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Dans le mur !

Dans le mur !

L’actuel président des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump, n’a pas son pareil pour se faire remarquer. C’est devenu sa marque de fabrique. Difficile en ce 10 janvier 2019 d’échapper à ses nouvelles déclarations depuis McAllen (Texas) au sujet de la construction du mur entre le Mexique et son pays. Elles ont fait le tour du monde.

Voici le fameux discours

« On dit qu’un mur c’est médiéval. Eh ! bien, une roue aussi ! La roue c’est plus vieux que le mur. Et, j’ai regardé toutes les voitures, même celles vraiment chères des services secrets, et croyez moi , elles sont chères. Je me suis demandé : Est-ce qu’elles ont toutes des roues ? oui. Oh! je pensais que c’était médiéval. La roue est plus vieille que le mur. Vous saviez ça ? Et il y a certaines choses qui fonctionnent. Vous savez quoi ? une roue cela fonctionne et un mur aussi. »

Avec des mots et des images simples le Président américain s’adresse à ses concitoyens pour les convaincre de l’intérêt de la construction d’un mur. Comme l’opposition lui reprochait d’utiliser un moyen d’un autre âge afin de contenir l’immigration il fait la comparaison avec d’autres inventions, comme la roue, plus ancienne encore que celle du mur et qui a toujours son utilité.

Effectivement, on ne peut qu’acquiescer à la remarque du Président américain, toutes les autos ont des roues comme le confirment les photos de ce camion Ford F2 que l’on pourrait croiser sur la frontière mexicaine.

La plus ancienne représentation d’une roue pourrait être celle de jouets en terre cuite vers la fin du Néolithique.

réplique d'une tablette de Nabû-usallim (Babylone) racontant les éventuelles avatars d'un voyage en char d'un prince
réplique d’une tablette de Nabû-usallim (Babylone) racontant les éventuelles avatars d’un voyage en char d’un prince

Longtemps les archéologues ont pensé que la roue était apparue au IV millénaire avant J.C en Mésopotamie. Elle apparait aussi, gravée sur une tablette et « pourrait » être un dérivé d’un tour de potier. Je laisse les experts débattre. Ce que j’ai retenu c’est le jouet en terre cuite.

J’ai pensé que le service de communication du Président aurait pu conseiller à ce dernier d’illustrer son discours en sortant de sa poche une petite miniature. L’apparition de cette dernière aurait sans doute eu plus d’impact que les développements sur les roues des autos des services secrets qui ont introduit beaucoup de confusion.

Ertl Iowa...Made in China !
Ertl Iowa…Made in China !

Mais quelle petite auto choisir ? S’il avait sorti une petite auto de fabrication actuelle de sa poche, ses détracteurs n’auraient pas manqué de lui faire remarquer qu’elle était fabriquée en Chine ! un comble.

Du solide, de l’américain…

Alors pourquoi de pas choisir un jouet automobile de fabrication ancienne, d’une marque américaine ? Dans l’histoire du jouet automobile, les Américains se sont singularisés en proposant des jouets injectés en fonte, dénommés « Cast Iron » ».

Ces jouets possèdent les caractéristiques du pays : solides, invulnérables mais pas toujours très fins. Ce matériau n’autorise pas toutes les finesses de gravure que l’on peut obtenir avec des produits injectés en plomb et surtout en zamac.

Arcade et Hubley furent les deux fabricants les plus connus. J’ai sélectionné quelques exemples caractéristiques. La technique de fabrication est particulière : deux coques sont assemblées et maintenues la plupart du temps entre elles par une calandre. Le résultat est assez grossier : la jointure jamais parfaite des deux coques laisse apparaître un vide. Cela déconcerte certains collectionneurs européens peu habitués à ce type de produit.

Ce style de fabrication ne connaîtra pas de succès ailleurs qu’aux Etats-Unis. La seule exception est la firme suédoise AB Skodlund & Olsen, qui malgré une belle dextérité dans la fabrication, n’arrivera pas à convaincre la clientèle suédoise, pourtant très sensible aux produits de style américain.

