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Vanwall à la sauce curry

Pour un grand nombre de collectionneurs, les Nicky Toys indiennes ne sont que de vulgaires copies des productions de Binns Road. Il faut reconnaître que les dernières productions provenant de Calcutta sont de qualité médiocre ce qui a pu laisser imaginer qu’il s’agissait de copies.

Vanwall Nicky Toys
Vanwall Nicky Toys

L’histoire est tout autre et se révèle passionnante. Dans les années 60, l’Inde a bien évidemment conservé des liens très étroits avec la Grande-Bretagne, notamment sur le plan économique.

L’histoire commence avec Monsieur Kumar, industriel établi dans la région de Calcutta qui rencontre des dirigeants de Dinky Toys. L’idée germe, séduisante, d’une association entre le géant de Liverpool et une unité de fabrication indienne, comme une délocalisation avant l’heure. Meccano envoie ainsi des moules de modèles obsolètes et donne une seconde vie à son outillage.

Monsieur Kumar a l’autorisation de conserver le nom de Dinky toys, ce qui confère à sa production toute l’aura de la grande marque. Ont ainsi vu le jour des Triumph Vitesse, des Bentley série S convertibles ou encore notre Vanwall.

Si les autos conservent la mention Dinky Toys sur les boîtes et sur les châssis, cette mention s’accompagne de la précision « Made in India ». Ce détail est très important car il s’agit du seul cas de miniatures Dinky Toys délocalisées qui recevront une mention autre que made in England ou made in France. En effet, les modèles produits chez Harris en Afrique du Sud ou les Poch en Espagne ne recevront jamais une mention gravée sur le châssis indiquant leur nouveau pays de fabrication, seules les boîtes porteront cette mention.

Ces premiers modèles Indiens, très rares et difficiles à trouver, méritent réellement qu’on les regarde autrement. Bien que nous nous soyons intéressés très tôt à cette fabrication, nous n’avons pu rassembler qu’une vingtaine de ces modèles et ils ont à nos yeux autant d’intérêt que les autres productions délocalisées. Voilà la suite de l’histoire. Atamco, la société qui produit ces autos se développe assez rapidement.

Ces vraies Dinky Toys indiennes vendues très bon marché doivent à l’origine se cantonner au marché local. Mais c’est oublier les liens qui unissent l’ancienne colonie et son pays d’attache !

Les modèles indiens se retrouvent en vente dans des bazars londoniens tenus par des personnes ayant gardé des relations avec leur pays d’origine.

Les prix de vente, bien que beaucoup plus élevés que ceux pratiqués en Inde, restent faibles pour le marché anglais. Evidemment les boîtes et les couleurs sont différentes.

L’affaire provoque beaucoup d’embarras à Binns road. Dans un premier temps, la décision est prise de masquer, grâce à un autocollant le nom de Dinky Toys. Il faut trouver une consonance similaire. On imagine aisément que Monsieur Kumar était très attaché à la dénomination d’origine et il est certain que cette exportation clandestine s’est faite à son insu. Ainsi donc, dans un premier temps seules les boîtes sont modifiées. Ce n’est que dans un deuxième temps que les châssis subiront le même sort : les trois premières lettres « Din » étant remplacé par « Nic ». Enfin, dernière étape des boîtes sont créées avec la nouvelle marque « Nicky Toys ». Ce sont bien sûr les plus fréquentes. Elles furent produites jusqu’au début des années 80 et sont à l’origine de la croyance selon laquelle ces autos seraient de vulgaires copies. Elle se trouve confortée par la circonstance selon laquelle la qualité s’est dégradée au fil des ans.

Encore maintenant, peu de gens connaissent cette histoire pourtant liée à une des plus importantes firmes de miniatures mondiale. L’évolution de la Vanwall de Nicky Toys est assez simple. Les premières séries reçurent des jantes en aluminium. Nous ne connaissons pas de modèles Dinky Toys India avec des jantes en zamac peintes, ce qui est assez logique puisque la plupart des moules exportés concernaient des autos déjà équipées de jantes en aluminium.

La Vanwall sera ensuite équipée de roues monobloc de fabrication très grossière, communes à la gamme. Contrairement à la Mercedes 220se, où l’on voit clairement l’indication « made in India », la Vanwall ne recevra jamais d’indication du pays de création. Cependant, sa numérotation, le 39, atteste de son origine indienne : le modèle anglais portant lui la numérotation 239. Les pilotes connaîtront des évolutions : l’un est en zamac peint, très simplifié, l’autre, en plastique est issu du moule britannique. Le numéro de course est le 35, emprunté à la version britannique, d’abord en décalque, puis en papier chromé du meilleur effet !

Si vous avez l’occasion de croiser ce type d’autos, ne les laisser pas passer…faites leur une place dans vos vitrines.

1959 : le déclin commença à Bobigny

Il arrive que certains détails passent inaperçus et qu’on ne comprenne que bien plus tard leur importance. Le catalogue Dinky Toys de 1959 offre une belle illustration de cette généralité.

