Tu vendras des Simca comme papa !
J’ai trouvé ces textes dans les spams du courrier électronique du site hébergeant le blog :
« Votre argent fonctionne même lorsque vous dormez »
« Pas besoin de s’inquiéter de l’avenir si vous utilisez ce robot financier »
Et lorsque je lis « Faites confiance au robot financier pour devenir riche » je pense à une scène du dessin animé de Walt Disney qui a bercé mon enfance « Le livre de la jungle ». Il s’agit du moment où le serpent Kaa tout en hypnotisant Mowgli pour mieux l’avaler lui répète avec un air sournois « aie confiance »!
Autant dire que ma confiance dans le robot financier est à la hauteur de la confiance que j’avais dans le serpent Kaa !
Cependant, c’est un autre texte qui m’a inspiré, celui qui prétend : « Plus besoin de travailler. Il suffit de lancer le robot. »
Dans ma famille, mais également à l’école communale, on m’a appris le principe selon lequel l’homme doit travailler pour gagner sa vie. Je ne me rappelle pas avoir entendu parler d’une autre alternative.
Après mai 68, j’ai bien eu conscience d’une évolution dans les mentalités, mais l’idée qu’il fallait travailler pour gagner sa vie demeurait.
D’ailleurs, les adultes posaient souvent cette question aux enfants : « Quand tu seras grand, quel métier veux-tu faire ? » L’adulte guettait la réponse, celle qui le replongeait dans son passé en lui donnant la liste des métiers prestigieux et valorisants auxquels il avait lui -même renoncé : aviateur, accordéoniste, vendeur de glaces ou bibliothécaire.
Dans les années soixante, l’automobile faisait encore rêver. Beaucoup d’enfants voulaient être mécanicien, pilote de course, pompiste ou dessiner des autos dans un bureau d’étude.
Monsieur Pigozzi, patron de Simca, comprit l’intérêt qu’il fallait porter aux enfants de sa clientèle. Il se souvint d’André Citroën et de la création des Jouets Citroën, il se souvint également de Louis Renault. Mais il eut une approche tout à fait originale.
Lors du lancement de la Simca 1000, fruit d’un projet Fiat avorté dérivé de la Fiat 600, il fit fabriquer par Novy, en Allemagne une reproduction de cette dernière, distribuée dans les concessions.
Plus original, il fit réaliser un jeu de découpage, également distribué dans les concessions, où l’enfant se transformait en vendeur de Simca ! Voilà un beau métier. On imagine qu’il donna envie à beaucoup d’enfants de devenir vendeur de Simca 1000 !
Monsieur Pigozzi et son service publicité ne furent pas avares de commentaires louant les qualités de la petite berline. Les points forts de l’auto étaient imprimés sur le carton et le vendeur en herbe n’avait qu’à les apprendre et à les réciter à son papa.
Commençons simplement : « Ses 4 vitesses synchronisées (même la 1ère), assurent à la SIMCA 1000 une souplesse et une facilité de conduite particulièrement remarquables. »
Pour la suite, il fallait être fort en mathématiques : « La superficie totale des glaces représente 1,728m2 et correspond à un angle total de visibilité de 316°. La somme des angles morts n’atteignant que 44°. Ainsi, lorsqu’on lève les 4 glaces, on a l’impression d’être au coeur même du paysage; et quand on les baisse, on baigne dans une véritable féerie d’air et de lumière. »
Autant d’arguments qui devaient convaincre le papa d’acheter l’auto. En attendant l’enfant pouvait découper les petits personnages et jouer alternativement à l’acheteur et au vendeur. Il fallait y penser.
Une autre originalité du découpage réside dans le fait que le côté « garage et mécanique, » et donc « l’aspect pannes et réparations « est mis au second plan.
On voit bien un pompiste, un peu triste, devant la frugalité de l’auto à la pompe et, en arrière plan, un pont de graissage…rien que de la routine.
De toute façon une Simca cela ne tombe pas en panne.
L’enfant aura même la possibilité de découper quatre silhouettes de l’auto, toutes de couleurs différentes, chacune extraite du catalogue. Notons que ces dernières sont à une échelle de reproduction bien supérieure à la taille de la concession. Voilà encore un argument imparable : la Simca 1000 est bien une « grande petite voiture ».
Il reste enfin la possibilité de garnir la concession Simca avec les nombreuses reproductions réalisées par les fabricants de jouets français. Ces derniers ont quasiment tous compris l’intérêt d’avoir cette petite berline à leur catalogue. Rappelons qu’à cette époque Simca est le deuxième constructeur automobile français.
Le modèle publicitaire de Novy, dont j’ai parlé plus haut, fabriqué en Allemagne, interroge. Pourquoi donc être allé en Allemagne produire cette miniature ? A voir les multiples variantes, dont celle avec vitres pleines qui aura permis au fabricant d’aller dans un premier temps à l’essentiel et de livrer la commande dans les temps on comprend que la réponse se trouve sans doute dans les coûts de fabrication, faibles, et les délais de livraison, très courts. La miniature connaîtra plus tard des améliorations.
Minialuxe semble également avoir été approchée pour réaliser un modèle promotionnel. La boîte avec photos et logo Simca 1000 le prouve. Cette reproduction est de meilleure qualité que la Novy, mais à une échelle légèrement supérieure au 1/43.
La version proposée par Norev, pour rester dans la catégorie des modèles injectés en plastique est de très belle qualité, il s’agit sans doute de la plus fidèle de toutes les reproductions ayant existé. Elle connaîtra une durée de vie à la hauteur de la qualité de reproduction : jusqu’à l’aube des années quatre-vingt.
Enfin, toujours en plastique Clé, au 1/60 et Sésame au 1/42 offrirent leur vision de la Simca 1000. Chacune des deux miniatures correspond parfaitement aux critères de ces fabricants : simplicité et économie. Ces modèle étaient plutôt destinés aux stands de marché ou de fête foraine.
Lire la suite le mois prochain.