Erzgebirge Zeppelin

Voyage dans l’espace – 2

Je lis toujours avec beaucoup de curiosité les articles des magazines automobiles qui laissent la parole aux ingénieurs, notamment lorsque ces derniers se prononcent sur les innovations techniques envisageables à long terme.

Erzgebirge Zeppelin
Erzgebirge Zeppelin

Cette projection à 10, 20 ou 30 ans m’a toujours fasciné. Ainsi, lorsque nous avons changé de millénaire, j’avais imaginé que des journalistes inspirés se seraient penchés sur le sujet, en se replongeant 100 ans en arrière. Ils auraient sans doute pu extraire des archives quelques perles ! Cela aurait constitué à mes yeux un passionnant sujet, mais les médias étaient plus occupés à savoir si les ordinateurs allaient passer le cap de l’an 2000 !

Un constat s’impose dans l’histoire de l’automobile. L’avion et l’automobile sont apparus presque en même temps, l’automobile précédant légèrement l’avion. C’est sur la base des progrès du moteur automobile que l’avion prit son envol et paradoxalement, l’aviation a progressé bien plus vite que l’automobile. Il est certain que l’usage militaire des avions, lors du premier conflit mondial, a révélé aux dirigeants des pays belligérants l’intérêt du développement de l’aéronautique. Songeons cependant que la première automobile à avoir dépassé les 100 km/h était électrique. La « Jamais Contente » battit ce record en 1899. Un siècle plus tard on constate bien sûr, des progrès dans la propulsion électrique mais nous sommes loin des progrès fulgurants qu’a connus l’aviation. Louis Blériot traversait la Manche en 1909, et 64 ans plus tard le Concorde traversait l’Atlantique en moins de quatre heures ! Les stylistes automobiles n’ont cessé de singer le domaine aéronautique, comme pour se faire pardonner leur retard en termes de créativité. Nous avons tous en tête les fabuleuses autos américaines.

Au fur et à mesure que la conquête spatiale avançait, les carrosseries se sont affublées d’ailerons et de protubérances diverses, rappelant les avions de chasse de l’US Air Force. Il est un domaine moins connu, qui a également trouvé son inspiration dans le domaine aérien. C’est celui des transports en commun.

Sachant que je préparais un article sur le sujet, Monsieur Sée, m’a gentiment prêté un ouvrage très intéressant qui traite de l’histoire des carrosseries des cars allemands des années trente à quarante. Il faut dire que le développement des infrastructures autoroutières a libéré les ingénieurs. Une compétition s’est alors engagée entre les différentes marques pour concevoir des cars aérodynamiques. Mercedes, Büssing, Magirus mais aussi des carrossiers indépendants se sont lancés dans l’aventure. Un des projets les plus surprenants est un car inspiré des travaux sur l’autorail Zeppelin. Il est visiblement demeuré à l’état d’étude. Le jouet produit par Erzgebirge porte la mention « ohne motor » qui peut se traduire par « sans moteur ». L’inscription est très optimiste mais il faut dire que nous sommes en pleine période de propagande. Ce car figure bien dans le livre. Je doute qu’il en fut produit un quelconque exemplaire, mais sa renommée était telle qu’un fabricant de jouet a voulu l’inscrire à son catalogue.

J’ai choisi de présenter en photo un autre jouet, provenant de RDA, encore inspiré des recherches aérodynamiques d’avant la guerre.

Tout un symbole. Monsieur Dufresne me signale que l’inscription « Windsbraut » se traduit par « la rafale » tout un programme !
Suite la semaine prochaine

Le prophète – 3

Alors, lequel auriez- vous choisi chez le marchand de jouets du coin de la rue ? Pour ma part , la version avec les autos de manège a ma préférence.

Il est certain que la diffusion a dû se faire dans des bazars. Ces jouets ne pouvant rivaliser en qualité avec les firmes reconnues.

N’hésitez pas à me contacter si vous possédez d’autres versions « baroques » de chez River Series.

Depuis la publication de ces fiches, Monsieur Dufresne nous signale l’existence d’une version équipée d’une toupie à béton et d’une version fourragère. De plus la grue et la citerne existeraient en versions militaire. Enfin, notons l’existence d’un rare coffret transformable. (voir les autres articles sur le River Serie Bedford)

Le prophète – 2

A l’opposé, la firme anglaise Jordan & Lewden qui produisait des miniatures en zamac juste après la seconde guerre mondiale s’est illustrée en ne s’interdisant aucun thème dans sa collection « River Series.

River Series Bedford fourgon
River Series

Sur la base de la reproduction approximative d’un camion Bedford, assez hideux, River Series a décliné une série de carrosseries plus torturées les unes que les autres. Un vrai bonheur pour les collectionneurs qui espèrent toujours trouver une carrosserie inconnue.

Il y a moins d’un an, j’ai ainsi mis la main chez mon ami Simon qui tient une boutique à Halifax, entre Leeds et Manchester, sur une fabuleuse version avec sa boîte d’origine : il s’agit d’un transport de voitures de manège !

Il m’a raconté que le véhicule qu’il me vendait provenait d’une ancienne marchande de jouets de bazar. Il s’agissait donc d’invendus. Il faut dire que le modèle équipé d’un mécanisme à clef devait coûter assez cher. River Series est également le seul fabricant à avoir osé proposer à la vente une citerne pour vidanger les fosses septiques, avec son bras articulé. Présentons enfin la version équipée d’un monte-charge. Là aussi, la fabrication du mécanisme a eu un coût. Viendront ensuite une extravagante grue et sa fléche disproportionné, un modèle équipé d’une nacelle, et une version « benne » assez baroque. Ces structures ne pouvaient pas resservir sur une autre base.

