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Le bonbon le plus rapide du monde

A l’origine, MG (Morris Garages) est un concessionnaire de la marque Morris implanté à Oxford. Le garage est très actif. A partir de 1923-1924, le directeur, Cecil Kimber, entreprend de transformer des Morris en voitures de sport. MG se lance alors dans la compétition pour promouvoir sa marque. En mal de reconnaissance, MG trouve dans l’initiative de Georges Eyston un bon moyen de se faire de la publicité. Ce dernier envisage de battre des records. A cette fin, il fait transformer une auto de course Magnette K3 : empattement rallongé, abaissement de la position du pilote et carrosserie profilée. Cette auto est surnommée « Magic Midget ».

MG Gardner Dinky Toys
MG Gardner Dinky Toys et boîte d’avant guerre

Dans la littérature consacrée aux modèles réduits cette auto est souvent surnommée « Hamburg ». Je me suis demandé pourquoi et je pense, aujourd’hui, avoir la réponse.

Au départ, il y a confusion. Outre « Magic Midget », l’auto a un second surnom : « Humbug », sans « R » et avec deux « U ». Humbug est le nom d’un bonbon anglais à la menthe de couleur crème rayé de brun. Notre auto, lors de ses tentatives de record, arborait une décoration crème à filets bruns qui l’a naturellement fait surnommer « Humbug ». D’autre part, comme nous le verrons plus loin, elle a battu bon nombre de ces records sur une « autobahn » allemande. D’où, probablement, la confusion, d’autant que « Hamburg » et « humbug » sonnent de façon assez proche en anglais !. Ces couleurs reprenaient les couleurs officielles de la marque MG. Dinky Toys gardera la décoration avec des filets mais ne proposera pas la déclinaison de couleurs initiale, mais six autres, reprenant les teintes que le fabricant de Liverpool utilisait à l’époque pour sa gamme. On comprend bien que cette décoration assez compliquée à réaliser sera vite abandonnée pour une découpe bicolore plus simple. Dinky Toys conservera les mêmes associations de couleurs que sur ses versions « Humbug ».

L’auto battra de nombreux records de vitesse dans sa classe (G). Elle remportera aussi la course du « British Empire Trophy ». Après ses records et cette victoire MG décide d’arrêter la compétition. L’auto est alors vendue à un amateur de vitesse avant d’être rachetée deux ans plus tard par Georges Eyston, son ancien propriétaire. Avec l’aide de Reid Railton, ce dernier transforme l’auto et la dote d’une carrosserie enveloppante. Le moteur est modifié et un compresseur Centric lui permet d’être la première auto de la classe F (1100 cc à 1500 cc) à dépasser la vitesse de 200 mph. Cette auto est plus connue sous le nom de MG Gardner. Elle battra de nombreux records juste avant la seconde guerre mondiale sur les autoroutes allemandes. Après guerre, avec des motorisations différentes elle remportera de nombreux records de catégorie. Elle sera bien reproduite par Dinky Toys !

Il est intéressant que Dinky Toys ait reproduit les autos nées du châssis K135. Fort différentes esthétiquement et même mécaniquement, elles sont pourtant une et une seule.

PS : ma source d’information provient d’un excellent article de monsieur JP Donnay parut sur le site MG Modèles Anciens.

Bande à part

Je me souviens de la mode des devinettes qui, dans les cours de récréation, consistait à interroger son camarade de la manière suivante : qu’est-ce qui est bleu, avec deux bandes blanches… ? suivi de la description de la particularité d’un objet usuel ou d’un animal.

catalogue de la R8S et miniatures
catalogue de la R8S et miniatures

La réponse consistait à identifier l’objet ou l’animal suivi du mot Gordini ! Cela dura quelque temps, celui de l’effet de surprise rencontré auprès du camarade non-initié. Cela démontre combien la régie Renault avait réussi son coup avec la réalisation de la Renault 8 Gordini. Le succès populaire fut immédiat auprès des jeunes et même des très jeunes comme moi. A défaut de piloter un de ces bolides, je dus me contenter de la reproduction offerte par Dinky Toys. De toute manière, à l’époque, mes jambes n’atteignaient pas les pédales de l’auto. Cette voiture fut un détonateur pour la jeunesse française. De talentueux pilotes furent découverts à l’occasion de la coupe organisée par Elf. Cette coupe coïncidait avec le lancement de cette grande compagnie pétrolière qui fera du sport automobile son principal vecteur publicitaire. Ainsi, pendant très longtemps, la marque de carburant, avec son logo au trépan stylisé, symbolisera auprès de l’opinion publique le sport automobile français.

Lorsque Renault décida de relancer le concept Gordini en l’adaptant à la Twingo, je ne pus m’empêcher de voir une communication habile de la part du constructeur. Cependant, il ne suffit pas de peindre une auto de couleur bleue et de lui ajouter deux bandes blanches pour qu’elle ait toutes les qualités de la R8 Gordini. Par ailleurs, je ne suis pas certain que l’avenir de l’automobile soit celui de petits bolides.

