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Des CD comme par enchantement !

Certains pionniers de la collection veulent trouver une explication au désintérêt des nouveaux collectionneurs pour les modèles fabriqués dans les années trente à quarante. Ils avancent généralement l’explication selon laquelle ces derniers sont trop jeunes pour les avoir connus. Il est normal que l’on ait une préférence pour les autos que l’on a vues rouler lors de son enfance. Mais ceci doit être nuancé. Je suis de la génération des années soixante et pourtant je suis très attiré par les jouets d’avant-guerre. Cela doit venir de mon éducation. L’histoire m’a toujours intéressé. Comprendre notre passé nous permet de mieux appréhender le présent et le futur.

Renault CD
Renault CD bleu

Au début des années soixante, les premiers collectionneurs étaient fiers de faire partager leurs trouvailles dans la revue Modélisme. Les Märklin, les CD, les AR et les Gasquy faisaient alors déjà figure de référence. Parfois repeintes, transformées, enjolivées, peu importe, elles étaient si rares que l’on se contentait de ce que l’on trouvait. Il y avait alors une mode qui consistait à changer les roues des miniatures. Bien évidemment les collectionneurs ne commettaient pas ce sacrilège sur des modèles en parfait état. Mais on acceptait difficilement les autos avec des éclats de peinture. Alors, au-delà du changement de roues, on n’hésitait pas à appliquer une laque brillante et à ajouter des jantes chromées d’origine Dinky Toys du plus bel effet. Pour cela, rien de plus simple, il suffisait d’aller acheter au marchand de jouets du coin une Dinky Toys et d’opérer avec une pince coupante !

J’ai bien souvent admiré les autos de M. Lemelle. Ce dernier possédait de belles CD. Il les mettait en valeur au moyen de petites mises en scène. Les légendes des photos, signées Jacques Greilsamer, prévenaient les collectionneurs qu’ils étaient en présence de pièces rares, ce qui demeure exact. Ce dernier serait sans doute surpris de voir combien le qualificatif de rare est aujourd’hui galvaudé.

Au fil des années nous avons eu la chance d’acquérir de belles miniatures CD. Il faut dire qu’au début des années 80, un lot important dont tous les modèles étaient en état neuf fit surface. Précédemment, nous avions péniblement réussi à en acquérir quelques unes. En une seule fois nous en avons acquis une vingtaine !

Nous n’avons jamais su précisément la provenance de ce lot et s’il s’agissait d’un stock d’invendus d’un magasin ou s’il venait directement de la firme CD. A partir de ce moment, les collectionneurs de jouets d’avant-guerre se sont divisés en deux clans : ceux qui avaient eu la chance d’acquérir directement des modèles lors du partage de ce lot et ceux qui n’avaient été pas au courant. Preuve de la rareté de ces objets, nous avons eu du mal à compléter la série. Ces modèles possèdent une magie et un charme que je ne retrouve dans aucune fabrication d’avant-guerre.
Pour illustrer ces propos, je vous présente quelques déclinaisons de carrosserie sur châssis de Renault 40cv. Les photos parlent d’elles mêmes !

Carmen et Lion-Car … suite

Pour la petite l’histoire, afin d’étoffer son catalogue, Tekno aussi loua à Lion-Car l’outillage de la DKW et de l’Opel Rekord. On retrouve ces miniatures dans les catalogues Tekno destinés aux professionnels. Elles seront baptisées Lion-Toys « made in Denmark ». Elles furent peintes en quatre couleurs chacune, dans des teintes propres à Tekno.

Lion-Car Renault 4 CV
Lion-Car Renault 4 CV et sa boîte

Pour illustrer nos propos, voici un échantillon de Renault 4cv produites par la firme néerlandaise.

Vous pouvez constater quelques détails qui diffèrent par D’autres modèles Lion-Car : montants de vitres latérales, finition en peinture, argent des détails…

Carmen et Lion-Car

J’ai découvert l’Espagne à travers les films de Pedro Almodovar. Avant de voir ses films, je ne m’étais jamais rendu dans ce pays. Lorsque j’évoque l’Espagne, ce sont toujours les images d’Almodovar qui me viennent à l’esprit. Le cinéaste a été l’un des moteurs de la Movida, mouvement culturel qui a émergé après la disparition de Franco en 1975. L’Espagne d’Almodovar c’est un patchwork, un assemblage de gens très différents. Tout y est exagéré, outrancier.

Lion Toys
Lion Toys

Dernièrement, à l’opéra Bastille, le metteur en scéne français Yves Beaumesne a transposé la Carmen de Georges Bizet dans l’univers de la Movida de Pedro Almodovar. Sa Carmen a troqué ses cheveux jais pour une perruque blonde. A l’acte deux, la soirée qui se déroule dans la taverne de Lillas Pastia se passe dans le milieu underground et fêtard espagnol. La garde est doté de costumes faisant penser aux soldats de Franco. Le metteur en scène nous livre ainsi sa vision de l’œuvre de Bizet.

