelée une semi-remorque tôlée à un seul essieu. Ce véhicule a été commandé par la marque de lessive Persil.

Le camion possédait une remorque dépliable, avec un socle rétractable équipé d’une batterie de machines à laver et rincer le linge. Dans les années trente, ce devait être une bien curieuse animation que de voir à chaque étape du Tour de France ces machines à laver fonctionner. Les lavandières ne devaient pas en croire leurs yeux.

Ce camion ne m’était pas inconnu, il trônait en deux exemplaires dans mes vitrines. Cependant, j’ ignorais sa fonctionnalité et l’usage qui en était fait sur le Tour de France.

Cela explique la présence de la cabine double permettant d’emporter du personnel, et l’essieu simple à l’arrière de la remorque. Le poids n’était pas une préoccupation.

Il a été reproduit par la firme française DC. Le modèle réduit est très fidèle et répond ainsi parfaitement à sa vocation promotionelle. Il existe des variantes de nuances de couleurs.

Dans les pages d’un des Hors-série de « Charge Utile » consacré à ces véhicules publicitaires, on découvre que la société Butagaz fit de même avec l’un de ses camions, afin de promouvoir le confort de la cuisson au gaz. A chaque étape, on cuisinait dans le camion des gâteaux qui étaient ensuite distribués au public. Quelques photos plus loin, c’est un Unic ZU 53 aux couleurs Primagaz avec équipement rétractable, et éléments de cuisson qui est présenté.

Au regard de ces pages, un constat s’impose. Les industriels ont utilisé les véhicules publicitaires pour pénétrer le marché rural, et ce, très tôt. Les aspirateurs, téléviseurs et machines à laver sont arrivés à la campagne en grande partie grâce à ces véhicules de démonstration.

(voir un autre blog consacré aux véhicules publicitaires du Tour de France)

 

 

Accordéon,flonflons,camions et Napoléon

Accordéon,flonflons,camions et Napoléon

Trouver un lien entre ces quatres mots est loin d’être évident. C’est pourtant le tour de force qu’a réalisé le réalisateur Jean Delannoy en 1953 avec son film « La route Napoléon ». 

extrait du film "La route Napoleon"
extrait du film « La route Napoleon »

L’histoire se déroule dans le monde de la publicité. Monsieur Martel est le propriétaire d’une régie publicitaire. Il s’escrime à trouver des slogans qui riment, comme le voulait la mode des années cinquante.

 

Le tourisme se porte mal et il a pour mission de faire revenir les touristes dans les campagnes françaises. Pour cela, rien de mieux que de faire revivre les exploits d’un des personnages historiques français les plus populaires, Napoléon.

Il a donc l’idée de proposer aux touristes un circuit dont les étapes s’inscrivent dans les traces de l’empereur de retour de l’île d’Elbe. Débarqué à Golfe Juan, l’empereur est en effet remonté jusqu’à Grenoble. L’itinéraire qu’il a suivi est connu sous le nom de la « Route Napoléon ».

Notre publicitaire adapte le trajet à sa convenance et réécrit l’histoire au nom de la rentabilité commerciale. Ce film est une satire assez bien sentie du monde de la publicité, et le publicitaire y apparaît peu scrupuleux et prêt à toutes les compromissions pour arriver à ses fins.

Ce qui a cependant retenu mon attention, et celle de Monsieur Dufresne qui m’a fait découvrir ce film, c’est la présence, du début à la fin, d’une partie de la caravane publicitaire du Tour de France cycliste.

Au départ du film, c’est une caravane de Renault 4cv Cinzano qui traverse l’écran, au niveau de l’avenue d’Iéna, accompagnée d’un Simca 9 Aronde. Nous sommes tout de de suite plongés dans l’ambiance.

Puis c’est Monsieur Martel qui dans sa superbe Buick Roadmaster cabriolet passe en revue toute la caravane alignée en épis sur un parking, comme un général avant le départ pour une campagne militaire. Un peu plus loin dans le fim, on revoit l’auto en marche précédant la longue cohorte bariolée des véhicules publicitaires. Clin d’oeil à Napoléon et aux images d’Epinal où l’on voit les plus grands conquérants partir à la guerre à la tête de leur troupes.

La caravane s’attaque ensuite aux lacets des routes alpines, ce qui donne lieu à de belles images.  Quel  plaisir de voir le Ford Waterman, la De Rovin, le car Cinzano et le semi-remorque podium de chez Pernod. La caravane part à l’assaut des petits villages qu’elle envahit pacifiquement, en apportant réclames et slogans publicitaires sur la place publique. Seul le curé et l’instituteur essaieront de résister, en vain.

Comme Napoleon avant Waterloo, La publicité emporte tout sur son passage. La vie d’un village se trouve ainsi bouleversée : camions  et semi- remorques sont déployés en scène éphémère où des artistes viennent chanter, jouer de l’accordéon et distribuer des cadeaux à la foule émerveillée par les flonflons de l’animation.

