C’est dans une manifestation en province que j’ai découvert par hasard cet ensemble de musiciens. Le marchand qui le proposait à la vente l’avait installé fièrement dans une petite vitrine à l’abri des manipulations. Cet espace était consacré aux pièces rares ou fragiles. A l’annonce de son prix, j’ai remis l’objet en vitrine, malgré intérêt que j’avais pour lui. C’est alors qu’un autre objet figurant dans la même vitrine attira mon attention. Le marchand me proposa alors une réduction substantielle pour l’acquisition des deux pièces et c’est ainsi que j’entrais en possession de ce petit objet dont j’avais dès le départ pressenti tout l’intérêt qu’il représentait pour mon blog.
Qu’elle était la fonction de ce petit coffret ? En quittant le port le matelot l’emmenait-il avec lui en souvenir de son escale ? Le coffret est estampillé Oostende, port belge, mais il a pu exister avec d’autres noms de villes ouvertes sur l’océan, des villes qui vivent la nuit au rythme des chants des marins. On imagine bien la barrique portant le nom d’Amsterdam, d’Anvers ou de Hambourg ! C’est bien là le pouvoir de ces objets, ils nous racontent des histoires. Ainsi, j’aime à imaginer la vie nocturne des ports, endroits propices à l’aventure qui ont inspiré nombre d’écrivains.
Pour rester en Belgique, pays qui nous accueille, j’ai choisi de vous présenter des modèles de la marque Gasquy. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de cette firme originaire de la banlieue de Liège (Herstal). Outre ses Studebaker et ses classiques Chevrolet Styleline, cette firme liégeoise avait mis à son catalogue cette bien surprenante et mystérieuse voiture tchèque. Il faut avouer que cette carrosserie atypique avait de quoi séduire les fabricants de jouets en quête de modèles originaux. Cette Tatra 600 est l’évolution logique du modèle apparu avant la seconde guerre mondiale. Ses principales caractéristiques sont le moteur à l’arrière et une carrosserie aérodynamique. Présentée en 1947 à Prague, elle prendra le nom de Tatraplan en raison de la planification organisée de l’économie socialiste. La Belgique a importé cette auto, ce qui peut expliquer le choix de Gasquy de l’avoir inscrite à son catalogue. Présentée au salon à Paris à partir de 1948, elle ne rencontrera aucun succès. Dans les rues des années cinquante, la Tatraplan ne devait pas passer inaperçue. De plus, venue de l’autre côté du rideau de fer fraichement érigé, son origine lui donnait une connotation politique assez marquée. Imaginons ce type d’auto circulant dans les rues du port d’Oostende ou d’Anvers…de là à identifier les occupants comme étant des agents de l’est, il n’y a qu’un pas !
Gasquy, firme qui a disparu trop vite, nous a proposé une belle reproduction de cette Tatraplan. En dehors de firmes tchèques comme Smer, seul Solido proposera cette originale auto, dans sa série Junior démontable. L’échelle de reproduction est différente. Le modèle belge est superbe. Ce n’est pas la plus rare des Gasquy. Elle rencontra un succès mérité auprès des amateurs de l’époque, dû notamment à l’originalité et à la qualité de la reproduction. La couleur la plus répandue est le rouge. Les couleurs jaune ou bordeaux sont rares. Enfin, le petit détail qui finit cette miniature est la présence de la marque Englebert sur le flanc des pneus. Gasquy, par ce choix avait tenu à mettre en avant une autre firme belge, de renommée internationale, Englebert.