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Si Spot-On avait eu le temps …

Le fait est rare, et mérite d’être mis en valeur. Les fabricants asiatiques ne se sont pas toujours inspirés de ce qui se faisait par chez nous : la preuve en est avec ces beaux camions Morris.

Avouons que ces cabines très typées britanniques auraient mérité des reproductions chez les fabricants anglais. Elles ont eu un succès confidentiel chez les utilisateurs à l’époque.

l'étrange cabine du Camion Morris
l’étrange cabine du Camion Morris

Elles correspondent à la période, au milieu des années 60, où l’ouverture des marchés et des frontières en Europe va bouleverser le paysage routier. Ainsi de nombreuses marques vont fusionner afin de lutter plus efficacement contre la concurrence.

A titre d’exemple, des cabines très similaires à ces Morris seront adaptées en France, chez Willeme. Nous verrons ainsi des camions BMC d’origine anglaise arborant le monogramme Willeme BMC, mais aussi des Willeme AEC…le succès ne sera pas au rendez vous…l’industrie automobile anglaise, en perte de vitesse depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aura beaucoup de mal à développer ses exportations.

Ces véhicules ne feront aucune percée commerciale en dehors des colonies ou des pays anciennement colonisés avec lesquels l’Angleterre a gardé des liens privilégiés. Ces modèles ont sans doute souffert d’un manque d’innovation technique qu’une originalité purement esthétique n’a pas pu pallier. Le fait est là, ces firmes seront balayées très rapidement.

Notre Morris est doté d’une cabine assez révolutionnaire. Avec de larges surfaces vitrées, son créateur a manifestement privilégié la vision. Emporté par sa fougue cet ingénieur a réussi à placer les deux portes dans un angle improbable, l’accès à la cabine se faisant par un marchepied situé sur l’angle arrière biseauté. Au niveau de l’originalité c’est réussi, quant à l’efficacité, la réponse est que ce système ne sera jamais plus réutilisé ! Il n’empêche que le modèle a fière allure en vitrine. L’échelle de reproduction est voisine du 1/43 (17cm). Il est à une échelle identique de celle des camions Spot-On.

Il est intéressant de constater que sur son dernier catalogue Spot-On avait programmé un fourgon Leyland dans une version ambulance et police. Un dernier mot sur le ou plutôt les fabricants de ce jouet. La benne et le fourgon portent gravés sur leur châssis le logo « TAT » made in Hong Kong. On rencontre souvent le nom de cette firme très active. Par contre sur les boîtes figurent deux noms différents.

Ainsi la version ridelles a été vendue sous le nom « Fairylite empire made » alors que la firme apparaissant sur la boîte du fourgon est « Merehall’s Noveltoys ».

Ceci ne fait que confirmer un fait familier aux collectionneurs de ces produits. Il semble que toute la production de miniatures de Hong-Kong n’a été en fait l’œuvre que de deux ou trois unités de fabrication. Un peu à l’image de ce qui se passe actuellement en Chine pour les miniatures.

Enfin n’oublions pas de mentionner deux détails. Le premier concernant la version ridelles. Celle-ci est équipée d’une petite remorque, qui doit se loger à l’intérieur de la benne du camion pour tenir dans la boîte ! Quant à la version du fourgon, elle arbore fièrement le nom de son commanditaire « Merehall’s Noveltoys ». On peut imaginer notre camion, comme dessiné sur la boîte remontant le motorway M1 empli de petites reproductions de chez« Merehall’s Noveltoys ».

Bons baisers de Hong-Kong

Avant l’invention du téléphone portable ou de la messagerie électronique, il était de bon ton, une fois arrivé à destination du lieu de villégiature de faire parvenir à son entourage une petite carte postale, afin de bien montrer quelle chance on avait d’être là … !

Simca Chambord Codeg
Simca Chambord Codeg

Hong-Kong en Chambord ? Vous allez me répondre que peu de vacanciers français sont allés à Hong-Kong en vacances d’été avec leur caravane attelée à une Chambord !

Je vous demanderai alors pourquoi un fabricant asiatique a reproduit cet attelage composé de véhicules « bien de chez nous », qui plus est destiné au marché américain ! Quelle histoire !

