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Deux Scania hors du commun

Deux Scania hors du commun

Les deux versions présentées sont hors du commun ! Ni la distance entre la France et la Scandinavie, ni la barrière de la langue n’ont jamais été des obstacles à notre passion pour les Tekno.

Nous avons ainsi noué des liens avec de nombreux Danois et Suédois. L’un d’entre eux, Yan Mortensen, un grand gaillard de deux mètres aux allures de bûcheron s’était mis en tête de réunir une collection de C-I-J.

catalogue Tekno et Scania Vabis
catalogue Tekno et Scania Vabis

C’était une époque où les collectionneurs s’entraidaient et où l’individualisme n’était pas encore roi. Je me rappelle avoir eu le plaisir de l’aider à compléter sa collection de Renault 1000 kg. Au fil des ans, j’ai réussi à lui réunir toute la série.

De son côté Yan Mortensen m’a trouvé de beaux modèles. Nous avons échangé une abondante correspondance, et j’ai toujours été impatient d’ouvrir les enveloppes sur lesquelles je reconnaissais son écriture.

En bon chineur qu’il était, il a découvert un jour un petit lot de modèles très particuliers qui provenaient tous d’une des vitrines de l’usine Tekno. D’après ses dires, ils servaient à présenter la production aux visiteurs de la nouvelle usine Tekno, dans le Jutland. Tous ces modèles possédaient une particularité : ils avaient un petit décalque sur fond or appliqué sur le châssis (voir la galerie d’images). Cette usine a très vite fermé ses portes. L’entrepreneur qui avait repris la firme de la famille Raasmusen de Copenhague avait délocalisé l’unité de production dans sa région, le Jutland. Il avait ensuite effectué beaucoup d’investissements inappropriés à une époque, les années 70, où le marché des petites autos évoluait rapidement.

C’est aussi là-bas que mon ami Elgaard a récupéré un stock de pièces détachées, de boîtes vides et de modèles qu’il a dispersés pendant 25 ans. Plus tard, j’ai appris qu’une autre personne avait également récupéré des modèles de ces vitrines. Il s’agissait du chauffeur du car qui amenait chaque jour les employés. Ce monsieur les a mis en vente dans une petite salle des ventes du Jutland. Le Scania semi-remorque tôlé « Mobel Transport » vient de ce hall d’exposition. Comme je n’en ai jamais revu, je m’interroge sur le fait qu’il soit unique. Le second modèle présenté a été réalisé par Tekno pour l’exportation comme l’indiquent les inscriptions qu’il porte et qui sont en langue anglaise.

Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la firme de Copenhague a cessé d’exporter ses modèles aux couleurs Scandinaves. Cette version est assez mystérieuse : le modèle fait la promotion du « lait danois » et reprend les couleurs du « NC Kloster ». Sa grande rareté est inexpliquée et il ne figure pas dans les deux premiers ouvrages consacrés à la marque. C’est un collectionneur belge qui nous l’a fait découvrir. Sachant que nous étions amateurs de poids lourds Tekno, lors d’une manifestation à Anvers, il y a 25 ans, il nous a expliqué qu’il avait trouvé ce modèle en magasin à Anvers. J’ai pris grand soin de noter ces informations. J’ai toujours procédé ainsi avec les modèles Tekno. J’ai dressé une petite liste de modèles que j’ai eu la chance de voir chez des collectionneurs et qui ne sont pas répertoriés. Mon ami Paolo Rampini procédait de la même manière. Je me rappelle avoir un jour à Milan, trouvé un beau camion Fiat promotionnel qu’il ne connaissait pas. Il m’a demandé une minute, avant de revenir avec son calepin. C’est grâce à cette rigueur que le listing de son ouvrage est aussi complet.

De retour en Scandinavie, j’ai questionné sans succès mes amis danois sur l’existence de ce camion. Une quinzaine d’année s’est écoulée avant que je ne découvre une remorque seule dans une manifestation à Toulouse. Curieusement, la remorque avait été dételée du tracteur. Elle était en bon état. Connaissant la rareté de l’objet, j’ai eu un grand choc en la trouvant. J’avais fait la moitié du chemin !

Il s’est écoulé une dizaine d’années encore avant que le collectionneur belge décide de se séparer de sa collection. Je n’ai pas laissé passer l’occasion de l’acquérir. En 25 ans je n’en ai jamais revu un autre mais mon ami Bent Danielsen en a également trouvé un. Avec le temps, mon discours a évolué. Plus jeune, ayant la vie devant moi, je me disais qu’avec le temps je finirais bien par trouver tel ou tel modèle, aussi rare soit-il. Cette certitude faiblit avec l’expérience et le temps qui passe.