Nous allons voir comment Jefe, petite firme de jouets espagnole basée à Valence, a elle aussi interprété la production de miniatures qui avaient pour origine les Pays-Bas. C’est un collectionneur espagnol qui m’a raconté, il y a fort longtemps, l’éphémère aventure Jefe. Il la tenait lui même d’une personne qui y avait directement participé. L’histoire est assez intéressante.

Tout commence par une rencontre entre le patron de Jefe et celui de Lion Car. Lion Car est une firme néerlandaise qui, à ses débuts, avait reproduit une Volkswagen 1200 vitre ovale, ce qui n’était pas très original, puis une Renault 4cv et une Opel Rekord, une intéressante DKW 3/6 et enfin une Renault Dauphine. Elle a ensuite consacré sa production de miniatures au constructeur Daf, firme également implantée aux Pays-Bas. La rencontre se situe à ce moment. Les deux hommes trouvèrent un accord pour permettre à la petite firme de Valence d’utiliser l’outillage de Lion Car qui avait été mis au repos à la suite du virage pris par la production. Ils tombèrent d’accord pour une location de courte durée. On en conclut que les moyens de Jefe étaient limités ou que les prétentions néerlandaises étaient trop élevées. Selon mon ami espagnol, la durée n’excéda pas 3 mois. Ce que n’avaient pas prévu les dirigeants de Lion Car, c’est que nos amis espagnols allaient interpréter avec malice cet accord. Pendant la durée de location, ils firent tourner à un rythme effréné les machines. Ils ne se préoccupèrent pas d’assembler les autos et se contentèrent d’entasser les carrosseries brutes, pour ne pas perdre une seconde ! Les moules eurent certainement un peu de mal à se remettre de cette cadence infernale. À la fin du contrat, quand les moules furent restitués, les employés de Jefe se mirent tranquillement à assembler et peindre les carrosseries. Cette anecdote faisait bien rire mon ami espagnol, ce qui ne fut certainement pas le cas du rugueux Batave.

Tout au contraire de la firme néerlandaise, Jefe, va habiller ses miniatures de teintes franches et gaies. Le rose, le vert cru et l’orange vont remplacer le vert tilleul et le gris souris ! Et je ne parle pas des superbes versions bicolores !

Rarement pour l’époque un fabricant osa de telles couleurs pour ses miniatures. Cela dut marquer les esprits au Pays-Bas. Lion Car proposera ensuite des couleurs plus vives pour ses miniatures. Comme Vincent Van Gogh, lui aussi très sombre dans ses premières œuvres, Lion-Car osera ensuite la couleur, pour notre plus grand bonheur.

Oostende

C’est dans une manifestation en province que j’ai découvert par hasard cet ensemble de musiciens. Le marchand qui le proposait à la vente l’avait installé fièrement dans une petite vitrine à l’abri des manipulations. Cet espace était consacré aux pièces rares ou fragiles. A l’annonce de son prix, j’ai remis l’objet en vitrine, malgré intérêt que j’avais pour lui. C’est alors qu’un autre objet figurant dans la même vitrine attira mon attention. Le marchand me proposa alors une réduction substantielle pour l’acquisition des deux pièces et c’est ainsi que j’entrais en possession de ce petit objet dont j’avais dès le départ pressenti tout l’intérêt qu’il représentait pour mon blog.

L'ensemble de musiciens
L’ensemble de musiciens

Qu’elle était la fonction de ce petit coffret ? En quittant le port le matelot l’emmenait-il avec lui en souvenir de son escale ? Le coffret est estampillé Oostende, port belge, mais il a pu exister avec d’autres noms de villes ouvertes sur l’océan, des villes qui vivent la nuit au rythme des chants des marins. On imagine bien la barrique portant le nom d’Amsterdam, d’Anvers ou de Hambourg ! C’est bien là le pouvoir de ces objets, ils nous racontent des histoires. Ainsi, j’aime à imaginer la vie nocturne des ports, endroits propices à l’aventure qui ont inspiré nombre d’écrivains.

