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De Bobigny à l’Elysée en taxi

Voici, cette semaine, la présentation d’une mystérieuse miniature, une Simca Aronde taxi en provenance de Bobigny. En règle générale, lorsqu’un fabricant transforme en version taxi une miniature présente à son catalogue c’est le signe d’un modèle qui a connu un succès limité.

Simca Taxi Aronde 24 UT et cendrier
Simca Taxi Aronde 24 UT et cendrier

On peut citer à titre d’exemple la Ford Vedette 1954 de Dinky Toys France. Mais ce n’est pas toujours le cas. La Simca Aronde, un des premiers modèles de Bobigny à recevoir un étui individuel, semble avoir rencontré le succès auprès des jeunes clients. C’est certainement le nombre important d’exemplaires circulant dans la capitale qui a conduit la direction à s’intéresser à sa reproduction.

Dans l’album « l’affaire Tournesol » sorti en 1956, Hergé lui même introduira une Simca Aronde dans les rues de Genève, qui finira d’ailleurs dans les eaux du lac à la suite d’une queue de poisson du terrible Stephan  ! Cette Simca Aronde immatriculée dans le canton de Genève arbore une calandre de second type.

Pour la création de sa version taxi, Meccano est curieusement revenu en arrière, proposant cette miniature en conditionnement par six, alors qu’elle venait d’introduire les emballages individuels. La logique industrielle est parfois mystérieuse.Le modèle que nous vous proposons de découvrir est équipé de la première calandre, ainsi que du châssis en tôle épaisse. L’histoire est assez trouble. On peut juste penser que lorsque la direction a entrepris la réalisation d’une version taxi, la seconde calandre de l’Aronde (la version Elysée) était en cours de réalisation. Les essais ont dû être effectués sur des carrosseries équipées de la première calandre.

J’ai eu la chance d’en posséder deux. Les deux exemplaires étaient similaires et avaient, en tout point, les caractéristiques d’un premier modèle, avec, bien sûr, le pavillon quadrillé et les jantes moulées en zamac et peintes de couleur rouge. Le modèle que nous avons conservé provient d’un grand collectionneur, Monsieur Dufour. Ce dernier l’avait lui même acquis d’une manière assez simple. Un collectionneur de la région de Tours ayant décidé de se séparer de sa collection, il avait établi une liste, sur des feuilles de papier, comme cela se faisait il y a 30 ans, quand il n’y avait pas Internet et qu’il fallait attendre le facteur ! Sur cette liste, Monsieur Dufour a été attiré par la présence de deux modèles référencés 24UT. La description mentionnait deux calandres différentes et les modèles présentaient un écart de 10 Francs ! Il a eu l’intelligence de se laisser tenter, et il a eu raison. Il a ainsi été le premier à répertorier de manière définitive cette rare variante… Il s’en est ensuite séparé en échange d’une très belle pièce qu’il convoitait depuis longtemps et qui lui a procuré, amateur éclairé qu’il est, plus de plaisir qu’une variante de calandre sur un modèle Dinky Toys.

Plus de 20 ans se sont écoulés et nous avons récupéré cet exemplaire. Lorsqu’on a opéré un échange de modèles, il est toujours intéressant de s interroger quelques années plus tard sur l’intérêt de l’opération.

Non pour en concevoir des regrets mais pour analyser son choix et savoir prendre à l’avenir les bonnes décisions. Nous avons une fois opéré un échange sur plusieurs pièces. Les pièces dont nous nous sommes séparés avaient un point commun. L’opération avait une logique, la logique propre à chaque collectionneur. Nous avons pu, par le fruit du hasard, récupérer ces pièces, 25 ans après. Ou plutôt deux d’entre-elles car, à nos yeux, la troisième ne présentait plus d’intérêt. C’est bien la preuve, qu’une collection n’est pas figée, mais vivante. Le regard sur certaines pièces évolue. L’expérience aide à se forger une opinion.

De grands collectionneurs comme M. Dufour ne me démentiront pas si j’affirme que les goûts du collectionneur évoluent. L’important est bien le présent : au moment de l’échange, il doit y avoir deux heureux.

Si Versailles m’était conté

Le château de Versailles s’est récemment offert les honneurs de l’actualité pour avoir accueilli à tour de rôle deux artistes contemporains, le sulfureux Jeff Koons et actuellement le Japonais Takashi Murakami.

Versailles revisité
Versailles revisité

Mon ascendance roturière reprenant le dessus, je ne me joindrai pas aux réclamations des descendants de Louis XIV qui pensent que l’art contemporain n’a pas sa place dans la galerie des glaces. Je constate simplement que certains artistes contemporains excellent dans la provocation. Ainsi, cette miniature Minialuxe que nous vous présentons aujourd’hui m’a immédiatement fait penser à un autre artiste contemporain, le Britannique Damien Hirst, célèbre pour avoir plongé divers animaux dans le formol et pour vendre ses compositions à des prix en comparaison desquels nos miniatures les plus rares font pâle figure !

Il me plait de penser que notre petite Versailles Minialuxe dans son écrin cylindrique a un lien de parenté avec les aquariums de Damien Hirst…

Et par un formidable tour de passe-passe, ce n’est plus l’art qui entre à Versailles, mais la Versailles qui entre dans une composition artistique. Ainsi, notre petite Versailles est mise en scène au centre d’une peinture murale visible dans le 19ème arrondissement, œuvre éphémère destinée à disparaître avec la démolition du mur qui la supporte. Quelle curieuse idée pour un fabricant de miniatures que de choisir ce type de conditionnement ! Je suis persuadé que les commerçants l’ont maudit lorsqu’ils ont reçu ce boîtage. Cette boîte est la première des particularités de la petite auto. Elle est d’origine.