Une chose est certaine, Cinzano est la firme la plus représentée dans le film. Outre les Renault 4cv, on y voit la Renault Dauphinoise et le car à plateforme et mezzanine.

Les publicités pour cet apéritif sont omniprésentes, il a dû couler à flot pendant le tournage.

Mais revenons en détail sur nos miniatures

La plus célèbre est la Renault 4cv « Cinzano » (décrite plus haut et dans le blog sur la Renault 4cv).

C-I-J a reproduit une autre Renault 4cv, mais en tôle et à une échelle proche du 1/20. C’est la « Saint-Raphaël », apéritif concurrent de « Cinzano ». La décoration est sublime, faite au pochoir d’après un travail préparatoire de Loupot. Sa signature apparaît à l’arrière de l’auto. Il y a quarante ans nous avons succombé au charme de l’objet et l’avons intégré à notre collection, malgré la différence d’échelle de reproduction.

Viennent ensuite les deux camions de chez PR reproduisant des véhicules de la caravane du Tour de France cycliste : le « Waterman » et le « Le Chat ». Ils suscitent toujours l’admiration de nos amis étrangers et symbolisent à eux deux tout l’univers des festivités « made in France ».

Pour information, Il existe deux décalcomanies différentes sur la partie arrière du camion Waterman (couleurs du lettrage).

L’autre fabricant célèbre à avoir inscrit à son catalogue deux autres véhicules de la caravane du Tour de France est la firme « Les Roulier ». Le célèbre camion Renault « Byrrh » en forme de tonneau a eu dans la réalité une longue carrière.

Ce jouet existe dans deux finitions : avec ou sans  finition  bois.

Le second est le plus rare et le plus désirable des reproductions jouets des véhicules du Tour de France. Il s’agit du Renault « Vitabrill ». Son échelle de reproduction avoisine le 1/75. Il existe deux variantes de roues et de nuances de vert. Celui présenté est fini en vert pré. L’autre version est vert foncé. Il est présenté dans la boîte de la Renault Etoile Filante, surchargée d’un papier.

La pince à linge « Uni Blanc » est un produit des plus intéressants. C’est aussi un grand classique de la caravane du Tour de France. Le véhicule a également connu des variantes de décalcomanies et de roues. Cela peut s’expliquer par le nombre de campagnes publicitaires auxquelles ces véhicules ont participé.

A suivre. (en attendant, vous pouvez revoir cet autre article consacré à ce sujet)

La Peugeot 203 en safari !

J’ai trouvé ce coffret aux Etats-Unis lors d’une bourse d’échange à Allenntown. Il y a toujours un grand plaisir à découvrir un modèle que vous ne connaissez pas. Mais là, une auto française, une Peugeot 203 perdue aux fins fonds des Etats-Unis, le plaisir était décuplé !

Tout de suite, les amateurs que vous êtes auront vite fait de reconnaitre dans le modèle Bayshore, une copie d’un modèle produit en France par Cofalu : la Peugeot 203 radio télévision, voiture suiveuse du tour de France cycliste.

Peugeot 203 Safari Bayshore
Peugeot 203 Safari Bayshore

Le modèle est réduit à l’échelle du 1/32 environ (13 cm pour l’auto, 14 cm avec la plateforme). Quelques détails diffèrent entre les deux modèles. Chez Bayshore, le couvre capote enroulé sur le pare brise a disparu, de même que la plaque au dessus du pare choc avant. La copie se veut plus polyvalente, par la suppression des 2 supports horizontaux maintenant la plateforme. En fait Bayshore a transformé son modèle en cabriolet, en créant au niveau de la malle arrière un disgracieux système de maintien de la plateforme à l’aide d’un bouchon en plastique de couleur orange : on peut douter de l’efficacité du système de rotation de la plateforme ! Les roues ne sont plus en plastique monobloc mais avec des pneus en caoutchouc rapportés sur des jantes en plastique de couleur noire; il a fallu bien de l’imagination à Bayshore pour faire passer cette Peugeot 203, des routes ensoleillées du Tour de France, à celles défoncées des pistes africaines !

A travers la composition de ce coffret, il est évident que la clientèle visée est celle d’enfants en bas âge… la présence des animaux féroces devaient plus les attirer que celle de cette 203… inconnue aux Amériques !

D’ailleurs, je me souviens qu’un jour, à Chicago, un marchand américain m’a demandé de mettre un nom sur cette mystérieuse européenne…

Il faut quand même revenir sur la composition de ce coffret qui a autant d’intérêt que l’auto elle-même. Les figurines sont toutes à des échelles différentes. On observe un chasseur blanc présenté maladroitement en train de viser un fier guerrier africain, lui-même de taille équivalente à la girafe. Le lion chétif et le tigre (curieuse cohabitation) sont de taille équivalente au… daim… plus familier des pays continentaux !… peu importe, le charme opère, et ce coffret est une rareté.