Pour rester en Belgique, pays qui nous accueille, j’ai choisi de vous présenter des modèles de la marque Gasquy. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de cette firme originaire de la banlieue de Liège (Herstal). Outre ses Studebaker et ses classiques Chevrolet Styleline, cette firme liégeoise avait mis à son catalogue cette bien surprenante et mystérieuse voiture tchèque. Il faut avouer que cette carrosserie atypique avait de quoi séduire les fabricants de jouets en quête de modèles originaux. Cette Tatra 600 est l’évolution logique du modèle apparu avant la seconde guerre mondiale. Ses principales caractéristiques sont le moteur à l’arrière et une carrosserie aérodynamique. Présentée en 1947 à Prague, elle prendra le nom de Tatraplan en raison de la planification organisée de l’économie socialiste. La Belgique a importé cette auto, ce qui peut expliquer le choix de Gasquy de l’avoir inscrite à son catalogue. Présentée au salon à Paris à partir de 1948, elle ne rencontrera aucun succès. Dans les rues des années cinquante, la Tatraplan ne devait pas passer inaperçue. De plus, venue de l’autre côté du rideau de fer fraichement érigé, son origine lui donnait une connotation politique assez marquée. Imaginons ce type d’auto circulant dans les rues du port d’Oostende ou d’Anvers…de là à identifier les occupants comme étant des agents de l’est, il n’y a qu’un pas !

Gasquy, firme qui a disparu trop vite, nous a proposé une belle reproduction de cette Tatraplan. En dehors de firmes tchèques comme Smer, seul Solido proposera cette originale auto, dans sa série Junior démontable. L’échelle de reproduction est différente. Le modèle belge est superbe. Ce n’est pas la plus rare des Gasquy. Elle rencontra un succès mérité auprès des amateurs de l’époque, dû notamment à l’originalité et à la qualité de la reproduction. La couleur la plus répandue est le rouge. Les couleurs jaune ou bordeaux sont rares. Enfin, le petit détail qui finit cette miniature est la présence de la marque Englebert sur le flanc des pneus. Gasquy, par ce choix avait tenu à mettre en avant une autre firme belge, de renommée internationale, Englebert.

Hudson : un long fleuve pas si tranquille

Hudson : un long fleuve pas si tranquille

Cette Hudson a bien évidemment pour cible le marché américain. D’abord numérotée 139B elle accompagnait la Ford Fordor, numérotée 139A. Ces deux modèles semblent prendre la suite de la série 39 entamée avant guerre.

Dinky Toys Hudson
Dinky Toys Hudson

A l’origine, il avait sûrement été prévu de continuer la numérotation de la série en déclinant la suite de l’alphabet puis Dinky Toys a changé d’avis. L’Hudson fut d’abord logiquement distribuée en boîte de 6. Il est intéressant de noter que Meccano avait même prévu des cales s’insérant dans les pare-brise ! Quel luxe ! Un étui individuel fut créé par la suite. Celui présentant la première découpe de peinture a été éphémère. Il est par conséquent très peu fréquent.

La miniature a connu trois découpes de peinture bicolore différentes. Sur la première, la délimitation de peinture se situe à la base du pavillon. Cette version vendue d’abord en boîte de six recevra un étui individuel juste avant que n’apparaisse la seconde version de découpe de peinture. Sur cette dernière le capot, le pavillon et la malle reçoivent une teinte différente de celle appliquée sur les flancs. La troisième découpe reprendra les teintes que l’on trouve sur la seconde version, mais sur cette dernière, la délimitation se fait au milieu de la caisse. C’est la découpe de peinture la moins fréquente.

Si l’auto vous plaît, vous pouvez pousser les recherches en cherchant à acquérir les différentes versions de couleurs. Les couleurs peu fréquentes se situent au moment du passage de la première découpe à la seconde.

Dinky Toys Hudson nuances de bleu
Dinky Toys Hudson

C’est à cette époque que l’on peut situer la version bleu clair avec pavillon caramel, très différente de la version bleue foncée avec pavillon caramel. Cette dernière connaitra aussi une nuance très marquée, le bleu foncé passant au bleu violine.

La plus rare demeure cette fameuse couleur chocolat et bleu pâle qui annonce la nouvelle découpe de peinture.

Vous pouvez encore affiner vos recherches en fonction des couleurs de jantes. Ainsi, la version classique, première découpe, bordeaux et crème recevra des jantes de couleur bordeaux puis de couleur rouge. Une autre version très peu fréquente est à signaler. Il s’agit de la version grise et bleue qui a reçu des jantes de couleur crème en place des jantes de couleur bleue. Et si votre passion pour cette auto va encore plus loin, vous pourrez vous lancer dans les variantes de châssis qui ont reçu une petite ou une grande écriture. Vous pouvez adapter votre collection selon votre attirance pour cette auto imposante qui, dans la réalité, n’a existé que dans des teintes monochromes !

Je vous conseille enfin de commencer sans tarder car cela nous a pris près de trente ans et de nombreux voyages pour réunir cette série !

(voir l’autre article consacré à l’Hudson Commodore de chez Dinky Toys)