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Etoiles mystérieuses

Contrairement à ce qu’indique Paolo Rampini, dans son ouvrage, il est peu probable que ces monoplaces Mercedes soient d’origine Bapro. Ils ne présentent aucune trace de fabricant.

Monoplaces Mercedes avec ou sans pilote
Monoplaces Mercedes avec ou sans pilote

Il est sûr cependant qu’un lien les unit aux monoplaces Bapro présentées dans l’article précédent : leur provenance scandinave, et plus précisément danoise.

C’est d’ailleurs dans ce pays que nous les avons acquises. Il est pourtant surprenant que l’ouvrage édité au Danemark sur les jouets « Made in Denmark » ne comporte aucune allusion à ces monoplaces Mercedes.

L’inspiration est nettement Germanique. La similitude avec la monoplace proposée par Märklin sous la référence 5521/61 est évidente.

Nous pouvons distinguer deux moules différents. Le premier des deux comporte le numéro 42.

  • La première variante issue de ce moule est en zamac peint de couleur argent. Elle mesure 11,3 cm. Les jantes sont en zamac brut, retenues par les bouts d’axes qui sont pincés. Cette variante est peu fréquente. Elle est suivie par une variante mesurant 11 cm. L’allure générale est également légèrement différente, la première variante apparaissant plus trapue.
  • La seconde version est disponible en finition chromée, avec jantes en zamac brut non perforées. Ces dernières laisseront la place à des roues en bois peintes de couleur argent sur la version de couleur bleu métallisé, ou peintes en noir sur la version couleur bordeaux.
  • Enfin, à partir de la même base, un autre petit fabricant proposera une ultime version, sans numéro 42, avec une gravure plus grossière, observez notamment les ouïes de refroidissement sur le capot, et avec un empennage plus court. L’auto a encore perdu en longueur, sa dimension est désormais de 10,5 cm. Elle est moulée en plomb (carrosserie et jantes). Nous en avons une de couleur bordeaux clair et une de couleur jaune…d’autres couleurs existent certainement, mais je n’en ai jamais vu. Le second moule a donné naissance à une miniature en zamac chromé. Elle mesure 11,2 cm. Les jantes sont en zamac brut avec un dessin de rayons. L’origine est inconnue. Elle porte étrangement un numéro 41 gravé de chaque côté devant le cockpit. C’est une création. Les flancs sont totalement plats, la calandre fort différente de la Märklin. Un pilote en zamac peint de couleur rouge ( ! ) finit d’habiller la monoplace.

Berne 1939 : la piste aux étoiles !

C’est en chinant à Zürich, aux hasards des déballages de brocanteurs que j’ai trouvé cet émouvant document, édité pour le Grand Prix de Suisse, à Berne le 20 août 1939. Quelques jours après la course, le monde serait plongé dans le chaos.

lettre émise le jour du grand prix en 1939
lettre émise le jour du grand prix en 1939

A partir de ce petit document, je me suis replongé dans un ouvrage datant de 1969 et intitulé : « L’histoire illustrée du Grand Prix de Suisse » de René Häfeli, que j’avais acquis quelques années auparavant lors d’un meeting de jouets anciens. Le livre est passionnant.

L’auteur relate qu’afin d’intéresser le public lassé par la domination des firmes allemandes, les organisateurs avaient modifié le règlement du Grand Prix de Berne 1939 pour créer une seconde catégorie ouverte aux autos de 1,5 litres. La grille de départ était établie à l’issue de deux courses qualificatives de 20 tours réservées respectivement à la catégorie 3 litres et à la catégorie 1,5 litres. La course de la catégorie 1,5 litres fut l’occasion de découvrir une future championne, l’Alfa Romeo Alfetta, qui triomphera après la guerre, (voir l’aticle 110), mais l’essentiel n’est pas là.

Lors des essais, Hermann Lang se plaint de sa Mercedes auprès de son directeur Alfred Neubauer. Il estime que son mulet a une meilleure tenue de route que sa monoplace attitrée et exige des mécaniciens qui avaient déjà changé une fois le moteur de sa monoplace personnelle qu’ils effectuent la même opération, mais sur le mulet qu’il trouve supérieur. Le directeur d’écurie assure alors à son pilote la parfaite équivalence des châssis qui ont été contrôlés en Allemagne, avant le départ en Suisse, avec la rigueur que l’on attribue généralement à nos amis germaniques. Mais rien n’y fait, et comme une diva, le pilote maintient ses exigences. Les mécaniciens travailleront toute la nuit. L’autre grand pilote de l’écurie Mercedes, Rudolf Caracciola, sent à ce moment que malgré son ancienneté dans l’écurie, son cadet de 10 ans bénéficie d’une position privilégiée. Il demande alors que l’on change également son moteur. Alfred Neubauer a une explication très ferme avec son pilote et ne cède pas. A cet instant, le clan Mercedes comprend que le lendemain, Caracciola courra pour lui et non pour son employeur.