Il ne doit pas être contemporain du modèle Cofalu, mais bien plus tardif. Observez le dessin du carton… on voit apparaître en haut à droite une Lincoln Continental du début des années 60.

Un client Canadien m’a indiqué une autre variante de couleur pour cette auto.

Il n’y a plus de saisons !

Chaque épisode météorologique un peu marqué s’accompagne désormais de réflexions nostalgiques en appelant aux beaux étés et aux vrais hivers d’antan : « il n’y a plus de saisons ! » Les médias nous accablent de chiffres et de statistiques pour nous convaincre du dérèglement climatique. L’hiver rigoureux de l’année 2013 fut bien là pour nous rappeler les caprices de la météo et ce que l’on peut encore attendre du mois de mars.

Coffret Tour de France
Cofalu diorama d’origine avec 203

Après nous avoir alertés sur les caprices du temps, ces mêmes médias aiment nous rassurer par la régularité du calendrier et des événements incontournables qui le rythment. Dès le lendemain de Noël, nous avons droit à l’article sur les cadeaux échangés ou revendus sur l’internet. Le premier de l’an est consacré au nombre de voitures brûlées dans la nuit du réveillon. Le lundi de Pentecôte nous avons droit à un petit couplet sur la pagaille introduite depuis la création de la journée de solidarité. La technique du « copier-coller » évite toute fatigue excessive.

Afin de rompre cette monotonie, j’ai décidé de bouleverser le calendrier ! Alors que bien au chaud chez vous vous seriez en droit d’attendre un reportage sur le chassé-croisé des sports d’hiver, illustré par des témoignages en direct de l’aire de repos d’autoroute, je vais vous parler du Tour de France. Les photos des coffrets ayant pour thème la célèbre épreuve du mois de juillet devraient vous replonger dans l’atmosphère de l’été dernier, quand il faisait bon et que les nuits étaient courtes. Oublions la pluie et les congères qui bloquent les routes. J’envisage par ailleurs cet été, de vous proposer un dossier sur les chasse-neige…!

J’ai donc choisi de vous montrer un ensemble sur le Tour de France peu fréquent. Il est l’œuvre de Victor Salza. Si tous les modèles de ce coffret sont connus, il n’en reste pas moins que je n’ai jamais rencontré un deuxième coffret de ce type.

Il est pourtant d’origine. Les éléments sont fixés au socle avec des agrafes en acier, du même type que celles qu’utilisait Quiralu pour maintenir les sujets sur le socle de leur coffret. Nous avons acquis cet ensemble dans les années 80 auprès du regretté Jean-Marc Bougan. Le décor imprimé en fond de coffret démontre que nous sommes en présence d’un objet de série.

Le coffret présente l’intégralité des productions de Salza. On identifie ainsi la séquence ravitaillement, l’incontournable fin de peloton avec voiture- balai et ambulance, et, au centre, le reportage télévisé.

J’avance l’hypothèse,

Coffret Tour de France
rare plaquette Salza

selon laquelle ces coffrets étaient destinés aux marchands de jouets pour leur permettre de présenter en vitrine la gamme complète Salza. Je me rappelle fort bien qu’entre la fin du mois de juin et la mi-juillet, les vitrines des magasins de jouets de la ville où j’habitais, mettaient le Tour de France à l’honneur. C’était la période où le commerçant pouvait espérer tirer bénéfice du stock de coureurs cyclistes qu’il avait acquis pendant l’hiver. Pour ce faire, il se lançait parfois dans la réalisation de beaux décors avec les produits Salza auxquels il joignait quelquefois la dernière Dinky Toys, même si l’échelle de reproduction était différente ! Il est certain que d’autres magasins, moins investis dans l’opération pouvaient se contenter du petit diorama tout fait. Ce diorama est placé dans une boîte en carton souple au format du socle et se range facilement d’une année sur l’autre.

Je vous présente également une planche de Cofalu qui met en scène une belle Peugeot 203 aux couleurs de l’équipe France et un petit groupe de coureurs suivant le maillot jaune. Il est à noter que cette 203 est dépourvue de la bâche repliée au dessus du pare brise qui équipe d’autres modèles.

Présentons enfin un dernier petit ensemble non dénué de charme. Il met en scène une Willys porte vélos de chez Polichinelle et un groupe de coureurs. Le carton servant de support est très explicite. L’arrière-plan avec le groupe de retardataires met en valeur l’échappée qui se déroule sous nos yeux au premier plan ! Le ciel est bien bleu, la foule crie et encourage ses héros. C’est la fête. Le diorama produit son effet, on se sent spectateur de l’épreuve ! C’est bien là le rôle du jouet de vous transporter ailleurs. N’est-ce pas cela que nous recherchons à travers la collection ?

