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Bons baisers de Bort-les-Orgues

Cette année, nous avons choisi l’Auvergne comme destination. Quel plaisir de se retrouver au milieu de la verdure. L’année dernière, à Saint-Tropez, la chaleur étouffante et le sans-gêne des touristes avaient contrarié nos vacances. Ici, nous apprécions la nature et le sens de l’accueil des autochtones.

embouteillage de Celluloïd !
embouteillage de Celluloïd !

S’il fait relativement frais le matin, la température monte vite dès les premiers rayons de soleil. Nous avons été rejoints par nos amis allemands, dont nous avions fait la connaissance il y a quelques années, en Forêt-Noire, à Kaiserslautern. Sans critiquer cette belle destination, il faut reconnaître que les quelques degrés supplémentaires dont nous bénéficions ici rendent les vacances plus riantes.

Nous avons profité du 15 août pour aller en excursion à Rocamadour. Nous avons eu également à cœur de faire découvrir la gastronomie locale à nos amis d’outre-Rhin : nous avons donc festoyé d’un choux farci et nous nous sommes régalés en dessert d’une fougnarde. Malheureusement, nos amis allemands ont été un peu incommodés lors du retour sur Bort. Je ne sais s’il faut imputer ce malaise à la chaleur du jour, pas moins de 35 degrés, à la route sinueuse ou au repas un peu riche qu’ils ont apprécié sans modération.

Après cette excursion, nous sommes restés au bord du lac pour une partie de pêche à la ligne. Nous goûtions avec beaucoup de bonheur ce moment de tranquillité quand des parisiens sont arrivés en voiture de sport avec un canot de course à moteur. Ils ont troublé la quiétude du lac et fait fuir le poisson. Le bruit assourdissant du moteur nous a contraints à replier les cannes.

Nous avons également profité de notre séjour pour aller au marché de Brive-la-Gaillarde. C’est un marché haut en couleurs. Nous avons assisté à une échauffourée entre des marchandes des quatre-saisons et les gendarmes : spectacle garanti. Il faut avouer que Dame Nature a donné à ces mégères des formes et un caractère qui inspirent le respect : l’Auvergnate est solide. Il est bien certain que ces furies n’auraient pas battu en retraite devant les parisiens et leur hors-bord et qu’ils auraient eu maille à partir avec elles. Il va être l’heure de vous quitter, nous rentrons prochainement car nos vacances s’achèvent bientôt.

PS: les modèles présentés ont certainement été produits par la firme française RM. La matière retenue est le celluloïd. Ce sont presque tous des Renault : Renault Vivasport cabriolet avec sa caravane, faux cabriolet (jaune),camion brasseur et superbe autocar aérodynamique. Enfin, le roadster photographié avec le canot constitue l’exception. C’est une une Peugeot 301.

L’Ami espagnol

Comme une grande partie des moules de miniatures Solido, les moules des Ami 6 ont fini par arriver en Espagne. La version break présentée possède l’ultime modification du châssis : il est donc évident que Dalia a récupéré cet outillage lors de l’arrêt de la production de l’Ami 6 break en France.

Citroën Ami 6 Dalia
Citroën Ami 6 Dalia

Le modèle connaîtra plusieurs versions, la plus célèbre étant la version sanitaire. Celle-ci a d’ailleurs réellement existé en France. Pour plus de réalisme, Dalia a occulté les vitres passager. Il n’y a pas de brancard.

La finition la plus classique est celle de la Croix-Rouge. Trois décalcomanies habillent et finissent cette version. Je me souviens avoir vu, il y a fort longtemps, une version avec les croix faites au pinceau.

Le modèle était en boîte et en état neuf, et je pense qu’il était d’origine. Intéressons-nous maintenant à une version plus exotique qui a reçu des décalcomanies Falck Zonen, entreprise danoise, en provenance de chez Tekno. En fait, il n’y a rien d’incongru car les firmes Tekno, Solido et Dalia avaient toutes des liens entre elles. Ainsi, on peut supposer que lorsque Tekno avait confié ses moules du Ford Taunus à Dalia, il lui avait également livré des décalcomanies. Certes, Dalia a pris quelques libertés et les a utilisées sur d’autres modèles de sa gamme, préférant décorer sa version Ford Taunus ambulance d’une « cruz roja ». Parmi les modèles qui ont reçu cette décalque Falck Zonen, il y a la Mercedes 220 SE coupé avec gyrophare.

A ma connaissance, il n’y a jamais eu de Dalia exportée au Danemark. Si tel avait été le cas, j’en aurais rencontré lors de mes nombreux séjours.

