L’atmosphère en ce mois de Juillet est bien lourde ici. La chaleur est difficile à supporter. Nous allons cet après midi au Tiergarten, un des rares endroits de la capitale ou l’on peut trouver un peu de fraîcheur à l’ombre des arbres . Notre zoo est un des seuls coins de la capitale où l’on peut encore échapper à la morosité ambiante. Les enfants apprécient les manèges et la fosse aux ours. Partout des bruits de bottes. Les journaux disent que par un machiavélique jeux d’alliance, nous allons nous retrouver en guerre Amitiés Berlinoises.
Hansel et Gretel
Tous les éléments du zoo, le manège, la locomobile sont de ce fabricant (Ernest Plank). Ils sont rares. On ne peut s’empêcher de faire un lien avec les jouets produis par Carette, Märklin ou Bing, mais à une échelle réduite. Enfin, le peu fréquent coffret avec les clowns. Ceux ci sont articulés, permettant ainsi de reproduire des numéros d’équilibre sur les chaises. A cet effet, des clichés en noir et blanc permettaient à l’enfant de se familiariser avec ces superbes jouets.
Ernst Plank locomobile
cirque Ernest Plank
Ernst Plank locomobile
Zoo Ernst Plank
la fosse aux ours de chez Plank
cirque Ernst Plank
Observez le dessin du coffret représentant le chapiteau, orné d’un fanion « EP », comme Ernst Plankt.
La guerre parait inévitable. Ici, nos troupes défilent fièrement devant l’objectif des photographes. Quelle ironie du sort, le jour de votre fête nationale. Notre empereur nous prépare au conflit. La mécanisation de la guerre nous amène à penser que la guerre sera courte. Mais quand nous reverrons nous ? Notre voyage de fin d’année est bien compromis. Nous qui nous faisions une joie de venir dans votre capitale avec les enfants. Au printemps peut être, c’est si beau le printemps à Paris. Nous irons visiter les jardins refleuris.
Embrassez bien toute votre famille.
Hansel et Gretel
J’ai choisi de vous montrer quelques véhicules symbolisant la mécanisation de ce conflit armé. Ils sont tous produits par Ernst Plank. Les soldats, comme les clowns vu précédemment sont articulés, permettant à l’enfant de faire défiler ses soldats en plusieurs positions. Ils semblent bien que ces petits soldats avaient plusieurs décennies d’avance sur ceux de Britains, également articulés (au moins pour les membres supérieurs). Ils sont révolutionnaires pour l’époque. A cette période les fabricants allemands ou français ne produisaient que des figurines en demi-ronde-bosse.
Nous avons lu dans les journaux , l’assassinat, hier, de Jean Jaurès, lui qui était un ardent défenseur de la paix . Cela n’augure rien de bon dans les relations de nos pays. Notre empereur vient de lancer un ultimatum à votre pays. Cela risque d’entraîner une mobilisation générale. Ici, la guerre paraît inévitable, et nos armées se préparent. Que dire? Tout cela est allé tellement vite depuis votre visite. Nos prochaines correspondances risquent de s’espacer. Nos enfants, que vont- ils devenir dans ce tumulte? Les vôtres ont-ils revêtu l’uniforme? Notre Heinrich, lui est parti dans son régiment.
Amicales salutations
Hansel et Gretel
Sur ces clichés de véhicules, Ernst Plank vous apercevrez un camion plateau équipé de ses deux embarcations, à moins qu’il ne s’agisse de pontons permettant de soutenir un pont provisoire. Autre véhicule très intéressant, la cantine ambulante. En fait, pour être très précis, il s’agit plutôt du four à pain. En effet, Fisher produisit , dans sa gamme militaire, avec le même châssis, une version cantine, de forme cubique, avec une ouverture sur le dessus et une version four à pain, composée d’un tube et d’une ouverture frontale. C’est un ami Allemand, qui m’a expliqué la différence. La cantine est sous la forme d’un attelage hippomobile, de même que le fourgon sanitaire.
