En ce vendredi de janvier, le plat pays est recouvert d’un manteau blanc. La température extérieure frôle les -6°. Les canaux sont gelés, le soleil est pâle, on se croirait dans un paysage de Brueghel. C’est à la suite d’un coup de téléphone de « Monsieur Alain », citoyen bruxellois dont j’ai fait la connaissance à la fameuse bourse du Woluwe à Bruxelles il y a près de trente ans, que j’ai pris la route du nord.
Comme beaucoup d’autres collectionneurs, j’étais à la recherche des mythiques Gasquy quand Monsieur Alain se proposa de m’aider dans mes recherches. C’est ainsi qu’a commencé notre relation de collectionneurs.
La bourse avait lieu deux fois par an et nous avions pris l’habitude de correspondre entre les deux manifestations pour nous tenir informés de nos trouvailles respectives en vue de futurs échanges. Ils sont rares les collectionneurs passionnés avec qui il est possible de procéder ainsi. Pour procéder à un échange il faut une estime et une confiance réciproques. Je peux même affirmer que le plaisir de dénicher un modèle pour son correspondant est aussi important que le modèle que vous allez obtenir en échange.
Bien qu’il s’agisse sans conteste du plus grand évènement européen, la bourse du Woluwe a malheureusement périclité et nos rencontres se sont espacées, jusqu’à ce coup de téléphone inattendu. Monsieur Alain avait pris pour des raisons toutes personnelles la difficile décision de se séparer de sa collection. Il m’invitait à venir le voir, sans oublier de préciser que je ne le regretterais pas. Cela, je n’en doutais pas le moins du monde. Nos relations antérieures m’avaient appris à le connaître. Discret, modeste, je savais qu’il cachait quelques trésors amassés durant des décennies de chine.
Dès mon arrivée, nous sommes partis dans des discussions d’amateurs, comme au bon vieux temps de nos échanges. Il faut dire que l’accent bruxellois de mon interlocuteur est un ravissement pour l’oreille. C’est Jacques Brel au pays des miniatures !
Il m’ouvrit ses vitrines. Tout était disposé avec goût, avec passion. Il n’est pas si courant que les gens sachent mettre en valeur leur collection. La petite couche de poussière sur les modèles donnait un côté désuet à l’ensemble, comme celui d’un vieux et beau magasin de jouets où le temps se serait arrêté. Fin connaisseur, Monsieur Alain, savait bien repérer les modèles que je destinais à la revente et ceux qui iraient dans mes vitrines. Pas besoin de lui préciser. Il souhaitait d’ailleurs que certaines pièces rejoignent mes vitrines. Dans la vie d’un collectionneur ce sont de beaux moments que ceux de la transmission, d’un savoir, d’un patrimoine. C’est une petite partie de vous, Monsieur Alain que j’ai emmenée ce jour-là de Bruxelles.
Pour illustrer cette première partie j’ai choisi une sélection de modèles en plastique. C’est un point commun qui nous rapproche Monsieur Alain et moi. Nous avons toujours eu une grand attirance pour ce matériau, longtemps dénigré par d’autres collectionneurs. En rapport avec sa nationalité belge, voici des miniatures en plastique « made in Belgium ». Le Volkswagen Kombi réduit à l’échelle du 1/42 est rare. Monsieur Dufour en possède un, et, depuis que je l’ai découvert, j’avais vainement essayé d’en trouver un. C’est l’acquisition qui m’a donné le plus de plaisir dans la collection de « Monsieur Alain ». Il est de fabrication inconnue.
Les autres modèles forment un intéressant trio de véhicules réalisés pour le chocolat Jacques. Ils précèdent la série de miniatures produites par Sablon et estampillées « Jacques chocolat ». Les deux camions réduits à l’échelle du 1/42 environ sont peu fréquents. J’en profite également pour vous présenter l’album de vignettes que les enfants collectionnaient en achetant des tablettes de chocolat.
Espérons que l’envie d’acquérir de beaux camions n’aura pas entraîné surconsommation et crise de foie !