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Marie Marguerite et les Peugeot

Marie Marguerite et les Peugeot

Diego Velasquez "L'infante Marie Marguerite"
Diego Velasquez « L’infante Marie Marguerite »

C’est une interview d’Henri Loyrette, alors conservateur du musée du Louvre, qui m’a donné envie de découvrir la peinture de Velasquez. Comme le journaliste lui demandait quel était son peintre préféré, il répondit qu’il s’agissait de Diego Velasquez. Il expliquait combien son choix était paradoxal, puisque le peintre est quasiment absent des cimaises du Louvre.

Je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement avec les modèles réduits. Je me suis souvenu des ouvrages consacrés aux plus fameuses collections de miniatures automobiles. La première qui me vint à l’esprit fut bien sûr celle de Monsieur Nakajima. Les nombreux ouvrages qu’il publia au milieu des années soixante-dix et quatre-vingt montrent une collection ouverte sur le monde.

Et la lecture de ces ouvrages a été pour moi un véritable déclic : ils m’ont donné envie de rassembler des miniatures venant des quatre coins de la planète. Monsieur Nakajima fut sans conteste le plus grand collectionneur de son temps, tant par la diversité que par la qualité de sa collection. J’ai pour lui le plus profond respect.

Les livres de Monsieur Nakajima présentent bien sûr des modèles japonais, mais également tout ce qui a été produit à travers le monde. Les grandes marques comme Tekno, Dinky Toys, Corgi Toys côtoient avec bonheur des firmes plus confidentielles comme Micro Models et  Gasquy. Les plastiques de chez Norev répondent à ceux de Siku ou de Wiking. On trouve également des productions d’avant-guerre comme les Taylor and Barret anglaises, les cast iron américaines, des Tootsietoys ou des Märklin.

Mais on ne trouve pas les modèles AR ou CD français d’avant-guerre.

On fait un peu le même constat à la lecture du livre de Paolo Rampini : ces AR ouCD font cruellement défaut. On trouve certes trois variantes de Peugeot 201, une 601 restaurée, mais c’est tout.

Le docteur Force, autre éminent collectionneur à avoir publié des ouvrages sur les miniatures automobiles a choisi de présenter sa collection par pays de production. Dans l’opus intitulé « Made in France », ces modèles français d’avant-guerre manquent également.

Le premier constat qui s’impose est la réelle pauvreté de l’iconographie sur les modèles AR ou CD. Ces objets sont de vraies raretés !

Au début des années soixante, la revue Modélisme accompagnait la présentation de toute CD, même restaurée ou repeinte, de commentaires dithyrambiques. Rares sont les collectionneurs étrangers qui ont pu s’en procurer.
Il est temps de redécouvrir ces objets qui, en plus d’êtres rares, sont d’une qualité exceptionnelle.

Sans être chauvin, force est de constater que la série des Peugeot 601 et 402 de chez AR n’a pas d’équivalent en ce qui concerne la qualité et la fidélité de reproduction. La gravure, la peinture, l’ingéniosité de la conception, tout est là.

AR Peugeot 402 Fuseau Sochaux
AR Peugeot 402 Fuseau Sochaux

Prenons chez Dinky Toys un modèle de la série 24 d’avant-guerre ou une Peugeot 402, contemporaine des ces AR, la comparaison se passe de tout commentaire . Ces AR étaient injectées en plomb. De temps en temps, on peut noter quelques défauts d’injection, comme un petit manque de matière au creux d’une aile par exemple. Ces autos étaient très fragiles et leur prix de vente devait être conséquent. Cela explique que très peu d’exemplaires nous soient parvenus.

Voici donc le premier épisode d’une série que nous allons consacrer aux Peugeot de cette période. Commençons par la Peugeot 402 Fuseau Sochaux. Elle est d’abord équipée d’un moteur à remontage à clef. AR a réussi à placer le mécanisme sans déformer la miniature. L’utilisation de deux mécanismes différents va cependant l’obliger à modifier son modèle. Les mécanismes étaient fournis par de petites firmes spécialisées dans ce type de fabrication, et vraisemblablement, AR dû changer de fournisseur. Ainsi, la partie évidée servant à introduire la clef pour remonter le mécanisme peut se situer à droite ou à gauche.

