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Conditionné par la publicité.

Conditionné par la publicité.

Nous sommes assaillis par la publicité. Tous les supports sont bons. Radio, télévision, affiches placardées sur les murs. On frise l’overdose. Dans le sport, pas un centimètre carré n’échappe à la publicité. Les joueurs de football sont ainsi devenus de véritables placards publicitaires.

Grâce à un angle de prise convenu, tout champion qui se retrouve face à une caméra est placé devant le nom d’un annonceur qui vante les mérites d’une pâte à tartiner, d’un crédit à la consommation ou d’une serviette hygiénique.

Durant le Tour de France cycliste même les masques servant à se protéger de la propagation du virus ont été les vecteurs d’une publicité. Tout se fait avec le plus grand naturel. Très souvent les produits n’ont aucun rapport avec le sport pratiqué.

La banalisation de cette pratique date d’environ trente ans.

Trop c’est trop.

Il y a quarante ans, je me souviens que des collectifs dans la capitale luttaient contre cette publicité envahissante. A l’époque, bien plus jeune, je n’avais pas compris ce mouvement.

La publicité me semblait inventive, attrayante. J’appréciais celle des années 50. C’est l’époque où j’ai découvert Savignac et le musée de la publicité.

Ce n’est donc pas un hasard si très tôt la publicité  nous a influencés mon père et moi, dans notre collection de miniatures. Mieux, elle est devenu notre moteur.

Ainsi, notre approche des Dinky Toys, C-I-J et JRD tournait autour des véhicules publicitaires : Renault 1000kg et Citroën 1200kg .

Notre choix s’étant d’abord limité aux fourgons, il était logique de découvrir ceux proposés par Tekno. La firme scandinave était la spécialiste du genre. Mieux, elle concevait ses modèles dans le but de décliner des variantes publicitaires. Tekno offrait aux annonceurs un support modulable afin qu’ils puissent aisément accoler leurs messages publicitaires et leurs couleurs.

Le principe du modèle publicitaire est de véhiculer un message en faveur d’une marque ou d’un produit. La publicité doit nous surprendre, nous faire découvrir des produits dont nous ne saurons plus nous passer et leurs qualités.

Dans une langue qui nous est familière cela ne pose en général, aucun problème. Mais dans une langue inconnue, on s’interroge souvent sur la nature de l’activité de la société promue sur le fourgon .

Ainsi, lors de mes voyages nordiques, ce fut un réel plaisir à Copenhague de passer devant une enseigne Fona, Magasin, Ekstra Bladet, Politiken et de pouvoir mettre un nom sur l’activité de ces sociétés (dans l’ordre : électroménager, grand magasin de Copenhague et journaux)

J’ai aussi pu constater que la marque Cloetta existait toujours. Sur le ferry effectuant la traversée entre Helsingor et Helsingborg distante de quelques kilomètres, nous n’avons pu nous empêcher, mon père et moi, d’acheter quelques barres chocolatées de la marque. Nous les avons dégustées religieusement en évoquant entre deux bouchées combien ces modèles nous avaient donné du fil à retordre avant de rejoindre nos vitrines.

Cloetta est une firme suédoise, et Tekno déclina pour ce marché scandinave son camion Volvo et son fourgon Volkswagen.

C’est aussi en Suède, dans un restaurant, que j’ai découvert la nature de l’activité de Slotts, autre modèle mythique de la firme Tekno : de la moutarde.

Je pense que le serveur a dû me prendre pour un original en me voyant emporter un sachet de ce précieux condiment. Il trône en vitrine avec mon modèle comme une barre de Cloetta et une pile Hellesens !

Ma dernière découverte est des plus déconcertantes. Après mon accident de vélo et la pose d’une prothèse de la hanche le chirurgien m’a convoqué pour la visite de sortie. A cette occasion il m’a remis mon dossier médical.

