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Les trois grâces

Je rassure les lecteurs du blog, ce titre ne m’a pas été inspiré par la vision de ces miniatures Charbens, ni même par les Dinky Toys qui les accompagnent. C’est simplement, le titre d’un magnifique tableau de Cranach l’ancien, peintre de la renaissance dont vous avez peut-être récemment entendu parler.

Charbens : Alfa Romeo 152
Charbens : Alfa Romeo 152

Actuellement dans une collection privée, ce tableau est à vendre. L’Etat français a refusé de signer son autorisation de sortie du territoire et Le Louvre dispose d’un droit de préemption. La somme demandée par le propriétaire, 4 millions d’euros, n’a pu à ce jour être réunie. Le musée qui fait souvent appel à la générosité des entreprises n’a pas réussi, en cette période de crise, à réunir les fonds demandés. 3 millions ont été trouvés. Il manque 1 million.

Alors, à tableau exceptionnel, méthode exceptionnelle. Le Louvre a lancé un appel à la générosité du public, afin de réunir la somme manquante avant la fin du mois de janvier.

Je vous communique l’adresse internet du site www.troisgraces.fr) afin que vous puissiez, au lieu d’acquérir la sixième variante de jantes de la Citroën GS Norev, consacrer le budget que vous alliez y affecter à l’acquisition d’un chef-d’œuvre. Certes, vous différerez votre achat sur le site de l’Auto Jaune, mais vous aurez le plaisir d’admirer ce joyau, de petite dimension, dans ce fantastique lieu qu’est le Louvre.

Quittons les chefs d’œuvre pour notre petit monde de la miniature automobile. Charbens, fabricant anglais, commença par produire des attelages (voir La caravane de gitans, chronique n° 99) et des figurines avant de s’intéresser aux véhicules motorisés. Nous nous situons bien avant la seconde guerre mondiale.

Cette petite firme connaîtra une existence chaotique. Après la Guerre, elle se convertira au zamac. C’est de cette période que sont issues les trois monoplaces présentées. Elles ne devaient être disponibles qu’en coffret cadeau dont j’ai eu la chance de voir, il y a bien longtemps la photo !

Curieusement, la Cooper Bristol m’a été présentée plusieurs fois alors que je n’ai rencontré qu’une seule et unique fois l’Alfa Roméo et la Ferrari. Ces modèles sont rares, je peux le dire en toute objectivité. A l’origine, la notion de rareté est subjective. Ce n’est qu’avec l’expérience qu’elle prend une consistance objective. Ainsi, sur les quelques 7000 pièces disponibles du site, le qualificatif « rare » apparaît je pense moins d’une vingtaine de fois. Le fait de n’avoir croisé ces objets qu’une seule fois en plusieurs décennies de collection m’autorise à l’employer dans le cas présent, sans risque de le galvauder comme le font certains catalogues de salles des ventes qui l’utilisent à tout bout de champ.

D‘ailleurs, je souhaiterais bien pouvoir améliorer l’état de la Ferrari 500F2 présentée.

Un premier coup d’œil pourrait laisser penser à des copies de Dinky Toys. Mais un examen plus approfondi démontre le contraire : je vous présente la photo des deux productions, vous pouvez ainsi vous rendre compte de ce fait.

On peut raisonnablement penser que Charbens a cherché à introduire une certaine confusion chez les éventuels acheteurs. Je me base pour ce dire sur une évidence. Malgré toutes mes recherches, je n’ai pas trouvé trace d’une Ferrari 500F2 de la même période qui aurait arboré les couleurs argentines. Les fabricants auraient pu la reproduire de couleur bleu France. En effet, Louis Rosier, vainqueur aux 24 heures du Mans en 1950 avec son fils sur une Talbot) en posséda une, qui courut en France. Nous retenons donc l’hypothèse selon laquelle Dinky Toys chercha surtout à présenter des reproductions de monoplaces attrayantes, de couleurs différentes.

J’ai de nombreuses fois entendu dire, que c’est pour rendre hommage au grand Fangio que la firme de Liverpool avait décoré sa monoplace aux couleurs Argentine. Cette affirmation ne tient pas. Le seul Argentin à avoir piloté cette auto fut Froilan Gonzalez, mais l’auto, engagée par la Scuderia Ferrari, était de couleur rouge. Il faut avouer qu’elle a beaucoup d’allure dans cette livrée argentine et Charbens, jouant la confusion, s’est empressé d’offrir la même livrée. Cependant la gravure est beaucoup moins fine, les autos sont moulées en une pièce et les détails beaucoup plus grossiers (observez les calandres et les ouies d’aération).

On peut déduire de la rareté de ces pièces que le succès n’a pas été au rendez vous.