Par contre, d’autres pays ayant peu de liens avec la culture ibérique ou la langue de ce pays en ont importé. Je pense à l’Italie, mais surtout au Japon qui a importé des Dalia dans les années 70. C’est ainsi que quelques correspondants japonais m’ont procuré au fil des ans de nombreux modèles, comme cette fameuse Citroën Ami 6 Falck Zonen !

Enfin, à propos de Dalia, il ne faut pas occulter une histoire qui concerne les consommateurs français. Les Dalia étant vendues moins cher que nos Solido, certaines boutiques françaises en ont importé. Le phénomène a d’abord touché les boutiques à proximité immédiate de la frontière espagnole, puis s’est étendu à toute la région Midi-Pyrénées. Solido a dû intervenir afin de faire cesser ces importations qui lui faisaient concurrence. Mais on sait que certaines boutiques se sont arrangées pour contourner cet obstacle. Le magasin Manou, au Mans, et le magasin Projet, à Paris, en ont vendu. Nous en avons acheté à l’époque. Ces boutiques avaient comme point commun d’être des pionniers, et de s’adresser déjà aux collectionneurs. La qualité de ces dernières Dalia, était il faut bien l’avouer, inférieure à celle des Solido équivalentes. A la fin de la production, Dalia a multiplié les versions et appliqué ses décalcomanies sans un grand souci de logique.

Pour information, la version de couleur Orange avec une décalcomanie est au couleur « Butano ». Les quatre autres versions sont de classiques break.

L’Ami français

La Citroën Ami 6 berline apparaît dans le catalogue Solido au milieu des bolides et des autos de sport. Si l’on excepte la Rolls-Royce, qui vient de la série Junior et qui n’est pas à proprement parler une série 100, c’est bien une première que Solido dévoile en 1962 en proposant cette berline française.

Ami 6 Solido variantes
Ami 6 Solido variantes

Ce fut un échec cuisant pour Solido. L’auto est fine, fidèle et constitue sans doute la plus belle des reproductions des Ami 6. Mais la clientèle de Solido, qui est jeune, a vocation à s’enflammer pour d’autres véhicules qu’une paisible berline, même si cette dernière est d’une esthétique innovante.

Il faudra attendre longtemps avant de voir une autre berline dans la gamme Solido : ce sera la Simca 1100 ! L’Ami 6 a intéressé tous les fabricants français : Dinky Toys, C-I-J, JRD, Norev, Minialuxe, Sésame, Clé…la version de Solido a peut être été la version de trop.

Jean de Vazeilles, dirigeant de Solido, ne s’avoua pas vaincu cependant. Il demanda à son bureau technique de modifier le moule et de créer une version break. Les premiers exemplaires de la Citroën Ami 6 break seront livrés avec la boîte de la version berline, surchargée d’un tampon « break ». Solido avait sans doute surestimé la production de sa version berline et semble s’être retrouvé avec un stock important d’étuis non utilisés. Il est également possible que la décision de créer une version break ait été précipitée, prenant de court l’imprimerie chargée de réaliser les boîtes.

Techniquement la reproduction est superbe. La version break est équipée d’un hayon ouvrant qui ne déforme en aucune manière la ligne de la reproduction. Il est habilement conçu : son ouverture n’occasionne pas d’éclats de peinture. Mais, on le sait bien, les versions breaks miniatures n’emportent jamais les suffrages au moment de l’achat. Cette version allait même à l’encontre des objectifs de la maison d’Oulins. Ce sera donc un second échec. Solido essaiera d’écouler les exemplaires dans des coffrets « loisirs » où elle tractera une remorque équipée d’un hors-bord. Le châssis est modifié, un téton en zamac est installé à son extrémité, permettant au crochet en acier, maintenu par le sertissage de rester dans l’axe de l’auto. Portant alors la référence 159, le modèle est un des plus difficiles à se procurer dans la série 100. Il faut avouer que jusqu‘au bout, la direction de Solido se sera fourvoyée. Les fabricants de jouets ont souvent eu recours à cet artifice, consistant à proposer des coffrets afin de placer quelques exemplaires supplémentaires de véhicules en fin de carrière comme l’Alfa Romeo Giulietta ou difficiles à vendre comme notre Ami 6 break. Le paradoxe de l’histoire, c’est que Solido a ainsi équipé sa Citroën d’une remorque hors-bord qui aurait si bien convenu au fringant cabriolet milanais. Celui-ci est condamné à tracter une paisible roulotte qui n’aurait pas déparée la version break de la Citroën

Cet échec conforta Jean de Vazeilles dans la pertinence de ses choix initiaux : la série 100 doit se limiter aux véhicules de sport et de grand tourisme.

Des Ami(s) de toutes les couleurs !

Souhaitant faire profiter de notre passion de la série 100 Solido des Ami 6  et la faire partager au plus grand nombre, nous allons essayer de décrire au mieux les quelques variantes présentées.

