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Dinky Toys Ford bâchés

Le Ford Poissy de mon père

Mon père est né le 2 septembre 1939, la veille de la déclaration de guerre et non le jour même comme il me l’avait toujours affirmé en abusant de ma crédulité enfantine, ce qui m’a valu en outre de mauvaises notes en histoire de France. Il sera un enfant de la guerre. La boutique de ses parents sera détruite et sa famille continuera à exercer son activité dans un baraquement de fortune. Son père sera fait prisonnier, tôt dans le conflit.

avec sa boîte de conditionnement
avec sa boîte de conditionnement

Son histoire ressemble finalement à celle de beaucoup de français. Enfant, il n’aura eu que très peu de jouets : un camion de pompiers Vébé et des soldats Quiralu. Il faut dire que dans un contexte aussi difficile les familles avaient d’autres préoccupations que d’acheter des jouets à leurs enfants. Ainsi, au milieu des années soixante-dix, peut-être pour compenser un manque, il a commencé à s’intéresser au train électrique. L’intérêt pour les petites voitures est venu après, sans doute à mon contact et à la suite de la passion des petites autos que j’ai très tôt développée. Il était fort logique que sa préférence aille aux véhicules de sa génération, ceux qu’il avait contemplés devant la vitrine du marchand de jouets à Compiègne de Monsieur Remy, électricien de son métier et dont le magasin se trouvait au début de rue de Pierrefonds. Lorsqu’ils ont en main un Dinky Toys des années 50, les collectionneurs ont tendance à oublier à quel point ce jouet était difficile à acquérir en tant que tel, et combien la Dinky Toys offerte à un enfant était un précieux présent. A cette période, les jouets étaient encore réservés à une minorité. Ainsi, la plupart des camions de la série 25 qui nous sont parvenus sont des invendus et c’est pour cette raison qu’ils ont été préservés !

Au milieu des années soixante-dix, c’est en toute logique que mon père va s’intéresser à la série 25 de Bobigny et qu’il va entreprendre de rassembler les modèles de cette série, bien aidé en cela par le livre de Jean-Michel Roulet qui détaille la moindre variante, les couleurs et les différents types de moules. Très vite, nous en avons rassemblé un certain nombre.

Ford bâchés 25 J roues zamac
Ford bâchés 25 J roues zamac

Quelques modèles se sont distingués par leur rareté. Si les camions Ford avec des publicités (25 JJ et 25 JB) et les Studebaker Tapissières (25 L) ne nous ont posé aucun problème, les camions Ford bâchés (25 J) et les Studebaker Maraîchers (25 K) se sont révélés introuvables. Il a fallu attendre plusieurs années avant de trouver notre premier 25 J ! (voir les Ford entrepreneur )

Chaque collectionneur se forge son indice de rareté à travers sa propre expérience. Jean-Michel Roulet intègre bien cette relativité lui qui évite, à l’inverse des catalogues de salle des ventes, d’émailler ses textes de superlatifs.

Cette expérience nous a conduit à mettre tout en œuvre pour acquérir les camions Ford bâchés qui se présentaient sur le marché, car nous savions combien la difficulté pour en réunir était grande. Au bout de 35 ans, nous en comptions onze.

Notre ami Charles qui tient souvent la boutique en mon absence et qui est de la génération de mon père est incollable sur ce sujet. Il m’a appris à distinguer les variantes de moule.

Ainsi, le 25 J présenté ce jour a eu une existence éphémère. Il s’agit d’un camion entrepreneur (25 I) équipé d’une bâche en tôle. La version sans publicité n’a pas eu un grand succès. La raison est simple : peu de temps après sa sortie, Dinky Toys a proposé deux jolies versions sur la base du camion bâché, aux couleurs de « Calberson » et de la « SNCF ». Ces derniers, bien que vendus un peu plus cher que la version bâchée sans publicité ont eu toutes les faveurs des jeunes acheteurs. La conséquence de ce succès fut l’arrêt de la version sans publicité. Elle ne connaîtra donc que le premier moule, avec le crochet arrière moulé en zamac avec la carrosserie. Il ne peut donc y avoir, comme le précise Jean-Michel Roulet de camion bâché avec un crochet rapporté en tôle. La version connaîtra cependant une évolution. Elle sera équipée de jantes en zamac peintes avec des pneus en caoutchouc. Ces versions de courte durée, qui annoncent le second moule sont les plus difficiles à se procurer. Charles, qui adore ces modèles, va plus loin dans la précision et propose l’analyse suivante.

avec ou sans renfort sur le pare chocs
avec ou sans renfort sur le pare chocs

Les premiers exemplaires du camion sortis des chaînes de Bobigny ont un pare-chocs non renforcé. Il semble que le modèle ait rapidement présenté une faiblesse, ce qui a contraint Bobigny à le renforcer par le dessous. En retournant le modèle, on constate l’existence d’une lèvre de zamac. Ce renfort est également visible sur le camion brasseur (25 H). Ce détail permet aux puristes de distinguer la première série de la seconde,et qu’en fonction de la présence ou de l’absence de cet appendice, des nuances importantes apparaissent dans les couleurs. Les bleus et les rouges sont très différents. Selon Charles ce détail détermine les combinaisons des couleurs de bâche pour les camions rouge ou bleu. Les combinaisons que nous vous présentons sont authentiques.