Notre Président américain risquerait donc également avec ce type de jouets de déclencher railleries et quolibets de la part d’observateurs étrangers.

Made in …Mexico !

Tootsietoys GMC car "Trans America" et Graham
Tootsietoys GMC car « Trans America » et Graham

J’ai pensé alors à une Tootsietoys. Voilà bien une firme américaine qui a rivalisé, avec brio, avec les productions européennes et ce bien avant la seconde guerre mondiale. De plus, elle synthétise la conception américaine de l’industrie.

Baisser les coûts de fabrication en produisant en masse des modèles simples. L’emballage a très tôt fait l’objet d’économies d’échelle. Cela n’a pas empêché la firme de Chicago de nous proposer de beaux jouets.

Oui, mais voilà, bien avant les autres firmes de jouets américaines, Tootsietoys a délocalisé au Mexique pour produire moins cher ! L’entreprise a créé une firme presque homonyme « Tutsitoys » qui reprenait une partie des modèles du catalogue des années soixante.

Les modèles produits ont du charme avec leurs couleurs un brin criardes, et aussi leurs publicités typiquement mexicaines ( par exemple Pemex le pétrolier mexicain ).

Mais au regard de la tension entre les deux pays, cela ne me semble pas un bon choix.

Le plastique « made in USA », grandeur et décadence.

Alors finalement, pourquoi ne pas sortir devant les journalistes un jouet automobile injecté en plastique ? L’industrie américaine a très tôt utilisé ce matériau dérivé du raffinage du pétrole. Avant la guerre on trouve déjà des modèles en plastique.

Des firmes comme Renwall ou Allied ont produit de superbes modèles en plastique, un brin futuristes, d’une qualité de fabrication digne de jouets en zamac.

Cette technique de fabrication est assez facile à exporter car moins contraignante que celle consistant à injecter du zamac. De ce fait, Marx et d’autres grands distributeurs américains vont très rapidement se tourner vers le Canada  au départ puis vers l’Asie pour produire à bas coût ces jouets en plastique qui iront inonder le marché américain.

Ce sont donc des compagnies américaines qui seront responsables de l’importation massive. Cette déferlante aura pour effet de faire disparaître la plupart des fabricants américains de jouets en plastique.

Renwall, un des plus connus se tournera vers l’injection en zamac, puis disparaitra.

S’il n’en reste qu’une…

Pourtant, il existe des firmes américaines qui ont résisté à la tentation de la délocalisation. Ce ne sont pas les plus importantes, mais Winross est un bon exemple. D’ailleurs sur ses boîtages la firme américaine revendique fièrement: « made in USA » et ce savoureux texte, expliquant  que le modèle reproduit un véhicule circulant sur les routes de « notre grand pays ».

Winross (USA) White 3000 fourgon "Maine Public Service Co" avec boîte "our great country"
Winross (USA) White 3000 fourgon « Maine Public Service Co » avec boîte « our great country »

Ses concurrents américains pour les modèles publicitaires, comme Ertl, ont déserté le pays depuis longtemps. Ertl a suivi Hot Wheels et Road Champ en Asie.

Le Président Trump aurait donc pu sortir de sa poche un camion Winross, c’était un bon choix.

Winross avait d’ailleurs déjà mis un pied dans la politique en 1972, lors de la campagne présidentielle qui avait vu s’affronter les candidats Nixon et McGovern. Elle avait alors édité une série de camions White aux couleurs des deux candidats et de leurs partis respectifs.

Dans une autre logique nationaliste, elle avait produit pour le bicentenaire de l’indépendance du pays en 1976, une série de 50 camions aux couleurs de chacun des Etats qui forment le pays.

