Un amour de Fiat.
Qu’est il en train de lui promettre? Un amour éternel ? Des enfants ? des bijoux ? Une nouvelle automobile ?
A voir la façon dont il s’est habillé on comprend qu’il a une chose importante à déclarer à la jeune fille. Cette dernière n’est pas en reste.
Nous sommes en Italie, et c’est vrai que l’élégance est une préoccupation quotidienne. Elle est dans les gènes. On est Italien ou on ne l’est pas.
Peut-être sont-ils venus essayer la nouvelle auto du père du jeune-homme. Il est vrai qu’elle est belle cette Fiat. C’est un argument que n’a pas pu ignorer la jeune fille.
Ou alors, en amateur de sport automobile qu’il est, il est en train de lui expliquer qu’il connaît un cousin éloigné, pas très loin de Piacenza, qui dans son petit atelier peut transformer la banale Fiat 1400 en un engin capable de dépasser allègrement les 120km/h.
Et qu’il serait peut-être opportun de profiter de ses talents de mécanicien. Et pourquoi pas d’engager la petite auto aux futures Mille Miglia de 1953, à l’image de la Fiat de Capelli qui a participé à l’édition 1952.
Ces belles images stimulent notre imagination. Une chose est sûre, la photo de ces amoureux est intemporelle. Elle nous replonge dans nos histoires personnelles.
L’image de cette Fiat nous montre combien l’automobile a évolué. La firme Mercury était très liée à la Fiat. Elle injectait pour cette dernière des pièces en zamac (carburateurs, calandres) et a offert en son temps, une belle reproduction de cette auto. Je vais sûrement vous surprendre, mais cette Fiat 1400 est ma Mercury préférée.
La firme turinoise a pourtant, tout au long de son existence, offert nombre de joyaux. La liste, comme celle de Leporello, serait trop longue à établir.
Son échelle de reproduction, proche du 1/40 lui confère une stature qu’elle n’aurait sûrement pas au 1/43.
Les lignes sont particulièrement bien rendues. Il y a dans cette berline, presque banale, un assemblage de courbes que seuls nos amis italiens savent dessiner. Le galbe des ailes et de la malle arrière est particulièrement équilibré.
Cependant, l’élément déterminant demeure le traitement de la calandre. C’est une pièce en zamac chromé au rendu parfait qui donne à la miniature son côté « luxe ».
Le modèle est loin d’être rare. Pourtant, le trouver en bel état de conservation est loin d’être évident. La peinture s’altère vite dans le temps si le modèle n’a pas été conservé à l’abri de l’humidité.
Revenons à nos tourtereaux. Ils sont peut-être en train de prévoir leur voyage de noces. Habitant Rome, ils baignent dans l’histoire et la culture.
Alors pourquoi de pas profiter des qualités routières de la Fiat pour pousser jusqu’à Madrid ? Ils ne seront pas dépaysés par les chefs-d’œuvres du Prado.
Et puis si la Fiat montre quelques signes de fatigue, il existe sur place une «cousine» de notre Fiat : la Seat ! Depuis 1953, cette Fiat est fabriquée sous licence à Barcelone.
Jadali Metamol, une firme à l’histoire compliquée a offert au public une très belle reproduction de cette auto. L’échelle de reproduction comme celle de la Mercury est proche du 1/40. La reproduction est de très belle tenue. On remarquera la surcharge de finitions argentées, d’origine.
Autant la Mercury est d’une grande sobriété, autant la Jadali est chargée d’ajouts argentés.
Il faut reconnaître à nos amis espagnols ce goût «baroque» consistant à affubler les autos de chrome en tout genre, au risque parfois d’enlaidir le modèle. On aime ou on n’aime pas. Ce qui est certain, c’est que ce type de finitions que l’on retrouve bien évidemment sur le modèle réduit de chez Jadali signe son pays d’origine.
La miniature se veut luxueuse. Elle l’est. Il faut la restituer dans l’Espagne franquiste. Le niveau de vie moyen n’était pas celui d’aujourd’hui, et on comprend pourquoi ce jouet est très peu fréquent. Son prix de vente élevé en limitait la diffusion.
En ayant choisi délibérément une échelle de reproduction supérieure au 1/43, Jadali Metamol a cherché à se démarquer de la concurrence.
La boîte, très rare, est luxueuse. Comble du faste, le fabricant a choisi des pneus blancs !
Encore sous le charme de la visite du musée du Prado nos tourtereaux risquent d’oublier d’en ramener un exemplaire au cousin garagiste de Piacenza et préfèreront sans doute lui envoyer une carte postale avec « Les Ménines » de Velasquez ,