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Un dernier pour la route : CIJ Saviem

Voici à nos yeux, le plus rare des CIJ. Un dernier pour la route, c’est effectivement un titre qui convient bien à ce véhicule qui est certainement le dernier sorti des chaines de la CIJ. Le véhicule arbore les couleurs d’une célèbre brasserie.

Si beaucoup de miniatures étrangères honorent le célèbre soda venu d’outre Atlantique (Dinky Toys Liverpool, Gama, Micromodels…), plus rares sont les fabricants étrangers qui ont osé produire des modèles aux couleurs d’une marque d’alcool ou de bière. La spécificité française a voulu au contraire que de nombreux fabricants de jouets inscrivent un camion brasseur à leur catalogue.

CIJ Europarc
CIJ Europarc

C’est un temps révolu. Imagine t-on en 2010 proposer à la vente un véhicule aux couleurs d’une brasserie ? La loi Evin est passée par là !… Devrais-je masquer le nom du brasseur comme le font déjà les revues de sport automobile quand elles relatent des courses d’antan ?

Quelle tartuferie qui nous conduira sans doute un jour à ne représenter les autos de course qu’à l’arrêt, afin de ne pas promouvoir la vitesse et l’insécurité routière.

Un fait est certain, la Kronenbourg devait couler à flot dans les usines de jouets en France et ce brasseur sera à l’honneur chez de nombreux fabricants. Cette circonstance pourrait elle expliquer une certaine incohérence de production ? Quelques années auparavant, le fabricant de Briare venait de récupérer une partie de l’outillage et du stock de pièces détachées et décalques de chez JRD. Ainsi, le décalque du rare CIJ Transcontinental express provient de chez JRD. Il décorait alors un beau Simca Cargo en tôle !

Une petite anecdote : au début des années 80, nous avions naïvement écrit à la société Jex, firme qui avait possédé JRD et dont l’adresse figurait au dos des catalogues JRD. Nous demandions simplement des informations sur cette firme qui nous passionnait. A notre grande surprise, notre courrier fut transmis à M. Douat (D de JRD). Très touché que l’on s’intéresse à cette histoire, ce dernier m’expliqua les raisons de l’arrêt d’activité de sa société. Jex qui avait absorbé JRD avait à son tour été absorbé par une multinationale américaine qui opérait dans le secteur des produits d’entretien. Les nouveaux propriétaires se séparèrent ensuite de tout ce qui ne concernait pas leur branche d’activité, et c’est à la faveur de cette restructuration que CIJ hérita de la firme. Il se peut d’ailleurs que JRD ait été en meilleur santé que la CIJ. Revenons à notre Saviem. Comme le Transcontinental express, il emprunte sa remorque au Berliet TLR de chez JRD, ainsi que sa décoration. CIJ a tout de suite incorporé le Berliet à son catalogue qui ne comportait pas de véhicule de ce type. Il l’équipa à cette occasion de jantes en plastique et de pneus blancs et lisses.

Avec l’espoir de dynamiser sa gamme, CIJ a remplacé le Berliet, qui datait tout de même de 1958, par son beau Saviem. Il faut avouer que cette cabine était très réussie et qui plus est inédite. La particularité de cet ensemble réside dans son système d’attelage. Pour la version précédente, celle du transcontinental express, CIJ avait plus ou moins bricolé un système d’accroche curieux et peu réaliste. Pour cette version, le système s’inspire du modèle original JRD : il se compose d’une pièce en acier chromé, légèrement conique, venant s’enquiller dans l’orifice du tracteur, élargi pour la circonstance. CIJ remplaçait donc son système, ingénieux de tige en métal, de section très fine, habilement recourbé, recevant le système d’accroche de la remorque. Le passage à l’utilisation de la remorque JRD avait condamné ce système. Autre détail intéressant : devant être en rupture de roulettes équipant la béquille d’attelage, CIJ remplacera celles ci par des jantes équipées de pneus provenant de la Renault 4cv ! Les décalques sont bien évidemment d’origine JRD. Le décalque placé sur le devant de la remorque existe en deux versions.