A l’intérieur, un document cartonné édité par le fabricant de la prothèse, m’expliquait ce que je pouvais ou ne pouvais absolument plus faire.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir que le fabricant de ma prothèse n’était rien que moins que la firme Leo ! celle-là même qui commanda à Tekno dans les années soixante une variante à ses couleurs du camion Volvo Express ridelles.

A cette occasion, Tekno modifia son moule au niveau des ridelles afin d’appliquer plus facilement les décalcomanies. Elle ajouta quatre caisses en bois estampillées Leo. C’est un camion rare que nous avons eu très tôt dans notre collection.

Je ne sais pas encore si je mettrai mon dossier médical en vitrine avec mon camion mais on comprend toute la fierté du collectionneur Tekno de pouvoir se dire que sa prothèse porte le label d’une firme qui a travaillé avec sa marque de jouets favorite.

Il n’en est pas de même des collectionneurs de Dinky Toys qui n’ont rien d’autre à mettre en vitrine que de la bière Kronenbourg ou une batterie Baroclem !

Prochain blog, le dimanche 10 Janvier. Meilleurs  voeux pour l’année  2021  à tous.  Retrouvons un peu de réconfort, d’espoir  avec nos jouets et nos collections dans ce monde bien tourmenté. Vive 2021 ! …et bientôt le numéro 7 de Pipelette. L’année commence bien !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une deuxième vie

Le printemps a bien du mal à s’installer en ce mois d’avril 2013 à Copenhague. La végétation est en retard par rapport à Paris. Je suis au pays d’Andersen pour une vente aux enchères.

Volvo N88 Titan
Volvo N88 Titan prototype chassis court

La mise en vente d’une importante collection de Tekno est un événement rare. En l’occurrence, cette collection avait servi de base à l’élaboration du premier ouvrage consacré au sujet et paru en 1986. Avec le temps, au fil des acquisitions, mon père et moi avions réussi à réduire la liste des modèles manquants par rapport aux modèles présentés dans ce livre de référence. Mais il restait une petite liste de modèles rebelles : impossible de mettre la main dessus. Plus terrible encore, nous n’avions pas réussi à localiser un autre exemplaire que celui figurant en photo dans le livre. Alors, bien évidemment, la mise en vente de ces véhicules ne pouvait que m’entraîner à Copenhague.

Cette collection appartenait à un personnage singulier. Chauffeur de car de profession, le hasard l’avait amené à conduire quotidiennement les ouvriers dans la nouvelle usine Tekno, délocalisée de Copenhague vers le Jutland.

Il avait ainsi tissé des relations privilégiées avec le personnel. Lorsque l’usine a arrêté sa production, il était aux premières loges pour récupérer pièces détachées et prototypes. Il faut préciser que Tekno avait pour usage de garder dans des vitrines une partie de sa production. Ce patrimoine fut éparpillé chez quelques collectionneurs, au nombre desquels figure notre homme.

Au milieu des années 90, j’ai eu la chance de récupérer quelques belles pièces par l’intermédiaire de Yan Mortensen. J’ai procuré à ce dernier de beaux CIJ, notamment la collection complète des Renault 1000Kg. Comme il ne souhaitait pas les payer mais les échanger, j’ai pu acquérir de rares Tekno. C’est au fil de ces échanges que j’ai découvert l’origine des modèles.

Le temps a passé, et notre chauffeur de car est décédé. Ses héritiers ont mis sa superbe collection en vente. J’ai choisi de vous présenter trois projets de Volvo N88 Titan qui n’ont vu le jour qu’à l’état de prototype.

Volvo N88 Titan
Volvo N88 Titan prototype

Le premier vient de l’usine, et je l’ai obtenu il y a fort longtemps par un autre Danois qui avait lui aussi participé au partage du stock de l’usine. Il s’agit d’une caisse frigo, réalisée en bois. L’idée sera reprise plus tard mais sur le Volvo Express. La forme sera alors plus carrée. Observez bien l’empattement du camion : Tekno n’a pas utilisé un châssis de porteur simple mais celui, beaucoup plus long, servant à recevoir le plateau à chaînes. Un essieu a alors été supprimé. Il est dommage que ce modèle soit resté à l’état de prototype car l’ensemble avait fière allure.

