Je me suis interrogé à la suite de la tempête médiatique suscitée par la publication d’un dessin représentant le prophète alors que le Coran interdit toute représentation de ce dernier. Le domaine de la collection de miniatures automobiles connaît-il des interdits ? Les fabricants de jouets se sont-ils volontairement abstenus de reproduire certain types de modèles ?
Je n’ai pas d’exemple d’interdictions clairement formalisées, mais l’autocensure a porté essentiellement sur les véhicules évoquant la mort et la guerre. Ainsi même si Corgi Toys et C-I-J ont réalisé des prototypes de corbillards, les directions des firmes n’ont jamais autorisé leur production. Si, plus tard, des firmes comme Verem en ont commercialisé il s’agit de véhicules destinés aux collectionneurs et non aux enfants.
Après les évènements de mai 68, dès les années 70, les jouets militaires ont été très mal vus en Scandinavie. Il en était de même pour la vente de jouets imitant les armes à feu.
Bedford series
River Series variété d’équpements
River Series version avec nacelle
River Series variété d’équpements
River Series peu fréquente version dépanneuse
River Series version transport d’autos de manège
Sur les étals des bourses d’échange scandinaves, il est très difficile de trouver des jouets militaires. Cela n’empêcha pas Tekno et Vilmer d’en reproduire, mais il apparaît que ces jouets étaient surtout destinés à l’exportation. Ainsi, les véhicules Tekno sont tous aux couleurs de l’US Army. (voir les autres articles sur River Serie Bedford)
Bernard Arnault a récemment défrayé la chronique et suscité des débats enflammés en demandant la nationalité belge. La Belgique est un pays où, moi aussi j’aime me rendre. D’Antwerpen à Liège en passant par Bruges ou Bruxelles, les paysages sont superbes, les architectures éblouissantes et variées, le dépaysement bien réel pour tout français qui pourrait être un peu blasé par son pays.
Loin de notre morosité nationale, les Belges sont reconnus pour savoir faire la fête. Leur table est excellente, et c’est le paradis des buveurs de bière. Leur bonne humeur légendaire permet d’oublier la météo parfois capricieuse, qui finalement n’est pas tellement différente de celle de la région parisienne ! Voilà bien des raisons d’aller faire un tour outre-Quiévrain ! Ce sont sans aucun doute ces bonnes raisons qui ont poussé un capitaine d’industrie à demander la nationalité belge. Je vais vous présenter aujourd’hui des modèles issus de fabricants étrangers qui désireux de s’implanter en Belgique, ont adapté des modèles de leurs gammes pour le marché belge.
Corgi Toys qui est certainement le fabricant le plus agressif du marché de la miniature s’est naturellement intéressé à la Belgique, vraisemblablement par le biais de son importateur. Corgi Toys est le seul fabricant que je retrouve présent aux quatre coins du monde. Grace à un catalogue intelligemment conçu, les produits pouvaient s’exporter partout, ce qui n’était pas le cas de Dinky Toys trop typé britannique.
Les magasins de jouets belges distribueront donc quelques modèles Corgi Toys exclusifs. Le plus savoureux, pour nous français, est celui réalisé sur la base de la camionnette Bentam Karrier. En lieu et place du sticker « Joe’s Diner », qui, lui, fut distribué un peu partout, nos amis belges pouvaient se procurer une version « patates frites » bien plus adaptée aux spécificités locales.
