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L’inconnue du lac

La nécessité d’installer notre fille en Italie où elle poursuit ses études depuis le mois de septembre nous a conduit cette année à finir nos vacances au nord de Milan, au bord du lac de Lugano. Ce lac a la particularité de partager ses rives entre deux pays : l’Italie et la Suisse.

Alfa Romeo Giulietta
Alfa Romeo Giulietta ; palette de couleur

Un vrai casse-tête pour les autorités douanières des deux pays. Cette particularité géographique permet à l’estivant de suivre, allongé sur son transat, les passages réguliers de la brigade financière italienne.

Cette dernière bénéficie d’une superbe vedette équipée de deux moteurs qu’elle fait souvent fonctionner à plein régime, certainement afin d’en vérifier le bon état de marche ! De manière plus paisible, canots anciens et Riva troublent la quiétude de l’eau dont ils rident la surface de vagues artificielles.

Trois versions pour le marché Suisse
trois rares version Alfa Romeo Giulietta de chez Mercury pour la Suisse

J’ai connu des zones frontalières moins hospitalières que cette superbe région ! Si l’on ne veut pas traverser le lac, la route étroite et sinueuse qui le longe est un second moyen de communication entre l’Italie et la Suisse. La frontière qui est à 7 kilomètres paraît finalement assez facile à contrôler.

Il reste un autre moyen de circuler, peu ordinaire pour un citadin comme moi : l’hydravion ! J’ai eu la chance d’en voir décoller alors que je me baignais dans le lac ! Il semblerait que ce soit le moyen le plus simple pour gagner le lac de Côme. L’engin ne m’a pas paru très puissant et donnait l’impression d’avoir des difficultés à franchir la cime des reliefs entourant le lac. Après avoir péniblement décollé il devait faire une première boucle afin de prendre son élan et franchir les sommets. J’ai mille fois préféré le regarder du rivage que d’en être le passager !

Pour illustrer ces souvenirs, une auto s’est imposée, italienne bien sûr. Il s’agit d’une Alfa Romeo. Il faut dire que nous sommes près de Milan, à moins de cent kilomètres du siège d’Alfa Romeo.

Le modèle représente précisément une Giulietta berline de Mercury. La version destinée au marché suisse est peu connue.

En effet les versions bicolores de cette dernière ont été réalisées par Mercury pour l‘importateur Mercury en Suisse, le Comte Giansanti. Il faut savoir en effet que la Suisse a été le premier pays au monde à importer des Mercury et ce dès 1949 ! Il restera le seul jusqu’en 1953.

J’ai choisi de faire également figurer une Alfa Romeo Giulietta sprint bicolore. Un élément demeure inconnu puisque, même si je le soupçonne, je ne suis pas en mesure d’affirmer que cette dernière a été réalisée pour le marché suisse.

L’amore della bellezza

Mon épouse et moi même avons un faible pour l’Italie. On y cultive l’amour du beau. Depuis l’antiquité, Rome a toujours cherché à se faire belle. En allant conquérir des territoires en Italie, François 1er découvre la Renaissance Italienne. En amateur éclairé, il n’a pas manqué de ramener en France des chefs d’œuvre et des artistes, œuvrant ainsi à sortir son pays du moyen-âge.

Fiat 682 porte autos et ses 4 Fiat 600 Multipla
Fiat 682 porte autos et ses 4 Fiat 600 Multipla

Mes parents tenaient un commerce de chaussures et vêtements, et j’ai été élevé au milieu des articles italiens. Ils louaient particulièrement le goût des créateurs italiens, notamment le savoir-faire de ces derniers dans l’assemblage des couleurs. Les Italiens ont un sens inné en la matière. Encore aujourd’hui, dans les rues de Milan ou de Rome, les gens s’habillent avec harmonie, quel que soit leur âge ou leur classe sociale. Les Italiens aiment se faire beaux, et ce en toutes circonstances.

Dans ce contexte, il est aisé de comprendre que mon père eut au démarrage de sa collection une attirance pour la firme Mercury. Si des firmes comme Dinky Toys ont souvent tâtonné dans le mariage des couleurs, à Turin, les dirigeants n’ont jamais eu de tels états d’âme. Dans les années 80, un amateur italien nous avait racontée que Mercury achetait ses peintures en petite quantité et changeait pour de nouvelles teintes dès que son stock était épuisé. Il est certain que l’analyse de cette firme est complexe. Nous avons ainsi réuni 20 Fiat 600 Multipla. Toutes différentes. Nous n’avons pas la prétention de les posséder toutes, bien loin de là ! Ceci donne un aperçu de cette incroyable production. Mais, ce qui me fascine le plus, ce n’est pas la quantité de mariages proposés. C’est surtout l’harmonie qui se dégage de cet improbable ensemble. Pas un mariage de couleurs n’est contestable. C’est pourtant un exercice de style bien difficile. Seuls des italiens pouvaient relever un tel défit.