Je dédie ce texte à mon ami Charles, en le remerciant pour tout ce qu’il m’a appris.

L’express d’Helsinki

Le camion Volvo Express Paulig

Mon père ne me démentirait pas si je disais que notre histoire avec Tekno a rythmé notre vie de collectionneur. La publication du premier ouvrage de Hans Hedegard et Dorte Johansen en 1984, sur la firme de Copenhague fut une véritable révélation : nous avons découvert tout un univers.

Sur la couverture de ce premier ouvrage sur les modèles Tekno, trône, au centre, le camion Volvo Express Paulig.

 sertissage du vitrage du Volvo Express Paulig
sertissage du vitrage du Volvo Express Paulig

La couverture présente d’ailleurs un condensé de pièces rares. Cette photo nous laissait entrevoir que le chemin à parcourir pour réunir ces véhicules allait être long, très long ! Si, pour une firme comme Dinky Toys, il est relativement facile de répertorier les promotionnels, pour Tekno, il en est tout autrement.

En effet, Tekno a très vite compris l’intérêt qu’il y avait pour une société à faire figurer son logo sur des reproductions en miniature de camions et camionnettes. Grâce à la conception technique de ses moules, Tekno pouvait proposer sans difficulté des combinaisons de couleurs variées. Nous reviendrons prochainement sur cet aspect technique, lors de l’étude des camions Volvo Titan.

Un examen rapide montre que Tekno moulait la cabine en trois parties : la cabine elle-même, les ailes avant et enfin le châssis. Il était donc facile de proposer une finition tricolore. Par comparaison, Dinky Toys moulait les cabines de ses camions de façon monobloc. Le Volvo Express ici présenté est moulé en trois parties : cabine, châssis et ridelles. Ce camion est apparu chez Volvo en 1959. Sa physionomie ne nous est pas familière, à nous français. En dépit de recherches approfondies, je n’ai pas trouvé d’exemples ayant circulé en France. Si ces camions ont circulé dans l’hexagone, ils n’ont pu être que très rares. Il est probable que la carrière de ce modèle, chez Tekno a été éclipsée par le superbe Volvo Titan ou N88.

Mais, de manière curieuse, Tekno a offert plusieurs versions promotionnelles de ce camion. Était-ce une manière, par le biais de modèles spéciaux, d’amortir les moules ?

Celui que nous vous présentons est à mes yeux le Tekno le plus désirable de toute la gamme. Paulig est une firme agro-alimentaire finlandaise. Le véhicule qui comporte une carrosserie spécifique a été spécialement conçu pour cette firme.

En effet, le plateau ridelles a été aménagé avec un dosseret vertical. De plus, afin de recevoir une décoration, les flancs du plateau sont lisses. Ces détails sont importants. Ils permettent rapidement une authentification. Dans les années 75, quelques Danois, dont mon ami Elgaard ont récupéré tout un stock de modèles, d’accessoires et de décalques au siège de la fabrique qui avait, à l’aube des années 70, quitté Copenhague, pour le Jütland. Dans les années 80, quelques Danois fabriquèrent chez eux des modèles avec des pièces d’origine repeintes par leurs soins. Les quelques Paulig fabriqués à cette occasion ne possèdent pas ces particularités techniques et ne peuvent êtres confondus avec les originaux.

Lorsque les auteurs du livre précités ont entrepris une activité de salle des ventes, ils ont basé leur publicité sur la mise en vente de ce fameux Paulig qui était à l’époque le seul exemplaire d’origine connu. Nous n’avons pas laissé passer l’occasion d’acquérir une telle pièce. Pendant longtemps la petite salle des ventes se servit de cette vente pour promouvoir ses services.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Une dizaine d’années plus tard, au magasin, j’ai reçu la visite d’un Finlandais. Il était journaliste. Je me souviens très bien d’un détail amusant : il roulait en Simca 1500 !

Ce qui est peu banal là-bas ! Je n’ai pu m’empêcher de lui demander s’il avait des Tekno et de lui parler du camion Paulig. Il connaissait bien la firme, mais n’avait jamais entendu parler de ce Tekno. Deux ans se sont écoulés avant qu’il ne revienne me voir. Il m’explique que par un étrange hasard son journal l’a envoyé faire un reportage chez Paulig ! Il s’est à cette occasion souvenu de notre conversation. Si l’entreprise avait un petit musée tenu par une retraitée, il ne comportait aucune trace du véhicule. La dame proposa de publier dans le bulletin de liaison du musée un avis de recherche auprès des anciens salariés. Une personne répondit, en expliquant qu’effectivement elle avait conservé le camion et la camionnette (en effet, Tekno livra, en plus du camion, un Ford Taunus fourgon). Le journaliste récupéra les deux objets et les apporta à la salle des ventes connue pour avoir vendu le premier modèle.

Les choses se passant parfois de manière étrange, nous avons récupéré aussi cet exemplaire. Il est quasiment identique au premier.

Jamais, nous n’en avons vu un troisième d’origine et c’est pourquoi, à mes yeux il constitue un des plus rares Tekno, voire le plus rare.

Nous avons gardé les deux pièces, car de manière un peu naïve, ou idéaliste, nous gardions toujours quelques pièces très rares en vue d’échange avec d’autres collectionneurs. La réalité démontre qu’il est très difficile de pratiquer ainsi.