L’express d’Helsinki

Le camion Volvo Express Paulig

Mon père ne me démentirait pas si je disais que notre histoire avec Tekno a rythmé notre vie de collectionneur. La publication du premier ouvrage de Hans Hedegard et Dorte Johansen en 1984, sur la firme de Copenhague fut une véritable révélation : nous avons découvert tout un univers.

Sur la couverture de ce premier ouvrage sur les modèles Tekno, trône, au centre, le camion Volvo Express Paulig.

 sertissage du vitrage du Volvo Express Paulig
sertissage du vitrage du Volvo Express Paulig

La couverture présente d’ailleurs un condensé de pièces rares. Cette photo nous laissait entrevoir que le chemin à parcourir pour réunir ces véhicules allait être long, très long ! Si, pour une firme comme Dinky Toys, il est relativement facile de répertorier les promotionnels, pour Tekno, il en est tout autrement.

En effet, Tekno a très vite compris l’intérêt qu’il y avait pour une société à faire figurer son logo sur des reproductions en miniature de camions et camionnettes. Grâce à la conception technique de ses moules, Tekno pouvait proposer sans difficulté des combinaisons de couleurs variées. Nous reviendrons prochainement sur cet aspect technique, lors de l’étude des camions Volvo Titan.

Un examen rapide montre que Tekno moulait la cabine en trois parties : la cabine elle-même, les ailes avant et enfin le châssis. Il était donc facile de proposer une finition tricolore. Par comparaison, Dinky Toys moulait les cabines de ses camions de façon monobloc. Le Volvo Express ici présenté est moulé en trois parties : cabine, châssis et ridelles. Ce camion est apparu chez Volvo en 1959. Sa physionomie ne nous est pas familière, à nous français. En dépit de recherches approfondies, je n’ai pas trouvé d’exemples ayant circulé en France. Si ces camions ont circulé dans l’hexagone, ils n’ont pu être que très rares. Il est probable que la carrière de ce modèle, chez Tekno a été éclipsée par le superbe Volvo Titan ou N88.

Mais, de manière curieuse, Tekno a offert plusieurs versions promotionnelles de ce camion. Était-ce une manière, par le biais de modèles spéciaux, d’amortir les moules ?

Celui que nous vous présentons est à mes yeux le Tekno le plus désirable de toute la gamme. Paulig est une firme agro-alimentaire finlandaise. Le véhicule qui comporte une carrosserie spécifique a été spécialement conçu pour cette firme.

En effet, le plateau ridelles a été aménagé avec un dosseret vertical. De plus, afin de recevoir une décoration, les flancs du plateau sont lisses. Ces détails sont importants. Ils permettent rapidement une authentification. Dans les années 75, quelques Danois, dont mon ami Elgaard ont récupéré tout un stock de modèles, d’accessoires et de décalques au siège de la fabrique qui avait, à l’aube des années 70, quitté Copenhague, pour le Jütland. Dans les années 80, quelques Danois fabriquèrent chez eux des modèles avec des pièces d’origine repeintes par leurs soins. Les quelques Paulig fabriqués à cette occasion ne possèdent pas ces particularités techniques et ne peuvent êtres confondus avec les originaux.

Lorsque les auteurs du livre précités ont entrepris une activité de salle des ventes, ils ont basé leur publicité sur la mise en vente de ce fameux Paulig qui était à l’époque le seul exemplaire d’origine connu. Nous n’avons pas laissé passer l’occasion d’acquérir une telle pièce. Pendant longtemps la petite salle des ventes se servit de cette vente pour promouvoir ses services.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Une dizaine d’années plus tard, au magasin, j’ai reçu la visite d’un Finlandais. Il était journaliste. Je me souviens très bien d’un détail amusant : il roulait en Simca 1500 !

Ce qui est peu banal là-bas ! Je n’ai pu m’empêcher de lui demander s’il avait des Tekno et de lui parler du camion Paulig. Il connaissait bien la firme, mais n’avait jamais entendu parler de ce Tekno. Deux ans se sont écoulés avant qu’il ne revienne me voir. Il m’explique que par un étrange hasard son journal l’a envoyé faire un reportage chez Paulig ! Il s’est à cette occasion souvenu de notre conversation. Si l’entreprise avait un petit musée tenu par une retraitée, il ne comportait aucune trace du véhicule. La dame proposa de publier dans le bulletin de liaison du musée un avis de recherche auprès des anciens salariés. Une personne répondit, en expliquant qu’effectivement elle avait conservé le camion et la camionnette (en effet, Tekno livra, en plus du camion, un Ford Taunus fourgon). Le journaliste récupéra les deux objets et les apporta à la salle des ventes connue pour avoir vendu le premier modèle.

Les choses se passant parfois de manière étrange, nous avons récupéré aussi cet exemplaire. Il est quasiment identique au premier.

Jamais, nous n’en avons vu un troisième d’origine et c’est pourquoi, à mes yeux il constitue un des plus rares Tekno, voire le plus rare.

Nous avons gardé les deux pièces, car de manière un peu naïve, ou idéaliste, nous gardions toujours quelques pièces très rares en vue d’échange avec d’autres collectionneurs. La réalité démontre qu’il est très difficile de pratiquer ainsi.

De l’usine aux champs

Les fabricants usent parfois de certains artifices afin d’écouler des modèles un peu boudés. C’est ainsi que Matchbox utilisa comme support le Ford D800 pour y placer trois tracteurs, bien évidemment de la marque Ford. Pour cette occasion le fabricant créa une remorque plateau sur laquelle prirent place les trois tracteurs.