Je vais vous faire une confidence. Pour en revenir à Rome et à Florence, au cours des longues séances de lèche-vitrine que m’imposent ma femme et ma fille, il m’arrive de rencontrer un vêtement ou des chaussures qui me rappellent un mariage de couleurs vu sur une Mercury !

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L’une et l’autre sont souvent surprises devant l’enthousiasme que suscite en moi l’article dont les couleurs rappellent une Fiat 600 Multipla ou une Studebaker Golden Hawk !

La suite la semaine prochaine.

Mercury : la Fiat 600 Multipla

Un exercice de style

Il n’ya pas que dans le domaine des harmonies de couleurs que nos amis transalpins excellent. Le beau, on le retrouve aussi dans les fontaines qui jalonnent les rues de Rome, ou dans les statues du Bernin. La liste des autos exceptionnelles produites par les bureaux de style italiens serait trop longue à établir. Retenons un seul exemple. Au MOMA, à New York, dans le célèbre musée d’art moderne, une seule auto figure parmi toutes les œuvres d’art. Il s’agit d’un coupé Cisitalia dû au crayon de Pininfarina.

Cela étant, je laisse à chacun d’entre vous le soin d’avoir son opinion sur le fait qu’une auto soit ou non une œuvre d’art.

Fiat Multipla
Mercury ensemble de Fiat porte autos et de Fiat 600 multipla

La Fiat 600 Multipla fut conçue sur la base de la Fiat 600. Grâce à une ingénieuse étude, cette auto est considérée comme la première carrosserie monospace au monde. Il est bien évident qu’elle était très en avance sur son temps. Son dessin est étonnant, et plus de quarante ans après, elle n’a pas pris une ride. On peut la considérer comme une réussite dans l’histoire de la création automobile.

Depuis fort longtemps, j’ai des clients travaillant dans le milieu de l’automobile. J’ai entre autres plusieurs clients japonais travaillant dans les bureaux de design automobile de chez Honda et de chez Nissan. Par déformation professionnelle, ces clients ont pour point commun d’être attirés par des autos ayant marqué l’histoire du design automobile. Ainsi, j’ai pu constater des similitudes dans les modèles qu’ils recherchent. L’Alfa Romeo Zagato de chez Solido est très prisée de ces clients, tout comme la Renault 14 ! La Fiat 600 Multipla fait également partie de leurs modèles favoris.

Mercury (Italie) Fiat 600 Multipla 20 combinaisons de couleurs différentes…depuis les photos deux autres sont venues trouver leurs places sur les porte-autos ! FIP (Italie) Fiat 600 Multipla de couleur bleue au 1/55 et grise au 1/43

Pocher (Italie) Fiat 600 Multipla de couleur bleue et grise au 1/75 environ ; C-L-B (Italie) Fiat 600 Multipla de couleur bleue et jaune au 1/43 environ (modèle réalisé en tôle lithographiée).

Mercedes W196 formule 1

Mercedes W196 formule 1

  • Des étoiles du monde entier – 1
  • France avec ou sans inscription Bonux
  • « Monsavon » (rouge) Zocolo (bleu clair) Rolls (jaune)
  •  « Monsavon » rouge Zocolo bleu clair Rolls jaune
  •  Giove « calzaturifisco Varese » Italie
  •  Isat au fond à gauche
    Sam Toys au fond à droite
    Mercury au centre couleur ivoire
    Mercury au premier rang à gauche et au centre
    G.P. Bologna premier rang à gauche
  • Hong-Kong modèles inspirés de celui de Dinky Toys
  • Hong-Kong modèle inspiré de celui de Dinky Toys plastique souple
  •  Lion Molberg Danemark
  • voir l’autre page consacrée à la Mercedes W196 formule 1.

Le plein de soleil chez Agip !

J’ai déjà évoqué, à travers quelques articles du blog, l’enthousiasme et le plaisir que j’éprouve à m’arrêter dans certaines stations-service. Je vais vous parler aujourd’hui des stations Agip. Elles ont longtemps pour moi été synonyme de vacances.

