Episode 4. Une étape décisive.
Pour mieux comprendre et analyser l’histoire de nos miniatures automobiles, il faut d’abord connaitre l’histoire de ceux qui les ont conçues. Qu’ils soient industriels, petits entrepreneurs ou même, dans les années soixante modestes artisans.
Après les exemples des miniatures produites par SR, CR, CD (voir le blog il était une fois) et les Jouets Citroën, (voir le blog l’odysée en C4 ), le modèle suivant va marquer une véritable révolution . 1932 va être une année décisive.
1932 est l’année de la première utilisation du zamac, en France, par Solido pour injecter des miniatures automobiles.
Cette avancée technique mérite à elle seule l’incorporation des modèles de la série Major dans cette liste de 10. La qualité de fabrication , de finition (chromage) et l’aspect ludique (carrosserie démontable et modulable) sont aussi des éléments à mettre au crédit de ce choix. Solido par ce choix technique révolutionne aussi l’assemblage du jouet qui se faisait par agrafe ou par soudure.
Vous pouvez relire le blog « le gout du luxe »retraçant le parcours de Ferdinand de Vazeilles. Un autre élément est à prendre en considération pour appuyer ce choix et bien comprendre l’étape décisive que fut l’apparition de ces modèles démontables de la série Major.
1932 marque l’ apparition des autos de « petite » taille chez les marchands de jouets, qu’il faut bien différencier des bazars, et des autres marchands de couleurs.
Jean de Vazeilles, le fils de Ferdinand, le créateur de la marque l’a lui même raconté. Lors du lancement des fameuses Major , Ferdinand de Vazeilles est lui-même allé placer ses jouets dans la fameuse boutique du Nain Bleu rue Saint-Honoré.
Pour cela il a dû créer ses fameuses boîtes. Les coffrets . Avant cela les marchands de jouets n’avaient guère envie de distribuer des miniatures conçu pour une vente au comptoir comme c’était le cas dans les bazars. Il faut penser à la conception même de ces magasins de jouets. Souvent une grande vitrine donnant sur la rue. Mettre en évidence et donner envie d’acheter des autos de petite taille est un casse-tête pour le commerçant. D’où la création de présentoirs ou de de coffrets de grande taille. Dans ces cas, ils peuvent faire concurrence aux jouets en tôle de grande taille.
Un autre point est à prendre en considération. L’arrivée des Solido en magasin de jouets coincide avec un prix de vente conséquent.
Ces rares magasins ne distribuent que des articles de haut de gamme . Le prix d’un coffret Solido peut donc concurrencer un modèle de la marque Jep en tôle. En feuilletant les catalogues d’étrennes des grands magasins du milieu des années trente, les coffrets Solido sont les seules petites autos représentés au milieu des autos en tôle de chez Jep, CIJ et autres. Les Major et leurs dérivés plus accessibles Junior et Baby ont donc une place primordiale dans ce panthéon de l’histoire des miniatures française.
Plus de 20 ans se sont écoulés entre la Major Solido et le modèle suivant. La guerre est passée par là. Il est à noter que Solido a réussi à produire un peu durant la guerre.
Nous sommes en 1954. C’est aussi à mes yeux une étape très importante. L’arrivée du plastique . Un plastique de qualité, la Rhodialite développée par Rhône-Poulenc.
Ce n’est pas la première utilisation du plastique en France pour produire des jouets. Ce qui justifie mon choix c’est l’utilisation de cette matière, souvent associée à des jouets bas de gamme, avec l’idée de fabriquer un jouet de qualité, détaillé, fidèle, et comble du luxe vendu avec un étui individuel.
J’ai choisi la Simca Aronde Norev, car elle débuta la série. Elle sera mise en vente avec une belle boîte illustrée. En comparaison, la Simca Aronde de Dinky Toys sera le premier modèle de Bobigny a, enfin, recevoir un étui individuel avec la Buick Roadmaster et le Peugeot D3A Mazda.
Quel tour de force de la part de Norev de pouvoir offrir une auto comportant autant de pièces rapportées avec un prix de vente si bas.
N’oublions pas que nos belles Dinky Toys sont monoblocs. Les détails sont soulignés au pochoir. Il faudra attendre plus de 10 ans pour voir des Dinky Toys avec des pare-chocs rapportés (Ferarri 275GTB) !
Les frères Véron auront réussi un beau tour de force en lançant des modèles de grande qualité accessibles à tous. Le succès sera au rendez-vous auprès des enfants, même s’il faudra attendre longtemps, les années 1990- 2000, pour une reconnaissance de la part des collectionneurs qui longtemps dédaigneront les Norev du fait de leur carrosserie en plastique.
Le dernier modèle du jour est aussi une Solido. Elle porte la référence 121. C’est la Lancia Flaminia.
Elle synthétise toutes les innovations technique de la firme d’Oulins. Avec l’arrivée de la série 100, en 1957, Solido n’a cessé d’innover. cela perdurera durant toute cette série. Aprés avoir été le premier fabricant au monde à équiper ses miniatures de suspensions (voir le blog sur la Jaguar Type D) Solido sera aussi le premier à équiper une miniature de portes ouvrantes (voir le blog sur la Lancia Flaminia). Solido collectionnera les premières .
Difficile ne pas parler des blindés et leurs fameuses chenilles. Solido ajoutera aux innovations la qualité.
Difficile aussi de ne pas commenter le choix , souvent judicieux des modèles. Solido a compris très vite l’intérêt de sortir des modèles de sport et de course, au contraire de Dinky Toys qui n’a pas vu le changement arriver
Solido mérite bien, à mes yeux, d’apparaitre deux fois au palmarès des dix miniatures françaises les plus marquantes de l’histoire.
Vous pouvez aussi relire le premier épisode expliquant la genèse de cette histoire.