Cette série extravagante est unique. Plus tard les moules du camions Bedford seront vendus en Israël. Gamda se contentera de reproduire les versions bâchées. (voir les autres articles sur le River Serie Bedford)

River Series

Le prophète – 1

Je me suis interrogé à la suite de la tempête médiatique suscitée par la publication d’un dessin représentant le prophète alors que le Coran interdit toute représentation de ce dernier. Le domaine de la collection de miniatures automobiles connaît-il des interdits ? Les fabricants de jouets se sont-ils volontairement abstenus de reproduire certain types de modèles ?

River Series avec ou sans mécanisme
River Series avec ou sans mécanisme

Je n’ai pas d’exemple d’interdictions clairement formalisées, mais l’autocensure a porté essentiellement sur les véhicules évoquant la mort et la guerre. Ainsi même si Corgi Toys et C-I-J ont réalisé des prototypes de corbillards, les directions des firmes n’ont jamais autorisé leur production. Si, plus tard, des firmes comme Verem en ont commercialisé il s’agit de véhicules destinés aux collectionneurs et non aux enfants.

Après les évènements de mai 68, dès les années 70, les jouets militaires ont été très mal vus en Scandinavie. Il en était de même pour la vente de jouets imitant les armes à feu.

Sur les étals des bourses d’échange scandinaves, il est très difficile de trouver des jouets militaires. Cela n’empêcha pas Tekno et Vilmer d’en reproduire, mais il apparaît que ces jouets étaient surtout destinés à l’exportation. Ainsi, les véhicules Tekno sont tous aux couleurs de l’US Army. (voir les autres articles sur River Serie Bedford)

A suivre …

Modelisme Porsche 908

Quand le Modélisme fit son apparition – 2

Les miniatures présentées ce jour ont plus d’intérêt qu’il n’y paraît de prime abord. Le fabricant de ces modèles, ou plutôt leur distributeur a pour nom Modélisme. « Modélisme », c’est également le nom de la célèbre boutique du boulevard Sébastopol où ces miniatures furent distribuées.

Modélisme Porsche 908. Chassis différent.
Modélisme Porsche 908. Chassis différent.

Le succès de la boutique fut très rapide. Monsieur Greilsamer a vite compris la nécessité de favoriser la création de liens entre les amateurs. Pour atteindre cet objectif, il va publier une revue du même nom que sa boutique, puis, en 1967, un des premiers ouvrages consacrés au sujet, riche de photos et de listes de recensement de marques et de productions. Etant lui-même un collectionneur passionné, il a été sensible aux demandes des autres collectionneurs. Dans sa revue, il ne manquera jamais d’interpeller les fabricants pour leur soumettre des idées mais aussi pour les critiquer sur la qualité d’exécution de leurs produits.

Lorsqu’à l’aube des années 70 apparaissent en Grande-Bretagne les premiers kits en white métal, il va bien sûr les importer. Au regard de la difficulté du montage, ces kits ne sont pas à la portée de tout le monde. Pour de nombreux collectionneurs, le résultat final n’est pas à la hauteur des espérances. Il fallait effectivement du talent pour assembler les premières John Day. Si les photos de modèles montés présentés par la revue Modélisme ont fait rêver de nombreux amateurs, elles ont également suscité beaucoup de frustration. Notons qu’à l’époque il n’y avait pas de monteur professionnel. Par ailleurs, le white metal nécessitait un important travail de préparation, ce qui excluait la rentabilité d’un montage en petite série. Jacques Greilsamer comprit que pour satisfaire sa clientèle, il se devait d’offrir des produits finis. C’est grâce à sa parfaite connaissance du milieu des maquettistes qu’il a trouvé une solution. Deux maquettistes de talent, Messieurs Dubray et Evrat qui présentaient régulièrement leurs propres réalisations dans les pages du magazine lui présentèrent une solution envisageable : utiliser de la résine. Le matériau permettait d’échapper à l’investissement du moule en acier indispensable pour injecter du zamac. Au regard des quantités prévues, ce matériau permettait une gravure fine, et des carrosseries plus faciles à travailler. L’histoire était en marche, et c’est ainsi que naquit la gamme « Modélisme ». La finition très soignée ne permit qu’une micro production, bien inférieure à la demande.

Les maquettes ont très bien passé l’épreuve du temps, signe d’une qualité parfaite. Les gens qui ont connu cette époque fantastique regardent encore maintenant ces modèles avec désir. Comme ils ont été difficiles à obtenir !

Pour Jacques Greilsamer, le constat s’imposait : celui de l’existence d’un nouveau marché à destination des collectionneurs adultes. Les « miniatures maquettes » allaient supplanter les « miniatures jouets » et il allait créer Eligor. Contrairement aux industriels, il a anticipé ce phénomène. Bien sûr, avant lui, des firmes comme Rio s’étaient orientées sur ce créneau mais elles étaient restées prisonnières d’un marché à bout de souffle, celui des automobiles classiques d’avant la seconde guerre. Il en fut de même pour Solido et ses Age d’or. Pour avoir souvent travaillé avec des gens de chez Solido, j’ai constaté qu’ils avaient beaucoup de mal à croire au marché des collectionneurs.

Il est regrettable que Monsieur de Vazeilles ait vendu son entreprise à la période où naissait Eligor. Un visionnaire comme lui aurait sans doute mieux réagi que ses successeurs