Un Berliet indémolissable
Les publicitaires ont parfois des difficultés à trouver des messages qui accrochent. En voilà un qui aurait pu servir à la maison Berliet pour ses poids lourds : « Un Berliet indémolissable ». C’est la mention qui figure sur l’étiquette du couvercle de la boîte du Berliet GDR 7D des jouets Gulliver.
François Laurent est un passionné des poids lourds français, son nom revient régulièrement dans le blog. Il m’a amené il y a quelque temps un document. Il s’agissait d’un extrait de la revue interne de Berliet destinée aux clients et aux concessionnaires de la marque, « Berliet Service ». L’article était daté d’octobre 1947. Au milieu des informations juridiques relatives à l’évolution du droit du transport figurait, en bas de page, la présentation d’un jouet Gulliver représentant le nouveau car Berliet PCK 7D (voir l’article sur le car Berliet PCK 7D de chez Gulliver).
L’auteur entendait saluer la sortie du Berliet GDR 7D que je vous présente ce jour. Il vantait la fidélité de reproduction, mais surtout le fait que le modèle « soit pratiquement incassable » (dans le texte). J’aurais pour ma part renchéri en rajoutant qu’il était à l’image du vrai véhicule !
Les concessionnaires étaient ensuite invités à commander des exemplaires auprès d’un bureau lyonnais, la « société FADAM » 6 rue Émile-Zola à Lyon, dont on imagine qu’il représentait la marque Gulliver, afin de les offrir à leurs clients.
On apprécie toute la ruse de Berliet qui laisse aux concessionnaires la charge de commander et de payer les cadeaux qui seront ensuite offerts à leurs clients, les transporteurs. Dans ces années d’après-guerre la maison Berliet a une conception bien particulière de la publicité.
L’auteur termine son article par une précision : les miniatures peuvent être équipées d’un mécanisme de remontage à clef, qui, selon ses dires est un réel plus.
Le succès ne sera pas au rendez-vous. L’époque est difficile, nous sommes au sortir de la guerre. C’est une rude période aussi pour la maison Berliet qui doit s’expliquer sur la fabrication de véhicules durant l’occupation. Quant au monde du transport routier, tout est à reconstruire et les jouets auront moins de succès que les vrais camions ! Les préoccupations n’étaient pas d’ordre promotionnel, ces objets sont arrivés trop tôt. Ils devaient de plus être coûteux, en témoigne la boîte en carton fort, luxueuse, dont on imagine le seul coût.
« Le modèle est coulé en aluminium » dixit l’article de Berliet Service. Malgré l’éloge de la qualité du jouet, force est de constater que le modèle Gulliver s’apparente plus à une caricature du Berliet GDR 7D qu’à une maquette.
En fait, on identifie le véhicule par les décalcomanies de la calandre et de l’arête du capot moteur. Ces dernières sont très fidèlement reproduites et contrastent avec la rusticité de l’ensemble. La vue d’un Berliet Gulliver en état de jeu qui a perdu ses décalcomanies confirme ce fait. L’objet perd tout son charme.
Au niveau des proportions, la cabine du Berliet Gulliver manque de hauteur. La gravure n’est pas fine. Le jouet est composé de deux parties. La ridelle est articulée permettant de le transformer en benne basculante…après avoir enlevé la bâche bien sûr !
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