La guerre est toute proche

Berlin 1er Août 1914

Nous avons lu dans les journaux , l’assassinat, hier, de Jean Jaurès, lui qui était un ardent défenseur de la paix . Cela n’augure rien de bon dans les relations de nos pays. Notre empereur vient de lancer un ultimatum à votre pays. Cela risque d’entraîner une mobilisation générale. Ici, la guerre paraît inévitable, et nos armées se préparent. Que dire? Tout cela est allé tellement vite depuis votre visite. Nos prochaines correspondances risquent de s’espacer. Nos enfants, que vont- ils devenir dans ce tumulte? Les vôtres ont-ils revêtu l’uniforme? Notre Heinrich, lui est parti dans son régiment.

Amicales salutations

Hansel et Gretel

Ernst Plank: à la parade
Ernst Plank: à la parade

Sur ces clichés de véhicules, Ernst Plank vous apercevrez un camion plateau équipé de ses deux embarcations, à moins qu’il ne s’agisse de pontons permettant de soutenir un pont provisoire. Autre véhicule très intéressant, la cantine ambulante. En fait, pour être très précis, il s’agit plutôt du four à pain. En effet, Fisher produisit , dans sa gamme militaire, avec le même châssis, une version cantine, de forme cubique, avec une ouverture sur le dessus et une version four à pain, composée d’un tube et d’une ouverture frontale. C’est un ami Allemand, qui m’a expliqué la différence. La cantine est sous la forme d’un attelage hippomobile, de même que le fourgon sanitaire.

Nous sommes en 1914, et le cheval est encore très présent, dans les conflits armés.

Grand Prix au pays du Soleil-Levant

La vision de la grille de départ du premier Grand Prix du Japon en 1963, sur le tout nouveau circuit de Suzuka, propriété de Honda, est éloquente : elle révèle le fossé qui existe entre les productions nippones et les autos occidentales.

Départ du Grand Prix du Japon (boîtes Cherryca Phenix)
Départ du Grand Prix du Japon (boîtes Cherryca Phenix)

A partir du moment où Honda s’est aventuré en formule 1, les autres constructeurs japonais ont eu un réel besoin de montrer leur savoir faire. Un parallèle peut être fait avec l’engagement de Ford pour la conquête de la victoire en terre mancelle. Les Japonais apprendront très vite. Comme Ford, ils auront rapidement recours à des châssis européens qu’ils équiperont de mécaniques performantes « made in Japan ». Si Ford emprunta à Lola son châssis, Prince choisira un châssis Brabham, et dominera pendant un temps ses adversaires.

Entre les constructeurs nippons, l’émulation pour la conquête de la victoire est vive. Elle aura pour effet d’accélérer leur apprentissage. Très vite, les lourdes berlines qui s’alignaient sur la grille de départ sont remplacées par des prototypes performants. Comme pour Ford, l’enjeu de la domination est celui des retombées publicitaires.

Les modèles que je vous présente sont ceux du deuxième Grand Prix du Japon, disputé en 1964.

Sur la première ligne figure une Porsche 904, fine et racée. A ses côtés des berlines, pataudes ou à l’allure citadine. L’alignement fait davantage penser à une course de club qu’à un Grand Prix national. Cependant, au-delà des apparences, au baisser du drapeau, la Porsche aura bien du mal à se défaire des Prince et des Toyota. Les mécaniques nippones sont redoutables et donneront bien du fil à retordre à la voiture de Stuttgart. Les berlines sont surtout handicapées par leur poids qui rend la tenue de route aléatoire : glissades et dérapages se multiplient aux quatre coins du beau circuit. Finalement, la Porsche s’imposera devant cinq Prince.

Dans la catégorie inférieure ce sont les Toyota qui vaincront. La marque tirera une excellente publicité de ce succès national. Ce sera le point de départ d’une course à la puissance et à la modernité : dès 1966 apparaissent les premiers prototypes (l’édition de 1965 a été annulée). Le règlement inspiré de la fameuse Can-Am (Groupe 7) engendre de véritables monstres. Pour preuve, en 1969, David Piper sur sa toute nouvelle Porsche 917 ne peut que s’incliner face aux productions locales.

Cherryca Phenix n’aura aucun mal à reproduire les quatre autos ayant participé au Grand Prix de 1964 : elles existaient déjà à son catalogue, sous la forme de paisibles routières.