La version avec le rideau roulant aux couleurs Irma est, elle, restée totalement inconnue. Irma est une petite chaîne d’épiceries situées dans la région de Copenhague. C’est une des plus anciennes chaînes de distribution au monde ! Les magasins sont plutôt spécialisés dans les produits de qualité. C’est donc tout a fait logiquement que la direction a fait appel à Tekno pour l’étude de ce prototype ! L’expérience s’arrêtera là. De manière rétrospective, on peut avancer une hypothèse. Il est probable que Tekno a buté sur la réalisation de la toile repliable qui caractérisait ces véhicules de livraison de proximité. Bien plus tard, dans les années soixante-dix, Tekno concrétisera son étude pour Irma, en leur livrant un très beau Ford D800 avec un ingénieux système permettant de faire coulisser la toile du fourgon. Cette dernière marquera les esprits. Le matériau trouvé par Tekno, une toile plastifiée, permettait de renouveler l’opération d’ouverture et de fermeture quasiment à l’infini, sans crainte d’abimer le modèle.

Le dernier modèle présenté ce jour est aussi intéressant. Il s’agit d’un tracteur à empattement très court qui devait tracter une remorque surbaissée. L’emprunt à la version dépanneuse de la caisse est assez évident. Malheureusement, la remorque qui a dû être créée a disparu.

Une seule vie ne suffirait pas pour rassembler l’ensemble de la production Tekno. De bonnes surprises sont toujours attendues. La meilleure preuve vient de m’être fournie par l’intermédiaire de mon ami Geoff de Londres. Son père avait réuni une magnifique collection Tekno, période au cours de laquelle il était en contact avec des danois, pionniers de la collection. Ces passionnés échangeaient lettres, modèles et photos.

Ainsi Bent Danilesen avait envoyé au père de Geoff de belles photos prises chez un danois. Le père de Geoff les a récemment exhumées : quarante ans après, elles présentent toujours autant d’intérêt. Geoff me les a envoyées : quelle ne fut pas ma surprise de constater que ces photos avaient été prise chez le chauffeur de car ! J’ai facilement reconnu toutes les pièces dont le Volvo Irma et le tracteur à empattement court que je vous présente ici.

L’express d’Helsinki

Le camion Volvo Express Paulig

Mon père ne me démentirait pas si je disais que notre histoire avec Tekno a rythmé notre vie de collectionneur. La publication du premier ouvrage de Hans Hedegard et Dorte Johansen en 1984, sur la firme de Copenhague fut une véritable révélation : nous avons découvert tout un univers.

Sur la couverture de ce premier ouvrage sur les modèles Tekno, trône, au centre, le camion Volvo Express Paulig.

 sertissage du vitrage du Volvo Express Paulig
sertissage du vitrage du Volvo Express Paulig

La couverture présente d’ailleurs un condensé de pièces rares. Cette photo nous laissait entrevoir que le chemin à parcourir pour réunir ces véhicules allait être long, très long ! Si, pour une firme comme Dinky Toys, il est relativement facile de répertorier les promotionnels, pour Tekno, il en est tout autrement.

En effet, Tekno a très vite compris l’intérêt qu’il y avait pour une société à faire figurer son logo sur des reproductions en miniature de camions et camionnettes. Grâce à la conception technique de ses moules, Tekno pouvait proposer sans difficulté des combinaisons de couleurs variées. Nous reviendrons prochainement sur cet aspect technique, lors de l’étude des camions Volvo Titan.