L’industrie du jouet est à l’image des autres secteurs de l’économie. La délocalisation de la fabrication des jouets, en Asie, a ainsi fait disparaître une partie des acteurs aux Etats-Unis mais aussi chez nous. C’est ainsi. Tootsietoys produira ce beau produit pour U-Haul  à Hong Kong et  Blue Box cette Oldsmobile indiqué « Cadillac » sur la boîte. On pouvait se permettre ce genre d’approximation dans ces années-là.

Que faire ? Baisser les coûts et augmenter le profit telle est l’équation d’un patron. Tous les moyens sont bons. Certains résistent courageusement. Il fallait juste le souligner.

J’aurais pu commencer par un détail. Regardez la casquette du Président américain. Tout son programme est résumé sur l’avant de sa casquette « Make America great again ». On peut donc sous-entendre que l’Amérique a perdu sa splendeur et qu’il lui faut la regagner.

 

Émotion intense dans un lot de modèles Winross

Non, je n’ai pas emprunté le titre de la chronique du jour au catalogue d’un constructeur automobile déclinant sa palette de couleurs !

Ces derniers ne sont pas avares de superlatifs pour vendre un rouge carmin ou un bleu France : les dénominations prétentieuses envahissent les catalogues. Alors, cette « émotion intense » je l’ai tout simplement ressentie à la réception d’un colis venant des Etats-Unis. Il s’agissait d’un lot acquis afin de compléter ma collection de Winross.

Winross
L’enveloppe à l’en-tête Winross Toy

Passée l’excitation des premiers modèles déballés, j’ai été surpris de trouver une lettre, avec un timbre américain et un tampon portant la date du 1er septembre 1964. L’enveloppe aux couleurs de Winross ne laissait aucun doute quant à l’expéditeur. A l’intérieur de l’enveloppe il y avait une lettre adressée à Mr Donall Mc Call, Continuer la lecture de Émotion intense dans un lot de modèles Winross

Émotion intense camions Winross – 2

Je n’ai pu résister au plaisir d’ajouter quelques photos de mes nouvelles acquisitions de camions  Winross.

Ces modèles de camions Winross sont un régal pour ceux qui apprécient les poids lourds américains.
Si vous possédez d’autres versions, je suis acheteur ! Surtout pour les premières cabines.

Winross White 7000

White is white – 2

A l’honneur en photo le White 7000. Camion très représentatif du paysage routier américain. De grandes compagnies ont opté pour cet ensemble.

White 7000 avec boîte promotionnelle
White 7000 avec boîte promotionnelle

Parfois, le commanditaire n’hésitait pas à faire imprimer un étui spécial, comme ce « Finco » harmonieusement décoré.

La collection de ce type de produit a l’avantage de se décliner par thèmes : par exemple les produits laitiers, les boissons, les pétroliers. Ainsi, les camions de la firme « Hess » sur la photo au troisième rang peuvent constituer un thème à eux seuls. La marque, bien connue des amateurs de miniatures aux États-Unis proposait à ses clients chaque année depuis 1963, au moment de Noël, un nouvel objet portant ses couleurs. Cela va de la citerne au camion de pompiers de la raffinerie en passant par le supertanker.

Winross White 7000 aux couleurs Hess
Winross White 7000 aux couleurs Hess

Hess a donc commandé un ensemble de miniatures. Ces dernières ont dû être pour usage interne afin de promouvoir la firme et ses produits chimiques et leurs dérivés.

La version qui tracte la semi-remorque plateau et ses trois cuves est particulièrement intéressante.

Winross White 9000

White is white

Au fil des années de recherches et d’achats de collections j’ai finalement amassé une grande quantité de documents, revues et catalogues. J’ai toujours essayé de les trier et de les classer. Lorsque j’ai décidé de vous parler de Winross, j’ai repensé à un document que j’avais soigneusement rangé. Il s’agit d’un magazine anglais daté de 1972, dont la couverture est superbe et présente un bel ensemble de camions Winross.

