Archives de catégorie : souvenirs

les souvenirs de collectionneur de Vincent Espinasse

Hotchkiss Grégoire et les filles

C’est l’ouverture de l’exposition sur les jouets au Grand Palais qui m’a inspiré cette chronique. Les organisateurs ont établi le parcours de visite en fonction du destinataire du jouet. Ainsi, les jouets pour les filles et ceux qui sont pour garçons ont été séparés.

palette de couleur d'Hotchkiss Minialuxe
palette de couleur d’Hotchkiss Minialuxe

Je me suis alors posé cette question. Qu’est-ce qu’un jouet pour fille ? Qu’est-ce qu’un jouet pour garçon ? Quels sont les critères à la base de cette classification ? Certes, instinctivement je n’ai pas acheté de poupée à mon fils et je n’ai pas offert de petites autos à ma fille. Nous sommes ainsi conditionnés. Les dinettes, les poupons et les aspirateurs miniatures sont-ils obligatoirement réservés aux petites filles et les autos, les armes à feu ne sont-elles destinées qu’aux petits garçons ?

En y réfléchissant, c’est vrai que dès la naissance, notre société nous conditionne. Par exemple, prenons la couleur des layettes. Chaque sexe a sa couleur. Le rose aux filles et le bleu aux garçons. Et gare aux inversions.

Pourtant, il me semble que certains fabricants de miniatures automobiles ont cherché à s’attirer les faveurs des petites filles. La firme Dinky Toys a-t-elle un jour cherché à élargir sa clientèle ? S’est-elle au moins questionnée sur le sujet ?

J’ai interrogé les femmes qui m’entourent. Deux caractéristiques les attirent : la présence de petits accessoires amovibles et les couleurs acidulées. La firme qui paraît satisfaire au mieux ces critères est Corgi Toys. Ce n’est certainement pas un hasard si cette firme a eu un succès planétaire.

A l’échelle nationale, je songe à une petite firme française, plus anecdotique. J’ai choisi de vous présenter des Hotchkiss Grégoire de chez Minialuxe. Si l’auto n’est pas franchement féminine, Minialuxe a su la revêtir de couleurs déroutantes.

Il en sera d’ailleurs ainsi de toute la production de la gamme Minialuxe de la même époque. Il est intéressant de constater que son grand concurrent, Norev, également positionné sur le créneau de l’auto en plastique, suivra la voie ouverte par Minialuxe. Ainsi aux teintes assez fades du début de la production Norev succèderont des couleurs vives. Les couleurs adoptées par Minialuxe ne sont pas réalistes.

Faut-il y voir la raison pour laquelle la contemplation de ces jouets procure du bonheur ? Un état proche du ravissement s’empare de nous. Nous regardons ces couleurs improbables le sourire aux lèvres. Je suis tenté de faire un parallèle avec le vernis à ongle de nos compagnes. A des années lumière du vernis rouge ou incolore de nos mères, elles s’émerveillent désormais devant des teintes étranges. J’avoue ressentir quelquefois de l’incompréhension devant l’extravagance de certaines nuances. Pourtant, certaines teintes semblent sortir de chez Minialuxe. J’ai ainsi vu ma fille et ma femme arborer fièrement un jaune canari, un rouge orange et même un bleu moyen…des teintes que n’aurait pas renié le responsable du nuancier chez Minialuxe. L’autre critère, permettant d’attirer le regard des petites filles, c’est celui des accessoires. Il est également présent chez le fabricant français, notamment dans la version présentée qui est équipée d’une galerie et de bagages.

Vous allez me dire, et vous aurez raison, qu’il y a quelque chose de sexiste dans le fait de considérer que les valises c’est une affaire de femmes. Il n’en reste pas moins que cette série de Minialuxe mérite d’être découverte et même montrée à vos compagnes. C’est le moment de partager avec elles votre passion de la collection.

Une Volkswagen au pays de Shéhérazade

Je n’aurais jamais imaginé, le jour où j’ai acquis cette miniature, qu’elle m’aurait fait autant voyager. Voilà un bon slogan pour la firme de Wolfsburg, jamais à court d’idées pour ses campagnes publicitaires !