Un examen rapide montre que Tekno moulait la cabine en trois parties : la cabine elle-même, les ailes avant et enfin le châssis. Il était donc facile de proposer une finition tricolore. Par comparaison, Dinky Toys moulait les cabines de ses camions de façon monobloc. Le Volvo Express ici présenté est moulé en trois parties : cabine, châssis et ridelles. Ce camion est apparu chez Volvo en 1959. Sa physionomie ne nous est pas familière, à nous français. En dépit de recherches approfondies, je n’ai pas trouvé d’exemples ayant circulé en France. Si ces camions ont circulé dans l’hexagone, ils n’ont pu être que très rares. Il est probable que la carrière de ce modèle, chez Tekno a été éclipsée par le superbe Volvo Titan ou N88.

Mais, de manière curieuse, Tekno a offert plusieurs versions promotionnelles de ce camion. Était-ce une manière, par le biais de modèles spéciaux, d’amortir les moules ?

Celui que nous vous présentons est à mes yeux le Tekno le plus désirable de toute la gamme. Paulig est une firme agro-alimentaire finlandaise. Le véhicule qui comporte une carrosserie spécifique a été spécialement conçu pour cette firme.

En effet, le plateau ridelles a été aménagé avec un dosseret vertical. De plus, afin de recevoir une décoration, les flancs du plateau sont lisses. Ces détails sont importants. Ils permettent rapidement une authentification. Dans les années 75, quelques Danois, dont mon ami Elgaard ont récupéré tout un stock de modèles, d’accessoires et de décalques au siège de la fabrique qui avait, à l’aube des années 70, quitté Copenhague, pour le Jütland. Dans les années 80, quelques Danois fabriquèrent chez eux des modèles avec des pièces d’origine repeintes par leurs soins. Les quelques Paulig fabriqués à cette occasion ne possèdent pas ces particularités techniques et ne peuvent êtres confondus avec les originaux.

Lorsque les auteurs du livre précités ont entrepris une activité de salle des ventes, ils ont basé leur publicité sur la mise en vente de ce fameux Paulig qui était à l’époque le seul exemplaire d’origine connu. Nous n’avons pas laissé passer l’occasion d’acquérir une telle pièce. Pendant longtemps la petite salle des ventes se servit de cette vente pour promouvoir ses services.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Une dizaine d’années plus tard, au magasin, j’ai reçu la visite d’un Finlandais. Il était journaliste. Je me souviens très bien d’un détail amusant : il roulait en Simca 1500 !

Ce qui est peu banal là-bas ! Je n’ai pu m’empêcher de lui demander s’il avait des Tekno et de lui parler du camion Paulig. Il connaissait bien la firme, mais n’avait jamais entendu parler de ce Tekno. Deux ans se sont écoulés avant qu’il ne revienne me voir. Il m’explique que par un étrange hasard son journal l’a envoyé faire un reportage chez Paulig ! Il s’est à cette occasion souvenu de notre conversation. Si l’entreprise avait un petit musée tenu par une retraitée, il ne comportait aucune trace du véhicule. La dame proposa de publier dans le bulletin de liaison du musée un avis de recherche auprès des anciens salariés. Une personne répondit, en expliquant qu’effectivement elle avait conservé le camion et la camionnette (en effet, Tekno livra, en plus du camion, un Ford Taunus fourgon). Le journaliste récupéra les deux objets et les apporta à la salle des ventes connue pour avoir vendu le premier modèle.

Les choses se passant parfois de manière étrange, nous avons récupéré aussi cet exemplaire. Il est quasiment identique au premier.

Jamais, nous n’en avons vu un troisième d’origine et c’est pourquoi, à mes yeux il constitue un des plus rares Tekno, voire le plus rare.

Nous avons gardé les deux pièces, car de manière un peu naïve, ou idéaliste, nous gardions toujours quelques pièces très rares en vue d’échange avec d’autres collectionneurs. La réalité démontre qu’il est très difficile de pratiquer ainsi.