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Un chemin de croix

Un chemin de croix

La production des automobiles Pegaso s’est rapidement apparentée à un véritable chemin de croix. Ce n’est pas un vain mot de le dire. (voir le blog consacré à cette firme).

Cela m’amène à vous parler de M. Gillet, passionné d’automobiles et collectionneur éclectique de miniatures automobiles. Il aime beaucoup la firme Pegaso et place au panthéon des ingénieurs de l’automobile Wilfredo Ricart, l’ingénieur qui conçût les Pegaso.

Quand on lui parle d’Espagne, il s’enflamme vite. Notamment pour ce qu’il appelle la « Grande Espagne » qui va, selon ses dires de Philippe IV à Franco. Il connait beaucoup d’anecdotes concernant ce pays et ceux qui l’ont dirigé.

Dernièrement, il me fit remarquer que les camions miniatures de la marque de jouets Caramello, que j’avais identifiés comme des reproductions de Barreiros, étaient en fait des Pegaso Comet. Puis, il ajouta cette phrase qui n’a cessé de m’intriguer:

« Tous les modèles Pegaso contemporains de l’ingénieur Ricart sont faciles à identifier : ils sont toujours ornés d’ une croix sur la face avant et le plus souvent dans la calandre. » Il alla même plus loin en m’expliquant que l’ingénieur Wilfredo Ricart à qui l’on doit ces voitures Pegaso et qui participa aussi à la conception des poids lourds était un fervent catholique. Ainsi, la croix sur les faces avant des Pegaso serait en fait une allusion à la crucifixion .

J’avoue être resté sans voix. M. Dufresne et moi-même avons fait des recherches mais n’avons pas trouvé confirmation de cette théorie. Selon ce dernier, c’est hautement improbable. Alors, légende, interprétation a posteriori… Difficile de se prononcer, difficile de savoir si dans l’Espagne franquiste qui avait fait de la   guerre civile une véritable croisade, Ricart a délibérément choisi ce symbole, ou s’il ne s’agit que d’un ornement sans connotation religieuse.

A cette histoire hors du commun, j’ai choisi d’associer une autre reproduction de Pegaso qui m’a également laissé sans voix le jour où je l’ai acquise

Lors de la vente aux enchères consacrée à la collection de M. Pujol, collectionneur barcelonais, j’ai été intrigué par la photo de cette reproduction de Pegaso. Maquette artisanale, jouet, objet publicitaire, j’avoue m’être posé de nombreuses questions à la vue de la photo.

Je n’avais jamais entendu parler de cette reproduction. En tout état de cause, la dimension de l’objet à l’échelle du 1/50, le faisait rentrer de fait dans le thème de ma collection. J’ai acheté le modèle.

Les camions Pegaso eux ont eu bonne réputation et ont perduré longtemps avant que l’entreprise ne soit absorbée par Iveco. Les conditions d’utilisation très difficiles dans ce pays, ont constitué un test probant de leur fiabilité. J’ai beaucoup d’affection pour cette cabine représentative de l’Espagne des années cinquante.

C’est les vacances. Prochain  article fin aout. Vous pourrez durant tout l’été relire les 496 articles du blog  de l’Auto Jaune Paris !

Erzgebirge Zeppelin

Voyage dans l’espace – 2

Je lis toujours avec beaucoup de curiosité les articles des magazines automobiles qui laissent la parole aux ingénieurs, notamment lorsque ces derniers se prononcent sur les innovations techniques envisageables à long terme.

Erzgebirge Zeppelin
Erzgebirge Zeppelin

Cette projection à 10, 20 ou 30 ans m’a toujours fasciné. Ainsi, lorsque nous avons changé de millénaire, j’avais imaginé que des journalistes inspirés se seraient penchés sur le sujet, en se replongeant 100 ans en arrière. Ils auraient sans doute pu extraire des archives quelques perles ! Cela aurait constitué à mes yeux un passionnant sujet, mais les médias étaient plus occupés à savoir si les ordinateurs allaient passer le cap de l’an 2000 !

Un constat s’impose dans l’histoire de l’automobile. L’avion et l’automobile sont apparus presque en même temps, l’automobile précédant légèrement l’avion. C’est sur la base des progrès du moteur automobile que l’avion prit son envol et paradoxalement, l’aviation a progressé bien plus vite que l’automobile. Il est certain que l’usage militaire des avions, lors du premier conflit mondial, a révélé aux dirigeants des pays belligérants l’intérêt du développement de l’aéronautique. Songeons cependant que la première automobile à avoir dépassé les 100 km/h était électrique. La « Jamais Contente » battit ce record en 1899. Un siècle plus tard on constate bien sûr, des progrès dans la propulsion électrique mais nous sommes loin des progrès fulgurants qu’a connus l’aviation. Louis Blériot traversait la Manche en 1909, et 64 ans plus tard le Concorde traversait l’Atlantique en moins de quatre heures ! Les stylistes automobiles n’ont cessé de singer le domaine aéronautique, comme pour se faire pardonner leur retard en termes de créativité. Nous avons tous en tête les fabuleuses autos américaines.

Au fur et à mesure que la conquête spatiale avançait, les carrosseries se sont affublées d’ailerons et de protubérances diverses, rappelant les avions de chasse de l’US Air Force. Il est un domaine moins connu, qui a également trouvé son inspiration dans le domaine aérien. C’est celui des transports en commun.

Sachant que je préparais un article sur le sujet, Monsieur Sée, m’a gentiment prêté un ouvrage très intéressant qui traite de l’histoire des carrosseries des cars allemands des années trente à quarante. Il faut dire que le développement des infrastructures autoroutières a libéré les ingénieurs. Une compétition s’est alors engagée entre les différentes marques pour concevoir des cars aérodynamiques. Mercedes, Büssing, Magirus mais aussi des carrossiers indépendants se sont lancés dans l’aventure. Un des projets les plus surprenants est un car inspiré des travaux sur l’autorail Zeppelin. Il est visiblement demeuré à l’état d’étude. Le jouet produit par Erzgebirge porte la mention « ohne motor » qui peut se traduire par « sans moteur ». L’inscription est très optimiste mais il faut dire que nous sommes en pleine période de propagande. Ce car figure bien dans le livre. Je doute qu’il en fut produit un quelconque exemplaire, mais sa renommée était telle qu’un fabricant de jouet a voulu l’inscrire à son catalogue.

J’ai choisi de présenter en photo un autre jouet, provenant de RDA, encore inspiré des recherches aérodynamiques d’avant la guerre.

Tout un symbole. Monsieur Dufresne me signale que l’inscription « Windsbraut » se traduit par « la rafale » tout un programme !
Suite la semaine prochaine