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Coup de Klaxon

Coups de klaxon. 
Voici dans son intégralité la dépêche qui fut publiée le 15 mai 2020 par Le Figaro sur le site de l’AFP.
Son titre :  » Des camionneurs perturbent de leurs Klaxons un discours de Trump. »
« Des chauffeurs routiers manifestant près de la Maison Blanche ont perturbé avec leurs avertisseurs sonores un discours vendredi de Donald Trump.
« C’est un signal d’amour », a commenté le Président au sujet du « bruit merveilleux » de ces Klaxons. « Ils manifestent pour le Président Trump et non contre», a précisé M. Trump, qui s’exprimait dans les jardins de la résidence présidentielle, siège de l’exécutif américain. »

Les journalistes de l’AFP expliquent que des dizaines de camions sont garés depuis plusieurs jours devant la maison blanche et perturbent avec leurs Klaxons les allocutions presse du Président américain. Les routiers exigent une revalorisation du tarif kilométrique. Ils sont depuis le début de la crise du Covid en première ligne pour ravitailler le pays.

La Maison Blanche à Washington
La Maison Blanche à Washington

Les courtiers en gros profitant de la situation pour tirer les tarifs à leur avantage, les routiers réclament une part du gâteau. Pour paraphraser le slogan de l’actuel président « Make America Great Again », certains arboraient des banderoles où l’on pouvait lire: « Make Trucking Great Again » … Dans ce pays les camions ont toujours eu un rôle vital. Cet univers du camionnage américain a inspiré plus d’un écrivain, d’un cinéaste, tant ils font partie du décor.

Malicieusement, j’ai repensé aux publicités des revues automobiles des années soixante, où les accessoiristes rivalisaient d’ingéniosité pour séduire les automobilistes.

Les pages consacrées aux différents types de Klaxon sont les plus savoureuses. La société « Scintex-Sanor » établie à Courbevoie proposait ainsi en page 3 du journal « L’automobile  » de juin 1967 des avertisseurs de 25 à 250 F.

De la trompe de route au « Musiflash » ainsi commentés : « sons accordés ou alternés pour vos vacances à l’étranger » en passant par le « Rallye Flash de Luxe » (de grande classe !) et le « Clearson GT » (Etourdissant) sans oublier le « Stridente » de fabrication italienne.

Pas de doute, les spécialistes de la trompe de route semblent être les italiens. Une réminiscence des grands compositeurs ? Avec une certaine logique, ce pays semblait prédestiné pour offrir à ses automobilistes des outils à la hauteur de leur passion pour les belles voix et la musique.

Cependant, pour se faire entendre à partir d’un véhicule automobile, il y a d’autres moyens. Le haut-parleur par exemple. Faites le tour de vos vitrines de miniatures.

Si votre intérêt se porte sur les modèles allant de l’avant-guerre aux années cinquante, vous serez surpris du nombre de reproductions que les fabricants de jouets ont offerts à leur clientèle. Il faut avouer que cela permettait de décliner à peu de frais une variante ou deux. En effet, une fois installé le haut-parleur sur le pavillon, rien n’empêche d’offrir une version pompier ou police et une version civile.

Ces dernières m’ont toujours énormément intrigué.

Prenons la splendide Mercury Ford de chez Tekno. La version Zonen de secours a un sens. Mais la version civile, très rare, n’est là que pour amortir la splendide double trompe injectée en zamac chromé.

Dans les années 80, ce modèle était mythique. Aujourd’hui les collectionneurs font-ils encore la différence ? J’ai trouvé deux couleurs pour la version « civile », empruntées toutes les deux aux couleurs de série.

Restons en Scandinavie avec Lemeco. Tout l’intérêt de ce fabricant est d’avoir développé des accessoires très réalistes qui lui ont permis de multiplier les variantes sur la Ford Fordor. La création d’un haut-parleur en zamac et sa fixation sur le pavillon donneront naissance à un modèle attachant, et rare.

Micro au Danemark déclina sur la base de sa Ford V8 une version « radio » pleine de charme. Les deux haut-parleurs injectés en plomb sont surdimensionnés et donnent une idée de la puissance de l’installation. Ce que je trouve de plus remarquable, c’est le joli pochoir sur les portes. C’est un rare modèle.

Le modèle suivant est peut-être mon préféré. C’est une Lancia camionnette « Radio Roma ».

J’aime assez imaginer dans le brouhaha de la capitale italienne la camionnette diffusant la radio grâce à son gros haut-parleur. La cacophonie résultant du passage de l’auto dans les rues devait faire penser à des séquences de film de Fellini.

Le fabricant PM a aussi décliné ses autres décorations ( Ciaccolato Caramelle, Accessori  Auto)  avec le haut-parleur.