L’idée de répétition est assez judicieuse. Une jolie boîte fut spécialement créée. J’étais encore enfant quand on m’a offert ce modèle. Le graphisme de la boîte m’a enthousiasmé.

Matcbox Ford semi remorque porte tracteurs
Matcbox Ford semi remorque porte tracteurs

Aujourd’hui, j’ai encore beaucoup de plaisir à la regarder. Le modèle est fréquent et rien ne semble justifier qu’il fasse l’objet d’une rubrique. Sa présence ici s’explique par la récente découverte que j’ai faite.

La découverte en question est un véhicule de la marque Merehall de Hong Kong. Les productions de cette firme sont peu courantes ; elle est de plus d’avantage connue pour des reproductions de jouets à une échelle supérieure au 1/43. Cependant, notre camion Ford est bien au 1/43. La filiation avec le modèle produit par Matchbox est évidente : les tracteurs bien que de taille supérieure, sont identiques. Il en est de même du système de fixation. Mais la cabine tracteur elle-même? Ne vous dit-elle rien ? Bien sûr, il s’agit d’une copie du Ford produit par Corgi Toys, concurrent de Matchbox !

Elle a été légèrement simplifiée. Merehall l’a débarrassée de ses fragiles rétroviseurs mais a gardé la cabine basculante qui s’ouvre sur un moteur à friction. L’ensemble est de qualité. Quant à la remorque plateau, elle est également empruntée à Corgi Toys. C’est la plate-forme de la caisse fourgon du Corgi Toys. Cette remorque sera utilisée dans la version du cirque Chipperfield, avec trois cages et des fauves. La Merehall était destinée au marché anglais : la décoration de la boîte fait vraiment penser à une autoroute anglaise.

Ce jouet est très peu fréquent. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais dans l’article suivant, vous allez voir que non.

Correspondance Berlinoise – 2

Correspondance Berlinoise – 2

Ernst Plank

Berlin 10 Juillet 1914.

Amis de Paris 

Heureux de savoir que votre voyage vers votre belle capitale s’est bien déroulé. C’est avec une grande joie que nous répondons par l’affirmative à votre invitation de venir pour Noël à Paris. Nous sommes impatients de gravir votre tour Eiffel. Ici, à Berlin, il y a beaucoup d’inquiétude. Certains évoquent la possibilité d’un embrasement général. Nos deux peuples ne vont pas se déchirer de nouveau ? Nous espérons que la raison reprendra le dessus. Nous irons demain nous renseigner pour notre voyage pour Paris.

Amicales salutations

Hansel et Gretel.
Berlin

PS: Les modèles photographiés sont tous des Ernst Plank. A mes yeux les plus rares que cette firme ait fabriqué.

Tiergarten Berlin

Berlin 1er Juillet 1914

Amis de France,

L’atmosphère en ce mois de Juillet est bien lourde ici. La chaleur est difficile à supporter. Nous allons cet après midi au Tiergarten, un des rares endroits de la capitale ou l’on peut trouver un peu de fraîcheur à l’ombre des arbres . Notre zoo est un des seuls coins de la capitale où l’on peut encore échapper à la morosité ambiante. Les enfants apprécient les manèges et la fosse aux ours. Partout des bruits de bottes. Les journaux disent que par un machiavélique jeux d’alliance, nous allons nous retrouver en guerre Amitiés Berlinoises.

Hansel et Gretel

Zoo Ernst Plank
Zoo Ernst Plank

Tous les éléments du zoo, le manège, la locomobile sont de ce fabricant (Ernest Plank).  Ils sont rares. On ne peut s’empêcher de faire un lien avec les jouets produis par Carette, Märklin ou Bing, mais à une échelle réduite. Enfin, le peu fréquent coffret avec les clowns. Ceux ci sont articulés, permettant ainsi de reproduire des numéros d’équilibre sur les chaises. A cet effet, des clichés en noir et blanc permettaient à l’enfant de se familiariser avec ces superbes jouets.

Observez le dessin du coffret représentant le chapiteau, orné d’un fanion « EP », comme Ernst Plankt.

Correspondances de Berlin – 1

Berlin 14 Juillet 1914

Chers amis français,

La guerre parait inévitable. Ici, nos troupes défilent fièrement devant l’objectif des photographes. Quelle ironie du sort, le jour de votre fête nationale. Notre empereur nous prépare au conflit. La mécanisation de la guerre nous amène à penser que la guerre sera courte. Mais quand nous reverrons nous ?
Notre voyage de fin d’année est bien compromis. Nous qui nous faisions une joie de venir dans votre capitale avec les enfants. Au printemps peut être, c’est si beau le printemps à Paris. Nous irons visiter les jardins refleuris.

Embrassez bien toute votre famille.

Hansel et Gretel

Défilé militaire Ernst Plank
Défilé militaire Ernst Plank

J’ai choisi de vous montrer quelques véhicules symbolisant la mécanisation de ce conflit armé. Ils sont tous produits par Ernst Plank. Les soldats, comme les clowns vu précédemment sont articulés, permettant à l’enfant de faire défiler ses soldats en plusieurs positions. Ils semblent bien que ces petits soldats avaient plusieurs décennies d’avance sur ceux de Britains, également articulés (au moins pour les membres supérieurs). Ils sont révolutionnaires pour l’époque. A cette période les fabricants allemands ou français ne produisaient que des figurines en demi-ronde-bosse.