Un jeu de décalcomanies approprié, se composant des numéros de course et des plaques correspondant à leur homologation, élément indispensable pour donner aux modèles un côté compétition. Si le fabricant s’est appliqué pour apposer les bons numéros, il n’a eu aucun souci de fidélité quant aux couleurs des autos reproduites. Ainsi, certains modèles existent en plus de deux couleurs.

Ce Grand Prix avait été divisé en deux courses, ce qui explique la présence du même numéro sur deux autos. Les boîtes sont excessivement intéressantes. Elles représentent les autos en action pendant ce fameux Grand Prix. A l’intérieur de chacune d’elles, un prospectus écrit en japonais vante les mérites de la gamme, et, on le suppose, les brillants résultats de chacune des voitures.

Enfin, pour finir, je me dois de vous rapporter une petite anecdote concernant l’acquisition de la dernière auto. Nous possédions les trois premières depuis 25 ans. Ces autos sont peu fréquentes en France et même en Europe. Il y a 3 mois, par le biais du site, j’ai été contacté par un client Japonais. Il m’a proposé de me céder la Prince. Sachant que ces autos sont onéreuses au Japon, je lui ai répondu que je devais d’abord vérifier s’il s’agissait bien du modèle qui me manquait. Il m’a répondu du tac au tac qu’il en était certain car il possédait des photos de nos vitrines qu’un ami japonais avait photographiées il y a plus de 20 ans !

Ainsi, il connaissait mieux que nous notre collection. Nous avons conclu l’affaire par un échange qui fut satisfaisant pour chacun d’entre nous. Nous pouvons ainsi vous présenter aujourd’hui les quatre modèles.

PS : remerciements particuliers à Adrien qui a apporté son concours technique au blog et nous permet ainsi de visionner le Grand Prix de 1964. Si le début de la vidéo révèle surtout le manque de maîtrise du caméraman, le tournage gagne en assurance au fil des tours. Ne ratez pas la chasse au lapin en bonus dans la seconde course, ni la cérémonie du drapeau à damiers toute empreinte de tradition nipponne.

L’énigme de la cabine avancée Citroën T-U-B

Les modèles présentés sont assez mystérieux pour bon nombre d’amateurs. La France des années 1940 est encore largement rurale et la conception du Citroën T-U-B répond parfaitement à cette caractéristique.

rares Citroën T-U-B
rares Citroën T-U-B

Mais parallèlement, l’industrie se développe. Citroën est une firme conquérante qui n’hésite pas à diversifier son activité. Ainsi, dans les années trente, elle n’a pas hésité à développer des lignes de taxis et de cars. Elle ne peut pas, dans sa stratégie, ignorer le développement du marché du poids lourd qui accompagne l’essor de l’industrie.

Les jouets Citroën illustrent parfaitement cette soif de développement. Les reproductions en plastiline des Citroën C4, Rosalie et P45 sont là pour nous le rappeler. Une grande diversité de carrosseries sera proposée aux enfants sur la base des modèles précités.

Les modèles proposés ce jour dans notre chronique sont bien plus délicats à démasquer. Leur période de production, juste avant la guerre, fut des plus troublée. La carrosserie type « cabine avancée » qui les équipe est un principe moderne apparu au milieu des années trente. Il faut avouer que l’apparence est assez révolutionnaire et Renault en produisit de superbes exemples. Il est fort probable que ce type de carrosserie soit le produit d’études menées sur la conception des autocars car il permet un gain de surface disponible. Les « longs capots » auront néanmoins la vie dure !

Ainsi, à la même époque, Citroën ne présenta pas de carrosserie type « cabine avancée » à son catalogue. Mais Currus, carrossier qui travailla souvent pour la maison du quai de Javel proposa, lui, ce type de carrosserie sur la base de châssis de type 23 et de Rosalie. J’ai trouvé un cliché d’une carrosserie en cours d’habillage qui ne fait aucun doute. Le radiateur, très caractéristique est bien présent, et le carrossage des ailes prouve bien qu’il s’agit d’une cabine avancée.

Mon ami François Laurent m’a aidé dans mes recherches. Grand spécialiste du poids lourd français, amateur de catalogues, de photos, de documentation et bien sûr de miniatures, il m’a été d’une aide précieuse pour cette petite chronique.

Il m’a notamment conforté dans mes recherches en trouvant un autre cliché de fourgon. Le fait qu’il y ait si peu de photos en circulation démontre que le nombre de ces véhicules a été très restreint. L’hypothèse selon laquelle les miniatures présentées seraient des T-U-B recarrossés en camions doit être écartée. La conception technique du T-U-B ne le permettrait pas. Nous ne connaissons pas d’autres versions en plastiline que ces quatre modèles certainement produits par JRD pour les Jouets Citroën, mais sans aucune certitude.