En effet c’est bien aux USA que nous avons trouvé ces coffrets. Nous en avons également découvert en Grande-Bretagne. La source d’inspiration de Codeg, le fabricant est évident. Le lien de parenté avec l’attelage provenant de Villeurbanne ne peut être démenti. Même le socle de la boîte, injecté en plastique de couleur, est similaire. La couleur de celui-ci varie toutefois en fonction de la couleur des éléments le composant. La seule inscription sous celui-ci est la référence 3742. Cette référence est reprise sur les plaques d’immatriculation et sur les châssis de l’auto et de la caravane. Sur ces derniers figure la mention « made in Hong-Kong » ainsi qu’entre parenthèses la mention « british empire ». Cette dernière mention nous aide, nous, collectionneurs curieux à nous repérer dans le temps.

Les premiers jouets fabriqués à Hong-Kong portaient simplement la mention, assez évasive, « Empire made » fabriqué dans l’empire…Britannique « of course »  !

Puis, rapidement, au milieu des années 50, apparaîtra le nom de la grande ville asiatique accolée à celle de l’empire, comme notre modèle présenté. Enfin, ne subsistera sur toutes ces productions plastiques que la mention Hong-Kong.

Il faut garder à l’esprit, qu’à une certaine époque ces produits asiatiques avaient une mauvaise image au regard des critères de qualité. Leur prix de vente assez bas les confinait aux rayons des bazars. Le temps a bien changé ! Désormais ils sont la cible des collectionneurs. Nous avons eu assez tôt un intérêt pour ces productions, motivés par le fait qu’elles étaient très souvent la copie de Spot on ou de Dinky Toys. Les collectionneurs actuels doivent être mis en garde sur le fait que le nombre d’articles différents produits est excessivement important.

Nous avons un souvenir assez particulier. Lors d’une bourse d’échange dans la banlieue londonienne, un collectionneur anglais quittant définitivement la Grande Bretagne pour s’établir en Australie, avait décidé de mettre sa collection en vente. Il déballa plusieurs centaines de modèles, tous en boîte, et de toutes échelles. Un spectacle jamais revu depuis et qui était le fruit de plusieurs années d’accumulation. Nous pouvons avancer sans risque qu’il reste encore beaucoup de choses à découvrir dans la matière. Un des plaisirs de cette collection est de trouver le lien de parenté avec le fabricant original et de mettre un nom dessus. Ainsi des Matchbox au 1/75 se verront transformées à l’échelle du 1/43 alors que des Dinky Toys serviront de base à des reproductions au 1/60…

Notre Simca Chambord et sa caravane ont conservé leur format initial. Par contre, la conception des deux éléments diffère. L’auto et la caravane sont moulées d’une pièce ainsi, les parties de couleurs contrastées de l’auto ne sont plus rapportées comme sur la Norev mais réalisées à l’aide de peinture appliquée au pochoir. N’apparaissent donc plus les habituelles distorsions que l’on constate sur les ailes arrière des Norev. La technique est efficace et le résultat agréable à l’œil. Enfin, les roues sont également monobloc en plastique, peintes de couleur noire l’enjoliveur étant souligné grâce à de la peinture couleur argent.

Nous connaissons au moins trois couleurs pour la caravane : rouge, jaune ou bleu. Les autos connurent également des variantes de teintes. Enfin, ce modèle ne doit pas être confondu avec celui qui plus tard équipera le Berliet TBO porte autos de chez Codeg ou OK. La Simca Chambord sera alors équipée de pare-chocs et de jantes en plastique chromé. Une variante apparaitra même au niveau de la plaque d’immatriculation avant, celle-ci se trouvant entre les deux butoirs du pare-choc ou au dessus de celui-ci.

A notre connaissance OK n’utilisera que deux teintes pour cette auto : bordeaux avec pavillon et ailes chamois ou bleu avec pavillon et ailes grises. Il s’agira en fait d’une seconde vie pour ce moule.

Un Dodge Royal Taxi à Mexico

  • Dodge Royal ’58 Taxi de Mexico
  • 13,5 cm ; échelle voisine du 1/43
  • roues monobloc en plastique de couleur noire dont les enjoliveurs sont rehaussés de peinture argent
  • modèle injecté en plastique, dépourvu d’aménagement intérieur
  • les pare-chocs et les feux arrières de couleur argent sont dessinés au pochoir
  • la partie basse des flancs est peinte en noir, ainsi que l’extrémité du capot avant, ceci dans un souci de reproduire fidèlement le modèle original.