Dinky Toys chassis Studebaker
Dinky Toys chassis Studebaker

Observez bien cette page ; dans un premier réflexe, le collectionneur ne peut que se mettre à rêver : un taxi ariane aux couleurs inversées, une Buick saumon avec pavillon bleu, une Plymouth belvédère deux tons de brun, et enfin une Studebaker deux tons de bleu. Bien sûr ce ne sont que les dessins d’un catalogue. Je suis pourtant convaincu que ces modèles ont existé, au moins en tant qu’essais pour permettre au dessinateur d’utiliser ces autos peintes pour préparer les illustrations. On peut d’ailleurs constater qu’à part quelques rares exceptions, les couleurs utilisées existaient déjà dans la palette Meccano.

Les modèles seront effectivement produits avec des évolutions : la Buick deviendra saumon avec pavillon noir. La Belvédère havane et brun métallisé et la Studebaker dans la couleur inversée à celle que nous vous présentons. La poursuite de l’analyse conduit à penser que cette page est révélatrice du début du déclin de Dinky Toys.

L’année 1957 commence bien pour Meccano : la régie Renault suspend le contrat d’exclusivité pour la reproduction des miniatures Renault qui la liait à la CIJ.

Tout irait donc pour le mieux sans l’émergence de Solido qui propose sur le marché des innovations techniques majeures : suspension indépendante, vitre, aménagement intérieur, pilote amovible, et un peu plus tard portes ouvrantes !

En Grande-Bretagne, Corgi Toys bouscule aussi la hiérarchie des fabricants avec une politique très agressive à l’exportation. Corgi toys sera d’ailleurs une des rares firmes implantée dans le monde entier, comme Matchbox.

Deuxième ombre au tableau, Norev conquiert l’hexagone avec des prix bas très attractifs. Face à cette concurrence inventive, Dinky Toys n’aura jamais plus la réactivité qui lui aurait permis de reprendre l’avantage.

Ainsi, lorsque Dinky toys se décidera à équiper ses modèles de vitres, la concurrence aura déjà pensé à peaufiner l’aménagement intérieur de ses modèles. Quand Dinky Toys équipera ses modèles d’aménagement intérieur, Solido proposera des miniatures avec portes ouvrantes.

Notons enfin, que Dinky Toys maitrise mal ces innovations, notamment les parties ouvrantes. Revenons à ces étranges couleurs. L’interprétation que l’on peut en avoir est que la direction de Meccano souhaitait dynamiser son catalogue et ses ventes à moindre coût et qu’elle avait demandé au bureau de proposer de nouvelles et pimpantes couleurs. Le résultat est là, les couleurs sont réussies. Mais évidemment, cette simple réussite esthétique ne permit pas à Dinky Toys de garder sa suprématie face aux innovations techniques de ses concurrents, d’autant que les miniatures de Bobigny, certes de belle qualité, étaient comparativement plus chères.

Voilà pourquoi, à nos yeux ce catalogue est un peu le chant du cygne.

Des Studebaker de toutes les couleurs

Les trois autos présentées proviennent de la famille Chaudey. Dans la fiche 74, nous nous sommes expliqués sur l’origine des couleurs des modèles des années 1958-1959. Ces trois Studebaker bicolores devaient faire partie de la palette qui avait été proposée à la direction.

Studebaker  et café Masda
Studebaker et café Masda

La version de notre rubrique présente d’ailleurs les couleurs inversées de celle du catalogue. La studebaker commander bleue arbore les couleurs inversées de celle du catalogue : le bleu pâle était à la mode au bureau d’étude. Durant cette période, on retrouve ce bleu pâle sur le projet du camion Unic boilot porte auto, sur une autre Studebaker qui a le pavillon crème et sur une étrange Ford Vedette qui reprend les deux bleus de notre studebaker, et une découpe de couleur identique à celle de la version taxi ; cette Ford Vedette, provient également de la famille Chaudey. La Studebaker beige et noir reprend exactement les couleurs de la Ford vedette taxi.

Le mystère demeure cependant pour la version prune. C’est l’exception qui confirme la règle selon laquelle Meccano utilisait des teintes provenant de ses produits déjà en fabrication : aucun autre véhicule de cette couleur n’est connu à ce jour.

Pour illustrer cette volonté Meccano de se renouveler en jouant sur les couleurs et leur disposition, nous vous présentons une autre version intéressante : seuls les flancs sont parés d’une couleur différente qui se distingue de la couleur de base. A l’arrivée, le modèle commercialisé aura un ton de base plus mastic que crème et son pavillon reprendra également la couleur contrastée retenue pour les flancs avec une nuance de ton. Ces modèles sont tous finis au pochoir et rivetés comme des modèles de série. C’est pourquoi ils ne sont certainement pas uniques.