Je joins également sur un des clichés une Dauphine « bénéficiant » du même emballage. Les deux autos, mécaniques, avec le même type de jantes, sont contemporaines. Le vendeur avait deux exemplaires de chaque modèle. Observez bien un détail : sur les ailes arrière, les inscriptions « Versailles » sont réalisées en creux, à chaud, et dorées ensuite. Elles proviennent de l’outillage réservé au modèle au 1/32ème. La production fut sans doute de courte durée.

Comme me le signale notre correcteur hebdomadaire, Monsieur Dufresne, le modèle présenté ne comporte ni galerie, ni glaces , ce qui est paradoxal pour une Versailles !

Bons baisers de Hong-Kong

Avant l’invention du téléphone portable ou de la messagerie électronique, il était de bon ton, une fois arrivé à destination du lieu de villégiature de faire parvenir à son entourage une petite carte postale, afin de bien montrer quelle chance on avait d’être là … !

Simca Chambord Codeg
Simca Chambord Codeg

Hong-Kong en Chambord ? Vous allez me répondre que peu de vacanciers français sont allés à Hong-Kong en vacances d’été avec leur caravane attelée à une Chambord !

Je vous demanderai alors pourquoi un fabricant asiatique a reproduit cet attelage composé de véhicules « bien de chez nous », qui plus est destiné au marché américain ! Quelle histoire !

En effet c’est bien aux USA que nous avons trouvé ces coffrets. Nous en avons également découvert en Grande-Bretagne. La source d’inspiration de Codeg, le fabricant est évident. Le lien de parenté avec l’attelage provenant de Villeurbanne ne peut être démenti. Même le socle de la boîte, injecté en plastique de couleur, est similaire. La couleur de celui-ci varie toutefois en fonction de la couleur des éléments le composant. La seule inscription sous celui-ci est la référence 3742. Cette référence est reprise sur les plaques d’immatriculation et sur les châssis de l’auto et de la caravane. Sur ces derniers figure la mention « made in Hong-Kong » ainsi qu’entre parenthèses la mention « british empire ». Cette dernière mention nous aide, nous, collectionneurs curieux à nous repérer dans le temps.

Les premiers jouets fabriqués à Hong-Kong portaient simplement la mention, assez évasive, « Empire made » fabriqué dans l’empire…Britannique « of course »  !

Puis, rapidement, au milieu des années 50, apparaîtra le nom de la grande ville asiatique accolée à celle de l’empire, comme notre modèle présenté. Enfin, ne subsistera sur toutes ces productions plastiques que la mention Hong-Kong.

Il faut garder à l’esprit, qu’à une certaine époque ces produits asiatiques avaient une mauvaise image au regard des critères de qualité. Leur prix de vente assez bas les confinait aux rayons des bazars. Le temps a bien changé ! Désormais ils sont la cible des collectionneurs. Nous avons eu assez tôt un intérêt pour ces productions, motivés par le fait qu’elles étaient très souvent la copie de Spot on ou de Dinky Toys. Les collectionneurs actuels doivent être mis en garde sur le fait que le nombre d’articles différents produits est excessivement important.

Nous avons un souvenir assez particulier. Lors d’une bourse d’échange dans la banlieue londonienne, un collectionneur anglais quittant définitivement la Grande Bretagne pour s’établir en Australie, avait décidé de mettre sa collection en vente. Il déballa plusieurs centaines de modèles, tous en boîte, et de toutes échelles. Un spectacle jamais revu depuis et qui était le fruit de plusieurs années d’accumulation. Nous pouvons avancer sans risque qu’il reste encore beaucoup de choses à découvrir dans la matière. Un des plaisirs de cette collection est de trouver le lien de parenté avec le fabricant original et de mettre un nom dessus. Ainsi des Matchbox au 1/75 se verront transformées à l’échelle du 1/43 alors que des Dinky Toys serviront de base à des reproductions au 1/60…

Notre Simca Chambord et sa caravane ont conservé leur format initial. Par contre, la conception des deux éléments diffère. L’auto et la caravane sont moulées d’une pièce ainsi, les parties de couleurs contrastées de l’auto ne sont plus rapportées comme sur la Norev mais réalisées à l’aide de peinture appliquée au pochoir. N’apparaissent donc plus les habituelles distorsions que l’on constate sur les ailes arrière des Norev. La technique est efficace et le résultat agréable à l’œil. Enfin, les roues sont également monobloc en plastique, peintes de couleur noire l’enjoliveur étant souligné grâce à de la peinture couleur argent.

Nous connaissons au moins trois couleurs pour la caravane : rouge, jaune ou bleu. Les autos connurent également des variantes de teintes. Enfin, ce modèle ne doit pas être confondu avec celui qui plus tard équipera le Berliet TBO porte autos de chez Codeg ou OK. La Simca Chambord sera alors équipée de pare-chocs et de jantes en plastique chromé. Une variante apparaitra même au niveau de la plaque d’immatriculation avant, celle-ci se trouvant entre les deux butoirs du pare-choc ou au dessus de celui-ci.

A notre connaissance OK n’utilisera que deux teintes pour cette auto : bordeaux avec pavillon et ailes chamois ou bleu avec pavillon et ailes grises. Il s’agira en fait d’une seconde vie pour ce moule.