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« Poète… vos papiers ! » Léo Ferré

 

« Poète… vos papiers ! » Léo Ferré

« Il faut que ce que l’on appelle la police soit une chose bien terrible disait plaisamment Madame de… puisque les Anglais aiment mieux les voleurs et que les Turcs aiment mieux la peste ». 
(Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, « Maximes et pensées – Caractères et anecdotes »)

Quiralu plaquette avec Simca Ariane
Quiralu plaquette avec Simca Ariane

Le français a un rapport complexe avec les forces de l’ordre. Il me semble que cela a toujours été le cas, tout au moins depuis la révolution. Il n’aurait pas été judicieux sous Louis XIV de railler le maintien de l’ordre. Cela revenait à mettre en cause l’autorité royale, on risquait de se retrouver embastillé. Molière ne s’y est pas risqué.

C’est dans les spectacles de rue, les spectacles de cabarets, que vont apparaître bien plus tard les railleries contre les représentants des forces de l’ordre. Dans Guignol, le gendarme  (Chibroc, Flageolet, La Ramée…) est rarement à son avantage.

Quiralu Simca Versailles
Quiralu Simca Versailles

Depuis près de deux cents ans, la littérature et les arts plastiques raillent la profession, écrivains et artistes acceptent mal l’ordre qu’elle est supposée faire respecter, comme l’indique l’historien Jean-Marc Berlière. Pour ce dernier le malaise s’est accentué depuis le régime de Vichy. C’est ce dernier qui a unifié et étatisé les polices de France, à l’exception de la préfecture de police de Paris, qui conserve aujourd’hui encore un statut particulier.

Vichy a donc conçu une police d’Etat centralisée dont la vocation est plus la protection de l’Etat que celle du citoyen. Il en est résulté une modification des rapports du citoyen et de sa police. Il semble qu’aujourd’hui un fossé important se soit creusé.

Pour ma part, je constate que je n’ai pas le même ressenti en France et à l’étranger devant les représentants des forces de l’ordre. Il m’est arrivé une fois d’être arrêté en Grande-Bretagne pour vitesse excessive sous la pluie. Le policier m’a d’abord demandé si je comprenais la langue de Shakespeare. Logique me direz-vous. Il m’a ensuite sermonné sur le fait que je mettais ma vie en danger et plus grave encore, celle des autres. Il m’a demandé si j’approuvais son discours. J’ai acquiescé. Il m’a autorisé à repartir en me demandant de respecter les consignes de sécurité. Cet épisode m’a beaucoup marqué. En France, on constate que l’Etat a choisi la répression. Le représentant des forces est là pour réprimer toute atteinte à la loi, il n’y a pas d’espace pour la pédagogie. Dans ce contexte, il est alors bien évident que la profession n’est pas appréciée.

Pourtant si l’on se réfère à notre passion de la collection de miniatures automobiles, les fabricants de jouets français ont largement contribué à essayer de donner à l’enfant une image positive de cette profession.

On ne compte plus les reproductions de policiers, gendarmes motorisés en miniature. En plomb, en aluminium, en plastique que ce soit Cofalu, Aludo, Metallix, Starlux, tous ont mis sur le marché des représentants des forces de l’ordre. Il est intéressant de constater que ces reproductions ont eu un grand succès dans les années cinquante à soixante-dix.

Ensuite, les fabrications ont disparu en même temps que les miniatures. Une question me taraude tout de même. Auraient-elles actuellement le même succès auprès des acheteurs de jouets ? Je me souviens bien de la reproduction au milieu des années soixante dix du coffret Solido avec les figurines Starlux et surtout la reproduction du radar et du buisson tous les deux en plastique ! A l’époque cet outil était rare !

Ces personnages décorent agréablement nos vitrines. Je suis sensible aux poses de ces petites figurines : il y a de la poésie dans les attitudes. J’apprécie celle du policier et de sa grande cape au vent. Même l’agent de police dressant un procès  verbal me rebute pas, tant que ce n’est pas moi qui suis concerné ! (voir lhttps://autojauneblog.fr/2015/11/30/dinky-toys-ford-galaxie-police/e « Gendarme à bobigny »)

Avec le temps

J’ai emprunté à Léo Ferré le titre de l’une de ses chansons les plus célèbres afin d’introduire les modèles du jour. Il m’a semblé tout à fait approprié.