Un curieux modèle que je qualifierais d’économique apparaitra plus tard. Cette version est dépourvue de mécanisme, ce qui contraint AR à caréner les passages de roues avant afin de fixer l’axe avant. En effet, sur la version mécanique, le châssis en tôle supportant le moteur sert également à fixer l’axe avant. Cette version carénée possède tout de même la perforation latérale pour le passage de la clef. Pris de vitesse AR n’a peut être pas jugé utile de réaliser le comblement de l’orifice. Ce modèle peut être équipé des belles jantes en plomb peintes de couleur rouge ou plus tard des petites roues en plomb économiques que l’on retrouve sur les 301 camionnettes. (voir l’article dur le modèle 802 Andreau).

A suivre.

Si près si loin

L’été dernier, la région Bretagne avait organisé dans plusieurs villes des expositions relatives aux liens entre la Bretagne et le Japon, qui, contre toute attente, unissent ces deux parties du globe.

Micro Pet
Micro Pet Prince Skyline

C’est ainsi que les peintres de l’école de Pont-Aven se sont inspirés des estampes japonaises qui commençaient à circuler en Europe. Des artistes comme Emile Bernard ou Paul Sérusier ont emprunté à leurs aînés japonais l’utilisation des aplats de couleur, ou la présence de troncs d’arbre verticaux afin de structurer le tableau.

Quelque temps auparavant, j’avais été surpris lors d’un reportage sur la gastronomie française. Le chef breton d’un établissement étoilé expliquait qu’il allait chercher l’inspiration dans l’archipel nippon.

Ces éléments m’ont fait réfléchir. Et je n’ai pas peur d’affirmer que l’éclectisme et la variété de notre collection ont été inspirés par la collection de Monsieur Nakajima, originaire du pays du soleil levant.

Micropet
Micropet : les deux plus désirables de la série

C’est un beau souvenir que celui du merveilleux petit ouvrage paru au milieu des années soixante-dix dans lequel Monsieur Nakajima présentait une partie de sa collection. Le premier tome était en anglais. Il offrait un panorama de la production mondiale. Dix ans après le livre de Jacques Greilsamer, il reprenait un classement par marque et par pays. L’ouvrage ne comportait pas de listing mais un choix pertinent des modèles les plus représentatifs aux yeux de l’auteur. Le livre alternait les pages en noir et blanc et les pages couleurs.

Ce livre, je l’ai usé jusqu’à la corde. Il faut dire que son petit format permettait de le transporter partout. Adolescent, je me souviens très bien que je le posais à table devant moi, et qu’il accompagnait mon repas bien mieux que les conversations familiales.

Evidemment, mes pages préférées étaient celles consacrées à Tekno, Buby, Micro Models. Les photos en couleur des modèles m’enchantaient. C’est indiscutablement à travers cet ouvrage, qui sera suivi de quatre autres tomes que nous nous sommes ouverts au monde de la collection. La vue des Hubley en cast irons américaines, des Micro Models australiennes, des Gamda israéliennes, ou des Micropet japonaises avait de quoi donner le tournis. Cette variété se trouvait au niveau des échelles, des matériaux et des jouets présentés. Nous n’avions pas vraiment l’habitude en Europe de mettre le plastique à l’honneur. Monsieur Nakajima mettait tous ses modèles sur un pied d’égalité, qu’il s’agisse de Siku en plastique, de Norev ou de Wiking.

Ma page préférée était dans le troisième tome. Elle était consacrée aux VW Kombi Tekno. J’ai bien souvent compté le nombre de modèles que nous avions encore à chercher. Alors que nous avions des difficultés à les rassembler, je me demandais comment il avait pu les trouver, lui, si loin du Danemark. Monsieur Nakajima, j’aurais aimé vous rencontrer pour vous dire combien je suis redevable de votre travail. Vous m’avez montré la voie. En votre hommage, je vais présenter la série de Micropet, qui, au Japon, est la série de miniatures la plus recherchée.