Il faut savoir prendre les bonnes décisions face à des modèles qu’on ne voit passer que tous les 25 ans.

(voir l’article consacré aux versions citerne)

Tekno : le viking conquérant

Tekno : le viking conquérant

Cette semaine je vous emmène en Scandinavie. Enfant, familier de l’autoroute du Nord, j’étais déjà fasciné par les imposants camions nordiques : leur lointaine destination fièrement arborée sur les flancs des remorques me faisait rêver. C’était une invitation aux voyages. J’enviais les chauffeurs routiers qui bravaient tous les temps le long des rubans d’autoroutes. J’imaginais des périples semés d’embûches.

Tekno Scania
Tekno Scania

Aujourd’hui encore, lorsque je suis sur le point d’entreprendre une longue route, je ressens le même plaisir que le marin avant la traversée. Aussi, lorsque la passion de la collection m’a pris, les modèles Tekno ont toujours eu une place à part.

Fort logiquement, Tekno a inscrit les deux grandes firmes suédoises de poids lourds que sont Scania et Volvo à son catalogue.

La firme de Copenhague a conçu de nombreuses déclinaisons de carrosseries (bâchées, ridelles, citernes, fardiers, bennes de chantier) qu’elle a attelées indifféremment aux deux types de cabines.

Il me semble cependant que certaines combinaisons de carrosseries sont plus appropriées à un type de cabine qu’à l’autre. La cabine du camion Scania est au carré. Le capot moteur et les angles de la cabine semblent coupés à la serpe.

Le Volvo est lui tout en rondeurs. L’extrémité du capot moteur forme une courbe harmonieuse. Le haut des portes de la cabine est également galbé, imprimant au pavillon un doux arrondie.

Sous des aspects similaires, ces deux camions aux capots longs ont chacun une personnalité bien distincte.

La benne de chantier, avec sa casquette à angle droit habille mieux le Scania. De même, Le chargement de la remorque du fardier, tout en parallélépipèdes, convient parfaitement aux angles droits de la cabine de ce dernier. A l’inverse, avec son arrondi, la semi-remorque tôlée présentée ce jour semble plus harmonieuse avec le Volvo. Cette dernière est en tôle pliée.

C’est une technique que Tekno maîtrisait parfaitement pour avoir débuté son activité avec ce type de matériau. La forme de cette semi-remorque n’est pas familière chez nous. Il semble qu’il s’agisse d’une remorque frigorifique. Tekno a en fait réutilisé une remorque qui était destinée à être attelée au début des années cinquante à un tracteur d’entrepôt. Les deux éléments, le tracteur et la remorque, étaient vendus séparément. Un petit escabeau en tôle était fourni avec la remorque : il va sans dire qu’il est très souvent manquant.

Deux décorations avaient été choisies par Tekno, dont une avec un magnifique poisson. C’est l’indice qui me permet de penser qu’il s’agit d’une remorque frigorifique. Il faut également constater le grand décalage entre la modernité des cabines de ces camions du milieu des années cinquante et cette semi-remorque d’une dizaine d’années antérieure. Sous le charme des décorations on pardonne ce petit anachronisme.

Le premier Tekno que nous avons acquis fut le Cold O Matic. Je m’en souviens comme si cela était hier et j’avoue avoir ressenti de l’émotion en le sortant de la vitrine pour le photographier.

L’harmonie des teintes est très subtile. Avec l’autre version, « NC Kloster » se sont les deux piliers de la série. Tekno exportait beaucoup de sa production. Assez vite, il a compris qu’il y avait peu d’intérêt à livrer des « Cold O Matic » à des Américains ou des Italiens qui ne connaissaient ni cette société, ni les villes indiquées sur le camion. Des versions génériques ont ainsi vue le jour sur lesquelles on appliquait simplement le nom du fabricant de camions. Ainsi naquirent les versions « Scania » ou « Scania Vabis ». Une partie des modèles fut également utilisée à des fins publicitaires dans le réseau de concessionnaires. Il existe des combinaisons de couleurs bien plus rares que d’autres.

Nous verrons la semaine prochaine le cas de deux versions hors du commun. Les premiers modèles portent le logo « 75 » sur le plat du capot, remplacé plus tard par un « 76 », sans que l’on dénote de variation majeure. Cela correspond à l’évolution de la gamme du constructeur. Ils sont invariablement équipés de jantes à 10 écrous. Ces dernières sont toujours peintes (orange ou argent). Plus tard, sur la série estampillée « 76 » les jantes ne comporteront plus que 8 écrous. Elles sont invariablement en zamac brut.

(voir le blog consacré au  aux autres versions du Scania Vabis  semi remorque fourgon)