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J’vous ai apporté des bonbons …

…  Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables

C’est en 1963 que Jacques Brel crée cette chanson. Il y interprète un jeune homme un peu coincé, à la timidité inquiétante qui n’arrive pas à déclarer sa flamme à une jeune bruxelloise. Cette dernière arpente la Grand’place avec son jeune frère.

Modèle réduit chocolat Kemmel
Modèle réduit chocolat Kemmel

Cela fait plusieurs mois que Monsieur Jacques lui offre des bonbons. Au point qu’à raison d’une vignette par paquet de pralines le jeune frère a déjà pu acquérir plusieurs miniatures Delespaul ! Ce dernier, certes intéressé par les belles Minialuxe a conseillé à Continuer la lecture de J’vous ai apporté des bonbons …

L’enfance

L’enfance
Qui peut nous dire quand ça finit
Qui peut nous dire quand ça commence
C’est rien avec de l’imprudence
C’est tout ce qui n’est pas écrit

Norev : Simca Chambord et Lancia Flaminia et caravane
Norev : Simca Chambord et Lancia Flaminia et caravane

À ces questions posées par Jacques Brel dans sa chanson « L’Enfance » je ne sais toujours pas répondre. Lorsque j’ai entendu ces vers, il y a fort longtemps, je me suis d’ailleurs demandé si j’aurais la réponse un jour.
Devenu collectionneur, avançant dans la vie, le monde de l’enfance s’est éloigné. Pour certains, la collection de miniatures est un moyen de s’y replonger et c’est dans la recherche de ce paradis perdu qu’ils trouvent leur motivation. Jusqu’à présent, cette recherche du passé n’était pas pour moi une motivation.
Pourtant, récemment, je me suis surpris à commencer une nouvelle collection. Et elle est clairement liée au souvenir de l’enfance.
En effet, je me rappelle, enfant, des Norev qui trônaient dans les bureaux de tabac. En vacances chez mon oncle et ma tante, dans la Drôme, j’accompagnais souvent ces derniers lorsqu’ils allaient chercher leur tabac. J’aimais bien l’odeur particulière qui flottait dans ces lieux, différente de celle des magasins de jouets traditionnels. Les Norev dégageaient elles aussi un parfum typé, associé à celui du tabac. Je devais avoir 6-7 ans, et je me souviens aussi du regard que je pouvais porter du haut de mes un mètre vingt, sur le présentoir Norev qui se trouvait derrière le comptoir : un regard oblique, en contre-plongée. Les couleurs chamarrées des voitures étaient un enchantement. Je les trouvais très belles et le fait qu’elles soient en plastique ne gâchait pas mon plaisir. Plus tard, j’ai toujours été étonné d’entendre des collectionneurs dénigrer cette matière. Certes, avec le temps, certaines Norev se sont déformées, donnant au plastique l’image d’un matériau médiocre.

De temps en temps, mon oncle ou ma tante m’en achetaient une. J’avais l’embarras du choix et je pense qu’inconsciemment, c’est la couleur du véhicule qui emportait ma décision.
Voilà pourquoi, après avoir vendu pendant trente ans ces petites voitures dans ma boutique, j’ai décidé de reconstituer l’ensemble de la gamme de cette période. En fait, j’avais déjà gardé, et ce depuis très longtemps, les premières séries, celles avec les châssis tôle. Désormais, je conserve également celles qui ont été distribuées en étui jaune et noir. Je m’attache à ne conserver qu’une couleur de chaque mais j’essaie, dans la mesure du possible de garder une couleur qui touche ma sensibilité. C’est un moyen agréable de replonger dans le monde de l’enfance.

Monsieur Alain

En ce vendredi de janvier, le plat pays est recouvert d’un manteau blanc. La température extérieure frôle les -6°. Les canaux sont gelés, le soleil est pâle, on se croirait dans un paysage de Brueghel. C’est à la suite d’un coup de téléphone de « Monsieur Alain », citoyen bruxellois dont j’ai fait la connaissance à la fameuse bourse du Woluwe à Bruxelles il y a près de trente ans, que j’ai pris la route du nord.