Un mot sur la Studebaker orange unicolore. Elle provient d’un employé du bureau d’étude de Meccano, M. Malherbe. La finition est au pinceau et non au pochoir, ce qui lui confère une allure spécifique au niveau de la calandre. Elle n’a pas un intérêt particulier à l’exception de son châssis dont on ne connaît pas d’équivalent. Nous ne savons pas dans quel but ce modèle a été conçu. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’un essai pour connaitre les délimitations du cache à créer ? La nature du châssis fait en effet penser à un modèle de pré série.Enfin, pour conclure sur la studebaker commander, nous ne pouvons passer sous silence la promotion du café Masda de Sao Paolo. Le buvard est connu, mais le sachet en papier beaucoup moins. Il est fort peu probable que des couleurs spéciales aient été distribuées en échange de bons de café. On peut facilement imaginer que si cela avait été le cas, Masda les aurait faites figurer sur ses publicités.

Il assez intéressant de constater que n’apparaît nulle part la mention Dinky Toys.

1953 : 1ère ébauche de la Studebaker 24 Y

Dinky Toys a toujours eu beaucoup d’affinités avec la firme Studebaker. Cela commence à Liverpool avec la 39F Studebaker Commander de 1939 et se poursuit avec la Land Cruiser et enfin la Golden Hawk.

Prototype Studebaker 24 Y Dinky Toys
Prototype Studebaker 24 Y Dinky Toys

La collaboration ne se limite pas aux voitures mais s’étend aux utilitaires notamment une belle série de camions citerne, arborant des publicités différentes. Le marché américain était certainement la cible des décideurs.

En héritant de l’outillage de la 39F anglaise, Bobigny fera à peu de frais de la Commander une de ses nouveautés d’après guerre. Puis, pour accompagner le petit camion Ford Poissy, la direction choisira une camionnette Studebaker.

Ce véhicule est peu connu sur les routes de France mais il est le symbole des véhicules américains circulant sur les routes des années 50. Bref, Studebaker est souvent à l’honneur chez Meccano.

Dans la logique qui veut qu’un modèle dont la production est arrêtée soit remplacé par un modèle équivalent mais plus récent, la firme de Bobigny songe dès 1952-1953 à remplacer sa 24 0 dont la reproduction figure un modèle de 1939. Après guerre, grâce à son designer Raymond Loewy, la firme Studebaker bénéficie d’une aura. Meccano entreprend donc l’étude d’un modèle du millésime 1953.

C’est ce modèle que nous vous présentons. Il est réalisé en bois, peint de couleur vert foncé. Dinky Toys se heurte cependant à un problème : chaque année, à Detroit, à l’occasion du salon de l’auto, les fabricants automobiles américains modifient leurs modèles. Certes, ce sont des détails mais l’aspect visuel peu facilement s’en trouver bouleversé. Pour les constructeurs américains, il est primordial de susciter l’envie des clients par des effets de mode. L’Europe sera gagnée par ce phénomène, mais un peu plus tard et dans une moindre proportion. Ainsi, le temps de réaliser un prototype et les plans du modèle de 1953, celui-ci se trouve déjà périmé par l’apparition au salon du millésime 1954. Les stylistes de Studebaker sont visiblement plus rapides que les agents du bureau d’étude de Meccano ! Dinky Toys décide donc de remettre au goût du jour son modèle, et retouche la face avant tout en conservant les ailes arrière. Il procèdera de la même manière avec les retouches opérées sur l’Aronde Elysée au niveau également des ailes arrière.

Au final, c’est donc un modèle de Studebaker peu réaliste que Dinky Toys met sur le marché. Nous avions déjà évoqué la difficulté pour les producteurs de miniatures à suivre les évolutions des constructeurs avec les monoplaces Cooper de chez Solido.

A l’arrivée ce sera pourtant une belle auto qui remplacera avantageusement l’obsolète 24 O.

Le Berliet Stradair en plastique de Dinky Toys

Le Berliet Stradair en plastique de Dinky Toys

Non, ce véhicule en plastique ne fut pas produit par Dinky Toys pour concurrencer Norev !

Berliet Stradair en plastique Dinky Toys
Berliet Stradair en plastique Dinky Toys

Au milieu des années 60, Dinky Toys ne testait plus ses moules en injectant du zamac mais en injectant du plastique. Cette technique présentait le double avantage de permettre un repérage plus facile d’éventuels défauts et de ne pas endommager le moule en cas de problèmes de conception. Il est évident que la pression pour injecter du zamac est beaucoup plus forte. Le plastique est plus fluide, emplit mieux le moule et requiert une pression moindre. Ce Berliet Stradair est une des premières injections. Nous connaissons aussi, injecté en plastique, un Saviem porte-fer et un autobus Berliet….On peut penser que bien d’autres modèles connurent un début de carrière similaire. Toujours avec la même logique économique, ces premiers tests étaient recyclés pour les essais de teintes…Ce Stradair a été injecté de couleur blanche, puis peint en 2 tons de vert. Les sièges sont peints de couleur bordeaux.

Détail intéressant, le logo Berliet du capot avant est en tampographie, et non gravé comme la version définitive ; de même le châssis comporte de nombreuses modifications : les lames de ressort de la suspension de l’essieu avant ne sont pas détaillées comme la version définitive et sont absentes sur l’axe arrière ; les réservoirs d’essence sont différents.

Il faut impérativement lire le blog « mea culpa » qui fut édité quelques mois après, suite à l’intervention de Claude Thibivilliers au sujet de la lecture  de cet article.