Volskwagen Magasin Ferdowsi
Volskwagen Magasin Ferdowsi

L’histoire commence dans une salle des ventes de province, où, au milieu de lots hétéroclites contenus dans des sacs plastiques, j’ai été attiré par un objet me rappelant les miniatures produites par Wiking pour le compte de Volkswagen. Volkswagen était en effet en relation avec Wiking pour la production de modèles à usage promotionnel. La marque a par ailleurs toujours accordé de l’importance à la publicité. Pour mettre en évidence la simplicité de la conception de la vraie voiture, il avait paru judicieux de proposer des miniatures en plastique transparent. Ce principe a inspiré de nombreux petits fabricants de jouets. Nous connaissons notamment une Ford Vedette 1949 de fabrication française « la voiture démontable «  et une étrange berline anglaise produite par « PR » et vendue dans un très beau coffret intitulé « The Glass Car ». La présentation de cette dernière ressemble étrangement aux coffrets produits par Wiking.

Toute la gamme Volkswagen a été déclinée selon le même principe par Wiking. De très nombreux autres petits fabricants reprendront l’idée de la carrosserie transparente et s’inspireront même directement de la reproduction de la Volkswagen de Wiking. Ainsi, Boco au Danemark, proposera des coffrets avec la petite berline de Wolfsburg. Par la suite, ce même Boco inspirera d’autres fabricants anonymes en Scandinavie. Il est très difficile de dresser une liste des productions de cette nature.

Comme je suis très intéressé par la découverte de variantes de ce type de véhicules, j’ai été naturellement attiré par l’objet. La surprise fut de taille.

La reproduction était de belle qualité, mais c’est surtout l’inscription sur le pavillon qui rendait l’objet intéressant. Son côté exotique et mystérieux m’incite à vous la présenter aujourd’hui. J’ai cherché un certain temps un support permettant de la mettre en valeur sur les clichés. Mon choix s’est finalement arrêté sur trois petits porte-clefs aux allures d’Afrique du Nord découverts tout récemment. Il ne restait plus qu’à traduire l’inscription du pavillon. J’ai commencé par saisir de la question la mère d’une amie de ma fille qui pensa y lire le nom d’un prophète du Coran, mais j’ai cherché sans succès des renseignements complémentaires au sujet de ce prophète. Mettant à profit mes trajets de banlieusard, je me suis permis d’interroger lors d’un voyage en RER mon voisin qui lisait consciencieusement un ouvrage en langue arabe. Je lui ai présenté les clichés de la voiture, mais malgré sa bonne volonté, il n’a pas réussi à traduire les signes énigmatiques. Devant mon air dépité, il m’a conseillé d’aller à la grande mosquée. J’ai envoyé un courriel mais il est demeuré sans réponse.

Nullement découragé, j’ai voulu frapper à la porte de l’Institut du Monde Arabe. Mon jour de congé coïncidant avec la fermeture de l’établissement, j’ai d’abord trouvé porte close.

A ma seconde tentative, un autre jour de la semaine, j’ai rencontré un monsieur charmant qui, après un examen attentif des photos a conclu, sans aucune hésitation, que le message du pavillon était écrit en Persan. Il a réussi grâce à ses connaissances personnelles à déchiffrer de manière phonétique la seconde partie du texte. Par contre, la Perse n’étant pas reliée en matière culturelle au monde arabe, aucune autre personne de l’institut ne semblait capable d’effectuer une traduction aboutie.

Il m’a donc invité à m’adresser à l’ambassade de la République Islamique d’Iran. Un premier courriel est demeuré sans réponse. J’ai réitéré ma demande auprès de plusieurs services différents de l’ambassade. C’est finalement le service économique qui m’a répondu, m’indiquant qu’il s’agissait d’un grand magasin de Téhéran du nom de « Magasin Ferdowsi ». Ce nom est également celui d’un célèbre poète iranien.

Je remercie donc l’ambassade de m’avoir accordé un peu de son temps pour me permettre de vous offrir cette explication. L’aventure aura duré en tout six mois. Elle ne fait que renforcer le plaisir de posséder cette miniature malgré son caractère anodin.

Marie-Chantal à l’Ile de Wight

Bons baisers de Marie-Chantal, à l’île de Wight

Cette année, nous avons décidé de modifier radicalement le choix de notre destination estivale.

Il faut dire que nos dernières vacances sur la Côte d’Azur ont été éprouvantes. Le camping, certes tout confort, était coincé entre la voie ferrée et la route nationale. De plus, notre vie de malheureux touristes était rythmée par le ballet incessant des avions en phase d’atterrissage sur l’aéroport de Nice.