En effet, dans les années 70, la marque était plutôt implantée dans le sud de la France, particulièrement en région méditerranée. Plus on s’approchait de l’Italie et plus la fréquence des stations Agip augmentait.

Logo Agip
Logo Agip

Bref, pour nous qui venions du nord de la Loire, la vue en France d’une station arborant le logo Agip, c’était déjà les vacances et la promesse de chaudes journées, à l’image du jaune du logo évoquant le soleil méditerranéen. Vous êtes-vous déjà interrogés sur la signification du logo ?

Naïvement, j’ai longtemps voulu y reconnaître la louve romaine. Les doutes sont venus après une visite au musée Capitolin de Rome : la représentation, d’origine étrusque, de la louve qui avait allaité Romulus et Remus avait bien quatre pattes et non six, comme l’animal du logo Agip.

Après enquête, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une créature sortie de l’imagination fertile des clients d’Agip invités par concours à proposer à la firme le logo qui lui manquait. Les explications sont étranges : il s’agirait d’un chien à six pattes, les deux membres supplémentaires symbolisant les deux bras du conducteur ! J’avoue rester dubitatif quant à la logique de l’explication. Peut-on aller plus loin ? La langue pendante de l’animal ne symboliserait-elle pas celle du pauvre conducteur devant la hausse des prix de l’essence ?

La société Agip (Azienda Generale Italiana Petroli) a été créée par l’Etat italien durant la première guerre mondiale, afin de raffiner le pétrole en provenance d’Irak et de pourvoir aux besoins de l’armée. Après la seconde guerre, l’Etat italien sous tutelle américaine ordonnera son démantèlement afin de ne pas contrarier les convoitises des multinationales d’outre-atlantique.

Un homme, Enrico Mattei, va s’opposer à cette politique. Il a compris les enjeux de l’indépendance énergétique pour le développement industriel d’un pays. Contre l’avis du Gouvernement italien, il va créer l’ENI, Ente Nazionale Idrocarburi, société qui deviendra au fil des ans un des plus puissants groupes pétroliers.

Ses méthodes sont peu orthodoxes dans le monde sans pitié de l’or noir : il opte pour une meilleure répartition des profits et augmente considérablement la part revenant aux pays producteurs lors de l’extraction. Ce fait lui ouvrira les portes de pays comme l’Egypte et le Koweit et suscitera l’ire des grands groupes pétroliers qu’on surnomme les sept sœurs. Il signera ensuite d’importants contrats avec les Soviétiques. Enfin, et ce ne sera pas le moindre fait, il réussira à écarter la mafia des gisements italiens. Faut-il vraiment s’étonner qu’il ait disparu dans un accident d’avion dont les causes n’ont jamais été complètement élucidées ?

Si vous souhaitez en savoir plus sur cet homme hors du commun, je ne peux que vous inviter à podcaster l’émission de Patrick Pesnot « Rendez vous avec X » sur France Inter du 5 mars 2011, dont je me suis inspiré pour vous conter cette histoire.

Il n’en demeure pas moins que ces miniatures aux couleurs Agip ont beaucoup d’attraits. Il est intéressant de constater que Politoys et Mercury utilisent deux nuances de jaune différentes. Le modèle Politoys, réduit à l’échelle du 1/43ème, est imposant. De toutes les versions proposées par Politoys, la citerne est certainement la plus réussie.

Je me souviens de ces beaux camions Fiat en Italie et combien, enfant, la présence du volant à droite m’avait intrigué. Il semblerait que cette particularité ait été adoptée pour faciliter la conduite sur les routes de montagne. Dès Vintimille, tout proche encore de la frontière française, le dépaysement était total.

Ces camions devaient être très robustes car il m’arrive encore d’en croiser en Italie.

J’ai récemment aperçu, sur le tarmac de l ‘aéroport Linate à Milan, une version avitailleur aux couleurs d’Elf, enseigne qui pourtant a pratiquement disparu chez nous.

Enfin, je n’ai pu résister au plaisir de vous faire partager les deux versions du camion Viberti produit par Mercury. J’espère que désormais vous ne regarderez plus les stations Agip du même œil, d’autant que depuis quelques années cette compagnie a entrepris de se développer sur tout le territoire.

Je ne sais s’il faut s’en réjouir, mais pour moi cela donne un petit air de vacances aux routes du nord.