Corgi Toys Bentam. Les deux versions
Corgi Toys Bentam. la version pour la Belgique
Corgi Toys Land Rover TS (bâche en tôle)
Reisler (coffret) et Corgi Toys pour le marché Belge
Corgi Toys Bentam. la version pour la Belgique
Corgi Toys Land Rover TS (bâche plastique)
Sur le dessin du décalque trône un magnifique cornet de frites, il ne manque plus que la mayonnaise ! Remarquons le texte en français, pour ce modèle diffusé dans un pays qui connaît deux langues différentes. En touriste averti, je peux me localiser selon que les panneaux publicitaires ou indicateurs du bord de la route affichent leur message en wallon ou en flamand. Il y a certes la particularité de la région de Bruxelles ou le wallon peut côtoyer le flamand. C’est peut être pour éviter toute polémique que l’organisme qui gère l’assistance routière en Belgique, le Touring Secours a choisi un nom avec une consonance anglo-saxonne ! Corgi Toys transformera ses versions RAC, autre grande société d’assistance routière établie en Grande-Bretagne, pour les adapter au marché belge. Sur la base de la version 109LWB, Corgi Toys se contentera de peindre ses Land Rover en jaune, et d’appliquer des stickers TS. Le succès dut être au rendez-vous. En effet, lorsque Corgi Toys créera un second moule, plus moderne, équipant sa miniature d’une bâche en plastique et non plus en tôle et de suspensions, elle réalisera également une série en livrée TS. Ces deux miniatures sont peu fréquentes.
Sans être un inconditionnel de la firme Corgi Toys, j’ai beaucoup de plaisir à rassembler les modèles que cette compagnie a créé pour des marchés spécifiques. Ces trois modèles en sont un parfait exemple.
Enfin, le petit présentoir avec les figurines fut produit par Reisler, firme danoise, pour l’importateur Belge Bois Manu, à l’occasion de l’exposition universelle de 1958, afin d’accompagner le car Mercedes également produit par une autre firme Danoise, Tekno dont l’importateur pour la Belgique était aussi Bois Manu !
La nouvelle édition du festival de Cannes m’offre l’opportunité de rendre hommage au réalisateur italien Federico Fellini. « La dolce vita » présenté à Cannes en 1960 où il reçut la palme d’or, marqua les esprits, notamment en Italie où il divisa la population.
Le film eut un immense succès commercial qui reposait d’ailleurs davantage sur l’intérêt du public pour les scènes érotiques que sur ses qualités intrinsèques. Le Vatican jugea l’œuvre pornographique et blasphématoire !
Ainsi, dans « Divorce à l’italienne », tourné en 1961 par Pietro Germi, une scène se déroule devant le cinéma d’un village : la projection de « La dolce vita » provoque une émeute, la salle étant trop petite pour accueillir le public dominical tout émoustillé par la réputation du film. Il est amusant de remarquer que le rôle principal de « Divorce à l’italienne » est tenu par Marcello Mastroianni, qui interprète également le rôle principal de « La dolce vita ». Ce sera la première collaboration de Mastroianni avec le cinéaste Federico Fellini.
Cinq autres films réuniront les deux monstres sacrés qui semblent s’apprécier. De construction moderne, le film est une suite de séquences où nous suivons un chroniqueur interprété par Marcello Mastroianni. La scène la plus connue est bien sûr celle où Anita Ekberg se baigne dans la fontaine de Trévi. Cette scène s’est imposée au cinéaste après avoir lu un article de journal relatant qu’au cours d’une séance de photos Anita Ekberg s’était blessée légèrement au pied ; elle était à proximité de la fontaine de Trévi et était allée y nettoyer sa blessure. Le photographe Pierre Luigi avait alors réalisé une série de photos publiée dans le journal Tempo.
De nombreuses scènes du film font partie de l’histoire du cinéma. Federico Fellini nous offre une vision toute personnelle de certains quartiers de Rome, notamment celui de l’EUR, construit sous Mussolini et structuré en grandes artères rectilignes. La vision est assez déroutante pour qui connaît la capitale romaine. Il semble bien que le cinéaste ait cherché à prendre le contre-pied des clichés faciles sur la « douceur de vivre à l’italienne ».
Ainsi, pour en venir au sujet qui nous est cher, l’automobile, le choix du cinéaste est singulier. Il lui aurait été facile de choisir parmi les voitures sportives, de luxe ou populaires, produites par l’industrie italienne. Pour nous, Français, le titre du film peut facilement évoquer une Alfa Romeo Giulietta, une belle Lancia Aurelia et même une Ferrari 250GT.
Fellini choisit de faire rouler son personnage principal en Triumph TR3.