Packing Case (MG) et Blue Box Ford
Packing Case (MG) et Blue Box Ford

Cette année donc, nous avons choisi le grand calme : empruntant le chemin inverse des juilletistes, nous sommes remontés vers le nord, en direction de la Grande-Bretagne, précisément de l’île de Wight. Après avoir débarqué à Douvres, nous avons emprunté la petite route côtière en direction de Brighton. Nous avons pu apprécier le fair-play de nos amis anglais. Le convoi que nous formions avec notre camionnette Ford et sa caravane sur la route étroite et sinueuse a dû être un véritable calvaire pour les autochtones contraints de nous suivre. Cependant, aucun coup de klaxon ne vînt jamais révéler de mauvaise humeur à l’encontre de notre lente progression : nous étions vraiment arrivés en Grande-Bretagne !

Nous avons débarqué en Ford Cortina et sa caravane sur l’île de Whight le 15 août. Le camping est magnifique.

Tous les matins, la sonnette du marchand de lait nous appelle au ravitaillement. L’après-midi, c’est le marchand de glaces qui fait retentir sa caractéristique sonnette électrique pour appeler tous les gourmands. Bien qu’il ne fasse pas très chaud pour un mois d’août, il est difficile de résister au plaisir de déguster des crèmes glacées de toutes les couleurs.

Il n’y a qu’un bémol. Depuis le 27, sont arrivés successivement des camionnettes de télévision, des journalistes, et enfin des hordes de jeunes gens. Dans un premier temps, nous sommes tombés des nues. Ajoutons à cela qu’ils sont peu vêtus, ce qui s’explique peut être par la légère hausse de température qui a accompagné leur arrivée. Les policiers regardent tout cela d’un œil bon enfant, que j’attribue encore au flegme britannique. On a fini par nous expliquer qu’allait se dérouler un grand festival de musique. Pour des vacances tranquilles, ce n’est pas vraiment réussi.

Depuis le début de ce festival, le rythme endiablé des chanteurs nous arrache à notre douce torpeur. Bien que la musique soit entraînante, quelques personnes ont précipitamment quitté le camping. Un couple de français, très sensible au bon gout britannique, est reparti illico à bord de son MG, horrifié à la vue de ces jeunes débraillés. Ils n’avaient qu’un mot à la bouche : « Cela nous promet une belle pagaille ». Dans un sens, je les comprends. Ils tiennent une boutique de confection à Versailles, « Au bon chic Versaillais » et c’est vrai que pour un commerçant en confection, la vue de ces jeunes gens aux tenues excentriques et légères n’augure pas un avenir prospère.

En ce qui nous concerne, nous avons fait contre mauvaise fortune bon cœur et finalement nous avons eu bien du plaisir à découvrir cette musique. Cela nous change beaucoup de l’opérette. Nous essaierons d’acheter le disque du concert en rentrant pour avoir un souvenir.

Les jeunes gens sont en fait très sympathiques ; ils ont redécoré notre roulotte dans un grand élan de créativité. Elle arbore désormais des fleurs de multiples couleurs. C’est un peu surprenant, mais c’est très gai et cela se marie à merveille avec le gazon anglais.

PS : pour illustrer ce texte, nous avons choisi un petit ensemble produit par « TNS » de Hong Kong, très symbolique de la période « pop ». Le Ford Transit avec la caméra provient du même fabricant. Le Ford transit « Daily Express » provient lui de chez Lincoln. Le camion laitier (inspiré du modèle produit par Spot-On) et le Commer camion de vente ambulante (inspiré du modèle produit par Corgi Toys) ont été produits par TAT de Hong Kong. L’Austin A105 et son hors-bord, librement inspirés par celui de Dinky Toys ont été proposés par Blue Box, également de Hong Kong. La MG « A » sort de chez Packing Case, firme également implantée en Asie. Enfin, le petit coffret avec la Ford Cortina et le hors-bord a été réalisé pour le marché américain. Aucune trace de fabricant n’apparaît.

Dix ans plus tard retour à Berlin

Nous nous étions promis de revenir à Berlin. Ma récente promotion au service marketing nous a permis de nous offrir une superbe DS. Quel plaisir de traverser l’Allemagne, cette fois en tout confort. C’est simple, nous avons mis une journée de moins qu’il y a 10 ans.