Ernst Plank ambulance hippomobile
Ernst Plank cantine hippomobile
manoeuvre en forêt noire
Ernst Plank camion avec canots
A table ! four à pain ambulant
Ernst Plank: à la parade
Nous sommes en 1914, et le cheval est encore très présent, dans les conflits armés.
Les modèles présentés sont assez mystérieux pour bon nombre d’amateurs. La France des années 1940 est encore largement rurale et la conception du Citroën T-U-B répond parfaitement à cette caractéristique.
Mais parallèlement, l’industrie se développe. Citroën est une firme conquérante qui n’hésite pas à diversifier son activité. Ainsi, dans les années trente, elle n’a pas hésité à développer des lignes de taxis et de cars. Elle ne peut pas, dans sa stratégie, ignorer le développement du marché du poids lourd qui accompagne l’essor de l’industrie.
Les jouets Citroën illustrent parfaitement cette soif de développement. Les reproductions en plastiline des Citroën C4, Rosalie et P45 sont là pour nous le rappeler. Une grande diversité de carrosseries sera proposée aux enfants sur la base des modèles précités.
Les modèles proposés ce jour dans notre chronique sont bien plus délicats à démasquer. Leur période de production, juste avant la guerre, fut des plus troublée. La carrosserie type « cabine avancée » qui les équipe est un principe moderne apparu au milieu des années trente. Il faut avouer que l’apparence est assez révolutionnaire et Renault en produisit de superbes exemples. Il est fort probable que ce type de carrosserie soit le produit d’études menées sur la conception des autocars car il permet un gain de surface disponible. Les « longs capots » auront néanmoins la vie dure !
Ainsi, à la même époque, Citroën ne présenta pas de carrosserie type « cabine avancée » à son catalogue. Mais Currus, carrossier qui travailla souvent pour la maison du quai de Javel proposa, lui, ce type de carrosserie sur la base de châssis de type 23 et de Rosalie. J’ai trouvé un cliché d’une carrosserie en cours d’habillage qui ne fait aucun doute. Le radiateur, très caractéristique est bien présent, et le carrossage des ailes prouve bien qu’il s’agit d’une cabine avancée.
Citroën T-U-B citerne
Citroën T-U-B charbonnier
Citroën T-U-B laitier
rares Citroën T-U-B
rares Citroën T-U-B
Citroën T-U-B ambulance
Mon ami François Laurent m’a aidé dans mes recherches. Grand spécialiste du poids lourd français, amateur de catalogues, de photos, de documentation et bien sûr de miniatures, il m’a été d’une aide précieuse pour cette petite chronique.
Il m’a notamment conforté dans mes recherches en trouvant un autre cliché de fourgon. Le fait qu’il y ait si peu de photos en circulation démontre que le nombre de ces véhicules a été très restreint. L’hypothèse selon laquelle les miniatures présentées seraient des T-U-B recarrossés en camions doit être écartée. La conception technique du T-U-B ne le permettrait pas. Nous ne connaissons pas d’autres versions en plastiline que ces quatre modèles certainement produits par JRD pour les Jouets Citroën, mais sans aucune certitude.
On ne peut s’empêcher de penser en voyant ces véhicules chargés de denrées que dans quelques mois, elles allaient cruellement faire défaut.
Notre voyage dans la capitale prussienne tire à sa fin. Bien que le séjour fut agréable, nous sommes heureux de reprendre le chemin de notre chère capitale. La chaleur est étouffante, et notre retour en train s’annonce éprouvant. Ce matin, nous avons appris dans le Berliner Zeitung, qu’un attentat avait été commis sur la personne de l’archiduc François Ferdinand . Cela a fait grand bruit ici. Les gens ne parlent que de cela.
Cela ne nous empêche pas de profiter de nos dernières heures dans la capitale pour vous écrire cette carte postale.
Bien à vous.
Berlin 1914 !
Erzgebirge camion laitier
Erzgebirge camion laitier
Erzgebirge Hanomag
Erzgebirge camion citerne arroseuse
Erzgebirge camion citerne arroseuse
Berlin 1914 !
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