La délimitation de la peinture noire sur les côtés est rehaussée d’une bande en papier autocollante décorée de triangles blancs, dans un souci évident d’offrir une finition de qualité. Cette technique permet en effet d’atténuer les projections de peinture involontaires…

Une bande figure aussi au dessus de la malle arrière ; la plaque d’immatriculation indique « mexico 1958 ». Nous avouons humblement n’avoir aucune information sur cette firme mexicaine. Même son identité nous échappe. Connaissez-vous d’autres modèles provenant du Mexique, représentant des autos américaines ? Il serait bien n’étonnant qu’il n’y ait pas d’autres modèles, et même d’autres versions (panaméricaine, police…) L’ensemble a fière allure. La combinaison de couleurs est harmonieuse. On se plaît à imaginer ces belles américaines, un peu fatiguées, dans les rues polluées de Mexico…

Le côté exotique de ces jouets nous a toujours attiré, notamment ceux d’Amérique du sud. N’est ce pas une partie du plaisir de la collection que de voyager en regardant nos vitrines ?

Déesses au pays des Aztèques

Politoys est une firme italienne, d’origine milanaise fondée en 1955. Très vite, grâce à une politique commerciale agressive elle se développe, en Italie bien sûr, mais aussi hors des frontières transalpines. Cette gamme se positionne dans le créneau des articles bon marché : l’Italie mettra plus de temps que ses voisins à se redresser de la guerre.

DS Mc Gregor
DS Mc Gregor

On peut facilement faire un parallèle avec notre fabricant national Norev en raison de deux points communs : les années de lancement et l’utilisation du plastique. Celui employé par Politoys s’avère avec le temps de meilleure qualité ; sa résistance est excellente et les couleurs vives perdurent. Les modèles sont assemblés par vis contrairement aux modèles Norev. Par contre, globalement, notre fabricant national a souvent reproduit de manière plus fidèle les autos que son concurrent milanais. A titre d’exemple, la reproduction de certaines Alfa Roméo est approximative.

Les Citroën DS Politoys que nous vous présentons ne sont pas non plus des modèles d’exactitude. L’ensemble de la gamme dégage un charme certain. Nous avouons avoir un faible pour les poids lourds, particulièrement réussis notamment les Fiat 682N et les utilitaires légers de marque Romeo. Ces modèles sont reproduits au 1/43, ce qui fait un autre point commun avec notre fabricant villeurbannais.

La similitude des deux camions semi remorque porte autos, le Fiat (Politoys) et le Berliet (Norev) est intéressante. Grâce à des prix de vente assez bas, ces miniatures s’imposeront rapidement. Lorsque, au milieu des années 60, le niveau de vie s’élèvera en Italie, Politoys passera à la production de miniatures en zamac. Avant cela, elle produira une étrange série dénommée « fibre glass ». L’idée était de proposer des autos injectées en plastique, puis peintes et équipées d’un châssis en zamac, donnant du poids à l’auto. On peut penser que Politoys a utilisé cette technique après avoir tiré les leçons du résultat peu convaincant des teintes métallisées injectées dans la masse. Les peintures métallisées, signe d’un certain luxe (!!!?) commençaient alors à envahir les catalogues des fabricants de jouets. Le résultat, flatteur dans un premier temps montra vite ses limites. En effet les parties ouvrantes équipant ces miniatures en plastique avaient tendance à écailler très rapidement les parties voisines de la carrosserie.

La firme Norev tentera l’expérience, avec plus de succès car elle n’utilisera cette technique que pour des autos… sans partie ouvrante ! Norev produira aussi à cette époque une série dénommé Cométal. Il s’agit de modèles avec la traditionnelle carrosserie en plastique injecté et teinté dans la masse, mais équipés d’un socle non plus en plastique mais injecté en zamac. Nous voyons bien qu’il y a bien plus de points communs avec ces deux firmes que l’on ne l’imagine.

Le succès international pour Politoys sera au rendez vous avec la série 500 qui est une série injectée entièrement en zamac.

Le plastique va être abandonné progressivement. Les dirigeants milanais se sont alors demandé que faire des moules obsolètes et ont trouvé une solution originale à leur problème.

Une entité Mexicaine va être créée en association avec un industriel local du nom de Mc Gregor : tous les moules partent pour Mexico, tous les châssis sont regravés avec l’inscription : « Mc Gregor Politoys made in Mexico ».