Ami 6 Solido: nuances de bleu
Ami 6 Solido: nuances de bleu

Pour la version Berline, toujours équipée de jantes en acier, nous pouvons juste attirer l’attention des amateurs sur les trois nuances distinctes de bleu. La version bleu-pâle est assez courante, les deux autres versions beaucoup moins. Les versions breaks seront d’abord équipées de jantes en acier, puis de jantes moulées en zamac que Bertrand Azéma qualifie de « standard » dans son ouvrage.

Ce sont ces versions qui, équipées de châssis recevant une couche de peinture noire satinée, ont les variantes de couleur les plus difficiles à se procurer. La base est constituée de modèles finis dans des teintes bleu métallisé ou vert ou gris perle. Ces couleurs ont reçu des nuances assez prononcées en fonction de leur période de production. Les derniers modèles équipés de jantes standards ont des nuances tranchées. Ainsi le vert foncé du début a fait place à un vert cru. L’évolution est la même pour le bleu métallisé qui ira jusqu’à la nuance gris-bleu anthracite.

Comme vous pouvez également le constater, si au départ une certaine logique règne concernant la couleur des siéges moulés en plastique, la confusion semble dominer la fin de la production.

On peut citer à titre d’exemple la version verte avec l’intérieur de couleur rouge. Enfin, la version en coffret ne semble avoir existé qu’en deux couleurs.

Le chaînon manquant

Aveuglés par leur passion, les collectionneurs de miniatures oublient souvent que les marques collectionnées répondent à une logique industrielle. Le modèle de Saviem porte-grue que nous vous présentons est un parfait exemple de cette logique. C-I-J était lié avec Renault par un contrat d’exclusivité.

saga des camions grue chez CIJ
saga des camions grue chez CIJ

Leur coopération ne cessera qu’avec la Dauphine et la firme a reproduit en miniature la plupart des productions de Boulogne Billancourt. Dans cette logique apparaît un Renault 120cv, dit « fainéant » à cause son moteur poussif (un 6 cylindres à plat …couché ! d’où son surnom, comme nous l’a précisé Philippe Michelon, lecteur du blog). La cabine sera correctement réalisée et le modèle donnera lieu à plusieurs versions dont cette flèche treillis équipée d’un godet. Cette partie est réalisée en tôle car la firme de Briare a une grande expérience de ce matériau.

Dans un premier temps, la cabine est équipée d’un pare-chocs ajouré. Dans cette version, le modèle est équipé de jantes en plastique rouge et le modèle est alors fini dans une teinte orange mat. Le moule évolue ensuite en raison d’une probable usure qui devait rendre l’opération d’ébarbage délicate : le pare-chocs devient alors non-ajouré, le tout formant un bloc compact au bas de la cabine. Le modèle est alors équipé de belles jantes en plastique argent, de bien meilleure qualité que les précédentes. Cette version plus tardive reçoit une belle peinture, d’une nuance orange plus vive et plus brillante.

Le modèle de Saviem Saviem porte-grue que nous vous présentons aujourd’hui se situe juste après. Il hérite des belles jantes et de cette pimpante couleur. C’est le chaînon manquant.

En effet, nulle part référencé, il est bien la suite logique du dernier 120cv et précède la nouvelle calandre JM240. J’ignore la raison de sa grande rareté. La seule explication logique que je trouve, est que ce type de carrosserie équipée de la flèche treillis n’ayant pas eu un grand succès commercial, la C-I-J se serait trouvée avec un stock important de 120cv, celui qui le précédait, à écouler. Le temps passant, ce modèle aurait assuré la transition entre les derniers 120cv et la nouvelle cabine JM240. Il est vrai que cette cabine avec calandre d’origine Somua ne fut pas réalisée longtemps. Celle présentée arbore déjà en son centre le logo Saviem. Il se peut que C-I-J ait procédé de la même manière avec sa version du 120cv, celui équipé d’une pelle en butte. Peut-être un jour découvrirez-vous cette version équipée de la première calandre Saviem ?

Pour finir, la façon singulière dont je me le suis procuré mérite d’être racontée. Il y 3 ans, alors que j’étais en visite chez un ami d’enfance, mon regard a été attiré par une petite vitrine qui trônait derrière son bureau et dans laquelle je voyais quelques miniatures que son père lui avait léguées. Je crus d’abord qu’il s’agissait d’un bricolage, ce modèle étant à l’époque totalement inconnu.

Ma surprise fut de taille lorsque je l’examinai : il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait d’un modèle authentique, sa couleur étant même un élément qui confortait la logique de cette production.

Mon ami n’était pas passionné par les camions, il me le céda bien volontiers.