Ernst Plank et le jouet devint vivant – 1

Il y a une quinzaine d’années alors que nous étions chez Monsieur Scherpereel, pionnier et grand marchand parisien, nous sommes tombés en arrêt devant deux objets : un petit hangar en tôle et la limousine qu’il abritait. Nous avons tout de suite été séduits par la qualité d’exécution de ces jouets et leur poésie, et nous avons souhaité avoir davantage d’informations sur ces jouets Ernst Plank de provenance germanique.

Le monde poétique des Ernst Plank
le monde poétique des Ernst Plank

Nous avons interrogé différents marchands allemands. A l’évocation du nom du fabricant, venait immanquablement la même réponse : nos interlocuteurs citaient le même collectionneur, Rolf Naskret, qui acquérait tous modèles de la marque, sans même leur donner une chance d’être proposés sur le marché. Il avait à cette fin tissé un réseau de marchands et de collectionneurs.

De mémoire, nous n’avions jamais vu un collectionneur tenir un secteur du marché de la miniature comme le faisait Rolf Naskret.

Pour plus d’efficacité, il passait des encarts publicitaires dans différentes revues spécialisée sur le jouet ancien. Rolf Naskret était tombé littéralement amoureux de cette firme : il ne se contentait pas d’acquérir des modèles, mais faisait des recherches avec des catalogues d’époque afin d’établir ou de tenter d’établir une liste de la production. Nous sommes donc entrés en contact avec lui. Il avait accumulé un nombre important de doublons qu’il présentait dans les bourses d’échange à seule fin de faire découvrir ces modèles aux collectionneurs et de faire partager sa passion. Il ne les vendait pas, bien entendu. Il arrive cependant un moment où l’acquisition du quatrième exemplaire d’un modèle similaire doit logiquement conduire à une forme d’interrogation. Il est du principe même de la collection de s’enrichir régulièrement de nouveaux spécimens. Il est parfois important de savoir élargir son domaine de prédilection, afin de ne pas sombrer dans la monotonie. Bien sûr, chaque collectionneur trouve son équilibre personnel entre la contemplation des modèles déjà acquis et l’excitation des acquisitions projetées. C’est une alchimie mystérieuse.

Bref, notre ami d’outre Rhin commençait à tourner en rond. Il s’était décidé à nous céder, au compte goutte, quelques doubles. Survint alors un élément imprévisible. A l’aube, lors d’un déballage à Bruchsal en Allemagne, nous trouvâmes un très beau tracteur agricole. Comme nous avions bien retenu les leçons de M. Naskret, nous avons reconnu sans peine la patte du fabricant Allemand : il s’est trouvé que ce fameux petit tracteur était en fait un des derniers modèles que M. Naskret cherchait encore. Il en connaissait l’existence pour l’avoir vu sur un catalogue, mais ne l’avait jamais rencontré en vrai. Il nous proposa un échange assez avantageux.

Notre logique de collectionneur nous incita cependant à le conserver et il accepta de bonne grâce notre choix malgré une ultime surenchère. Quelques mois plus tard, il nous contacta pour nous céder l’intégralité de sa collection. Sans doute le fait de savoir que nous la conserverions intégralement dû peser dans son choix.

Nous récupérâmes également la documentation, les personnages, les trains et autres aéronefs et dirigeables. Nous y reviendrons plus tard.

Les parapluies de Cherbourg – 2

Les parapluies de Cherbourg – 2

Voici la suite de l’article sur  Les Parapluies de Cherbourg,  avec cette fois des objets Made in France, un garage Depreux.

Divers objets distribués dans les stations Esso… dont celle de  l’escale Cherbourgeoise du film…(voir  l’autre article https://autojauneblog.fr/2010/05/04/parapluies-de-cherbourg-1/ )

Les parapluies de Cherbourg – 1

La scène se déroule à la fin du film. Guy (Nino Catelnuovo) a refait sa vie. Il a une famille. Il tient désormais une station service Esso L’escale Cherbourgeoise. C’est le mois de décembre et il neige à gros flocons. Il fait déjà nuit et l’épouse de Guy décide d’aller montrer les vitrines de Noël à leur fils.

Ils sont à peine partis lorsqu’arrive une Mercedes de couleur noire, avec, au volant Geneviève (Catherine Deneuve) son amour d’antan et une petite fille à ses côtés.

Station service Esso Tekno
Station service Esso Tekno

Alors qu’elle était enceinte de Guy, retenu en Algérie, Geneviève a fait le choix de quitter Cherbourg pour épouser Roland Cassar (Marc Michel), follement épris d’elle. Au moment de la rencontre fortuite, elle ignore tout de la nouvelle vie de son ancien amour. Inutile de rappeler que ce film est entièrement chanté et que nous devons la musique à Michel Legrand.

C’est pour rendre un modeste hommage à Jacques Demy, dont j’admire beaucoup l’œuvre, que j’ai reconstitué cette petite scènette des Parapluies de Cherbourg dans la station service Esso. Tous les composants ont été produits par Tekno. Les accessoires sont en bois peint : la firme danoise qui a commencé son activité par la production de jouets en bois a un grand savoir faire en la matière.

Tout au long de son existence elle produira des objets en bois. Il est intéressant de noter qu’Esso était très lié avec Tekno. Ce pétrolier collaborera également avec d’autres fabricants de miniatures durant les années 50, notamment Dinky-Toys France. Les autres pétroliers comprendront, mais plus tard, l’utilité de faire figurer leurs couleurs sur les miniatures, garages en bois et autres supports (films…). Tekno proposera des accessoires de différentes tailles, allant du garage au simple îlot en passant par la station service.

Curieusement, si la station Esso est bien au 1/43, les pompes sont d’un format assez généreux. Peintes avec de belles laques et décorés avec des papiers collés, ses accessoires ont fière allure. Remarquons au passage que le dessin représentant la goutte d’huile Esso est , dans les pays scandinaves, très différentq de chez nous. Jacques Demy grandit dans le garage que tenaient ses parents à Nantes. Dans le film de sa compagne, Agnès Varda : « Jacquot de Nantes » qui retrace l’enfance du cinéaste et la naissance de sa vocation, la place du garage familial est prépondérante.

Jacques Demy dira : « Les Parapluies de Cherbourg, c’est un film contre la guerre, contre l’absence, contre tout ce qu’on déteste et qui brise le bonheur » Le film obtiendra la palme d’or au festival de Canne en 1964.

(voir l’autre article https://autojauneblog.fr/2010/05/09/parapluies-de-cherbourg-2/ )