Ford D800 Tekno
Ford D800 Tekno

J’ai commencé ma vie de collectionneur au milieu des années soixante dix. Je me rappelle fort bien que les modèles de la décennie précédente se trouvaient encore en vente dans les magasins de jouets. Toutefois, mon intérêt allait plutôt vers les jouets des années cinquante. Il faut aussi se rappeler que vers la fin des années soixante (1967-1968), Mattel avait introduit les fameuses roues rapides. Le principe consistait à monter sur des axes aiguilles (très fins) des roues monobloc en plastique. Exit les jantes et les pneus en caoutchouc ! Le but du fabricant était de fournir à sa clientèle enfantine des autos rapides au roulement parfait, et qui avaient la faculté de se détériorer plus rapidement. Les parents n’avaient pas d’autre choix que de remplacer les bolides détruits !

On peut dire que pour les collectionneurs, il y a un avant et un après les roues rapides. Pour ma part, je n’ai pas beaucoup d’attirance pour ces jouets. Je ne me suis jamais habitué aux couleurs acidulées et criardes de la fin des années 60.

Tekno, parfaite image de la fabrication traditionnelle et de qualité, tentera de survivre à cette révolution. Son positionnement sur le marché de la miniature était diamétralement opposé à celui de Mebetoys, Politoys ou Corgi Toys qui avaient opté pour la simplification de la fabrication et pour le montage de ces fameuses roues rapides. Tekno, gardien du temple de la tradition et du bon goût produisait des modèles fidèles et détaillés qui étaient plus à considérer comme des maquettes. Il suffit pour s’en convaincre d’ouvrir le catalogue Tekno de 1968 : les photos de modèles démontés attestent bien que nous sommes plus proches de maquettes à construire que de miniatures traditionnelles. Dans son article paru dans le magazine Charge Utile d’octobre 2013, Jean Jacques Erhlacher explique que Tekno avait réalisé le tour de force de proposer une reproduction du Ford D800 fort détaillée, dotée de multiples fonctions et qui s’assemblait sans colle ni vis. J’imagine fort bien les exigences en termes de formation pour que le personnel puisse assembler ces miniatures en un temps acceptable !

J’avais tout d’abord dédaigné ce jouet en raison de son aspect sophistiqué et de sa ressemblance avec une maquette.

Au fil des ans, mon regard a évolué. Des photos des versions peu fréquentes de ce modèle ont été publiées dans le dernier livre consacré à Tekno. Elles ont éveillé mon intérêt.

Je me suis attaché à rechercher des modèles qui ne soient pas rouges. En effet, Tekno a commis une erreur en proposant ce modèle dans très peu de couleurs différentes. Il aurait été judicieux de proposer des couleurs distinctes en fonction de l’équipement du camion. Pour ma part, c’est un élément susceptible d’influencer mon choix. Ainsi, tout récemment, un beau Ford D800 benne de couleur verte a fait mon bonheur. Il en est de même pour cette version à châssis long de couleur caramel et blanc réalisée pour le lancement de la filiale de Tekno, Kirk. Il s’agit d’une version très peu fréquente et récemment découverte. Je vous laisse méditer sur le slogan qui s’étale sur les portes du camion : « garantie 5 ans ». Alors que la gamme Kirk a été lancée en 1968-1969, l’usine qui la fabrique fermera au cours de l’année 1972 .

Ford D800 Tekno
versions Dalia (Espagne)

J’ai également trouvé beaucoup d’intérêt dans la recherche des versions faites en Espagne chez Dalia. Ces modèles résultent de l’accord triangulaire entre Tekno, Solido et Dalia. S’agissant du modèle présenté, c’est la boîte qui fait tout son intérêt.
La suite la semaine prochaine, avec d’autres surprises.