De Boulogne-Billancourt à Bobigny en R8 Gordini

Nous avons plusieurs fois évoqué le fait qu’au milieu des années 60 la nouvelle direction de Meccano chercha à s’orienter vers les autos sportives, imitant en cela ses concurrents. Inscrire la R8 Gordini à son catalogue fut pour Dinky Toys un jeu d’enfant.

R8 Gordini
Dinky Toys Renault 8 avec personnage préfigurant la Gordini

Pour cela, le bureau d’étude fit exactement la même chose que les ingénieurs de Boulogne-Billancourt. Il récupéra l’excellente base que Bobigny avait produite en 1962 et l’adapta aux critères en vigueur à la fin des années 60 : phares en strass, décoration, personnage. Voilà comment, à peu de frais, Dinky Toys colla à l’actualité, tout en remplissant les objectifs fixés par la direction : proposer à sa jeune clientèle des reproductions de bolides.

Grâce à Monsieur Malherbe qui officiait au bureau d’étude lors de la réalisation de ce modèle, j’ai eu la chance de récupérer une pièce intéressante. Il s’agit d’une Renault 8 de base équipée d’une figurine et qui a dû être préparée dans le but évident de visualiser le rendu du personnage dans l’habitacle de la miniature. Un détail mérite d’être décrit. Le bureau d’étude a cru bon de reproduire la ceinture de sécurité. C’est aussi à cette époque que cet accessoire, d’abord réservé aux autos de course, fit son apparition sur les autos particulières. On se souvient de celle équipant la passagère de la Triumph Spitfire de Liverpool. Pour la R8, il s’agit d’un habile trait réalisé à la peinture. Cette initiative n’aura pas de suite sur le modèle définitif.

La reproduction miniature de la R8 Gordini eut un certain succès. Encore aujourd’hui, c’est une pièce convoitée par les collectionneurs.

Signalons qu’une série a été commandée par le pétrolier Elf, en compagnie de la Matra MS7 de formule 1, et distribuée en boîte vierge, de couleur blanche. Il est étrange que le pétrolier n’ait pas demandé un boîtage spécifique.

L’usine de Bobigny travailla pour une autre commande. D’après Monsieur Roulet, c’est la Régie Renault qui commanda une série de R8S à Dinky Toys. Il suffisait d’un voile de peinture dans la teinte appropriée et le tour était joué. Bien sûr, Meccano ne corrigera pas son moule et laissera le logo Gordini sur le capot arrière. Par contre, une petite étiquette autocollante avec l’inscription « R 8S » viendra masquer sur la façade de l’étui la mention 8 Gordini. Cette série est assez mystérieuse. Les quelques exemplaires que j’ai rencontrés ont été acquis à l’époque dans des boutiques spécialisées. Jamais je n’ai eu un exemplaire provenant de chez Renault. J’ai également récupéré un feuillet provenant de la fameuse boutique Modélisme, où la voiture apparaît à un prix double de celui d’une R8 Gordini normale. De plus, des exemplaires ont été produits avec ou sans personnage. Ensuite une série fut produite de couleur caramel, identique à la couleur choisie par Meccano pour sa R12. Enfin, un dernier modèle doit être décrit. Il s’agit d’un exemplaire, que j’ai acquis auprès d’un couple qui travaillait chez Meccano sur la chaîne d’assemblage et qui avait constitué deux collections, une pour leur fille et une pour leur fils. J’ai eu la chance d’acquérir celle de la fille. Parmi les modèles figurait cette R8 Gordini, avec boîte, planche de décoration et bandes blanches. L’auto était cependant de couleur jaune ! De plus, le personnage était la conductrice de la Triumph Spitfire. On peut comprendre son choix.

Opter pour la Gordini en place de la Spitfire, j’aurais fait le même choix. Cette auto est intéressante. Elle l’est d’autant plus qu’elle figurait aussi dans la collection constituée pour le fils ! Ainsi, je suis sûr que d’autres ont été produites !

Dinky Toys Porsche 917

Le coiffeur et la Porsche 917

L’histoire se passe en région parisienne, il y a près de trente ans. Je participais en tant qu’exposant à un salon à Cergy-Pontoise afin de faire connaître la boutique que je venais d’ouvrir. De manière exceptionnelle, j’étais venu accompagné de ma famille. C’est à ma mère qu’il revint de distribuer les cartes du magasin.

cela aurait été une réussite que cette Porsche 917 Dinky Toys
cela aurait été une réussite que cette Porsche 917 Dinky Toys

Elle engagea rapidement la conversation avec un visiteur. Ils en vinrent tout naturellement à discuter du quartier dans lequel la boutique était implantée et plus précisément de la station de métro indiquée sur nos cartes. Ma mère, commerçante de talent, dirigeait encore d’une main de maître les ventes du magasin de chaussures familial. Elle faisait partie d’une génération de vendeuses capables de vendre tout ce dont vous n’aviez pas besoin ! De fil en aiguille, notre homme lui indiqua être familier de cette station de métro où il descendait chaque jour. Il avait d’ailleurs ses habitudes chez le coiffeur situé en face de la bouche de métro. Comme je me joignais à la conversation, il nous apprit qu’il se rendait chaque jour au « Belvédère », immeuble de l’avenue Jean-Jaurès qui, dans les années 80, accueillait les bureaux d’études de Meccano dont il était salarié ! Un quart d’heure plus tard, sur le parking de l’exposition, notre interlocuteur nous vendait un lot important de Renault Dauphine dites Bobigny. Il nous laissa son adresse.