Siku Volkswagen peilwagen
Siku Volkswagen peilwagen

C’est parfois difficile de lever le pied dans les zones où la vitesse est limitée. Même si les choses ont un peu évolué, nous avons retrouvé avec plaisir les habitués du camping comme si nous les avions quittés hier. Monsieur Jöest a troqué sa Ford cabriolet pour une Opel Kadett. Les Kremer, eux ont opté pour une Opel Kapitän. Seuls les Delplanque manquent à l’appel, découragés par le temps, ils ont opté pour un séjour sur la Costa del Sol, au camping Don Quichotte.

Le tournoi de football est devenu une tradition. Nous avons progressé en la matière, et après avoir encaissé quatre buts, nous avons réussi à marquer. Parallèlement, nos amis à qui nous avions enseigné les rudiments de la pétanque se sont bien approprié ce jeu. Il est loin le temps où nous leur mettions Fanny. Nous avons néanmoins pris notre revanche après notre défaite au football. Ce fut surtout l’occasion de bien s’amuser. Nos amis allemands ont également adopté la coutume de l’apéritif anisé qui a désormais ici beaucoup de succès. Regardant les nuages qui couvrent le ciel, je réalise que le principal avantage de ce terrain de camping réside dans la présence des grands arbres qui nous permettent de jouer à la pétanque même par mauvais temps. Comme il y a dix ans, le postier nous a apporté un télégramme, mais pour nous annoncer une bonne nouvelle, l’arrivée d’une petite-fille. Encore une fois, nous devons abréger notre séjour Berlinois.

PS: Tous les modèles, accessoires et personnages présentés sont de fabrication Siku. D’abord spécialiste du plastique (article 157), Siku s’orientera progressivement vers le zamac au début des années soixante (texte 158). Ce fabricant offrira aux enfants un rare éventail de véhicules et accessoires, ouvrant à ces derniers un univers fantastique. Cette firme allemande mettra du temps à se faire connaître hors de ses frontières.

Un dernier détail : si la Volkswagen « Peilwagen ») de la poste de l’article 157 est, bien sûr, en plastique (et peu fréquente), le modèle présenté ici est, lui, en zamac avec capot moteur ouvrant.

Bons baisers de Tentstation Berlin

Bons baisers du camping Tentstation à Berlin

Cette année nous sommes partis pour un audacieux périple qui a consisté à traverser toute l’Allemagne, pour aller à Berlin. Le pays a beau être coupé en deux, Dieu que c’est grand ! Avec la famille Delplanque, en 2cv et nous en Renault 4cv, il nous a fallu deux jours et demi pour arriver.

Camping Tentstation Berlin
Camping Tentstation Berlin

Nous avons beaucoup apprécié la première nuit au camping Tentstation dont la fraîcheur nous a remis de la fatigue du voyage. Malheureusement, nos amis allemands nous ont réveillés à 7 heures. Dès 8 heures, il leur faut se livrer à des exercices de culture physique et de gymnastique. Ils sont infatigables ! Il faut dire que la langue de Goethe rythme harmonieusement leurs mouvements ! Quelle condition physique !

Nous nous en sommes rendu compte quelques jours plus tard lorsque nous avons organisé un tournoi de football au sein du camping. Une équipe rassemblait les vacanciers allemands et l’autre tous les touristes étrangers : français, anglais, italiens espagnols. En deux mots, notre équipe ressemblait à celle des ouvriers partis construire la tour de Babel. Nous avons subi un cinglant 7-0. Je ne sais s’il est dû à l’excellente condition physique de nos amis allemands ou si c’est la barrière de langue qui a nui à la cohérence de notre équipe chamarrée. Mais comme on dit en France ; l’essentiel c’est de participer

Pour le reste, la vie va tranquillement. Le camping est ravitaillé par un petit camion primeurs. Le son de la cloche nous avertit de son arrivée.

Nous avons lié connaissance avec des gens de Cologne, les Kremer. Ils sont venus avec une imposante Borgward bicolore qui ne passe pas inaperçue. Ils y ont attelé une étrange caravane pliable. Un autre vacancier, M. Jöest, ne manque pas de piquant. Il déambule dans une grosse Ford cabriolet, comme on peut en voir sur la Côte d’Azur. C’est vrai que nos petites autos font un peu frêles à côté. Malgré tout le plaisir que nous avons d’être à Berlin, nous devons toutefois précipiter la fin de notre séjour.  Nous venons de recevoir un télégramme des voisins : un camion laitier a percuté le mur de la maison. Il nous faut rentrer de toute urgence. Notre vaillante 4cv va être mise à rude épreuve. Il est certain que nous reviendrons.