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Le 20 Juin 1977

Le 20 Juin 1977

Je me souviens très bien du 20 Juin 1977. C’était un lundi. La veille, le 19 juin, Jacques Laffite s’était imposé au volant de sa Ligier-Gitanes JS7 au Grand Prix de Suède. C’était la première victoire au championnat du monde de formule 1 d’une monoplace entièrement française.

Ce 20 Juin 1977, pour aller au lycée, j’arborais fièrement l’anorak, aux couleurs de l’écurie Ligier-Gitanes. Ce n’était plus de saison, le tee-shirt aurait été plus approprié. Mais le résultat de la course m’avait transporté et je n’y pensais même pas. Les couleurs tricolores ne passaient pas inaperçues.

Enfant, j’aimais particulièrement les autos de course miniatures de couleur bleue, celles arborant les couleurs nationales. Les Alpine en rallye, les Matra en endurance et puis les Ligier en Formule 1. Cette fierté nationale, est, je pense, commune à tous les individus, plus ou moins prononcée selon l’histoire et la culture du pays où l’on est né. Il ne faut pas la confondre avec le chauvinisme qui pousse à l’excès et conduit à dénigrer l’adversaire étranger. Il faut bien sûr qu’il y ait un lien assez fort entre le constructeur automobile et le pays qu’il représente.

Il est intéressant de constater que lorsque Renault s’est engagé en compétition au milieu des années soixante-dix, en arborant non la couleur nationale, le bleu de France, mais ses couleurs, le jaune et le blanc, je n’ai pas éprouvé le même attrait.

Cette fierté nationale a disparu depuis bien longtemps. Il faut dire que l’arrivée des sponsors à la fin des années soixante-dix a changé la donne. Les autos ont perdu leur identité nationale pour arborer celle d’un commanditaire. Les Lotus 72 aux couleurs du cigarettier J.P.S n’ont pas la même force symbolique que la Lotus  que pilotait Jim Clark, de couleur vert et jaune.
Enfant, mes miniatures préférées étaient les Matra 650 puis 670 de chez Solido. Dans les simili-courses que j’organisais, elles finissaient toujours en tête, battant à plate couture les Porsche 917 et les Ferrari 512S ! Bien sûr, cela ne reflétait pas la réalité, mais elles étaient de couleur bleue et donc invincibles à mes yeux !

 

Je me suis replongé dans le passé, et plus précisément dans les années 30.J’ai tenté d’imaginer quelles miniatures reproduisant les bolides bleus de l’époque permettaient aux gamins de s’identifier à leurs héros. Alors que j’étais jeune collectionneur la Bugatti Type 35 des années 30 de chez Rami, reproduite dans les années soixante, me semblait une pièce importante. Elle reproduisait une auto française glorieuse.

Pourtant, dans les années trente, très peu de fabricants se sont intéressés à la reproduire. Il y eut bien sûr une très belle Bugatti type 35 chez Jep en tôle lithographiée, mais à une échelle bien supérieure au 1/43ème. Ce n’est pas le jouet que l’on pouvait glisser dans sa poche pour jouer dans la cour de récréation à l’école.

Dans les années trente, CD a reproduit une Bugatti. L’Argus de la Miniature l’a dénommée Brescia 13 mais je pense que cette appellation est erronée. Selon mes recherches, la Brescia 13 est très différente. En fait il est difficile d’identifier ces autos, notamment parce que les photos sont peu nombreuses et de médiocre qualité. De plus, depuis que les compétitions automobiles existent, les concurrents ne cessent de modifier leurs autos afin  d’essayer de les rendre toujours plus performantes. Il est parfois étonnant de voir combien un même châssis a pu recevoir de carrosseries et subir de modifications. Pour les miniatures de cette période, c’est l’allure, l’aspect général qui prime. Une chose est certaine c’est bien une Bugatti qu’a reproduit CD.

Mais la présence contradictoire, d’ailes couvrant les roues et d’un poste de pilotage presque central en fait une auto hybride avant l’heure.

J’ai retrouvé une auto similaire dans une épreuve dénommée Grand Prix de tourisme disputée à Montlhéry en 1925 dans le livre de Pierre Dumont : Bugatti les »pur sang » de Molsheim. Gilles Scherpereel m’en a toujours parlé comme d’une miniature très rare. Je n’en ai vu qu’une chez lui et en état très quelconque. La dispersion d’une collection exceptionnelle a récemment permis d’en revoir quelques exemplaires.

CD l’a réalisée en plusieurs couleurs : actuellement, les couleurs argent, rouge, vert et bien sûr bleu sont répertoriées. Bugatti avait su séduire de nombreux pilotes étrangers et des Bugatti de couleurs variées ont réellement existé. J’ai tenté de les mettre en situation sur les différents clichés.