J’ai gardé le plus célèbre pour la fin. C’est celui qui vient à l’esprit du collectionneur quand on évoque ce type de modèle. C’est un « grand » classique.

C’est aussi ce que l’on peut familièrement appeller l’art d’accommoder les restes.

Juste après-guerre Dinky Toys réutilisa sa camionnette 28 (la troisième mouture depuis la création de la marque) et adapta deux superbes haut-parleurs.

On peut imaginer que le bureau d’étude de Binns Road avait été inspiré par les nombreux véhicules ainsi équipés qui circulaient dans les rues pendant la seconde guerre mondiale afin de prévenir la population du danger d’une attaque aérienne. Le modèle réduit proposé par Dinky Toys a un certain charme. Les trompes équilibrent harmonieusement le jouet.

Il connut un certain succès, à en juger par le nombre de variantes de couleur et surtout par la création d’un étui individuel . Binns Road a toujours essayé de différer le plus longtemps possible la réalisation de cet accessoire.

Celui de couleur marron est peu fréquent. Seuls les modèles équipés de jantes de couleur ont pu avoir un étui individuel.

Dans le mur !

Dans le mur !

L’actuel président des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump, n’a pas son pareil pour se faire remarquer. C’est devenu sa marque de fabrique. Difficile en ce 10 janvier 2019 d’échapper à ses nouvelles déclarations depuis McAllen (Texas) au sujet de la construction du mur entre le Mexique et son pays. Elles ont fait le tour du monde.

Voici le fameux discours

« On dit qu’un mur c’est médiéval. Eh ! bien, une roue aussi ! La roue c’est plus vieux que le mur. Et, j’ai regardé toutes les voitures, même celles vraiment chères des services secrets, et croyez moi , elles sont chères. Je me suis demandé : Est-ce qu’elles ont toutes des roues ? oui. Oh! je pensais que c’était médiéval. La roue est plus vieille que le mur. Vous saviez ça ? Et il y a certaines choses qui fonctionnent. Vous savez quoi ? une roue cela fonctionne et un mur aussi. »

Avec des mots et des images simples le Président américain s’adresse à ses concitoyens pour les convaincre de l’intérêt de la construction d’un mur. Comme l’opposition lui reprochait d’utiliser un moyen d’un autre âge afin de contenir l’immigration il fait la comparaison avec d’autres inventions, comme la roue, plus ancienne encore que celle du mur et qui a toujours son utilité.

Effectivement, on ne peut qu’acquiescer à la remarque du Président américain, toutes les autos ont des roues comme le confirment les photos de ce camion Ford F2 que l’on pourrait croiser sur la frontière mexicaine.

La plus ancienne représentation d’une roue pourrait être celle de jouets en terre cuite vers la fin du Néolithique.

réplique d'une tablette de Nabû-usallim (Babylone) racontant les éventuelles avatars d'un voyage en char d'un prince
réplique d’une tablette de Nabû-usallim (Babylone) racontant les éventuelles avatars d’un voyage en char d’un prince

Longtemps les archéologues ont pensé que la roue était apparue au IV millénaire avant J.C en Mésopotamie. Elle apparait aussi, gravée sur une tablette et « pourrait » être un dérivé d’un tour de potier. Je laisse les experts débattre. Ce que j’ai retenu c’est le jouet en terre cuite.

J’ai pensé que le service de communication du Président aurait pu conseiller à ce dernier d’illustrer son discours en sortant de sa poche une petite miniature. L’apparition de cette dernière aurait sans doute eu plus d’impact que les développements sur les roues des autos des services secrets qui ont introduit beaucoup de confusion.

Ertl Iowa...Made in China !
Ertl Iowa…Made in China !

Mais quelle petite auto choisir ? S’il avait sorti une petite auto de fabrication actuelle de sa poche, ses détracteurs n’auraient pas manqué de lui faire remarquer qu’elle était fabriquée en Chine ! un comble.

Du solide, de l’américain…

Alors pourquoi de pas choisir un jouet automobile de fabrication ancienne, d’une marque américaine ? Dans l’histoire du jouet automobile, les Américains se sont singularisés en proposant des jouets injectés en fonte, dénommés « Cast Iron » ».

Ces jouets possèdent les caractéristiques du pays : solides, invulnérables mais pas toujours très fins. Ce matériau n’autorise pas toutes les finesses de gravure que l’on peut obtenir avec des produits injectés en plomb et surtout en zamac.

Arcade et Hubley furent les deux fabricants les plus connus. J’ai sélectionné quelques exemples caractéristiques. La technique de fabrication est particulière : deux coques sont assemblées et maintenues la plupart du temps entre elles par une calandre. Le résultat est assez grossier : la jointure jamais parfaite des deux coques laisse apparaître un vide. Cela déconcerte certains collectionneurs européens peu habitués à ce type de produit.