La finition des modèles Mc Gregor se singularise par le fait que la plupart des carrosseries sont injectées en plastique de couleur blanche puis peintes. En cela, cette firme se servira de l’expérience acquise par Politoys avec ses modèles en fibre glass. Ainsi les modèles que nous vous présentons sont peints. Aucune Citroën DS sortie de l’usine milanaise n’avait connue cette technique, le plastique étant alors teinté dans la masse. Autre différence notoire, les jantes : celles-ci sont issues de modèles plus récents créés par Politoys. Il faut bien avouer que le choix de jantes à rayons pour un break ID est discutable ! Nous avons trouvé ces autos aux USA, il y a une vingtaine d’années. A cette époque, ces productions exotiques n’intéressaient que très peu de collectionneurs. Nous avions déjà connu ce phénomène avec les Dalia et les Brosol.

Cette collection Mc Gregor est très riche car au fur et à mesure que les moules étaient retirés de fabrication en Italie, ils partaient connaître une deuxième vie sous le soleil de Mexico. Ainsi, après les Politoys, suivirent les Polistil.

Livraison au Cap en Bantam Karrier

Parmi tous les continents, l’Afrique est celui qui a engendré le moins de fabricants de jouets. Pour être plus précis, il faudrait dire le moins de fabricants de miniatures automobiles. Ce constat va de pair avec celui que l’on peut faire en ce qui concerne l’industrie automobile.

Bantam Karrier PMI
Bantam Karrier PMI

La situation de dépendance dans laquelle se trouvait nombre de pays africains a conduit à ce que le secteur de l’automobile reproduise ce qui existait dans les pays colonisateurs. Très rares sont les firmes africaines qui créeront leurs propres modèles. Pour cela, il aurait fallu des conditions économiques plus favorables que celles qui existaient de manière générale sur ce continent puisque la fabrication de miniatures automobiles dépend fortement de la culture automobile de la population.

L’Afrique du Sud cependant est un pays qui avait réuni toutes ces conditions. Sans nous étendre sur la méthode qui a consisté à écarter une très grande partie de la population du bénéfice de cet essor, il faut bien constater que l’Afrique du Sud sera le pays le plus actif pour la production de jouets en Afrique.

L’adoption d’un mode de vie fortement occidentalisé en est la raison. Il est certain que des firmes comme Corgi toys ou Matchbox étaient bien implantées en Afrique du Sud, comme elles l’étaient d’ailleurs au Liban et dans les pays du Maghreb. Ces firmes cependant ne fabriquèrent jamais sur place.

Seuls Dinky toys contournera l’embargo par l’intermédiaire de son importateur en Afrique du Sud, E. Harris, et assemblera des modèles sur place. Nous avouons que la conquête de ces modèles nous a donné bien du fil à retordre.

Si les Dinky toys Afrique du Sud sont bien connues des collectionneurs, qui connaît la firme PMI de Johanesbourg ? C’est en feuilletant le catalogue d’une salle des ventes anglaise, que nous avons été attirés par des photos de modèles de la firme PMI.

Il semblait qu’un collectionneur sud africain avait donné à vendre deux modèles, avec quelques Dinky toys assemblées là bas. Le premier était la reproduction au 1/43 environ (le tout mesure 17cm) d’un Karrier Bantam tracteur et de sa remorque plateau. L’ensemble est moulé assez finement, en zamac. Malheureusement, la qualité de celui-ci est assez médiocre et nous notons la présence de quelques traces de métal fatigue. La calandre rapportée, moulée également en zamac chromé constitue un détail intéressant. Les jantes en plastique de couleur noire portent les inscriptions « pmi ». Elles sont équipées de pneus en nylon de couleur grise. Un châssis en tôle noire maintient l’axe du tracteur. Le système de sellette est bien reproduit. L’ensemble est très réaliste ce qui donne à penser que ce petit tracteur semi remorque devait être fréquent en Afrique du Sud, dans les zones portuaires. La boîte le représente avec un chargement de caisses. l’inscription « S.A.R.H» (south african railways and harbour) et « S.A.S en H » (en afrikaans) figure sur la boîte mais pas sur le modèle réduit.

D’après M. Dufresne, grand spécialiste des langues, cette compagnie serait l’équivalent de la sernam de chez nous.il semble que Paolo Rampini n’ait pas eu connaissance de cette firme…