Lors de la course servant à établir la grille de départ, il économise de manière intelligente sa monture, terminant second derrière Hermann Lang. Mercedes monopolise les 4 premières places de la grille de départ. Au départ, sur sol mouillé, l’Afetta de Farina réussit à s’intercaler entre les deux Mercedes de Lang et Caracciola. Celui-ci met 7 tours à dépasser la petite Alfetta à la faveur d’un arrêt de la pluie. Deux tours plus tard, Von Brauchitsch sur Mercedes, ravit à Farina la troisième place. L’écart de puissance sur piste sèche est tel que la petite Alfa Roméo ne peut résister. Nous trouvons donc trois Mercedes aux trois premières places. C’est alors qu’en professionnel expérimenté, le directeur Alfred Neubauer décide de figer les positions. Mais Caracciola se met au contraire à remonter irrémédiablement sur son équipier, ne voulant pas voir les signes de son directeur d’écurie au bord de la piste. Piqué au vif, il n’a qu’un souhait : prouver à tous qu’il est toujours un grand pilote. Neubauer ne tient plus en place. Les deux Mercedes, à plus de 300 kilomètres à l’heure, se présentent à chaque tour côte à côte dans la ligne droite. L’ambiance est électrique. La seule consolation pour le directeur d’écurie est la troisième place couverte par la troisième Mercedes. Alors, comme il le racontera plus tard dans ses mémoires, il prend petit à petit plaisir à regarder le spectacle. La tension est à son comble, pour le plus grand plaisir des spectateurs. La seule chose qui compte pour les deux pilotes c’est de remporter la victoire. Les intérêts de leur employeur sont passés au second plan. Alfred Neubauer prend conscience, qu’avec deux pilotes de cette trempe rien de grave ne peut arriver. Ils connaissent parfaitement leurs limites.

Le spectacle est de toute beauté. Alfred Neubauer confessera que ce fût le plus grand spectacle auquel il assista de toute sa carrière de directeur d’écurie.

Finalement, Caracciola ne pourra jamais dépasser Lang et terminera second, dans ses roues. Sur le podium, une franche accolade ainsi qu’une amicale poignée de main réconcilie les deux protagonistes et toute l’équipe pourra aller fêter la troisième victoire de suite des flèches d’argent sur le circuit du Bremgarten.

Retrouvez la suite la semaine prochaine avec deux nouveaux épisodes : « Etoile du nord » et « Etoiles mystérieuses »

Les parapluies de Cherbourg – 1

La scène se déroule à la fin du film. Guy (Nino Catelnuovo) a refait sa vie. Il a une famille. Il tient désormais une station service Esso L’escale Cherbourgeoise. C’est le mois de décembre et il neige à gros flocons. Il fait déjà nuit et l’épouse de Guy décide d’aller montrer les vitrines de Noël à leur fils.

Ils sont à peine partis lorsqu’arrive une Mercedes de couleur noire, avec, au volant Geneviève (Catherine Deneuve) son amour d’antan et une petite fille à ses côtés.

Station service Esso Tekno
Station service Esso Tekno

Alors qu’elle était enceinte de Guy, retenu en Algérie, Geneviève a fait le choix de quitter Cherbourg pour épouser Roland Cassar (Marc Michel), follement épris d’elle. Au moment de la rencontre fortuite, elle ignore tout de la nouvelle vie de son ancien amour. Inutile de rappeler que ce film est entièrement chanté et que nous devons la musique à Michel Legrand.

C’est pour rendre un modeste hommage à Jacques Demy, dont j’admire beaucoup l’œuvre, que j’ai reconstitué cette petite scènette des Parapluies de Cherbourg dans la station service Esso. Tous les composants ont été produits par Tekno. Les accessoires sont en bois peint : la firme danoise qui a commencé son activité par la production de jouets en bois a un grand savoir faire en la matière.

Tout au long de son existence elle produira des objets en bois. Il est intéressant de noter qu’Esso était très lié avec Tekno. Ce pétrolier collaborera également avec d’autres fabricants de miniatures durant les années 50, notamment Dinky-Toys France. Les autres pétroliers comprendront, mais plus tard, l’utilité de faire figurer leurs couleurs sur les miniatures, garages en bois et autres supports (films…). Tekno proposera des accessoires de différentes tailles, allant du garage au simple îlot en passant par la station service.

Curieusement, si la station Esso est bien au 1/43, les pompes sont d’un format assez généreux. Peintes avec de belles laques et décorés avec des papiers collés, ses accessoires ont fière allure. Remarquons au passage que le dessin représentant la goutte d’huile Esso est , dans les pays scandinaves, très différentq de chez nous. Jacques Demy grandit dans le garage que tenaient ses parents à Nantes. Dans le film de sa compagne, Agnès Varda : « Jacquot de Nantes » qui retrace l’enfance du cinéaste et la naissance de sa vocation, la place du garage familial est prépondérante.

Jacques Demy dira : « Les Parapluies de Cherbourg, c’est un film contre la guerre, contre l’absence, contre tout ce qu’on déteste et qui brise le bonheur » Le film obtiendra la palme d’or au festival de Canne en 1964.

(voir l’autre article https://autojauneblog.fr/2010/05/09/parapluies-de-cherbourg-2/ )