Il arrive que l’histoire de nos petites autos rattrape la grande histoire. La Norvège, pays à la gestion rigoureuse, décida après la seconde guerre, afin de rétablir sa balance commercial de limiter au maximum ses importations.
Des quotas et des priorités furent fixés. Ainsi chaque secteur économique se vit attribuer un quota.
En Norvège secteur du jouet n’étant pas une priorité, il fut donc décidé de fermer les frontières à toute importation de jouets. Cette mesure fut surtout dommageable aux fabricants Danois Lego et Tekno, jusqu’alors très implanté en Norvège.
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Mecline et Tekno: châssis différents
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Mecline et Tekno: jantes différentes
Ces 2 firmes contournèrent la difficulté en s’associant sur place avec de petites firmes. Ainsi vit le jour, la firme Mecline. D’après mes renseignements, Tekno était lié avec Mecline, mais aussi Nikrom, par un partenariat technique, à qui il louait ses moyens de production. Les modéles sont identiques, a l’exception du chassis, ou le logo Tekno a disparu et des jantes ,en acier tourné monobloc. Les teintes retenues diffèrent également. (je connais aussi une rouge et jaune chez un ami à Stockholm). Je ne connais d’étuis individuels que sur le VW van (modèles que je présenterai plus tard)… mais il doit y avoir un boîtage. Il faut bien dire que ces autos, même auprès des Norvégiens, sont excessivement rares.
J’ai trouvé cette Volvo Mecline de manière détournée, auprès d’un sympathique client Écossais, qui passait ses vacances de jeunesse en Norvège, et qui l’avait précieusement conservé.
Afin de contourner les barrières d’importation qui protégeaient la Norvège, Tekno a implanté sur place de petites unités de fabrication avec la collaboration des firmes norvégiennes Mecline et Nikrom. Mecline, la plus connue, produira ainsi quelques autos dont la série des Volkswagen fourgonnettes. Ces modèles arborent bien sûr, sur leurs flancs, des publicités de firmes norvégiennes.
Un jour de 1994, à la bourse de Göteborg, j’ai fait la rencontre d’un Norvégien plein d’initiative, Erik Knutsen. Pour faire partager au plus grand nombre sa passion des miniatures, il faisait publier, en norvégien bien sûr, une petite revue du nom de « Modell Leker ». Cette modeste revue servait de trait d’union à toute la petite communauté norvégienne des collectionneurs. Grâce aux adresses indiquées j’ai pu contacter bon nombre de ces personnes et glaner quelques pièces après de longues négociations.
C’est sur la couverture du numéro deux de la revue que j’ai découvert ce bus Volvo. Le cartouche de direction indiquant la ville d’Oslo, j’ai très vite compris qu’il s’agissait d’une version fabriquée pour ce marché. C’est dans la langue de Shakespeare que je me suis renseigné auprès d’Erik Knutsen au sujet de cet intriguant autobus. Il m’expliqua que son bus Volvo était d’origine Mecline.
En effet, toutes les inscriptions Tekno avaient été effacées par Mecline. Le châssis, moulé en zamac, est totalement lisse. La conception astucieuse développée par Tekno a bien sûr été conservée.
Comme les camions Tekno, le car est moulé en trois parties que deux grandes vis maintiennent en place. Il est vrai que ce choix de fabrication a empêché Tekno d’équiper son véhicule d’un aménagement intérieur : les deux vis transpercent l’habitacle et deux caches rapportés permettent de masquer les têtes de celles-ci sur le pavillon.
Comme je l’ai déjà expliqué dans la chronique relative au Volvo express, cette conception permet de réaliser facilement des finitions bicolores, voire tricolores. La ligne intemporelle de ce modèle lui ouvrira une carrière particulièrement longue. Il ne s’éteindra qu’avec la fermeture de Tekno, en 1972 : les derniers modèles sont vendus en boîte vitrine.
Avec cette miniature, Tekno semble avoir voulu reproduire le modèle B615. La reproduction demeure d’une approximation à laquelle, Tekno, fabricant rigoureux, ne nous avait pas habitués.
Il n’est pas exclu que la reproduction de notre Volvo soit une version recarrossée par un artisan local. Nous n’avons trouvé aucune trace de cette imposante calandre dans la documentation sur les cars Volvo. Il se peut également que Tekno, désireux d’exporter son modèle aux quatre coins de la planète, ait cherché, à partir d’une base simple à reproduire un modèle passe-partout. Si tel était son objectif, il sera atteint et de belle manière puisqu’une version arborera le logo « Scania Vabis », concurrent de Volvo !
Mecline et Tekno car Volvo faces avant
chassis Tekno et Mecline
Mecline superbe car Volvo
Tekno Volvo car de la ville de Zürich
Mecline superbe car Volvo
planche de décoration de chez Tekno
Enfin, dernier détail, amusant Tekno a bien reproduit un accès par une simple porte, derrière le passage de roue, côté droit. C’est assez fidèle aux photos disponibles. Mais Volvo, constructeur Suédois, avait équipé son véhicule destiné au marché local d’une porte côté gauche puisqu’en Suède, la circulation s’est faite comme en Angleterre côté gauche jusqu’en 1967. Là aussi, les catalogues du constructeur Volvo le montrent bien, mais Tekno, dans son souci d’exportation, oubliera ce détail. La version Mecline est en tout point identique au modèle danois, sauf l’inscription sur le châssis qui a disparu, bien entendu. Elle reproduit un bus de la compagnie des transports en commun de la ville d’Oslo : Sporveien. La publicité Esso n’ajoute rien de particulier quant à l’identification du pays d’origine du bus. Il n’en est pas de même du décalque situé de l’autre côté du pavillon. Celui ci est aux couleurs d’ « Aftenposten », grand quotidien norvégien, qui existe encore aujourd’hui.
Nous verrons la semaine prochaine, à travers l’étude des différentes versions de bus (et non de cars) comment Tekno a su adapter son modèle.
Auto Jaune Le Blog de Vincent Espinasse collectionneur