Comme cette miniature inspire la vitesse, j’ai pensé aux photos de Lartigue avec les arbres qui défilent.
La semaine prochaine je vous présenterai une autre Bugatti de course très originale.

Un dimanche à Keimola

La création d’un championnat du monde d’endurance en 1953 a conduit à organiser les différentes manches dans divers pays. A l’origine, les 24 heures du Mans en étaient l’épreuve phare. L’ACO qui organisait cette épreuve, en faisait ou non une manche du championnat en fonction de ses accords ou désaccords avec la fédération internationale du sport automobile.

Un dimanche à Keimola
C’est son allure futuriste qui a fait incorporé cette auto dans la série « course »

La Targa Florio en Italie, le Tourist Trophy en Grande-Bretagne ou les 1000 km du Nürburgring en Allemagne étaient également des manches incontournables.

Mais il a existé d’autres épreuves moins connues. L’une d’elles se déroulait en Suède. C’était l’épreuve de sport automobile majeure en Scandinavie. Elle s’appelait d’ailleurs le Grand Prix de Suède, bien qu’en général l’appellation Grand Prix soit réservée aux courses de monoplaces. D’autres pays scandinaves ont organisé des courses sur circuit, bien que les conditions atmosphériques locales soient plus propices aux rallyes sur terre ou sur neige. La Finlande connue pour son rallye des mille lacs a vu au milieu des années soixante apparaître un circuit nommé Keimola. Ce circuit a permis au pilote local, Léo Kinnunen de remporter plusieurs courses au volant de sa Porsche 917. La Finlande aura de nombreux autres pilotes dont certains seront sacrés champions du monde. La vocation est-elle venue à ces futurs champions alors qu’enfants ils jouaient avec des autos de course distribuées avec les chocolats et caramels Panda ?

La série comporte 10 autos qui portent chacune un numéro de 1 à 10 permettant de les répertorier. La plus rare est la numéro 10, qui n’est pas une auto de course mais un prototype de salon, la Firebird, qui arbore des formes futuristes.

Un dimanche à Keimola
Porsche 718RSK et Morgan

La série comporte quelques modèles très intéressants comme la Porsche 718RSK qui fut totalement oubliée des fabricants de jouets, hormis les reproductions destinées aux circuits électriques. La Morgan est originale. Si les amateurs de belles autos de sport peuvent regretter de la voir affublée d’un numéro de course, il ne faut pas oublier qu’elle remporta la catégorie « deux litres » aux 24 heures du Mans 1962. Le résultat était inespéré au départ, mais la course fut très éprouvante cette année là, et seules 13 autos franchiront la ligne d’arrivée. Sur ces 13 autos, la seule de la catégorie 2 litres à franchir le drapeau à damier sera cette Morgan !

La surprenante Scarab monoplace est un autre modèle totalement oublié par les fabricants. Apparue en 1960, elle ne se qualifia qu’à deux occasions, mais elle permit à Richie Ginther de faire ses débuts en Europe. Stirling Moss l’essaiera à Monaco, sans pouvoir établir un temps lui permettant de se qualifier car elle était dépassée de conception, avec son moteur à l’avant. Ne boudons pas notre plaisir cependant car c’est la seule reproduction qui a existé jusqu’à la période des kits à assembler. La Mercedes W196 est digne d’intérêt car les fabricants se sont plutôt intéressés à la version carénée. La Cooper mérite attention en raison de la version choisie. Il s’agit de celle qui fut championne du monde, avec son capot arrière et son arête verticale, équipée du moteur 2,5l. La Maserati 250F reproduit une version tardive. Elle est ici dotée du capot avant long et des deux stabilisateurs derrière les roues avant. Pour le reste, les autos proposées reflètent bien le palmarès des courses de l’époque. Nous trouvons les classiques Jaguar Type D, Aston Martin DBR ou Ferrari Testa Rossa. On notera l’absence d’autos françaises. Il faut dire qu’à cette époque les autos tricolores ne brillaient guère sur les circuits !

Un dimanche à Keimola
peu fréquente sont ces 3 modèles

La dernière vignette est illustrée avec des découvertes récentes. Il s’agit d’une série plus tardive. La conception est aussi assez différente, notamment au niveau du maintien des roues. Elles sont indépendantes. Il n’y plus d’axes pour les relier. Le Challenger est particulièrement intéressant, car totalement inédit en jouet. On peut s’interroger sur le choix de la W196 carénée.

Quant à la lotus XI, elle est quasiment au 1/43. Il existe aussi, mais je ne l’ai eu qu’après avoir fait ces photos un Bluebird-proteus. Ces quatre modèles sont rares.