On ne peut s’empêcher de penser en voyant ces véhicules chargés de denrées que dans quelques mois, elles allaient cruellement faire défaut.

Ralstoy Autocar semi remorque citerne

Ralstoy Autocar semi remorque citerne

Pour les amateurs, voici une liste complémentaire de firmes ayant commandé à Ralstoy des modèles Autocar publicitaires sur la basse de semi-remorques citernes. Ce sont des modèles que nous venons d’acquérir, mais que nous n’avons pas eu le temps de photographier.. la liste est loin d’être exhaustive.

A vous de chercher !

  • Fleet Gasoline (blanc/rouge)
  • Inland Petroleum Transportation Co (gris)
  • O’ boyle tank lines (ivoire)
  • Orr-Shaw Oil Corp./ Atlantic (blanc)
  • P.I.E (Pacific Intermountain Express) (3 couleurs argent; jaune; ou blanc)
  • Sunnyside/Atlantic (blanc)

Plein d’essence chez Phillips 66

Les miniatures Ralstoy symbolisent assez bien l’univers que j’ai décrit dans la rubrique « au bout de la nuit » (numéro 109, classé à Ralstoy). D’après Steve Butler ces véhicules représentent des camions de la firme Autocar.

parking de la route 66
parking de la route 66

Dans un courrier qu’il m’a adressé il y a une dizaine d’années il avait hésité entre une reproduction de Mack ou d’Autocar. Steve Butler a publié de nombreux ouvrages sur les miniatures promotionnelles aux USA, mais également sur Tootsietoys et Hubley. II publie depuis de très nombreuses années dans la revue mensuelle « Antique Toy World » une chronique où il évoque ses souvenirs et raconte ses trouvailles de collectionneur. C’est toujours intéressant. C’est souvent passionnant.

C’est d’autant plus remarquable que les revues spécialisées ont, pour la plupart d’entre-elles beaucoup de difficultés à sortir d’un schéma classique. Elles se contentent souvent d’empiler des informations indigestes et sans vie et de présenter des listes que peu de collectionneurs parcourent tellement elles sont rébarbatives.

Le style de Steve Butler c’est tout l’inverse ! C’est un homme qui élargit l’horizon du collectionneur. Le sujet des articles importe peu, c’est la forme et la passion qui dominent.

A l’instar de Cam Cast, Ralstoy est une petite firme américaine créée par A. Massey en 1950 à Ralston qui a proposé des véhicules à usage promotionnel. Ralstoy a diffusé dans le commerce des coffrets de tailles différentes contenant des tracteurs Ford et Autocar et un assortiment de remorques : tôlé, citerne, plateau, porte-engin, fardier, ridelles hautes.

Dans ces coffrets, les remorques portent généralement un sticker “Fruehauf”. Il arrive que certains coffrets contiennent une remorque avec un label publicitaire. Il est facile d’imaginer que la firme a employé des commerciaux afin de démarcher les éventuels clients. Pour les modèles présentés, il s’agit de distributeurs d’essence. Ces modèles entraient en concurrence direct avec Tootsietoys. La firme de Chicago a produit de nombreux promotionnels sur la base du Mack semi-remorque fourgon, mais elle n’a fabriqué que deux versions promotionnelles sur la base de la semi-remorque citerne : une pour “Union Carbide” et une autre pour les produits laitiers Bordens. On pourrait donc penser que Ralstoy occupait ce terrain commercial. Les quantités produites n’ont pas dû être très importantes. Même aux USA, on ne les rencontre que rarement. En fait, une rapide analyse me pousse à penser que Ralstoy proposait plus facilement le tracteur Ford que l’Autocar pour accompagner ces citernes. Cela peut peut-être s’expliquer par le coût de fabrication…la quantité de zamac n’est pas la même pour injecter une cabine avancée comme le Ford qu’une cabine à capot comme l’Autocar

Il faut cependant reconnaître que les cabines à capot ont beaucoup de charme, notamment pour nous Européens. Elles symbolisent à merveille les grandes distances et les grands espaces traversés d’Interstates. Par manque d’information la plupart des collectionneurs américains se désintéressent de ces modèles. J’y ai toujours vu un attrait supplémentaire.

Le fait d’en voir très peu est un signe de rareté évidente. Cela ne doit pas décourager l’amateur : il faut toujours garder l’espoir d’en découvrir !