Le photographe qui l’assiste, Pierotto Paparazzo, (à l’origine du mot paparazzi) apparaît en MG TF. Maddalena, interprétée par Anouk Aimée et symbole de la bourgeoisie désœuvrée roule, elle, dans une Cadillac Eldorado Biarritz. Le spectateur est déstabilisé et il y a fort à parier que Fellini a personnellement choisi les automobiles de ses acteurs.
La dolce vita en Marx
Marx Triumph
ensemble de modèles Marx avec personnages Disney
Marx avec ou sans friction
Marx Triumph TR3 avec Mickey
La dolce vita en Marx
Pour illustrer ce film, j’ai souhaité vous présenter une Triumph TR3 un peu moins connue que celles produites par Corgi Toys ou Spot On. Le modèle a été produit au Japon, par Line Mar, pour la firme Marx sous le nom de « Collectoys ». Compte tenu de la consonance anglo-saxonne, la destination commerciale de ce produit, les Etats-Unis, est évidente. Il faut rappeler que déjà, avant la seconde guerre mondiale, le Japon s’était attaqué au marché américain du jouet. Au départ la qualité de ces jouets était médiocre. Elle s’est vite améliorée.
Après guerre, les jouets produit par la firme Marx ont porté le marquage un brin infamant : « Made in Occupied Japan ».
Les Japonais se sont vite redressés à l’issue du conflit et le marché américain est demeuré leur principale cible. La multitude de belles américaines en tôle à des échelles allant du 1/35 au 1/10 environ en est la preuve. Mais les échelles inférieures n’ont pas été oubliées.
Voici donc une série attachante de cabriolets et de coupé européens, dont la Triumph fait partie au même titre qu’une Jaguar XK120, une Porsche 356 et même une BMW 507. L’échelle choisie pour ces modèles est environ le 1/50. Le fabricant proposera toute une série d’autos américaines, dont une Edsel. Celles-ci seront alors reproduites au 1/66 environ, l’échelle de reproduction étant dictée par les boîtages, tous de même format !
Marx commandera ensuite à son fabricant de jouets japonais une autre série de modèles extrapolés de cette gamme et installera au volant un personnage issu des dessins animés de Walt Disney. Mickey s’assiéra dans la Triumph TR3 et Goofy prendra les commandes de la Jaguar XK120 ou de la « MGA » ! Cette série est également peu fréquente.
Les fabricants usent parfois de certains artifices afin d’écouler des modèles un peu boudés. C’est ainsi que Matchbox utilisa comme support le Ford D800 pour y placer trois tracteurs, bien évidemment de la marque Ford. Pour cette occasion le fabricant créa une remorque plateau sur laquelle prirent place les trois tracteurs.
L’idée de répétition est assez judicieuse. Une jolie boîte fut spécialement créée. J’étais encore enfant quand on m’a offert ce modèle. Le graphisme de la boîte m’a enthousiasmé.
Aujourd’hui, j’ai encore beaucoup de plaisir à la regarder. Le modèle est fréquent et rien ne semble justifier qu’il fasse l’objet d’une rubrique. Sa présence ici s’explique par la récente découverte que j’ai faite.
La découverte en question est un véhicule de la marque Merehall de Hong Kong. Les productions de cette firme sont peu courantes ; elle est de plus d’avantage connue pour des reproductions de jouets à une échelle supérieure au 1/43. Cependant, notre camion Ford est bien au 1/43. La filiation avec le modèle produit par Matchbox est évidente : les tracteurs bien que de taille supérieure, sont identiques. Il en est de même du système de fixation. Mais la cabine tracteur elle-même? Ne vous dit-elle rien ? Bien sûr, il s’agit d’une copie du Ford produit par Corgi Toys, concurrent de Matchbox !