Ce style de fabrication ne connaîtra pas de succès ailleurs qu’aux Etats-Unis. La seule exception est la firme suédoise AB Skodlund & Olsen, qui malgré une belle dextérité dans la fabrication, n’arrivera pas à convaincre la clientèle suédoise, pourtant très sensible aux produits de style américain.

Notre Président américain risquerait donc également avec ce type de jouets de déclencher railleries et quolibets de la part d’observateurs étrangers.

Made in …Mexico !

Tootsietoys GMC car "Trans America" et Graham
Tootsietoys GMC car « Trans America » et Graham

J’ai pensé alors à une Tootsietoys. Voilà bien une firme américaine qui a rivalisé, avec brio, avec les productions européennes et ce bien avant la seconde guerre mondiale. De plus, elle synthétise la conception américaine de l’industrie.

Baisser les coûts de fabrication en produisant en masse des modèles simples. L’emballage a très tôt fait l’objet d’économies d’échelle. Cela n’a pas empêché la firme de Chicago de nous proposer de beaux jouets.

Oui, mais voilà, bien avant les autres firmes de jouets américaines, Tootsietoys a délocalisé au Mexique pour produire moins cher ! L’entreprise a créé une firme presque homonyme « Tutsitoys » qui reprenait une partie des modèles du catalogue des années soixante.

Les modèles produits ont du charme avec leurs couleurs un brin criardes, et aussi leurs publicités typiquement mexicaines ( par exemple Pemex le pétrolier mexicain ).

Mais au regard de la tension entre les deux pays, cela ne me semble pas un bon choix.

Le plastique « made in USA », grandeur et décadence.

Alors finalement, pourquoi ne pas sortir devant les journalistes un jouet automobile injecté en plastique ? L’industrie américaine a très tôt utilisé ce matériau dérivé du raffinage du pétrole. Avant la guerre on trouve déjà des modèles en plastique.

Des firmes comme Renwall ou Allied ont produit de superbes modèles en plastique, un brin futuristes, d’une qualité de fabrication digne de jouets en zamac.

Cette technique de fabrication est assez facile à exporter car moins contraignante que celle consistant à injecter du zamac. De ce fait, Marx et d’autres grands distributeurs américains vont très rapidement se tourner vers le Canada  au départ puis vers l’Asie pour produire à bas coût ces jouets en plastique qui iront inonder le marché américain.

Ce sont donc des compagnies américaines qui seront responsables de l’importation massive. Cette déferlante aura pour effet de faire disparaître la plupart des fabricants américains de jouets en plastique.

Renwall, un des plus connus se tournera vers l’injection en zamac, puis disparaitra.

S’il n’en reste qu’une…

Pourtant, il existe des firmes américaines qui ont résisté à la tentation de la délocalisation. Ce ne sont pas les plus importantes, mais Winross est un bon exemple. D’ailleurs sur ses boîtages la firme américaine revendique fièrement: « made in USA » et ce savoureux texte, expliquant  que le modèle reproduit un véhicule circulant sur les routes de « notre grand pays ».

Winross (USA) White 3000 fourgon "Maine Public Service Co" avec boîte "our great country"
Winross (USA) White 3000 fourgon « Maine Public Service Co » avec boîte « our great country »

Ses concurrents américains pour les modèles publicitaires, comme Ertl, ont déserté le pays depuis longtemps. Ertl a suivi Hot Wheels et Road Champ en Asie.

Le Président Trump aurait donc pu sortir de sa poche un camion Winross, c’était un bon choix.

Winross avait d’ailleurs déjà mis un pied dans la politique en 1972, lors de la campagne présidentielle qui avait vu s’affronter les candidats Nixon et McGovern. Elle avait alors édité une série de camions White aux couleurs des deux candidats et de leurs partis respectifs.

Dans une autre logique nationaliste, elle avait produit pour le bicentenaire de l’indépendance du pays en 1976, une série de 50 camions aux couleurs de chacun des Etats qui forment le pays.

L’industrie du jouet est à l’image des autres secteurs de l’économie. La délocalisation de la fabrication des jouets, en Asie, a ainsi fait disparaître une partie des acteurs aux Etats-Unis mais aussi chez nous. C’est ainsi. Tootsietoys produira ce beau produit pour U-Haul  à Hong Kong et  Blue Box cette Oldsmobile indiqué « Cadillac » sur la boîte. On pouvait se permettre ce genre d’approximation dans ces années-là.

Que faire ? Baisser les coûts et augmenter le profit telle est l’équation d’un patron. Tous les moyens sont bons. Certains résistent courageusement. Il fallait juste le souligner.

J’aurais pu commencer par un détail. Regardez la casquette du Président américain. Tout son programme est résumé sur l’avant de sa casquette « Make America great again ». On peut donc sous-entendre que l’Amérique a perdu sa splendeur et qu’il lui faut la regagner.