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La Ferrari de Léo

La Ferrari de Léo

La journaliste tente de le provoquer en l’interrogeant sur la contradiction qu’il y aurait entre ses convictions politiques et le fait d’avoir possédé une telle auto.

Léo Ferré répond : « Je vous attendais au tournant. Une Ferrari ce n’est contradictoire pour personne, si vous pouvez l’acheter. Moi, je gagne ma vie, je ne vais pas aller dans la rue donner de l’argent aux gens pour acheter des voitures. Qu’est ce que vous voulez que j’y fasse moi ?… »(1977 France Inter. )

Maurice Frot l’homme à tout faire et le confident de Ferré se chargera de revendre l’auto en 1969, deux ans après son achat. Pour ses tournées, qu’il compare comme Jacques Brel à des road movies il choisira alors une Citroën DS. (voir le blog consacré à Jacques Brel et la Citroën DS19). Plus tard, il optera pour une Citroën CX.

la biographie de Robert Belleret
la biographie de Robert Belleret

j’ai trouvé ces informations dans la passionnante biographie de Robert Belleret « Léo Ferré une vie d’artiste » chez  Acte Sud. Longtemps, la rumeur a colporté que l’artiste possédait une Rolls Royce. (voir le blog la Cadillac du peuple ).

J’ai cherché des informations sur cette fameuse Ferrari. J’aurais aimé trouver une photo par exemple. Sans succés. Il ne m’a donc pas été possible d’identifier le modèle. Robert Belleret ne s’étend pas sur le sujet. Par rapport aux années évoquées (1967) le type 250GT 2+2 m’a paru crédible. Mais l’avait-il acquis  neuve ? D’après le biographe, le  chanteur, et Madeleine, sa compagne à l’époque, étaient très fiers de cette auto. Il faut dire que la reconnaissance auprès du public avait été longue à venir.

Cette belle auto  fut sürement pour Léo et Madeleine  comme une revanche sur la vie de bohème du début.  Elle lui inspira une de ses plus belles chansons, « la vie d’artiste ».

« Cette fameuse fin du mois

Qui depuis qu’on est toi et moi,
Nous revient sept fois par semaine
Et nos soirées sans cinéma,
Et mon succès qui ne vient pas,
Et notre pitance incertaine.
Tu vois je n’ai rien oublié
Dans ce bilan triste à pleurer
Qui constate notre faillite. »

Il n’est pas sûr que la direction de Solido ait été aussi fière de la réalisation de sa Ferrari 250 GT 2+2 que Léo Ferré l’a été de son auto.

Je m’explique.  Elle porte la référence 123 et se situe logiquement juste après la référence 122, la Ferrari 156 monoplace mais surtout après la fameuse référence 121, la Lancia Flaminia, qui fut la première miniature au monde à être équipée de portes ouvrantes. (voir le blog sur la Lancia Flaminia Solido).

Cette Ferrari Solido est loin d’être parfaite. Elle n’est sûrement pas due au crayon de M. Brière qui avait notamment conçu la Lancia Flaminia (voir le blog consacré à la Jaguar Type D). Dans ces années là, il y avait au moins deux employés qui se partageaient la lourde tâche consistant à créer les prototypes. .

AMR Ferrari 250GT chassis court
AMR Ferrari 250GT chassis court

La voiture est trop large et trop courte. En la regardant de face elle fait penser à une 250 GT châssis court de compétition avec ses phares additionnels placés dans la calandre.

J’ai eu le bonheur de récupérer auprès de Mme Azéma le master en bois qui a servi à l’élaboration du moule. Il est intéressant de constater que le concepteur a dû fractionner son modèle en deux.

Ainsi, désormais quand vous regarderez votre miniature Solido vous saurez pourquoi une veine en relief traverse en largeur le capot avant, au niveau des phares. A partir de ce détail, on comprend bien que la réalisation de cette miniature n’a pas été simple.

Je suis persuadé que le prototypiste s’y est pris à deux fois pour concevoir le modèle. Une fois le premier master réalisé, on a scié l’avant qui devait présenter un défaut et on s’est remis à l’ouvrage. L’avant qui est très bien traité pourrait être dû à M. Brière venu à la rescousse de son collègue. C’est une hypothèse.

La version offerte par Dinky Toys de cette Ferrari 250 GT 2+2 est supérieure. (voir le blog consacré à la Ferrari 250 GT2+2).

La suite la semaine prochaine.

 

La Cadillac du peuple

La Cadillac du peuple

« Vous savez, avec l’amour on arrangerait bien des choses. Même dans les bureaux de vote. D’ailleurs faut pas voter. Chacun le sait. Les gens votent, c’est comme cela ; c’est la Cadillac du peuple. Alors on les fait monter de temps en temps dans la Cadillac. Ils en descendent vite. »

Les propos sont de Léo Ferré. Je les ai relevés dans une émission de France Musique qui rendait hommage au poète. J’ai été touché par ces mots que Ferré débitait sur un ton presque anodin, bien loin de la gravité du propos. Il part d’un constat, puis rebondit et va là où on ne l’attend vraiment pas. N’est-ce pas le rôle de l’artiste de provoquer, de questionner, de faire réfléchir?  Avec ces mots simples il nous interpelle sur un sujet qui nous concerne tous, la démocratie.
Ce qui m’a accroché c’est bien sûr la comparaison entre l’action d’aller voter et celle d’un voyage en automobile de luxe. Mais c’est aussi le fait d’avoir choisi une marque qui ne viendrait pas spontanément à l’esprit.

Comme symbole d’un voyage luxueux, on penserait plutôt à la marque anglaise Rolls-Royce. On sait qu’une rumeur circula dans les années soixante sur le fait que Léo Ferré possédait une Rolls Royce.

La rumeur avait sûrement été lancée dans le but de troubler dans l’opinion publique l’image d’un artiste engagé et dérangeant. Mais elle n’avait aucun fondement comme le confirme le biographe de l’artiste Robert Belleret.

C’est peut être pour cela qu’il a choisi dans sa démonstration la marque Cadillac et non Rolls-Royce, pour ne pas troubler davantage les esprits. Ceci n’est qu’une supposition car Léo Ferré n’était pas du genre à esquiver.

Personnellement, si je dois associer la représentation du suffrage universel à celle d’un voyage, c’est plutôt l’image d’Ulysse qui me vient à l’esprit, lorsque revenant de l’île des morts, il demande à ses compagnons de l’attacher au mât de son navire pour ne pas succomber aux chant des sirènes.

Afin d’illustrer ces propos, j’ai choisi des miniatures de la marque Mercury. En effet la firme de Turin a inscrit  de manière quasi  simultanée à son catalogue une Rolls-Royce et une Cadillac Eldorado cabriolet. L’occasion était trop belle.

Cette dernière est considérée par beaucoup comme la plus belle miniature jamais reproduite. Mon père a toujours eu une grande affection pour cette auto, qui nous a marqués à tout jamais.

Au début des années 80, il en acheta 18 exemplaires différents issus d’une même collection.  La personne les avaient  toutes acquises dans les années soixante en magasin, fait rarissime  à une époque où l’on se contentait d’un seul exemplaire. On imagine combien cette auto lui tenait à coeur.

 

C’est un superbe modèle, image du luxe à l’américaine, vendue sous la référence 28   dès 1956. Cette miniature n’aurait pas déplu à Léo Ferré, lui qui naquît à Monaco. Il dut en croiser plus d’une dans les rues de la Principauté.

Sera-t-elle fiable pour aller voter dimanche ? Une chose est sûre, d’une telle auto, on n’a pas envie de descendre.