De la Terre à la Lune en Jeep

La Jeep est un cas unique dans l’histoire de l’automobile. Où que l’on soit dans le monde, son nom évoque immédiatement un engin ingénieux et tout terrain. Il est rentré dans le langage courant comme le frigidaire désigne un réfrigérateur et le scotch un rouleau de ruban adhésif. Lorsqu’en juillet 1971 la mission Apollo 15 fit rouler sur la lune le LRV, un engin tout terrain à propulsion 3030électrique, les journalistes toujours friands de raccourcis faciles parlèrent alors de jeep lunaire !

Jeep
Made in France !

C’est bien dire à quel point ce petit véhicule qui vit le jour lors de l’entrée des USA dans la seconde guerre mondiale évoquait pour le grand public un véhicule à tout faire.

L’état major américain qui préparait son entrée en guerre avait élaboré un cahier des charges draconien et un rien utopique. Par exemple l’infanterie souhaitait que le véhicule puisse être porté à bout de bras par les soldats ! Pour cela un poids maximum de 590 kilos avait été imposé. Aucun constructeur ne pourra relever le défi pour un véhicule doté de 4 roues motrices. Cependant, une petite firme du nom de Bantam passa outre la contrainte du poids et proposa un véhicule qui se rapprochait des critères exigés. Une fois le véhicule approuvé il apparut que les capacités de production de cette petite firme étaient incompatibles avec les volumes de commande de l’état américain. Comme ce dernier avait acquis les brevets et les droits de fabrication de l’auto, il en confia la production à Willys, la firme qui paraissait la moins chère. Cependant, L’état américain modifia sa commande à la hausse et Willys se trouva dans l’impossibilité d’honorer la commande. Seul Ford pouvait garantir une telle production. On donna alors à Bantam un lot de consolation avec la fabrication des remorques ¼ de tonne…

Pour les français, ce véhicule est à jamais lié à la libération du pays par les alliés. Dès la fin du conflit nombre de petites firmes françaises, proposeront des reproductions miniatures de cet engin hors du commun.

Ce pourrait être un thème de collection à part entière. En bois, en tôle, en plâtre, en plomb et assez rarement en zamac elles seront proposées à la vente dès 1946. En les voyant, on sent bien que la guerre est encore proche et que ces autos ont été faites avec les moyens du bord. Les roues sont en bois, en tôle ou en plomb et il n’y a pas de caoutchouc pour les pneus.

A force d’avoir accumulé au fil des années de nombreuses reproductions un détail a fini par m’intriguer. Au sortir de la guerre, toutes les reproductions sont aux couleurs des forces américaines et frappées de l’étoile blanche. Puis, les fabricants qui ont réussi à trouver un marché vont progressivement décorer leurs jeeps aux couleurs françaises.

C’est le cas par exemple des Polichinelle. Enfin, les fabricants les plus solides, comme Dinky Toys ou Polichinelle vont s’orienter vers des versions civiles comme par nécessité de tourner la page et de regarder vers des lendemains plus heureux. Il faut dire que la jeep remplacera dans bien des corps de métier le matériel détruit ou vieillissant du parc automobile français. Du Tour de France cycliste aux ponts et chaussées en passant par les sapeurs-pompiers et la gendarmerie, elle fera partie du paysage automobile français d’après-guerre.

Pour illustrer ces propos, j’ai choisi de vous présenter des modèles de fabrication française produits juste après la guerre. La plupart, éphémères, sont de marque inconnue.

Jeep
Inca Willys Jeep

Celle en plâtre, avec ses deux GI et sa petite toile tendue à l’arrière est une Inca. Les roues qui l’équipent sont similaires à la monoplace Bugatti que cette entreprise avait produite. J’ai entendu parler, sans l’avoir jamais vue, d’une version pompier. Celle qui possède un pare-brise en tôle rabattable reste pour moi un mystère. Elle est superbe tant au niveau de la justesse des formes que de la réalisation. Et pourtant, nous n’avons pas d’information sur les conditions de sa production. Il est possible qu’un prix de vente trop élevé ait limité sa diffusion.

Jeep
Pour l’armée Rouge ? !!!

La ligne des deux autres est plus pataude. La version de couleur rouge frappée de l’étoile américaine résulte d’un curieux choix du fabricant, ici aussi inconnu. La couleur kaki ne faisait peut-être plus recette.

Un dernier détail traduit le besoin de franciser les productions : rapidement, les fabricants ont affublé leurs reproductions de jeeps de prénoms féminins français, à l’image des vraies Jeep que les soldats décoraient au fur et à mesure que les troupes avançaient vers le front… et que se multipliaient les conquêtes féminines !