Winross Toys White 9000 devant un "diner
Winross Toys White 9000 devant un « diner »

Tout content de ma trouvaille, j’ai entrepris, laborieusement, de traduire les quelques pages. Arrivé à la fin de l’article, je comprends que l’auteur nous donne rendez-vous au numéro suivant pour une suite de l’article. Il y a parfois des petits miracles qui ensoleillent la journée : j’ai replongé dans le porte documents où j’avais classé les revues anglaises de l’année 1972 et j’ai eu la bonne surprise de constater que la personne auprès de qui j’avais acquis l’ensemble de ces documents m’avait également cédé le numéro suivant !

La revue « Model Cars » traite de tous les aspects du modélisme : maquette, circuit routier, modèles thermiques et occasionnellement le die cast.

L’article est signé « C.B.C Lee », éminent collectionneur américain, en particulier de la marque Tootsietoys. M. Lee indique s’être rendu dans l’état de New York sur le site où sont fabriqués les Winross, mais il ne prononce jamais le lieu de fabrication qui demeurera secret. Il faut dire que tout au long des deux articles, plane l’ombre d’un étrange personnage, Roger Austin, le fondateur de la firme Winross. L’auteur raconte que son idée de faire un article sur cette firme de Rochester dans l’état de New York, remonte à 1967. Malheureusement, tous les courriers qu’il envoie à cette fin à compter de 1967 restent sans réponse de la part de Monsieur Austin. A force de persévérance, il obtient son sésame en 1971 : Roger Austin accepte de le recevoir, de mauvaise grâce, entre deux rendez- vous. Celui-ci hésite à se confier à M. Lee et exige que les articles lui soient soumis avant publication. Il craint la concurrence et l’espionnage de ses concurrents.

En 1972, après validation, les articles sont enfin publiés. Le nom « Winross » est une création. Il a pour origine la ville écossaise de Kinross près d’Edimbourg. Monsieur Austin indique qu’il n’a pas voulu pour des raisons juridiques reprendre exactement le nom de la ville, mais il n’avance aucune explication quant à la raison qui l’a conduit à choisir la lettre W en substitution du K.(j’avance l’idée du « W » de White, la firme des camions reproduits par Winross).

La suite est plus intéressante. M. Lee nous apprend que depuis 1929 Roger Austin collectionne les jouets. Son métier, architecte urbaniste le conduit à réaliser régulièrement des dioramas de simulation. Il se spécialise progressivement dans la réalisation d’aires de repos, de stations-service et d’embranchements autoroutiers. Il réalise alors qu’il a de plus en plus de mal à trouver des miniatures adaptées pour ses maquettes professionnelles.

Au milieu des années soixante il réalise un premier moule afin de reproduire un camion pour son usage professionnel. Il choisit l’échelle du 1/64 cohérente avec celle de ses maquettes. Notons au passage qu’en Europe, ce genre de maquette utilise l’échelle HO, 1/87.

Et c’est ainsi que démarre l’aventure mais nous reviendrons prochainement sur cette histoire captivante !

Afin d’illustrer cet article sur Winross, j’ai sélectionné des White 9000. La photo au troisième rang est intéressante. La version « Friderici » mérite un commentaire. Vous connaissez peut être ce transporteur si vous allez en Suisse. Ce transporteur toujours en activité utilise encore des camions d’origine américaine, j’en ai croisé un il y a peu de temps. C’est certainement un des rares transporteurs étrangers à avoir commandé un véhicule chez Winross. La version de la remorque est très peu fréquente. Il ne s’agit pas de la version classique, plus longue. Celle-ci est moulée de manière monobloc.

La citerne « Swann Oil » mérite également votre attention. Elle aussi est moulée d’une pièce. Elle représente une citerne de conception plus ancienne que celles photographiées en haut d’article.

Enfin, je n’ai pu résister au plaisir de photographier deux semi-remorques marquant une pause devant un « diner ». Peut-être livrent-ils leurs marchandises au restaurant ? Du soda et des pâtes par exemple, de quoi se rassasier après quatre heures de highways ! C’est un clin d’œil à l’origine de ces véhicules, destinés initialement à décorer des dioramas.