Avec le porte clefs !
Avec le porte clefs !

Comme beaucoup d’autres collectionneurs, j’étais à la recherche des mythiques Gasquy quand Monsieur Alain se proposa de m’aider dans mes recherches. C’est ainsi qu’a commencé notre relation de collectionneurs.

La bourse avait lieu deux fois par an et nous avions pris l’habitude de correspondre entre les deux manifestations pour nous tenir informés de nos trouvailles respectives en vue de futurs échanges. Ils sont rares les collectionneurs passionnés avec qui il est possible de procéder ainsi. Pour procéder à un échange il faut une estime et une confiance réciproques. Je peux même affirmer que le plaisir de dénicher un modèle pour son correspondant est aussi important que le modèle que vous allez obtenir en échange.

Belgique Volvo N88 "chocolats Jacques"
Belgique Volvo N88 « chocolats Jacques »

Bien qu’il s’agisse sans conteste du plus grand évènement européen, la bourse du Woluwe a malheureusement périclité et nos rencontres se sont espacées, jusqu’à ce coup de téléphone inattendu. Monsieur Alain avait pris pour des raisons toutes personnelles la difficile décision de se séparer de sa collection. Il m’invitait à venir le voir, sans oublier de préciser que je ne le regretterais pas. Cela, je n’en doutais pas le moins du monde. Nos relations antérieures m’avaient appris à le connaître. Discret, modeste, je savais qu’il cachait quelques trésors amassés durant des décennies de chine.

Dès mon arrivée, nous sommes partis dans des discussions d’amateurs, comme au bon vieux temps de nos échanges. Il faut dire que l’accent bruxellois de mon interlocuteur est un ravissement pour l’oreille. C’est Jacques Brel au pays des miniatures !

Il m’ouvrit ses vitrines. Tout était disposé avec goût, avec passion. Il n’est pas si courant que les gens sachent mettre en valeur leur collection. La petite couche de poussière sur les modèles donnait un côté désuet à l’ensemble, comme celui d’un vieux et beau magasin de jouets où le temps se serait arrêté. Fin connaisseur, Monsieur Alain, savait bien repérer les modèles que je destinais à la revente et ceux qui iraient dans mes vitrines. Pas besoin de lui préciser. Il souhaitait d’ailleurs que certaines pièces rejoignent mes vitrines. Dans la vie d’un collectionneur ce sont de beaux moments que ceux de la transmission, d’un savoir, d’un patrimoine. C’est une petite partie de vous, Monsieur Alain que j’ai emmenée ce jour-là de Bruxelles.

Pour illustrer cette première partie j’ai choisi une sélection de modèles en plastique. C’est un point commun qui nous rapproche Monsieur Alain et moi. Nous avons toujours eu une grand attirance pour ce matériau, longtemps dénigré par d’autres collectionneurs. En rapport avec sa nationalité belge, voici des miniatures en plastique « made in Belgium ». Le Volkswagen Kombi réduit à l’échelle du 1/42 est rare. Monsieur Dufour en possède un, et, depuis que je l’ai découvert, j’avais vainement essayé d’en trouver un. C’est l’acquisition qui m’a donné le plus de plaisir dans la collection de « Monsieur Alain ». Il est de fabrication inconnue.

Les autres modèles forment un intéressant trio de véhicules réalisés pour le chocolat Jacques. Ils précèdent la série de miniatures produites par Sablon et estampillées « Jacques chocolat ». Les deux camions réduits à l’échelle du 1/42 environ sont peu fréquents. J’en profite également pour vous présenter l’album de vignettes que les enfants collectionnaient en achetant des tablettes de chocolat.

Espérons que l’envie d’acquérir de beaux camions n’aura pas entraîné surconsommation et crise de foie !

Du sur-mesure chez Lion Car

Avec son allure de marin néerlandais, Hans Tobbe semblait sortir tout droit de la chanson de Jacques Brel « Amsterdam ». Dans les bourses de jouets anciens, son air bourru a découragé plus d’un acheteur potentiel. Il faut dire qu’il rabrouait facilement les contemplatifs.