Matcbox Ford semi remorque porte tracteurs
Merehall Ford semi remorque porte tracteurs
Merehall Ford semi remorque porte tracteurs
Merehall Ford semi remorque porte tracteurs
Merehall Ford semi remorque porte tracteurs
Matcbox Ford semi remorque porte tracteurs
Elle a été légèrement simplifiée. Merehall l’a débarrassée de ses fragiles rétroviseurs mais a gardé la cabine basculante qui s’ouvre sur un moteur à friction. L’ensemble est de qualité. Quant à la remorque plateau, elle est également empruntée à Corgi Toys. C’est la plate-forme de la caisse fourgon du Corgi Toys. Cette remorque sera utilisée dans la version du cirque Chipperfield, avec trois cages et des fauves. La Merehall était destinée au marché anglais : la décoration de la boîte fait vraiment penser à une autoroute anglaise.
Ce jouet est très peu fréquent. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais dans l’article suivant, vous allez voir que non.
Vous aurez sans doute reconnu le titre de la chanson de Jacques Verrières interprétée par Mouloudji puis par Barbara que j’ai eu envie de remettre à l’honneur.
Lors de mon dernier voyage outre-manche, alors que nos hommes politiques débattaient sur la situation des Roms, une question m’a taraudé. Il est un fait que les fabricants de jouets anglais, particulièrement ceux reproduisant des figurines, se sont intéressés depuis les années 30 à reproduire des caravanes hippomobiles de gitans.
Ainsi, Charbens, Morestone, Salco et Matchbox récemment ont inscrit à leurs catalogues des « gipsy caravan ». L’intitulé des boîtages est sans équivoque. La Salco en zamac reprend sur son pavillon des étoiles et un croissant de lune gravés, sans doute pour évoquer les nuits à la belle étoile. Celle de Charbens est également très typée.
Sur une version, le fabricant a fait figurer une corde à linge où sont accrochés des vêtements qui sèchent. Le tout moulé en plomb.
Les personnages composant le coffret, un gitan avec une femme serrant son bébé nous renvoient à l’image de la nativité. Les fabricants anglais ont toujours été inspirés par les images bibliques. Ils ont ainsi été nombreux à reproduire l’arche de Noé. La version de Morestone est assez caractéristique des caravanes de gitans croisées sur les routes de Grande-Bretagne : elle développe des formes généreuses, richement décorées de volutes de couleur verte. L’objet ne peut laisser insensible.
Si vos pas vous mènent au musée de la locomotion de Beaulieu, pas loin de Southampton, vous pourrez y contempler un superbe exemplaire. Tout cela confirme que le monde des gens du voyage est populaire chez nos voisins Anglo-saxons. Je m’interroge sur l’origine de cette tradition ? Est-ce la mobilité de ces gens qui fascine nos amis anglais ? Nous savons qu’ils ont une passion pour le caravaning, et ce depuis fort longtemps. Il n’est pas interdit de penser qu’ils sont des précurseurs en la matière. Le musée de Beaulieu présente d’ailleurs un exemplaire de caravane d’avant-guerre comme digne d’autant d’intérêt qu’un véhicule à essence. Cela démontre bien la vénération des anglais pour ce mode de vie.
La bonne aventure !
La gitane et son enfant
Dur labeur !
Charbens Caravane de gitan
Boîte Charbens Caravane de gitan
Charbens Caravane de gitan
Par contre, chez nous en France, aucun fabricant de figurines à ma connaissance n’a reproduit de roulotte de gitans. Ni CBG, Ni Aludo, ni Quiralu ni même Starlux, pour ne citer que les plus importants fabricants de figurines, n’ont inscrit à leurs catalogues ce genre d’article. Seul Minialuxe s’est laissé tenter. Pour beaucoup de Français, la vie en roulotte est avant tout synonyme de marginalité ou, au mieux de vie d’artiste. Ainsi en Allemagne les fabricants de jouets tels Märklin ou Siku ont reproduit des roulottes de cirque. …
J’avoue que ces reproductions anglaises, superbes, méritaient bien de petit coup de projecteur… Leur existence témoigne de l’acceptation des gitans et de la reconnaissance de leur particularité par la population. Je ne sais si ces jouets ont eu un réel succès mais, une chose est sûre, les collectionneurs anglais continuent à les apprécier énormément. (voir la suite)https://autojauneblog.fr/2010/10/17/roulotte-minialuxe/
Auto Jaune Le Blog de Vincent Espinasse collectionneur