Nous possédons deux exemplaires de ce véhicule. Le second fut trouvé de manière rocambolesque dans une salle des ventes où l’équipe qui avait préparé les lots avait mélangé les tracteurs et les remorques. Nous avons été intrigués par l’incohérence des couleurs et des détails : cette fine équipe dont on ne louera pas la compétence avait équipé le rare Saviem avec une remorque JRD et vis versa… après avoir acquis les deux lots séparés, nous avons reconstitué un ensemble, et chaque tracteur a retrouvé sa remorque.

Le plus amusant dans l’histoire c’est que les boîtes étaient dans le lot ! On remarque d’ailleurs que CIJ a bien imprimé une étiquette spécifique pour ce Saviem (voir la photo), avec la mention Saviem.

Voir l’article sur le Saviem JM240 tracteur semi remorque fourgon « Transcontinental express »

Il est cinq heures, Paris s’éveille

Je suis le dauphin de la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins de balais
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
La tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée
Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille
Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher
Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n’ai pas sommeil


Auteurs Jacques Lanzmann et Anne Ségalen

Interprétation : Jacques Dutronc

Le chaînon manquant

Aveuglés par leur passion, les collectionneurs de miniatures oublient souvent que les marques collectionnées répondent à une logique industrielle. Le modèle de Saviem porte-grue que nous vous présentons est un parfait exemple de cette logique. C-I-J était lié avec Renault par un contrat d’exclusivité.

saga des camions grue chez CIJ
saga des camions grue chez CIJ

Leur coopération ne cessera qu’avec la Dauphine et la firme a reproduit en miniature la plupart des productions de Boulogne Billancourt. Dans cette logique apparaît un Renault 120cv, dit « fainéant » à cause son moteur poussif (un 6 cylindres à plat …couché ! d’où son surnom, comme nous l’a précisé Philippe Michelon, lecteur du blog). La cabine sera correctement réalisée et le modèle donnera lieu à plusieurs versions dont cette flèche treillis équipée d’un godet. Cette partie est réalisée en tôle car la firme de Briare a une grande expérience de ce matériau.

Dans un premier temps, la cabine est équipée d’un pare-chocs ajouré. Dans cette version, le modèle est équipé de jantes en plastique rouge et le modèle est alors fini dans une teinte orange mat. Le moule évolue ensuite en raison d’une probable usure qui devait rendre l’opération d’ébarbage délicate : le pare-chocs devient alors non-ajouré, le tout formant un bloc compact au bas de la cabine. Le modèle est alors équipé de belles jantes en plastique argent, de bien meilleure qualité que les précédentes. Cette version plus tardive reçoit une belle peinture, d’une nuance orange plus vive et plus brillante.

Le modèle de Saviem Saviem porte-grue que nous vous présentons aujourd’hui se situe juste après. Il hérite des belles jantes et de cette pimpante couleur. C’est le chaînon manquant.

En effet, nulle part référencé, il est bien la suite logique du dernier 120cv et précède la nouvelle calandre JM240. J’ignore la raison de sa grande rareté. La seule explication logique que je trouve, est que ce type de carrosserie équipée de la flèche treillis n’ayant pas eu un grand succès commercial, la C-I-J se serait trouvée avec un stock important de 120cv, celui qui le précédait, à écouler. Le temps passant, ce modèle aurait assuré la transition entre les derniers 120cv et la nouvelle cabine JM240. Il est vrai que cette cabine avec calandre d’origine Somua ne fut pas réalisée longtemps. Celle présentée arbore déjà en son centre le logo Saviem. Il se peut que C-I-J ait procédé de la même manière avec sa version du 120cv, celui équipé d’une pelle en butte. Peut-être un jour découvrirez-vous cette version équipée de la première calandre Saviem ?

Pour finir, la façon singulière dont je me le suis procuré mérite d’être racontée. Il y 3 ans, alors que j’étais en visite chez un ami d’enfance, mon regard a été attiré par une petite vitrine qui trônait derrière son bureau et dans laquelle je voyais quelques miniatures que son père lui avait léguées. Je crus d’abord qu’il s’agissait d’un bricolage, ce modèle étant à l’époque totalement inconnu.

Ma surprise fut de taille lorsque je l’examinai : il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait d’un modèle authentique, sa couleur étant même un élément qui confortait la logique de cette production.

Mon ami n’était pas passionné par les camions, il me le céda bien volontiers.