Daf pick-up  promotionelle de  chez Lion Car
Daf pick-up promotionelle de chez Lion Car

Avec le temps, j’ai pourtant tissé avec lui des liens chaleureux. Notre passion commune pour la firme Lion Car nous a rapprochés. Au départ, le fait qu’un étranger puisse s’intéresser à cette firme lui avait paru suspect. J’ai dû lui prouver mon intérêt pour la firme de Wassenaar sur la base d’échange d’informations, notamment en ce qui concerne les modèles d’exportation. Ma petite connaissance des modèles produits au Danemark et en Espagne par Lion Car a servi d’entrée en matière.

Au fil des années, Hans Tobbe n’hésitait plus à me héler dans les allées s’il avait des modèles publicitaires rares à me proposer. Sa passion pour Lion Car l’a conduit à publier un ouvrage sur cette firme.

Le livre qui date de 1981 fait encore autorité aujourd’hui. Hermétique aux subtilités des langues nordiques, il m’a fallu cependant recourir à un petit appendice contenant une traduction en langue anglaise, assez rare à trouver d’ailleurs.

La version proposée ce jour sur le blog vient de sa collection. Petit à petit, Hans Tobbe s’en est séparé, discrètement. Compte tenu de cette circonstance et par respect pour son choix, je n’ai jamais osé lui demander les raisons, d’autant qu’il ne m’a jamais indiqué qu’il cédait sa collection. Pourtant, l’arrivée sur le marché des modèles qui figuraient en photographie dans le livre ne laisse aucun doute sur leur provenance. Sans prévenir, Hans Tobbe a disparu un jour du milieu des collectionneurs.

Selon ses propos, extraits du livre « Lion Car 1956-1981 », notre petite Daf pick-up est à classer dans les « petits utilitaires légers ». La version pick-up connaît de nombreuses variantes. Son apparition date de 1960 et sa production a duré jusqu’au milieu des années 70. Il n’est donc pas étonnant de trouver autant de variantes. Ainsi le châssis portera successivement la gravure « daffodil », Daf 750 et enfin Daf 33.

La miniature, d’abord dépourvue d’aménagement intérieur en recevra un au milieu de sa production. Enfin, étrange variante que l’on retrouve sur toute la production Lion Car, le capot reçoit une gravure « Daf » avant que celle-ci disparaisse. Hans Tobbe dénombre six couleurs… j’avoue n’en avoir croisé que deux. Le modèle présenté est, à mes yeux, fort intéressant. Il est évident que Daf et Lion Car entretenaient des liens étroits.

Lion Car a très vite consacré toute son activité à reproduire en miniatures les véhicules de la firme néerlandaise. Ainsi lorsque « Palthe », célèbre teinturier de Almelo aux Pays Bas, a fait transformer ses Daf 750 pick-up en les équipant de portiques, et par voie de conséquence d’une carrosserie surélevée, Lion Car a inscrit cette transformation à son catalogue. Il lui a suffi d’injecter en plastique transparent la partie surélevée. Le but était de proposer cette miniature aux professionnels qui avaient adopté ce type de carrosserie, et à des fins promotionnelles, de décorer les modèles à leurs couleurs.

Ainsi, le magasin de chapeaux et de vêtements « Gerard Worm », situé à Alkmaar aux Pays-Bas, a commandé à Lion Car des reproductions en miniatures de sa flotte de véhicules. Les couleurs élégantes finissent d’en faire une jolie miniature. Pour l’anecdote, en 2011, le magasin « Gerard Worm » et le teinturier « Palthe » existent toujours. Nous n’avons jamais trouvé la version « Palthe ».

De temps à autre apparaissent des versions sans publicité, car devant le peu de succès de ces versions à usage très particulier, Lion Car avait diffusé le surplus des pièces en plastique transparent.

PS : nous tous, collectionneurs, souhaitons un bon rétablissement à Monsieur Dufour. Nous avons besoin de ses lumières et de sa bonne humeur.