Quelques jours s’écoulèrent avant que je ne lui rende visite. C’est un des plus beaux souvenirs de ma vie de collectionneur : dans une petite vitrine murale trônait un ensemble de modèles inédits en provenance du bureau d’étude. Des projets abandonnés, des pré-séries et des essais de couleur. Un vrai choc.

Dinky Toys France devait la sortir...
Dinky Toys France devait la sortir…

Si j’avais pu acquérir un seul de ces modèles de Meccano, mon choix se serait porté sur la Porsche 917. Nous avions en effet commencé notre approche de la collection de miniatures par l’acquisition des reproductions des autos de course de la firme de Stuttgart. Cette miniature avait une saveur très particulière pour nous. Mais notre amateur éclairé d’automobiles me confia qu’il ne souhaitait pas se séparer de ses trésors, pour l’instant du moins.

Prés de 25 ans s’étaient écoulés lorsque Jean-Michel Roulet me contacta en vu de l’édition de son dernier ouvrage. Je lui parlai de ces modèles inédits, et devant son intérêt je décidais de demander à « GJN » dans quelle mesure il accepterait de laisser photographier ses modèles dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage. J’avoue avoir composé sans grandes illusions le numéro de téléphone que j’avais précieusement conservé. Tant de temps s’était écoulé…Par bonheur, j’ai immédiatement identifié la voix qui m’a répondu. Il était enchanté à l’idée de faire partager aux autres ses trésors. De plus, constatant que son fils n’était pas passionné par les miniatures automobiles, il accepta, plus de 25 ans après ma première visite de me céder ses modèles. Le jour de la transaction, j’eus une dernière surprise. Nous avions une passion commune, le sport automobile, et plus précisément les compétitions des années soixante-dix. Au cours d’une discussion passionnée il m’indiqua qu’à cette époque il se rendait fréquemment sur les circuits automobiles. Avec son frère, son plaisir consistait à approcher au plus près des autos. Il m’expliqua les ruses qu’il déployait pour se faufiler dans les stands. Il faut dire qu’à cette époque, le contrôle au niveau du paddock était plutôt bon enfant. Et pour preuve de ses exploits, il ouvrit un petit classeur soigneusement organisé contenant des photos de magazines sur lesquelles il apparaissait en arrière-plan des champions. Il fit ainsi la couverture du magazine Moteurs, relatant la victoire de Jacky Ickx au Mans en 1969 où il apparaît dans le coin droit derrière le vainqueur. Je restai sans voix. Il me montra alors un dernier document qui provenait des archives de Meccano. Alors qu’il était chargé avec un collègue de trier les archives photos, il trouva un dossier de presse sur la Porsche 917. Sur un cliché, il s’identifia avec son frère, aux côtés de l’auto dans les stands lors des essais préliminaires des 24 heures du Mans 1969 ! Il porte un blouson rouge et son frère figure à l’extrême gauche du cliché. L’homme en blouson jaune est Robert Buchet, célèbre Porschiste français. C’est la photo que je vous présente. Voilà la raison pour laquelle « GJN » tenait à cette miniature.

PS : Nous collectionnons toujours les Porsche miniatures de compétition. J’ai souhaité faire figurer sur les photos du blog la reproduction par Spark du modèle qu’avait envisagé Meccano quarante ans auparavant. La comparaison est assez intéressante. Il est dommage qu’elle n’ait pas été reproduite par Meccano car le prototype était très prometteur. Corgi Toys et Norev offriront des reproductions quelconques de cette belle auto. Pour l’histoire, les versions présentées reproduisent la toute première 917, portant le châssis 001. Elle n’a jamais couru et n’a été utilisée qu’à des fins d’exposition dans les salons automobile. La version de Meccano est celle du salon de Genève, reconnaissable à ses ailerons stabilisateurs à l’avant de l’auto. La version de Spark est celle qui figure en tête de la célèbre photo prise lors de l’homologation, après Genève, dans la cour de l’usine Porsche, sans les stabilisateurs. Je recommande l’excellent ouvrage sur le sujet de Reynald Hézard « 917 Porsche Esquisses d’un succès », véritable travail de bénédictin où l’auteur détaille tous les châssis et toutes les livrées des Porsche 917 !

Dinky Toys les plans de la Citroën DS présidentielle

Les plans de la DS du Général

Voici, pour un meilleur éclairage de ces articles concernant la Citroën DS présidentielle, les plans de cette miniature. Ils sont signés de M. Malherbe, qui officiait à l’époque au bureau d’étude. Je lui avais acheté sa collection de modèles réduits ainsi que quelques plans et prototypes.

Je me souviens parfaitement qu’il m’avait raconté être allé sur place, au garage de l’Elysée, prendre les dimensions avec un collègue . Il gardait bien sûr un souvenir ému de cette aventure.